Animateur
Bonjour
à tous, j’espère que vous allez bien. On va entamer ce matin la 4ème rencontre
du CNR Jeunesse à Matignon. On s’était réunis la première fois au début du mois
de décembre avec une quarantaine de jeunes qui, depuis, travaillent sur des
propositions pour alimenter une feuille de route d’ici au printemps prochain.
Et on avait défini alors 4 thèmes de travail et on s’était dit qu’on allait se
revoir à chaque fois. Donc on l’a fait sur l’écologie au mois de janvier, on
l’a fait sur la vie quotidienne au mois de février, et aujourd’hui on vient se
parler avenir professionnel. Sans plus attendre, Madame la Première ministre,
je vous laisse la parole pour un mot d’introduction.
Élisabeth BORNE
Merci,
Mathieu. Bonjour à toutes et à tous. Je salue les ministres et je vous prie
d’excuser le ministre du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion, Olivier
DUSSOPT, qui est retenu suite à un changement de programme au Sénat. Donc comme
Mathieu l’a dit, c’est donc notre quatrième rencontre. Je rappelle que l’objectif,
c’est d’avoir une feuille de route complète pour la jeunesse, qu’on veut
présenter au printemps. Donc on a effectivement eu des échanges sur la
transition écologique, sur la vie quotidienne et aujourd’hui on va parler des
choix professionnels, de l’orientation professionnelle, de l’entrée dans
l’emploi. C’est un thème qui me tient vraiment à cœur parce que je suis
convaincue que c’est par le travail qu’on peut briser les destins tracés
d’avance, qu’on peut gagner son autonomie, qu’on peut bâtir ses projets de vie.
Et donc c’est évidemment un sujet très important. Comme j’ai cette conviction,
le plein emploi, c’est vraiment une des priorités de mon Gouvernement, le plein
emploi pour tous. Et vous savez que le taux de chômage est au plus bas pour la
deuxième fois depuis 40 ans. Et évidemment, on est aussi particulièrement
attentifs à l’emploi des jeunes. Parce qu’on le sait, le taux de chômage des
jeunes est plus important que le taux de chômage de la moyenne de la
population. Et puis au-delà du chômage, on sait qu’il y a encore trop de jeunes
pour qui l’entrée dans la vie professionnelle est un véritable parcours du
combattant. Et donc l’objectif, c’est bien de sortir de cette situation. Après
le Covid, certains s’en souviennent peut-être, on avait lancé un plan “Un
jeune, une solution”, l’idée étant comme son nom l’indique, au-delà de… Ce
n’est pas un slogan, mais c’est vraiment l’ambition de se dire que chaque
jeune, quel que soit son parcours de vie, quel que soit son milieu d’origine,
doit pouvoir accéder à un emploi dans lequel il peut se réaliser. Donc c’était
vraiment l’idée du plan “Un jeune, une solution”, de proposer du coup des
parcours adaptés à la diversité des situations des jeunes. Aujourd’hui, les
résultats sont au rendez-vous. Le taux de chômage des jeunes a encore baissé
d’un point au dernier trimestre. Donc c'est effectivement une bonne nouvelle.
Peut-être dire un mot parmi les solutions qu'on a mobilisé pendant le précédent
quinquennat et qu'on est déterminé à continuer à mobiliser. Il y a l'apprentissage.
L'apprentissage, c'est vraiment pour moi une voie d'excellence parce que ça
permet à la fois de se former, de découvrir le monde professionnel, et donc
c'est important parce que ça permet ensuite d'y entrer plus facilement. Et
puis, quand on est apprenti, on a un contrat de travail, donc un salaire. Et
donc ça renvoie à ce que je disais. C'est la façon aussi de devenir autonome,
de pouvoir bâtir ses propres projets. Les résultats sont tout de même assez
formidables sur l'apprentissage. En 2022, 837 000 jeunes ont signé un nouveau
contrat d'apprentissage. C'est 3 fois plus qu'en 2017. Et cette augmentation du
nombre de contrats d'apprentissage ne fait pas baisser la qualité, si je peux
dire. On ne renonce pas à ce qui fait la force de l'apprentissage et notamment,
le taux d'insertion des jeunes continue à augmenter. Il est de 65 % à 6 mois,
donc ça montre que c'est vraiment une voie qui est à privilégier pour faciliter
l'entrée dans la vie professionnelle. Ce qu'on voit, c'est que l'apprentissage
se développe sur tout le territoire et que c'est beaucoup les TPE, PME qui
recrutent des apprentis. Donc c'est bien pour les jeunes et puis c'est bien
aussi pour les entreprises, parce que vous entendez comme moi beaucoup
d'entreprises qui disent on n'arrive pas à recruter, on a des tas de postes
formidables à proposer et on ne trouve. Une des voies pour justement répondre à
ces besoins, c'est aussi précisément de tendre la main à un jeune au travers
d'un contrat d'apprentissage. Dans le cadre du plan “Un jeune une solution”, on
avait d'autres outils dans la boîte, notamment le contrat d'engagement jeune.
Et je suis très heureuse qu'on puisse en parler aujourd'hui puisque c'est un an
du contrat d'engagement jeune. C'est aussi une voie pour permettre à des jeunes
éloignés de l'emploi de se remobiliser, de reprendre confiance et là encore,
d'accéder à un emploi. Voilà, je ne vais pas être plus longue. Vous savez que
la règle du jeu, c'est que nos échanges sont très libres et je vais donc rendre
la parole à Mathieu.
Matthieu
Merci
beaucoup. Alors la règle du jeu, c'est effectivement que les échanges soit le
plus libre possible. Je vais vous passer la parole un peu successivement
pendant toute la session. N'hésitez pas à nous interpeller, à m'interpeller
aussi pour prendre le micro à différents moments. Pendant la session, vous
verrez qu'il y a une diapositive vide qui va s'afficher, c'est ce qu'on fait à
chaque fois, pour noter toutes vos idées. Et ensuite, on a la chance d'avoir
avec nous plusieurs jeunes qui étaient là au départ et qui travaillent
maintenant depuis quelques semaines pour faire aboutir des propositions
d'actions supplémentaires par rapport à ce qu'on fait aujourd'hui. Et ils vous
liront avec attention et on essaiera ensuite de concrétiser le maximum de
choses. Et la tradition lors de ces séances, c'est de démarrer avec les plus
jeunes d'entre nous. J'en ai une somme qui est très concentrée. Ivana, qui
était là la première fois, tu est une élève de troisième au Blanc-Mesnil et je
te laisse la parole.
Ivana
Bonjour
à tous. Donc je suis là depuis le début pour parler des propositions et il y en
a plusieurs, je pense, qui seraient indispensables. Déjà, on a des stages qui
sont obligatoires en troisième, obligatoires, mais souvent pas dans de bonnes
circonstances, dans le sens où on prend souvent des stages par dépit ou des
stages à côté de chez nous. Et je pense que ça a un impact sur nous parce que
de un on ne choisit pas et secondement, c'est un peu par dépit. Du coup, je
pense que ce serait une bonne solution d'être accompagné pour être « mentoré »
par quelqu'un qui puisse nous ouvrir des portes, comme moi envers une porte
parce que j'ai réalisé mon stage dans une ambassade à l'étranger. Et ce stage,
il a été très bénéfique pour moi. Et je pense que si tout le monde avaient des
bons stages — parce que si le fait de faire des stages, il faut que cela soit
bon — s'ils avaient de meilleurs stages, je pense que, comment dire, je pense
que ce serait bénéfique ou qu'on ait des plateformes pour trouver de bons
stages. Par exemple, il y a une application qui s'appelle Wilbi, qui suit au
quotidien des professionnels qui filment leur journée de travail et qui nous
expliquent en quoi consiste leur travail, leur salaire, leurs études. Et je
pense que ça pourrait aussi nous aider dans notre choix d'orientation et je
pense qu'on devrait être accompagnés et trouver de bonnes choses. Voilà.
Matthieu
Merci
beaucoup Ivana. Il y a une autre élève de troisième qui nous vient de
Loroux-Bottereau, du côté de Nantes. Tu t’es levé tôt ce matin, Lou, je vais te
laisser tout de suite la parole pour que tu puisses aussi nous dire un peu
comment ça se passe pour toi si tu as des idées, on est tout ouï.
Lou
Alors
bonjour aussi. Je suis peut-être un petit peu stressée donc j'espère que ce que
je vais dire vous sera assez clair. Du coup, moi j'ai la chance d'être dans un
collège où tous les professeurs et le principal font tout pour que les élèves
puissent se découvrir eux-mêmes et découvrir des métiers, découvrir ceux qui
sont proches d'eux évidemment parce que c'est accessible pour tous. Et puis,
ils essaient de lever des préjugés sur certains métiers, des choses comme ça.
Et je pense que ce serait tout aussi bénéfique de continuer dans cette voie-là,
de lever des préjugés sur la voie professionnelle aussi, par exemple, parce
qu'il y a une réalité qui fait que certains élèves qui ne sont peut-être pas
très scolaires, ne voudraient pas continuer en voie générale. Mais il faut
peut-être faire en sorte que les bons élèves, on va dire, en tout cas les
élèves qui peuvent avoir l'opportunité d'aller en voie générale puissent tout
aussi bien leur voie professionnelle et que ce soit aussi glorieux, je ne sais
pas vraiment quels termes utiliser là. Et puis, aussi faire en sorte de créer un
outil qui permettrait de lier les élèves à des professionnels ou à d'autres
élèves, même au sein de la France ou à l'étranger parfois pour qu'on puisse
accéder à tous les métiers, toutes les formations et toutes les informations
dont on a besoin. Je pense que ça pourrait être une bonne chose, ça pourrait
aider les élèves à s'ouvrir au monde, aux professions qui les attendent et,
bah, ce qui les attend tout court en
fait. Voilà.
Matthieu
Merci
beaucoup Lou. Ça fait deux fois du coup qu'on a une suggestion de plateforme de
mise en relation. Je crois que c’est en train d'être noté sur la diapositive.
On a aussi avec nous des élèves de lycée qui sont là et qui vivent aussi ce
sujet de la découverte des métiers. Laurine, tu es juste juste derrière moi, toi,
tu es élève en lycée professionnel. Je te laisse nous dire ce que tu veux.
Laurine
Bonjour.
Alors, j'aimerais justement faire le parallèle sur ce qu’elle vient de dire. Je
pense aussi que pour l'orientation, en plus de lever les préjugés, qu’il
faudrait peut-être un peu plus développer le système des stages pour les
troisièmes et peut-être même essayer d'installer un système pour que les élèves
de général fasse au moins un ou deux stages dans leur apprentissage, peut-être
en seconde pour qu'il y ait justement… sache s’orienter parce que, à cause des
préjugés sur le lycée pro, beaucoup, beaucoup d'élèves vont… choisissent des
voies qui ne vont pas avec ce qu'ils sont en fait, et aller faire des stages,
je pense que ça pourrait les aider à mieux s'orienter, mieux savoir ce qu'ils
veulent. Voilà.
Matthieu
Merci,
merci beaucoup. En face de toi, il y a aussi Charlie. Toi, tu nous viens aussi
de l'académie de Nantes, je crois. Donc tu as aussi fait un trajet, donc merci
de t’être levé tôt ce matin, je te laisse la parole si tu viens de dire un mot.
Charlie
Merci
beaucoup. Donc moi, je suis plutôt dans un lycée général, voilà, donc c'est sûr
que je n'ai pas du tout le point de vue des lycées professionnels. Mais par
contre j'ai la vision de moi, mes élèves et ce qu'on a pensé parce que nous, on
est entourés seulement d'élèves qui vont dans le général, qui ont voulu être
dans le général. Et du coup, c'est vrai qu'on a une vision un peu différente,
mais on rejoint quand même l'idée qu'on est perdu dès l'arrivée en seconde sur
l'orientation. On nous parle tout de suite de Parcoursup, on nous parle tout de
suite de dans quoi on va vite s'orienter pour choisir les bonnes spécialités.
Je sais qu'en seconde, on n'a pas forcément choisi tous les bonnes spécialités
pour ensuite passer en terminale, moi y compris. Je sais qu'on nous disait
surtout : Prenez math, prenez math, prenez math, sinon vous allez perdre
énormément d'opportunités plus tard. Et du coup, entre guillemets, on
sous-estime les autres spécialités comme la géopolitique, la SES, NSI, voilà,
des spécialités qui sont mis un petit peu en second plan parce qu'on nous dit :
Si vous les prenez, eh bah, vous allez vous réduire à certaines voies. Alors
que par exemple, si vous prenez math et physique, vous pourrez quand même aller
dans le droit, vous pourrez quand même faire ci, faire ça. Donc c'est sûr que
mettre en place un système qui permettrait de mieux communiquer aux élèves,
notamment de seconde, des opportunités finalement sur ces spécialités, ça
pourrait être intéressant. Et puis surtout bah avoir une plus grande
transparence vis-à-vis de ces spécialités parce que c’est vrai qu’on est un peu
perdu surtout en seconde sur ce sujet-là. Voilà, merci.
Matthieu
Merci
beaucoup. On a également, sur votre gauche, Madame la Première ministre Abdel
Karim. Toi, tu viens de Marseille ? Je crois que tu es arrivé hier soir plus
tôt. Est-ce que ce n'était pas possible d'être là à 9 h ce matin, puis
accompagné par Jules à ta gauche, qui a une initiative qui s'appelle, le Protis
Club à Marseille pour accompagner un certain nombre de lycéens. Je vous laisse
nous raconter ça et puis, nous dire aussi si tu as des idées sur ce qu'on peut
faire.
Abdel KARIM BENGUEDIH
Bonjour
à tous ! Je m'appelle Abdel karim BENGUEDIH, j'ai 16 ans, je suis marseillais
et lycéen en classe de première. Donc comme l'a souligné Matthieu, je suis
membre du Protis Club qui est une association qui vise à réduire la fracture
Nord-Sud qui existe dans la ville de Marseille et à réunir les jeunes de toute
la ville, que ça soit du centre ville, du Sud ou du Nord et à nous porter vers
les grandes écoles, que ce soit les écoles de commerce ou écoles d'ingénieurs.
Donc, Jules propose un accompagnement scolaire. Il y a aussi une mise en place
de beaucoup de voyages, notamment à Paris. On en a fait, il y a deux semaines,
où on a pu faire de très belles rencontres, notamment Dominique BUSSO, PDG de
Forbes de France, Natacha HOCHET-RAAB, directrice de Fred Paris. Donc, cette
fois-ci, le côté luxe, on a pu rencontrer le doyen d’HEC, donc un côté un peu
plus académique. Et donc voilà, c'est le lien entre épanouissement, scolarité
et amitié que mène Jules SITRUK. Donc, pour ce qui est de la réflexion, moi, ce
que je voudrais bien mettre en place, c'est une chose que je vais redécouvrir
via le Protis, c'est le réseau d'anciens. Le réseau d’anciens, c'est vraiment
un format qui est très implanté, notamment dans les lycées privés. Donc, au
lycée Provence, c'est là-bas que j'ai découvert ça. Donc pour moi, je trouvais
que mettre en place des événements, ou alors une plateforme en ligne, qui
relierait des élèves actuels du lycée, des anciens élèves, des étudiants et ou
alors directement des professionnels et aussi créer des événements peut-être
deux fois par année ou chaque lycée crée son événement d'anciens élèves. Et
aussi de souligner le fait que, comme il a été souligné tout à l'heure
d'ailleurs, le fait que, en série générale, aucun stage n'est obligatoire et je
trouve ça… Enfin, pour moi, c’est très important de faire un stage, notamment
en série générale, parce que c'est une série où on se cherche un peu. Donc
d’ores et déjà dès la seconde, on va être obligé de choisir des spécialités où
on est un peu perdu. Et puis, c'est une série où… donc, comme je dis, on
cherche, et puis comment savoir si le métier qui nous fait rêver nous convient
vraiment ? Et enfin, pourquoi pas accorder un temps à l'année, donc, je dirais
peut-être approximativement 40 heures à l'année dédiée uniquement à
l'orientation, donc des rencontres avec des étudiants. Donc, on fait encore une
fois le lien avec le réseau d'anciens, donc le réseau d'anciens qui va dans les
lycées ou des rencontres dans les classes, ou alors directement des
professionnels. Et puis aussi une heure dédiée chaque semaine à l'orientation,
donc les recherches et non pas seulement une plateforme sur le site internet où
on tape nos spécialités et on nous donne les débouchés. Moi, je voudrais que ça
aille au-delà de ça. Donc pourquoi pas aussi des petites sorties organisées
chaque trimestre dans chaque domaine, donc notamment peut-être la médecine.
D'ailleurs à Marseille, on a l'université à la Timone qui pourrait être très,
très intéressante à découvrir pour les élèves qui ont des spécialités
scientifiques et dans tous les domaines. Donc voilà, merci beaucoup de m’avoir
écouté.
Matthieu
Merci
à toi surtout Madame la Première ministre, vous voulez reprendre la parole ou…
Élisabeth BORNE
Non,
non, pas spécialement. Je récupérais le micro en fait.
Matthieu
C’était
pour sauver le micro. On a aussi avec nous Marc TELLIER, qui est proviseur au
lycée des métiers Henri SENEZ à Hénin-Beaumont. Vous faites beaucoup d'actions
pour la découverte des métiers. Il y a un micro qui est en train d'arriver sur
la droite. Et je vous laisse nous décrire tout ça.
Marc TELLIER
Bonjour
à tous ! Donc Marc TELLIER, proviseur du lycée Henri Senez à Hénin-Beaumont.
Donc, c'est un lycée, 1 200 élèves, 400 apprentis, 200 adultes en formation
continue. Effectivement, la connaissance des métiers pour nos collégiens, c'est
une préoccupation. Juste un exemple lorsque je suis arrivé il y a 5 ans, en
chaudronnerie industrielle, 45 places, 17 élèves seulement, et donc une vraie
réflexion d'équipe pour… comment faire pour attirer ces jeunes sur ces métiers
porteurs ? Et donc, nous avons modélisé un process où on valorise énormément ce
qui se fait. On fait des portraits d'élèves, d'anciens élèves, donc on essaie
de valoriser ça énormément. On fait visiter le lycée, on organise des services
de bus, on va chercher les collégiens dans les collèges et on leur fait visiter
l'établissement. Et pour ceux qui sont surpris par l'atelier de chaudronnerie,
ce sont toujours des ateliers assez intéressants et puis surprenants, des
grosses machines, etc. On fait revenir ces élèves là une journée complète, ce
qu'on appelle des stages d'immersion. Mais sur ces métiers en tension, on les
emmène visiter des entreprises, on leur fait rencontrer des professionnels et
très, très vite, nous avons une liste complémentaire sur cette filière-là. Et
depuis, la classe est pleine. On est à 92 % de remplissage sur les 3 années, on
perd peu d'élèves, on a des gros partenariats avec Dassault, avec des
entreprises locales, donc on essaie de modéliser ça. Et cette année, on refait
les mêmes opérations avec la restauration puisque c'est un lycée hôtelier
aussi.
Matthieu
Je
pense que vous êtes assez modeste, puisque vous arrivez à trouver un nombre de
stages à vos lycéens qui est assez impressionnant. Je rebondis sur ce que
disaient Ivana et Lou tout à l'heure, sur le fait que c'était compliqué de les
trouver.
Marc
Alors
oui, effectivement, une fois qu'on les a, il faut effectivement les placer en
stage. Et puis, ça aussi, c'est une autre de nos préoccupations. On avait fait
des enquêtes. Et le jour du départ en stage, c'était plus de 10 % des élèves
qui n'avaient pas de lieu de stage, et souvent, ce sont les élèves les plus
fragiles, qui ont le moins de réseaux, etc. Donc notre projet d'établissement,
c'est effectivement que 100 % des élèves puissent trouver un stage, 10 % à
l'étranger. Et donc, on se force à... je suis désolé, mais on force un peu les
enseignants à travailler à l'envers, c'est-à-dire qu'on analyse des élèves et
on met en face un nom d'entreprise. Et tous les élèves doivent avoir un nom
d'entreprise en face. C'est la commande qu'on leur passe et forcément, on est à
la manœuvre aussi, on a créé un club d'entreprises à l'échelle des trois
bassins, donc on a 36 lycées qui se sont fédérés pour faire des liens avec les
entreprises locales. L'idée étant de mieux se faire connaître, de revaloriser
un peu les lycées professionnels qui étaient souvent considérés comme des voies
de relégation ou ce genre de choses. Donc, on essaie de valoriser énormément ce
qui se passe. Et donc, ce club, c'est notre socle. Et puis, derrière, la
commande aux enseignants, c'est que chaque élève ait un stage. Et cette année,
au jour d'aujourd'hui, on a 3 % d'élèves sans stage.
Matthieu
Merci
beaucoup Marc. Sur votre droite aussi, on a Naëlle MIGNON qui est aussi une
lycéenne, juste ici du coup, qui est aussi lycéenne donc. Toi, Naëlle, tu es
suivie par l'association Camplus depuis quelque temps, tu as bénéficié
justement d'un accompagnement sous forme de « mentorat wash ». Je te laisse nous
raconter tout ça. Ce qu'on peut faire aussi.
Naëlle MIGNON
Bonjour
à tous ! Bonjour à vous, mesdames et messieurs les ministres. Je m'appelle
Naëlle MIGNON, j'ai 17 ans. Actuellement en terminale au lycée
Jean-Jacques-Rousseau à Sarcelles et je suis mentor au sein de l'association
Camplus. J'ai bénéficié du programme Camplus en 2022 et par la suite, j'ai
développé un intérêt pour le monde associatif, notamment autour de l'éducation.
Et les pédagogies alternatives qu'offrent Camplus, c'est ce qui fait de ce
projet un programme innovant porté par les jeunes et pour les jeunes. Et je
suis ici pour vous donner, vous soumettre deux propositions. Merci pour
l'invitation déjà, merci à Mathieu MAUCOURT et à Achraf MANAR, de l'association
Destins Liés qui nous a recommandé avec Gilad MAVUNGU, le fondateur de
l'association. Nous revenons dans ces jours éducatifs Camplus en immersion,
comme sur chaque vacances scolaires, pour permettre aux jeunes de quartiers
populaires de développer de nouvelles compétences avant qu'ils soient mentorés
par des étudiants post-bac et qu'ils deviennent ensuite mentor à leur tour
comme moi. Et pour mieux mieux préparer notre intervention, nous avons défini
avec les 40 jeunes de 16-17 ans nos besoins pour mieux construire notre avenir
professionnel. Il y a eu plusieurs propositions, mais parmi elles, deux ont été
votées en majorité. La première, c'est la mise en place d'un dispositif “Un
jeune un stage” en première et la deuxième, c'est une aide de l'État pour
développer des structures alternatives, ce qu'on appellerait des tiers lieux
repères pour développer des compétences essentielles propices pour construire
notre avenir professionnel. Concernant le dispositif “Un jeune un stage”, on souhaite
s'appuyer sur ce qui est déjà initié dans le Lot-et-Garonne avec le
Pass’métiers. L'idée, c'est que les jeunes de quartiers défavorisés puissent
bénéficier d'une expérience professionnelle de qualité dès la première pour
étendre leur choix d'orientation. Et ça se passerait sur une semaine de
vacances scolaires où ils découvraient des métiers divers, notamment dans le
secteur des métiers à venir ou sous tension. Parce que le dispositif “Un jeune,
une solution” dont vous parliez, il ne propose pas de stages pour les lycéens,
alors qu’on pense que les stages, ça pourrait susciter un intérêt pour de
nouvelles filières ou des contrats d'alternance. Concernant les structures
alternatives, ce qu'on appellerait des tiers lieux repères, on souhaiterait que
ce soit des structures où on pourrait aller pour co-construire des projets,
rencontrer des mentors, des professionnels, bénéficier de formations, des
structures où on peut développer des compétences essentielles comme par exemple
la prise de parole en public, la prise de confiance en soi, les méthodes
d'organisation. Des compétences qu'on n'apprend pas en tant que tel à l'école
et que certaines personnes n'ont pas la chance de développer dans leur famille
ou dans leur maison. Du coup, ce qu'on demande, c'est un lieu repère pour
développer des compétences pour notre avenir professionnel. Je vous remercie
pour votre attention.
Matthieu
Merci
beaucoup Naëlle. Dylan, tu es à côté d’elle, toi tu es responsable de
l'association Camplus. Je ne sais pas s'il veut nous dire un mot en complément
sur ce que vous faites ou pareil, des idées plus générales qu'on pourrait
développer.
Dylan MAVOUNGOU
Bonjour
à toutes et à tous. Bonjour Mesdames et Messieurs les ministres, c'est une
chance d'être avec vous aujourd'hui pour vous partager quelques propositions
que Naëlle a commencé à évoquer. Donc moi, je m'appelle Dylan MAVOUNGOU, je
suis président de l'association Camplus. Camplus, c’est plus qu'un camp
apprenant, c'est un incubateur de réussite éducative et on valorise des
pédagogies alternatives pour renforcer le pouvoir d'agir des jeunes de
quartiers populaires sur leur parcours à la fois scolaire et professionnel,
plus largement leur parcours de vie. Et il y a une chose qui me réjouit
particulièrement d'être avec vous aujourd'hui, c'est que dans la façon dont on
définit les politiques publiques, ça nous semblait essentiel de pouvoir prendre
en compte l'avis des premiers concernés. Et on espère que ça pourra se faire
jusqu'au bout de la chaîne de décision en tout cas. Je sais qu'en plus, c'est
la façon par laquelle on a lancé le projet. Moi, quand j'étais encore plus
jeune étudiant à Sciences Po, je n’ai pas encore fini mon parcours à Sciences
Po. Mais quand je suis entré à Sciences Po, j'ai expérimenté le projet Camplus avec
des lycéens et c'est parce que ça a bien pris qu'on l'a développé après, avec
un format associatif. Et je pense qu'il y a eu une vraie clé du succès du
projet, c'est parce que le projet est co-construit systématiquement avec les
premiers concernés, notamment les jeunes qu'on accompagne. Et il y a deux
actions sur lesquelles je voudrais qu'on revienne. La première, c'est la
question du mentorat. Alors nous, on est bénéficiaire du plan “ Un jeune, un
mentor” . On est convaincu que c'est une pratique précieuse. Mais la question
qu'on se pose finalement, au-delà de vouloir développer la pratique et de
proposer finalement un droit au mentorat, c'est de savoir pourquoi est ce que
finalement, l'école a tant besoin des mentors que ça ? Et si c'est une pratique
qui est en soi intéressante, pourquoi pas ? Mais l'autre question qu’on devrait
se poser, c'est pourquoi est-ce que c'est toujours les jeunes les moins
favorisés qui ont de plus en plus besoin de mentors ? Et si on se pose la
question dans ce sens-là, j'ai l'impression qu'on peut essayer de réfléchir à
d'autres pratiques éducatives et de pédagogie qu'on peut valoriser dans le
cadre scolaire pour que chaque jeune puisse enfin trouver sa place et avoir un
avenir à la hauteur de son ambition à l'école. Ça, c'est la première chose
qu'on valorise avec Camplus et qu’on aimerait poursuivre, notamment dans nos
réflexions autour de l'éducation. Et je me tourne vers vous, Messieurs les
ministres, pour réfléchir à ces nouvelles pratiques qu'on est en train
d'essayer de valoriser. Et la deuxième chose, c’est les séjours éducatifs
Camplus, en tant que tel, sur les vacances scolaires, où on expérimente de
pédagogie et on accompagne les jeunes sur le moyen long terme après avec le
mentorat. Sur ces séjours, là, je me tourne vers Madame Sarah EL HAÏRY,
ministre de la Jeunesse puisque finalement, il y a un dispositif qu'on apprécie
pas mal avec Camplus, c'est le SNU. On entend beaucoup de choses aujourd'hui
autour du SNU. Et il y a une chose qui est vraiment positive avec ça, c’est, je
pense, le fait qu'il permet de développer un sentiment d'appartenance à la
nation. Ça, c'est très précieux. Et nous, on aimerait pouvoir étendre un petit
peu ce SNU pour qu'il puisse, au-delà d'une ambition collective, pouvoir
affiner quelque part aussi les trajectoires professionnelles individuelles des
jeunes pour qu'ils construisent leur avenir sereinement et pourquoi pas
imaginer des SNU avec plusieurs piliers, au-delà des valeurs de la République
qui sont essentielles. On pourrait ajouter notamment les questions de la
sensibilisation à l'égalité femme-homme, de harcèlement scolaire à l'école, de
discrimination raciale et autres. Mais on pourrait également ajouter
potentiellement un pilier autour du développement des compétences scolaires et
professionnelles, qu'on parte en séjour national universel et qu'on revienne
avec un CV, une lettre de motivation en sachant prendre la parole en public, en
sachant s'organiser, en ayant pris confiance en soi, etc. Et un troisième et
dernier pilier, peut-être autour des pratiques sportives et culturelles qui
contribuent aujourd'hui plus que jamais à l'épanouissement et à la santé
mentale et physique des jeunes.
Matthieu
Merci
Dylan. Je donne la parole à Madame la ministre.
Sarah EL HAÏRY
Merci
beaucoup. En fait, moi… les rencontres jeunesse de Matignon, c'est exactement
ça. Et je pense que, voilà, je vais rebondir immédiatement sur la proposition
de Dylan pour travailler sur le contenu éducatif du projet du SNU et voir
comment le compléter. C'est vrai que dans le SNU, il y a beaucoup de choses, il
y a les valeurs de la République, il y a aussi, c’est vrai, des apprentissages,
vous le disiez juste avant, qui sont essentiels et qu'on n'a pas parfois dans
toutes les familles. Gérer un budget, on l'a fait avec la Banque de France,
simplement, en fait c’est une initiation à l'économie financière et familiale
parce que tout le monde n'a pas cette chance-là. Et on pourrait aller un peu
plus loin en s'appuyant aussi sur les retours d'expérience de Camplus.
L'objectif, il est vraiment de sortir de son cercle habituel, celui de ce
cercle familial, territorial, mais aussi du cercle de la classe. Et c'est pour
cela qu'on croit au SNU. C'est une aventure où pour une fois, t’es pas
rattrapé, ni par ton quartier, ni par ta ville, ni par ton âge, ni par ta
scolarité. Et pour une fois en plus, on ne te demande pas d'où tu viens pour
commencer l'aventure dans ta maisonnée, dans ton groupe. Et je crois que c'est
ça qui est un vrai accélérateur de confiance. Et on sait à quel point cette
confiance, c'est la condition nécessaire à la réussite d'après. Mais on n'est
pas égaux face à ça, donc ça peut être l'occasion. Merci beaucoup Dylan pour la
proposition et la proposition est relevée et actée, Madame la Première
ministre.
Matthieu
Merci
beaucoup. On ne s'est pas mal parlé de la découverte des métiers et
orientations. Je vois la diapositive qui se remplit, n'hésitez pas à nous faire
signe si on a oublié des idées, de noter des idées que vous nous avez mentionné
sur ces sujets des corps de métiers et d'orientation. Il y avait aussi Samuel
du Forum français de la jeunesse, qui voulait nous dire un mot, éventuellement
aussi pour parler réorientation, je crois, mais je te laisse développer ce que
tu veux.
Samuel
Merci
Matthieu. Bonjour à toutes et tous. Effectivement, donc moi, je fais partie du
Forum français de la jeunesse qui rassemble des organisations gérées et
dirigées uniquement par des jeunes de moins de 30 ans qui agissent à l'échelle
nationale. Il y a plusieurs jeunes intervenants et intervenantes qui ont évoqué
la période d'orientation qu'ils ont dès le lycée et tout le stress qu'elle
cause, et tous les questionnements qu'elle amène et toutes les difficultés
derrière, et qui s'inscrit aussi dans un contexte, je pense, français un peu
spécifique, d'une certaine pression qu'il a à avoir un parcours parfait de la
seconde jusqu'à la fin du master, sans réorientation, avec un stress de faire
d’autre choix, de changer, de voie parfois, qui peut amener parfois aussi à des
périodes d'insertion professionnelle compliquée, parce qu'en fait, on n'a pas
forcément pris le temps de l'expérimentation, de faire les bons choix, de faire
des allers retours entre le monde professionnel, le monde de l'enseignement
supérieur et de la recherche. Et donc on pense qu'à long terme, évidemment, on
pourrait aller vers une réforme structurelle, de penser à un droit à la
formation. Mais dans le cadre du CNR jeunesse, on se demande si on ne pourrait
pas pousser et proposer ensemble peut-être, un droit à l'année de césure qui
ouvrirait une année, par exemple, d’une allocation de 8 à 12 mois pour tous les
jeunes pendant un an et qui permettrait aux jeunes, du coup, justement, de
prendre le temps d'expérimenter, de s'engager, de tester le monde professionnel
ou de réaffirmer leur choix d'orientation ou parfois en changeant
d’orientation. On pense que ce serait un espace d'expérimentation qui existe
déjà en plus dans d'autres pays européens, qui pourrait vraiment être assez
riche pour toutes et tous. Merci.
Élisabeth BORNE
Je
pense que ce qui est important dans ce que vous dites et ça permet peut-être
aussi de dédramatiser le premier choix. On a affaire en termes d'orientations
et de choix professionnels, c'est qu'au cours de sa vie, la plupart d'entre
nous et la plupart d'entre vous seront amenés aussi à changer de métier. Donc
du coup, c'est évidemment important. Moi, je note ce que vous avez dit, qu’on
ne soit pas amené à faire des choix par dépit. Je pense qu'on a vraiment… ce
que je souhaite avec mon Gouvernement, qu'on soit capable de vous proposer,
c’est des choix par envie, des choix par enthousiasme et surtout pas des choix
par dépit. Donc moi, il y a beaucoup d'idées, on y reviendra peut-être en
conclusion et puis on va évidemment creuser toutes ces idées sur la façon dont
on peut ouvrir les fenêtres d'opportunités dont on peut vous permettre de lever
les préjugés. Vous êtes beaucoup à avoir dit qu'il fallait lever des préjugés
sur certains métiers et d'être mis en relation avec des professionnels. Je pense
que c'est aussi important, vous avez pointé le sujet des anciens qui peuvent,
quelque part aussi, jouer le rôle de modèle pour les uns et des autres. Donc on
a… enfin vraiment des propositions très riches que vous avez faites. Mais je
pense qu'il faut aussi que chacun ait en tête qu'on peut partir dans une voie
et qu'on doit être capable de vous accompagner pour changer de voie. Alors ça
pose des questions, vous l'avez dit, peut-être d'année de césure. Vous savez
qu'il y a un projet auquel on veut travailler, qui est le compte-épargne temps
universel. C'est notamment pour permettre de travailler peut-être un peu plus à
certains moments de sa vie. Et puis, du coup, d'acquérir du temps et que ce
temps, il puisse être consacré à une année de césure ou à travailler moins.
Donc je pense que c'est important aussi, quand vous réfléchissez à votre avenir
professionnel de se dire qu'on vous permettra aussi de changer, de vous
réorienter et que ce n'est pas un drame et qu'on a le droit aussi d'essayer
quelque chose qui vous enthousiasme, même si ensuite, on a envie de changer
après. Vous serez accompagnés avec les outils qu'on peut continuer à bâtir sur
une année de césure, mais aussi avec ce qu'on a déjà mis en place, qui est le
compte personnel de formation. Donc chacun peut acquérir des droits pour avoir
le droit de se former tout au long de sa vie.
Matthieu
Merci
beaucoup. Madame la Première ministre, on a la chance aussi d'avoir avec nous
aujourd'hui la ministre déléguée à l'Enseignement professionnel et à la
Formation professionnelle, Carole GRANDJEAN, je vous laisse la parole.
Carole GRANDJEAN
Merci
beaucoup. Bonjour à toutes et tous, Madame la Première ministre, au fond, vous
avez, je dirais, abordé 3 grands axes : la question du choix d'orientation et
qu'il soit éclairé pour qu'il soit véritablement choisi. C'est évidemment un
enjeu extrêmement important pour donner du sens à la formation qui est la vôtre
et puis, de lutter aussi contre le décrochage scolaire. Et c'est pour nous
extrêmement important. C'est une vraie volonté portée par la Première ministre,
avec cette volonté de travailler, donc sur ce choix d'orientation. Et un outil
a été développé par la Première ministre lorsqu'elle était ministre du Travail,
qui s'appelle Diagoriente et qui est souvent très peu connue, mais qui est
évidemment gratuite. C'est une Start-up d'Etat qu'il a développée, donc elle
est sécurisée et elle permet à chaque jeune de répondre à un certain nombre de
questions et d'avoir des métiers sur lesquels ils pourraient commencer à
réfléchir. Et donc, je me permets de citer Diagoriente parce qu'il est trop peu
connu de notre jeunesse. On a travaillé depuis cette rentrée avec Monsieur le
ministre de l'Éducation nationale à développer une expérimentation qui est le
sceau de la découverte des métiers. 600 collèges de France, 10 % des collèges
de France la développent avec cette idée de découvrir des familles de métiers
et de manière un peu organisée pour permettre à des jeunes de sortir des 10
métiers que la plupart du temps ils connaissent du fait de leur environnement
familial et c'est pour nous extrêmement important. Et au-delà de ça, on va
travailler sur des opérations comme Worldskills qui, en ce moment, développent
toutes leurs compétences régionales partout en France, qui démontre aussi la
diversité des métiers et fait découvrir les métiers. L'excellence aussi au
travers de ces métiers des jeunes qui parlent aux jeunes. Et je crois que c'est
souvent comme ça que ça fonctionne le mieux. Avec aussi, notre volonté de
mettre en visibilité ces parcours d'excellence et le fait qu'on réussit
finalement dans des filières qui sont très différentes. Éclairer la réussite,
elle n'est que finalement un terme générique, il y a des réussites et c'est
important de le valoriser. Ainsi, on travaille en ce moment très fort avec
Madame la Première ministre pour essayer d'organiser des passerelles, faciliter
aussi finalement le chemin, le droit à l'erreur, le droit aussi à essayer une
formation et puis à partir sur d'autres choses si tel était le projet, je
rappelle l'existence des troisièmes prépa-métiers, et des secondes
d'orientation qui sont pour nous vraiment des moments forts pour des jeunes qui
cherchent leur orientation et qui souvent vraiment, répond à un besoin.
Rapidement pour la découverte d'entreprises, j’ai bien entendu les questions
des stages. Elles sont à mon avis extrêmement importantes. On développe une
plateforme pour les stages, pour notamment les collèges, ce qui permettra aussi
de faire mieux rencontrer l'offre et la demande et permettre à des jeunes
d'aller aussi dépasser l'environnement familial et souvent le réseau qui est le
leur, pour trouver un stage. Je voudrais rappeler que le collectif “un jeune, un mentor” mais vous l'avez abordé
et on va essayer de le déployer encore plus fortement dans les lycées
professionnels parce qu'on sait que c'est là où sont souvent des lycéens plus
fragiles socialement. Et puis enfin, on va valoriser la voie professionnelle,
vous l'avez bien entendu, je crois, pour qu'on prépare au mieux leur avenir
professionnel. Mais c'est aussi plus de transparence que nous souhaitons donner
et Madame la Première ministre m'a mandatée très fortement sur le sujet pour
qu'il y ait plus de transparence sur ce qu'ouvre comme débouchés des
différentes filières, les taux d'insertion dans l'emploi, les taux de poursuite
d'études. Donc quand vous choisissez sur Internet ou sur Parcoursup, la
poursuite de vos études, qu'elles soient au lycée ou en enseignement supérieur,
vous sachiez quels sont les taux d'insertion et les taux de poursuite d'études
et que vous ayez là aussi une décision éclairée. Et c'est pour nous extrêmement
important pour que vous puissiez le faire et puis, évidemment on développe
l'apprentissage aussi pour vous permettre de réussir plus et d'avoir du temps
d'expérience en entreprise. Et c'est un facteur d'insertion professionnelle,
Madame la Première ministre l'a dit tout à l'heure. Et puis aussi des années
tremplin post-bac, post CAP qui sont souvent des années d'accélération,
d'insertion professionnelle ou de poursuite d'études qui sont aussi pour nous
autant d'opportunités pour construire le choix d'orientation et se donner plus
d'expérience professionnelle pour se faciliter l'insertion professionnelle.
Matthieu
Merci
beaucoup. En face de vous, il y a aussi le ministre de l’Éducation nationale,
monsieur Pap NDIAYE, je vous laisse un mot rapide et puis après on basculera
sur les sujets d'insertion professionnelle. Je vous en prie.
Pap NDIAYE
Oui,
bonjour à toutes et tous, Madame la Première ministre. Dans la foulée de ce que
disait Carol et des témoignages que vous avez dit, le stage, le troisième est
en effet un stage qui ne fonctionne pas de façon optimale parce qu'il repose
sur les familles, avec toutes les inégalités que l'on connaît et d'où l'intérêt
d'avoir une plateforme efficace. D'où l'intérêt aussi de saisir ce stage non
pas comme quelque chose qui arriverait comme ça la semaine en fin de premier
trimestre de troisième, mais de l'insérer dans une continuité depuis la
cinquième, cinquième, quatrième, troisième, où l'on va découvrir les métiers.
C'est justement l'objet de l'expérimentation qui est menée dans 640 collèges.
On vient d'en faire un premier bilan avec des choses tout à fait intéressantes,
un peu inégales selon les territoires. Donc on va regarder ça de près. Mais
c'est bien non pas une orientation précoce, mais simplement ouvrir le champ des
possibles. Lutter aussi contre les stéréotypes, notamment les stéréotypes de
genre. En lycée professionnel, par exemple, il y a des filles, des classes de
garçons, puis des classes de filles selon les filières. Et ça, ce n'est
évidemment pas quelque chose qui est souhaitable. Et puis également, c'est une
manière d'identifier pour les jeunes les secteurs porteurs et d'aller au-delà
des environnements familiaux limités. Donc on développe ça, ça va être pour la
cinquième, donc, à titre expérimental cette année, ça va aussi se prolonger du
côté de la quatrième pour que le stage de troisième s'insère dans cette chaîne
de découverte progressive des métiers. On doit également sûrement faire mieux
en matière de coordination et d'association entre les collèges, les lycées et
puis les entreprises, les régions aussi, qui ont un rôle, vous savez, un rôle
très important dans l'information à l'orientation, et puis, les associations
locales. Pour l'instant, globalement, la découverte des métiers, c'est surtout
du côté des entreprises, ce qui est très bien. Du côté des lycées pros, ça
manque un tout petit peu de variété, mais on va essayer d'ouvrir le spectre
pour la classe de cinquième. En tout cas, merci pour toutes vos suggestions, y
compris celles de stages possibles du côté du lycée, j'ai entendu de stages en
seconde ou ou en première qui pourraient permettre d'affiner le choix des
spécialités. Un dernier mot quand même sur les mathématiques. Parce que j'ai
entendu et c'est un de mes chevaux de bataille. Mais on introduit les
mathématiques, vous savez, dans le tronc commun de la classe de première, de
manière à ce que ceux qui font des mathématiques par défaut en prenant la
spécialité maths, aient des mathématiques en tronc commun et puissent prendre
une spécialité qui ne soit pas la spécialité mathématique. Donc l'idée, c'est
vraiment ça. Et puis, on insiste aussi beaucoup avec la ministre de
l’Enseignement supérieur sur le fait que le choix des spécialités que vous
faites en première ne détermine pas de manière absolue le choix que vous ferez
sur le Parcoursup pour vos études supérieures. Évidemment qu'il y a de la
marge. Évidemment que ça ne se joue pas à une note de physique chimie en
première et que ça ne se joue pas au fait de prendre telle ou telle spécialité.
Il y a des marges de manœuvre. Il vaut mieux faire évidemment des mathématiques
si on veut faire des études de mathématiques, mais si on veut faire du droit,
il y a énormément de possibilités. Surtout ne pas se stresser en pensant que du
choix des spécialités en première détermine ensuite le choix de votre avenir
professionnel.
Matthieu
Merci
beaucoup Monsieur le ministre. Je vous propose qu'on essaye de remplir la suite
de cette merveilleuse diapositive sur les sujets plus d’insertion
professionnelle. Maintenant, vous en avez parlé tout à l'heure, Madame la
Première ministre. On fête aujourd'hui les un an du contrat d'engagement jeune.
Il y a un an, Ryan, qui est là avec nous, était le premier signataire de ce
contrat d'engagement jeune avec, à l'époque, Jean CASTEX. Je vous laisse nous
dire un peu comment ça s'est passé pour toi. Et est-ce que ce que tu en déduis
sur ce qu'on doit faire sur base de ton expérience ? Je t’en prie.
Ryan
Tout
le monde m’entend bien, c’est bon ? Déjà, bonjour à tous. Alors moi, j'ai
intégré le contrat d'engagement jeune, comme l'a dit Matthieu, dans les
premiers signataires. Il faut savoir qu’avant ça, j'ai fait un bac STI-2D que
j'ai obtenu. Ensuite, j'ai voulu continuer du coup dans ma filière. Donc j'ai
voulu continuer dans l'informatique. Sauf que malheureusement, j'étais en
recherche de patron pour faire une alternance. Je n'ai pas réussi à trouver de
patron. Donc du coup, j'ai voulu faire une année césure. Je me suis orienté
vers la mission locale. Donc du coup, c’était la bonne période vu qu’il y a eu
le lancement du contrat d’engagement jeune. On me l’a ensuite proposé, et puis
moi, j’ai signé direct, vu que ça m’intéressait en sachant qu’il y avait
beaucoup d’opportunités. Ensuite, on a effectué les semaines d’ateliers. Moi,
personnellement, ça m'a permis de me redécouvrir, de découvrir aussi d'autres
métiers, comme d’où justement, la communication où je suis aujourd'hui.
Aujourd'hui, je fais un BTS en communication. Ça m'a permis de faire de…
Excusez-moi. J'ai d'abord fait un stage, dans le cadre du stage qui a duré
quasiment deux mois. Donc, en communication. Il faut savoir que c'est la
Mission locale qui m'a proposé ce stage. Il y a le chargé de communication qui
m'a pris avec lui en stage pendant deux mois. Donc, le stage m'a vraiment
permis de découvrir autre chose moi qui étais, j'étais vraiment têtu. Je
voulais absolument continuer dans l'informatique et j'ai décidé de m'ouvrir et
ça m'a permis de me redécouvrir moi-même. Et aujourd'hui, j'ai fini là où je ne
pensais pas être, donc, en communication. Et si j'ai un conseil à donner aux
jeunes qui sont perdus ou qui sont en recherche, franchement, il ne faut pas
hésiter. Il faut tenter tout ce qu’on nous donne parce qu’on a de la chance
d'avoir beaucoup de dispositifs et beaucoup d'accompagnement. Et franchement,
n'hésitez pas.
Intervenant non identifié
Tu as le
droit aux applaudissements Ryan, c'est un traitement exceptionnel des
applaudissements, on pourrait aussi en faire pour ceux qui vous suivent au
quotidien, juste derrière toi, tu as Radia, qui est coordinatrice et
conseillère à la Mission locale de la DUIS [Phon] Radia, est-ce que tu… Vous
voulez nous dire un mot aussi sur un peu ce que… à Clichy ? C'est vrai,
monsieur le ministre. Sur ce que ça a changé, est-ce qu'on peut faire encore de
mieux aussi autour du contrat d'engagement jeune ou autre ?
Intervenante non identifiée
Du coup,
je rejoins les jeunes par rapport au projet professionnel et que c'est
primordial. C'est une question primordiale par rapport aux jeunes. C'est
stressant. Nous, quand ils arrivent chez nous, enfin, à 80 %, ils ont des idées
vagues ou pas du tout d'idées. Du coup, on prend le temps de travailler avec
eux le projet. Après, il faut aussi travailler la relation de confiance, la confiance
en soi, avec aussi les questions de confiance en soi, leur permettre de rêver
parce que des fois eux-mêmes ils se mettent des barrières en disant : ça ce
n'est pas fait pour moi. Moi, je suis de Clichy, de Montfermeil et ce n'est pas
fait pour moi. Du coup, nous, on essaye un peu de casser ces stéréotypes, de
leur faire découvrir beaucoup, beaucoup de métiers, de saisir toutes les
opportunités qui s'offrent à nous pour leur faire découvrir des choses et puis
les pousser et les encourager à se dépasser, à se faire confiance et à
s'engager. Voilà.
Intervenant non identifié
Merci
beaucoup Radia. Alors, parmi les opérateurs qui sont engagés sur ce contrat
d'engagement jeune, il y a aussi Pôle emploi. Il y a quelques jeunes qui sont
là parmi nous. Je vous donne la parole un peu pêle-mêle. Au premier rang, on a
Maud je crois. Je te laisse un peu nous dire toi où t’en es aujourd'hui et
qu'est-ce qu'on pourrait faire autour de tout ça ?
Maud
Bonjour.
Alors, je m'appelle Maud [inaudible]. J'ai bénéficié aussi du contrat
engagement jeunes, donc j'ai effectué une double licence en histoire de l'art
et en droit. J'ai également fait un master en droit fiscal. Je suis arrivée à
Paris pour faire un stage. J'ai voulu entrer dans une maison de vente aux
enchères. Je suis actuellement clerc de commissaire-priseur, donc j'estime les
biens de personnes particulières et professionnelles au quotidien. C'était mon
souhait professionnel. A la fin de mon stage, j’ai recherché un emploi, ce qui
était très difficile puisque c'est un monde très fermé. J'ai été contactée par
madame (inaudible) qui m'a accompagnée professionnellement et également
personnellement, puisque je viens d'un milieu rural. Mes parents sont agriculteurs,
donc je me posais énormément de questions sur mon insertion dans le domaine du
luxe. Je me disais que ce n'était pas facile d'intégrer une maison de vente aux
enchères, et d'autant plus à Paris. J'ai attendu quelque temps. On a fait
beaucoup d'entretiens, on s'est beaucoup entraîné et j'ai signé un CDI quelque
temps plus tard. Ce que je voudrais vraiment souligner, on a beaucoup parlé des
stages en collège, mais on ne parle pas assez des stages en université et je
trouve pour ma part que tout le monde ne peut pas bénéficier des aides du
Crous. C'est ce qui a été mon cas. J'ai travaillé tout le long de mes études.
J'ai toujours été en 35 heures pour pouvoir payer mes études et la ville dans
laquelle je faisais mes études. Venir à Paris, pour moi, ça a été très
compliqué financièrement. Les stages, comme vous le savez, sont rémunérés à
environ 500 euros par mois pour un jeune stagiaire, ce qui est complètement
désillusoire aujourd'hui, encore plus avec la crise, on se rend compte que
faire un stage, c'est une opportunité, une véritable opportunité. On aimerait
tous faire des stages. Moi la première, j'en ai fait beaucoup et beaucoup de
fois, je me suis dit est-ce que je peux vraiment faire un stage ? Parce que
financièrement, je vais me mettre dans une situation trop compliquée. Donc,
j'ai hésité, j'ai reculé, j'ai déménagé, j'ai, j'ai effectué 4 heures de route
aller retour pour aller à Fontainebleau et faire des stages dans des maisons de
vente aux enchères. Ça a été des expériences extraordinaires mais
malheureusement, tout le monde n'a pas la possibilité de faire des stages.
Donc, même quand on peut postuler et quand on trouve une entreprise, il faut
derrière pouvoir assumer sa vie professionnelle, ce qui n'est pas forcément une
possibilité pour tout le monde en fait. Et je pense qu'il va falloir réfléchir
dans les années à venir sur la revalorisation, en fait, des salaires des
stagiaires puisqu’on ne peut pas continuer comme ça en se disant qu'un
stagiaire peut être payé 500 euros par mois et payer un loyer. Pour mon
exemple, à Paris, mais dans n'importe quelle autre ville, 500 euros, c'est le
prix de l'appartement. Voilà. Après ça, c'est très compliqué de faire autre
chose. Donc, j'ai vraiment eu… J'ai bénéficié du contrat engagement jeune et j'ai
eu beaucoup de chance d'être accompagné. Ça m'a vraiment permis de me donner
plus confiance en moi et de me relancer. Aujourd'hui, je fais ce que je
souhaitais faire initialement puisque je me spécialise en gemmologie et qu'à
long terme, je souhaiterais être directrice d'un département bijoux. C'est un
domaine très fermé, très compliqué et je remercie vraiment Pôle emploi pour
m'avoir accompagné pour ça et je pense que nous pourrions vraiment aller au
devant des jeunes et même aller à l'université par exemple pour parler de ce
genre de dispositif. Puisque moi, quand on m'a contacté pour me parler du
dispositif, je n'y ai pas cru une seule seconde. Je me suis dit : mais ça
existe vraiment ? J'ai eu un doute. Et si on avait parlé à l'université,
peut-être que j'aurais essayé de voir les choses différemment et j'aurais une
approche un petit peu moins hésitante sur ce domaine qui est très compliqué.
Merci.
Matthieu
Merci beaucoup
Maud. Je vais peut-être passer la parole derrière toi puisqu’il y a Sarah qui…
Je crois que tu es en cours de CEJ, si j'ai bien compris. Je te laisse nous
dire un peu comment ça se passe.
Sarah
Ok donc je
m'appelle Sarah, j'ai 20 ans, j'ai fait un Bac pro commerce, puis après j'ai
fait un BTS MCO que j'ai arrêté au bout de deux semaines parce que j'ai été du
coup mal orientée. C'est pas ce que je voulais faire au final. Et du coup,
j'étais vraiment perdue pendant un an, je n'ai vraiment rien fait. J'ai essayé
de trouver ma voie, j'avais perdu confiance en moi. Puis j'ai entendu parler du
contrat engagement jeunes du coup à Pôle emploi et du coup, je me suis
inscrite. J'ai rejoint du coup Madame (inaudible) et grâce à Pôle emploi, j'ai
reconfiance en moi. J'ai réussi à trouver ma voie. Donc je cherche à faire une
formation dans le domaine du secrétariat médical. Et pour l'instant, on n'a pas
encore trouvé de formation. Mais on est à la recherche à faire des immersions
et on galère un peu. Et je trouve qu'on n'a pas assez… Enfin, Pôle emploi n'a
pas assez de contacts, en fait, pour faire des immersions. On a passé de
numéros de téléphone, on galère un peu à trouver, même sur le site Facilité
Immersion, on a du mal à rentrer en contact avec eux. Il n'y a que des numéros
de téléphone. Ils ne répondent jamais au téléphone, on n'a pas assez de mails
et du coup, voilà, c'est un peu compliqué.
Matthieu
Ok, bien pris. Sur
le sujet, il y a quelqu'un pour lequel j'ai….
Élisabeth BORNE
Peut-être redire
que ce que vous pointez, c'est qu'on a vraiment besoin des entreprises pour
nous aider à aider les jeunes. Et il y a des entreprises — qui peut-être que
Thibaut peut en dire un mot — qui s'engagent et celles qui ne l'ont pas encore
fait, c'est vraiment un appel. Surtout quand on a du mal à recruter, on compte
sur les entreprises aussi pour permettre aux jeunes d'avoir des stages pour
leur permettre de découvrir des métiers. C'est absolument crucial.
Claudine
Je vous remercie de
votre écoute. Vous m’entendez ? En fait, je suis Madame (inaudible) du Contrat
engagement Jeune. J'accompagne les jeunes. Voilà. Je dis toujours que je suis
facilitatrice. C'est vrai que des fois, il y a des petits couacs pour les
immersions. Mais au niveau du Pôle emploi, de plus en plus, on fait des
découvertes de métiers, des sessions de recrutement, donc hier, j’ai pu relever
que chez Mathieu, on était au Plaza Athénée pour les découvertes métiers avec
un groupe de jeunes pour leur faire comprendre que tout est accessible
maintenant, que toutes ces grandes maisons et même d'autres maisons moins
luxueuses, nous laissent rentrer, nous laisse découvrir leur métier, leur
passion. Donc, de plus en plus, avec le CEJ, quand même, on a des facilités des
propositions. Évidemment que des fois, c’est vrai que Facilité Immersion, ça
marche parfois. Maintenant, c'est vrai que c'est notre rôle aussi de décrocher
le téléphone, ce qu'on fait, pour être intermédiaire entre l'entreprise et le
jeune. Je dis rarement “un demandeur d'emploi” parce que pour moi, c'est un
jeune, qui offre aussi un service, donc voilà pour valoriser leur image. Et c'est
vrai qu'il y a aussi cette immersion que l'on parle comme un stage, ce n'est
parfois pas évident parce qu'ils sont toujours, voilà… ils mettent leur nom sur
le site, on leur fait confiance, on appelle et on n'a pas de retour. Et ça,
voilà, c'est notre seule difficulté. Sinon, je vous remercie.
Matthieu
Merci.
Merci Claudine. Je passe la parole aussi à Thibaut GUILLUY, commissaire à
l'emploi qui est très engagé sur ce contrat d'engagement jeune depuis son
lancement. Thibaut.
Thibaut GUILLUY
Non,
mais c'est vrai que ce qu'on a vu, Madame la Première ministre, c'est vrai que
l'enjeu des entreprises, de la mobilisation des entreprises est clé et a été
clé d’ailleurs dans le plan “Un jeune, une solution”. Il ne suffit pas de
proposer plein d'opportunités aux jeunes pour les amener à la porte de
l'entreprise si les entreprises n’ouvrent pas leurs portes. Et c'est un petit
peu l'état d'esprit de la mobilisation qu'on a organisée, pour faire en sorte
que les entreprises s'ouvrent et s'adaptent, en fait, à l'accueil des jeunes.
Et on le voit bien, il y a plein de formules, l'apprentissage a été évoqué. Là,
vous parlez des immersions, alors vous êtes un peu dure quand même sur
Immersion Facilité parce que figurez-vous que c'est une start-up. Et donc
évidemment, elle apprend, elle progresse petit à petit. Il y a eu 5 000… on a
battu les records, justement, au mois de février. On est passé à 5 000
connexions, c’est-à-dire 5 000 immersions qui ont été réalisées au mois de
février, c’est-à-dire une croissance de plus... En ce moment, on a +50, +60 %
de croissance par mois, donc ce n'est pas mal ça, c’est quand même un bon
rythme de start-up. Mais, donc en fait, ce que vous dites là, c'est une
invitation et c'est la concrétisation d'une invitation très forte que nous devons
faire si on a envie de réussir à permettre à la jeunesse de trouver sa place,
c'est de bousculer le monde de l'entreprise et de lui dire d'apprendre à ouvrir
ses portes en le faisant facilement. Là, ça se fait en 30 secondes, les
immersions facilitées, on a 38 000 ou 39 000 entreprises qui sont engagées.
Donc, ce qu’il faut, c’est qu’on fasse fois deux, fois 3, fois 4 sur le nombre
d'entreprises et que du coup, ça multiplie les opportunités de stages, de
contacts, où finalement tous vos témoignages l'ont bien montré, il y a un enjeu
de rencontre, il y a un enjeu de connexions avec le monde des métiers, les
opportunités, les expériences. Et plus on saura les démultiplier et plus on
pourra le faire. Donc, en tout cas, si les entreprises s'engagent, il y a les
immersions, il y a le mentorat aussi, c'était mentionné, ça avait été lancé
avec la Première ministre, à l'époque, en mars 2020. On était à 25 000 jeunes
mentorés, on est à plus de 150 cette année. Donc, il n'y a pas de fatalité,
mais effectivement, il faut qu'on continue de faire cette mobilisation et
d'appeler toutes les entreprises à s'engager et à s'inscrire sur “les
entreprises s’engagent”, bah tous les jeunes aussi. Faites-le ! Quand vous
allez frapper à la porte des entreprises, dites leur : Qu'est-ce que vous
faites, vous, pour la société ? Qu'est-ce que vous faites, vous, pour
l'engagement ? Et si vous n'êtes pas encore une entreprise engagée, bah, nous,
on n'aura pas envie de vous rejoindre. Donc, bougez-vous aussi.
Matthieu
Merci.
Le message est clair. Est-ce que que, peut-être, Antoine DULIN, toi, tu es le
vice-président du… enfin le président de la Commission orientation, du Conseil
d'orientation des politiques de jeunesse et vous avez rendu un rapport au mois
de décembre sur le contrat d'engagement jeunes, sur ce qui marche et sur ce
qu'on peut faire de plus, de mieux. Et je te laisse développer tout ça.
Antoine DULIN
Merci.
Merci beaucoup. Donc, le Conseil d'orientation des politiques de jeunesse
regroupe quelques organisations qui sont autour de la table, il y a Pôle
emploi, les missions locales, Forum français de la jeunesse, etc, plein
d'acteurs, des administrations. Et on a été missionné à l'époque par Madame la
Première ministre quand elle était ministre du Travail, pour faire le suivi et
l'évaluation du contrat d'engagement jeunes sur lequel le COJ a été largement
impliqué dans sa création, et on vous en remercie puisque ça a été un travail
de co-construction. Donc, au-delà des témoignages qui sont très importants et
qui montrent une partie du succès du contrat d'engagement jeune. On a, en
décembre, fait 60 propositions au ministre du Travail et à l'ensemble des ministres
sur comment on pourrait améliorer aujourd'hui le contrat d'engagement jeune. Je
ne vais pas rentrer dans toutes les dimensions de back office, etc, qui sont
des sujets que les jeunes ne voient pas, mais plutôt sur 3 sujets qui me
paraissent importants pour continuer à avancer et à améliorer le dispositif
pour les jeunes. La première, c'est la question des droits connexes liés au
contrat d'engagement jeunes, et notamment la question de la santé. C'est ma
marotte, vous le savez, Madame la Première ministre, mais nous n'arrivons toujours pas à avoir une
automatisation pour les jeunes qui rentrent dans le contrat d'engagement jeune
à la complémentaire santé solidaire, alors que pour tous les autres
allocataires bénéficiaires de minima sociaux, il y a cette automaticité. Or, on
sait que la santé est un frein à l'accès à l'emploi, à une dynamique et avoir
une complémentaire santé, comme elle existe en France, faciliterait, voilà. Et
parfois, il faut attendre un an pour des jeunes qui sont sans domicile pour
avoir une complémentaire santé, puisqu'il faut avoir une domiciliation. Cette
domiciliation, ça prend du temps. Et donc, l'automatisation dans ce cadre-là,
ce serait plus facile. Le deuxième sujet c'est moins du ressort… Enfin, c’est
du ressort du Gouvernement dans la dimension des transports, mais plus au
niveau des collectivités locales. Comment on fait pour qu’on ait des tarifs
gratuits, la gratuité dans les transports en commun, dans les établissements
culturels, pour les bénéficiaires du RSA, pour les demandeurs d'emploi ?
Bizarrement, pour les jeunes en contrat d'engagement jeunes, il faut se battre
pour avoir cette gratuité, etc., et ça, ce n'est pas normal. Donc, comment on
fait pour qu'on transforme l'essai sur cette dimension des droits connexes ?
Voilà. Deuxième sujet, la question de la durée. Là aussi, les résultats et
puis, les premiers résultats qu’on a montrent que le contrat d'engagement jeune
est sur une durée en moyenne de 9 mois. 9 mois avec une allocation de 520
euros, c'est comme si, pour accéder au logement, notamment pour des jeunes très
éloignés, et c'est le regard qu'on a au niveau du COJ, et vous l'avez dit,
Madame, avec 500 euros, c'est très compliqué d'accéder au logement. Et encore
plus quand… Globalement, la durée du CEJ dure 9 mois. C'est comme si on avait
un CDD de 9 mois pour un bailleur social ou pour un propriétaire privé. Et donc
il n'y a aucune garantie pour permettre l'accès au logement. Et on a encore
beaucoup de jeunes qui sont au contrat d'engagement jeunes qui ne permettent
pas d'avoir accès à un logement autonome, qui sont encore dans des centres
d'hébergement d'urgence et qui parfois y restent même à la suite et à la fin du
contrat d'engagement jeune. Donc là-dessus, il y a quelque chose à travailler
avec le ministère du Logement sur comment on arrive à permettre à ces jeunes
qui bénéficient du contrat d'engagement jeunes de pouvoir accéder pleinement à
un logement et bénéficier de facilités là-dessus. Toujours dans la question de
la durée, on se pose la question de l'après. Voilà, ça fait un an que le CEJ
est sorti, on a les premiers résultats d'insertion professionnelle, des bons
résultats comme il y en avait sur la garantie jeunes ou l'accompagnement
intensif de Pôle emploi, précédemment. Et c'est très bien et tant mieux que
l'accompagnement qui a été mobilisé et plusieurs… enfin, et l'argent et le
budget qui a été mis sur ce sujet-là. Mais, qu'est-ce qu'on fait des jeunes qui
à la sortie n'ont pas de solution et ne sont pas en emploi durable ? Ils
avaient une allocation pendant un temps, ils se retrouvent après, sans cette
allocation. Et qu'est-ce qui se passe pour eux ? Et qu'est-ce qui est le filet
de sécurité qui va leur permettre de reprendre pied, etc… Sortir des dimensions
de précarité et là, je pense qu'on a un petit angle mort, qu'il faut continuer
à travailler pour améliorer le système. Et puis, dernier point, ce sont les
jeunes les plus éloignés. C'est un sujet dont on a beaucoup travaillé sur la
question des jeunes en rupture. Ça se met peu à peu en place sur les
territoires, mais ce n'est pas encore complètement ça. Sur la dimension de
l'accompagnement des jeunes qui sont effectivement… bah, je vois madame KOBEL
(ph), mais les jeunes sortant de l'aide sociale à l'enfance, c'est intégré dans
la loi du 7 février 2022 mais ce n'est pas encore actif et on voit bien qu'on a
plutôt parfois des départements qui vont se déposséder du contrat jeunes
majeurs en disant : bah tiens il y a le CEJ, donc en voyant les jeunes sortant
de l'aide sociale à l'enfance au CEJ. Et malheureusement bah, si c'est 8-9
mois, bah ça ne permet pas une insertion réussie, il y a des jeunes qui sont
sans abri, des jeunes décrocheurs scolaires qui sont très éloignés de tout
depuis 13, 14, 15 ans. Voilà, et comment on travaille vraiment, permettant à la
fois un raccrochage par les deux opérateurs, les missions locales et le Pôle
emploi, même si ce sont sans doute les missions locales qui font ce travail-là.
Il y a le dispositif jeunes en rupture, mais comment aussi, on permet à ces
jeunes de sortir de la situation de précarité dans laquelle ils vivent, qui
leur permettent de bénéficier, dès leur entrée dans cette dynamique de jeunes
en rupture d'une allocation qui serait le même montant que le contrat
d'engagement jeune. Et là aussi, c'était le dernier souhait des membres du COJ,
comment aussi on fait pour que cette allocation, elle augmente, on en a parlé
des 500 euros. Avec 500 euros, on ne fait pas grand-chose, on survit et pour
certains, c'est un appui, pour d'autres, ça va être une bouée de secours qui, à
un moment donné, va lâcher au bout de quelques mois ou même quelques semaines
au regard de l'inflation. Et à mon avis, il y a aussi un travail à mener
là-dessus. Voilà, c'était un peu long, mais il y a 60 propositions. Je serai
heureux et de vous remettre, madame la Première ministre.
Mathieu
Pour ceux
qui le souhaitent, je crois qu'Antoine est venu avec plusieurs exemplaires de
ce merveilleux rapport du COJ. Vous
pouvez évidemment le consulter, sinon en ligne également. On a cité l'exemple
des jeunes de L'aide sociale à l'enfance et on a la chance d'avoir la
secrétaire d'État à l'Enfance qui est là avec nous. Charlotte CAUBEL, je vous
laisse la parole.
Charlotte CAUBEL
Merci
beaucoup Mathieu. La réalité, effectivement, est aussi un peu plus complexe
pour un certain nombre d'enfants et jeunes qui ont des parcours plus
compliqués. Les parcours de la protection de l'enfance, les parcours de ceux
qui ont pu trébucher et sortir d'un petit parcours pénal ou encore, bien sûr,
les parcours des jeunes en situation de handicap. Vous l'avez dit, certains, il
y a beaucoup de dispositifs. Un des vrais enjeux, c'est quand même
l'articulation entre les dispositifs, comme l'a dit Antoine. Normalement,
aujourd'hui, le département doit s'occuper non seulement de ceux qui ont 18 ans
et qui sortent de la protection de l'enfance, mais de en fait tous les jeunes
qui sont en situation de précarité et d'isolement. La loi est quand même plus
large que la simple sortie de la protection de l'enfance. C'est : isolement et
précarité. On s'aperçoit effectivement que les départements font des contrats
jeunes majeurs de très courte durée et on voit que c'est 6 mois, parfois
renouvelable par 3 mois. Et ce n'est pas nécessairement lié au CEJ et que ce
n'est pas nécessairement lié aux aides du CROUS, que ce n'est pas
nécessairement lié aux bourses universitaires. Et tout ça, madame la Première
ministre, il faut qu'on fasse un véritable effort parce que derrière, on le
sent, c'est de l'insécurité, c'est de la confiance qui qui s'étiole et c'est
finalement : je vais aller vers le truc le plus simple et effectivement de quoi vivre pour au moins me
loger, et on voit que ça dégrade un petit peu les ambitions et les rêves. Et
ça, on n'est pas là pour ça. On est là pour pousser les ambitions et les rêves.
Vous avez parlé, Antoine, de l'ouverture des droits et la question des droits
connexes. On a bien sûr le droit à la santé. C'est tout à fait essentiel. Vous
le savez, madame la Première ministre, on a un enjeu de santé et de santé mentale
de nos jeunes actuellement. On ne peut pas avoir des trous dans les prises en
charge et ça, c'est tout à fait essentiel. Bien évidemment, tout le sujet des
allocations, l'allocation handicap quand même et toute l'articulation, non pas
pour simplement donner de l'argent, mais pour permettre, effectivement, d'avoir
le ce qui est suffisant pour accéder à l'emploi qui est le nôtre, qui est, qui
est celui auquel on aspire. J'ai entendu parler de tiers lieux. On voit bien,
madame la Première ministre, qu'on a un enjeu d'accès à l'information et
d'accès aux dispositifs. On parle de plateforme, on parle de tiers lieux, on
parle de mentors parce qu'on pense que le mentor va nous permettre d'avoir
accès à tout ça. Je crois qu'on a besoin non seulement d'une grosse
coordination, mais quand même d'un choc de simplification sur tous nos sujets
et de pouvoir avoir une sorte de pack. Vous avez fait le pack, nouveau départ
des femmes. Je pense qu'il nous faut le pack du premier départ de nos jeunes.
Mathieu
Merci
beaucoup madame la Ministre. Sur la gauche, Olivier KLEIN Vous avez la Mission
locale de Clichy sous Bois qui est là, promis. C'était assez hasard, ce n'était
pas prémédité du tout. Mais je vous laisse aussi rebondir/
Olivier KLEIN
Merci
Madame la Première ministre. Oui, c'était le hasard de retrouver la Mission
locale de la DUIS, qui n'est pas que celle de Clichy sous Bois, on a une grande
intercommunalité. J'en profite pour témoigner, parce que j'ai souvent présidé
cette mission locale. Le rapport des jeunes aux missions locales a parfois été
un rapport très tendu et c'est vrai que la garantie jeune, puis le CEJ, a
complètement modifié, je trouve, cette relation et c'est évidemment à mettre au
crédit de l'action du gouvernement précédent. La question de l'emploi et du
logement est une question déterminante et c'est vrai que c'est un travail que
l'on mène avec le Ministre COMBE sur le pack des solidarités, comment on
travaille mieux le lien emploi ? Comment la question du CEJ, évidemment, ne
règle pas l'accès au logement. La question de l'emploi, du logement des jeunes
est une question extrêmement compliquée. On manque de résidences sociales pour
répondre au plus au plus grand nombre. L'hébergement d'urgence n'est pas la
réponse et n'est pas adapté. C'est vraiment un chantier qui doit être sur la
table à travers l'intermédiation locative, à travers la création de plus de
résidences sociales qui est quand même une étape qui permet le parcours
d'insertion, parce que l'emploi sans le logement, le logement sans l'emploi
sont vraiment des risques de rupture. Et ça fait partie des chantiers
interministériels qui sont vraiment sur la table. Les missions locales y
participent, à cette réflexion depuis de nombreuses années. On n'a pu vraiment
ce qu'on appelait avant les foyers de jeunes travailleurs qui étaient parfois
seulement une réponse parce que ce n'étaient pas forcément les meilleurs, les
meilleurs lieux. Mais voilà, ça fait partie des nombreux chantiers qui sont sur
la table, celui du logement des jeunes qui dépasse d'ailleurs, on sait à quel
point la décohabitation reste un sujet extrêmement compliqué. Et évidemment,
madame la Première ministre, vous le savez, tout ça repose sur une production
plus grande de logements et en particulier de tout type de logements sociaux.
Mathieu
Merci
beaucoup Monsieur le Ministre. On s'est parlé de pas mal de contrats
d'engagement jeunes parce que c'est les un an, mais évidemment, dans les
solutions d'insertion professionnelle qui sont déployées, il y en a pas mal
d'autres. On a évoqué, en introduction et rapidement, avec Ryan, qui est en
apprentissage aujourd'hui justement, cette solution de l'apprentissage. Sur
votre droite, Madame la secrétaire d'Etat à l'Enfance, vous avez Coralie qui
est, je crois, en apprentissage en ce moment. Je te laisse aussi nous dire un
mot sur ton expérience, sur ce qui se passe bien, ce qui se passe moins bien.
Je t'en prie.
Coralie
Bonjour,
vous m'entendez bien ? Donc, moi, j'ai commencé donc l'apprentissage après une
réorientation puisque après mon bac, la suite logique était pour moi la
licence. Mais après deux ans en licence, je me suis rendu compte que le système
éducatif universitaire ne me correspondait pas du tout. Et on ne m'avait jamais
parlé de l'alternance durant mes années de lycée. Et j'ai commencé, donc, un
BTS support action managériale en alternance. Et aujourd'hui, c'est ma
quatrième année en alternance et je suis donc en première année de master
dirigeants entrepreneurs au CFA-IGS et j'effectue mon alternance au sein du
Comité d'organisation des Jeux Olympiques et paralympiques pour Paris 2024,
donc une très, une très belle opportunité. Mes années d'alternance m'ont
permises de prendre confiance en moi, d'affiner mon projet professionnel aussi,
mais aussi de découvrir différents métiers et secteurs d'activité que je
n'avais peut-être jamais, dont je n'avais jamais entendu parler ou que je
regardais de loin, mais aussi de m'acclimater au monde de l'entreprise, puisque
c'est important, quand on sort de l'école, on ne sait jamais dans quoi on
s'embarque réellement. Et l'alternance m'a vraiment permis d'avoir des
expériences dans le monde professionnel et du monde de l'entreprise. Et
aujourd'hui, je pense que je suis plus à l'aise, en tout cas, dans dans
l'entreprise. Maintenant, je pense qu'il est important de dire que certes, la
mobilisation des entreprises a été très très importante ces dernières années et
on a pu voir, en tant qu’alternante en tout cas, j'ai pu bénéficier de ça
puisque j'ai pu donc retrouver une alternance beaucoup plus facilement. Mais,
il faut aussi, je pense, sensibiliser les entreprises au suivi de leurs
alternants et à la formation de leurs alternants qui parfois peut être
difficile. Quand on est alternants, on peut se retrouver vite perdu, perdu dans
nos missions, se sentir seul. Et je pense qu'il est important de sensibiliser
les entreprises au fait qu'on ne forme pas un alternant de la même manière
qu'on forme un employé à temps plein. C'est complètement différent et je pense
que c'est un enjeu majeur parce que c'est bien d'avoir un contrat d'alternance,
d'apprentissage, de professionnalisation, mais c'est bien aussi de pouvoir s'y
sentir bien, de pouvoir se développer et développer les compétences nécessaires
au sein des entreprises. Je pense que c'est un point important à souligner et
j'aimerais aussi souligner le fait qu'il faut, je pense, parler beaucoup plus
de l'alternance, notamment dans les filières générales. On en parle très peu,
en tout cas, à mon époque parce que j'étais au lycée et je pense que c'est très
important de pouvoir en parler, de pouvoir présenter l'alternance comme une
chance parce que c'est une chance et un parcours d'excellence tout autant que
les autres parcours. Donc, voilà. Et juste un mot pour les jeunes qui sont
aujourd'hui au lycée ou au collège. Je me suis moi même réorientée et c'est pas
grave de se tromper et au contraire c'est pas se tromper. On apprend beaucoup
de choses et c'est important de vous dire que ce n'est pas une fin en soi de se
réorienter. Au contraire, c'est une chance de pouvoir s'orienter, de se
réorienter et voilà.
Matthieu
Merci pour
ce joli message. Sur ta droite, à deux rangs de toi, tu as Garaba qui travaille
maintenant dans la restauration et qui, je crois, n’avait pas trop prévu de
faire ça non plus. Garaba, je te laisse nous décrire son expérience. Quand je
l'ai appelé hier, tu m'as demandé si c'était un traquenard. Je t'ai promis que
non. Je te laisse, je te laisse dire ce que tu veux.
Garaba TRAORE
Alors
bonjour à tous. Moi, c'est Garaba TRAORE J'ai participé à un programme avec les
déterminés Moussa CAMARA, qu’on juste ici, qui consistait à nous former dans le
monde de l'hôtellerie restauration, qui a duré 6 mois et ensuite on a débouché
directement sur un CDI et jusqu'aujourd'hui je suis en CDD chez Hyatt. Et je
voudrais souligner qu'on a beaucoup parlé des étudiants, mais on a oublié de
parler des jeunes décrocheurs qui sont énormément et je voulais dire qu'il faut
qu'il y ait plus d'entreprises qui nous accompagnent pour rejoindre leur rang.
Mathieu
Merci
beaucoup Garaba. Et en fait, toi, dans ton parcours, t'as fait une formation
qui derrière a mené directement à un engagement de CDI. Tu peux nous en dire
plus un peu sur comment cela s'est déroulé ton parcours, tes 6 mois avant
d'intégrer Hyatt ?
Garaba TRAORE
On a eu
trois semaines de (inaudible) avec la confiance en soi, avec les déterminés. Et
ensuite on a débouché sur 5 mois de formation directement avec Hyatt en
entreprise et directement, on a signé le CDI.
Matthieu
Super,
merci beaucoup.
Garaba TRAORE
Je
vous en prie.
Matthieu
Moussa,
tu es debout depuis tout à l'heure. Mais tu nous observes au loin.
Moussa
Je
regarde, j'écoute.
Matthieu
Tu
es à l'origine de cette initiative,
qu'est-ce que ça t'inspire ? Qu'est-ce qu'on peut faire de plus sur tout ça ?
Moussa
Ce
qu'on peut faire de plus, c’est simple, c'est simple, c’est qu'il y a une
préparation à l'emploi qu'il faut préparer, les jeunes avant de rentrer dans
l'emploi. Parce qu'aujourd'hui, ce que cherchent les entreprises, c'est des gens
très opérationnels, presque formés, on va dire. Et entre la mise en relation…
Garaba est un exemple, comme plein d'autres, ce qu'on veut avec les
entreprises, c'est qu'on prépare en amont sur la confiance en soi, la prise de
parole, et aussi l'environnement et les codes de l'entreprise. Ce n'est pas
facile de mettre un jeune directement en lien avec une entreprise quand
forcément, vous n'avez pas forcément les codes, vous n'avez pas forcément la
connaissance et l'environnement de l'entreprise. Donc nous, ce qu'on fait avec
les entreprises, c'est le travail en amont de la préparation. C'est une
préparation opérationnelle à l'emploi. On travaille avec Thibaut GUILLUY et
Pôle emploi, notamment sur ce programme-là. Et l'objectif, c'est de faire en
sorte que quand le jeune rentre en entreprise, il a déjà la connaissance, ,du
métier qu'il va faire. Il est déjà aussi préparé à l'environnement et au code.
Et aussi, les salariés de l'entreprise, que ce soit au premier niveau de
qualification font un travail aussi de… on a parlé beaucoup de mentorat, mais
il y a vraiment un travail de transmission où ce ne sont pas des formateurs
extérieurs à l'entreprise qui vont venir former les jeunes aux métiers. Mais
c'est aussi des salariés qui, parfois, n'ont jamais eu cette opportunité
d'accompagner des jeunes dans leur métier et qui parfois les forment quand ils
sont dans l'entreprise, de les préparer. Et je pense que ça aussi, ça permet
aussi d'accélérer et de rentrer beaucoup plus de monde dans l'entreprise.
Aujourd'hui, les entreprises ont un rôle de rendre beaucoup plus attrayant
aussi leur métier. Et surtout, on a parlé des métiers à tension tout à l'heure,
on pourra reparler aussi des métiers autour de l'industrie verte. Tout ça, ce
sont des sujets où à un moment donné, dès l'orientation, il faut mieux
favoriser les jeunes. Il y a la réforme du lycée pro qu'on attend beaucoup. Et
Madame GRANDJEAN on a eu pas mal de discussions là-dessus. On espère qu'elle
sera vraiment porteur d'espoir. Et derrière, si on arrive à préparer en amont
les jeunes avant de les mettre en lien ou en lien aussi avec l'entreprise, je
pense que là, on peut favoriser facilement l'insertion professionnelle des
jeunes. Et nous, on le voit, les entreprises, ce qu'elles nous disent, c'est
qu'elles ont besoin des gens opérationnels. Elles n'ont pas le temps de faire
de la formation en amont. Donc, là-dessus, il faut qu'on arrive à mettre des
moyens vraiment… pousser les moyens pour vraiment mieux préparer. Et je pense
que c'est aussi ça qui est en train de se passer avec la prochaine réforme de
France Travail et Pôle emploi. Et là, si on arrive à mettre le paquet, tous les
jeunes qui sont parfois en décrochage, ceux qui ont envie de se réorienter ou
se réinsérer dans la voie professionnelle, ça peut faciliter. Donc Garaba est
un exemple comme tant d'autres et je pense que ça peut être un exemple qui peut
être facilement duplicable avec de la proximité et de la mise en confiance et
de la prise de parole. Merci.
Matthieu
Merci
beaucoup Moussa. Tu as parlé, là, des préparations opérationnelles à l'emploi,
des formations courtes pour aboutir à un emploi. Ce que vous faites aussi avec
les déterminés, c'est de l'accompagnement vers l'entrepreneuriat. Et on a aussi
sur ta gauche juste là, si tu veux lui passer le micro, Hawa que tu connais
bien de Time2Start qui est… Hawa, vous, vous accompagnez vers l'entrepreneuriat
pas mal de jeunes. C'est une autre voie d'insertion professionnelle aussi. Je
vous laisse nous en dire un mot et suggérer ce qu'on peut faire aussi en la
matière.
Hawa DRAMÉ
Effectivement.
Déjà, merci pour l'invitation. Bonjour Madame la Première ministre. Donc moi,
c’est Hawa DRAMÉ. J'accompagne les jeunes et les moins jeunes d'ailleurs à
l'entrepreneuriat, notamment dans les quartiers populaires et les territoires
isolés. Donc, on a développé différents programmes d'accompagnement. Et ce que
moi j'ai constaté — parce que c'est depuis 2013 maintenant que je suis engagée
en faveur de l'entrepreneuriat — c'est qu'on est entré, il y a quelques années
maintenant dans une nouvelle ère avec le digital, avec des nouveaux besoins qui
sont arrivés et donc de nouveaux profils. Et effectivement, on a de plus en
plus de jeunes qui souhaitent se lancer dans l'entrepreneuriat et donc il faut
être en capacité de répondre à ces nouveaux besoins. Et je pense qu'il y a 3
axes aujourd'hui sur lesquels on doit vraiment accentuer. Parce que c'est vrai
qu'on a le sentiment qu'aujourd'hui l'écosystème entrepreneurial est dynamique,
mais en réalité dans les quartiers populaires, il reste encore assez timide. Et
donc l'idée, selon moi, c'est de travailler premièrement sur l'accès à
l'information. C'est-à-dire qu'il faut savoir qu'aujourd'hui, une majorité
d'entrepreneurs et de porteurs de projets se lancent, sans être accompagnés.
Donc, malgré les dispositifs existants, les gens, les porteurs de projets, les
entrepreneurs ne sont pas au courant de ce qui existe et donc il faut accentuer
notre présence sur les territoires en proximité. Le deuxième point, deuxième
axe selon moi, sur lequel il faudrait accentuer, renforcer nos ressources et
nos engagements, c'est l'accès au financement. Et vous allez me dire : mais il
y a des dispositifs qui sont là pour financer les entrepreneurs, mais ça ne
suffit pas parce qu'on est, comme je l'ai dit, on est entré dans une nouvelle
ère, et donc de nouveaux besoins, pardon, de nouveaux besoins, de nouvelles
attentes et un besoin d'être très agile dans notre manière d'accompagner et de
financer les entrepreneurs. Aujourd'hui, les process sont trop complexes. On a
testé un dispositif qui s'appelle Sens, donc c'est un fonds de financement
dédié à soutenir les primo entrepreneurs, donc, en phase d'amorçage, avec des
montants de 3 à 50 000 euros et surtout sur un process rapide, donc, dans un
délai inférieur à un mois. Donc c'est un prêt gratuit, sans intérêt, sans
garantie bancaire, sans obligation de cofinanceur. Et en fait, on se rend
compte que cet outil, il fonctionne très bien, mais voilà, à notre échelle, on
est très limité. Et donc, le troisième axe, c'est la synergie entre tous les
acteurs parce qu'il y a de plus en plus de dispositifs qui sont présents sur le
territoire. Mais, l'offre entrepreneuriale, l'écosystème entrepreneurial reste
difficilement lisible pour les porteurs de projets. Donc, on ne sait pas à qui
s'adresser et à quel moment. Et donc, effectivement, on est pour la plupart des
petites structures, en tout cas, en ce qui me concerne et c'est difficile, je
pense, seule d'informer tous ces besoins, de répondre, d'orienter. Et donc on a
besoin, à l'image de ce qui se fait sur le mentorat ou sur d'autres
engagements, d'être en collectif. Et je pense que c'est en étant dans le
collectif qu'on aura plus d'impact. Et le collectif nous permet également de
valoriser les acteurs qui sont cohérents, pertinents, qui sont sincèrement et
profondément engagés en faveur de l'entrepreneuriat dans les quartiers et dans
les territoires isolés. Et donc, c'est pour moi un axe prioritaire, pour à la
fois renforcer l'accompagnement, répondre aux besoins des jeunes, favoriser
l'accès à l'information et au financement. Donc voilà, c'est les 3 points sur
lesquels je voulais évoquer avec vous aujourd'hui.
Animateur
Merci
beaucoup Hawa. Tu as parlé de présence dans les territoires, il y a des
associations qui accompagnent vers l'entrepreneuriat, il y en a aussi qui
accompagnent, en utilisant le sport comme un moyen d'insertion professionnelle,
de reprise de confiance en soi, etc, on a la chance d'avoir Fatma de Sport dans
la ville avec nous. C'est parti, c’est ton moment Fatma, c'est à toi.
Fatma
Merci
beaucoup pour l'invitation. Tout d'abord, bonjour à tous. Je suis étudiante en
deuxième année d'une licence de chimie biologie et on va dire qu'il y a un
moment, j'étais dans un, on va dire, dans une sorte de dilemme, parce que je ne
savais pas si je devais travailler dans un laboratoire, soit en pharmaceutique,
soit en cosmétique, pardon. Et du coup, j'ai eu récemment une visite
d'entreprise chez Chanel à Londres. J'ai eu l'opportunité de participer à cette
visite et on peut dire que cette visite m'a permis plus de me diriger vers le
domaine du cosmétique, parce que, enfin l'entreprise a été très chaleureuse et
accueillante. Donc, ça m'a inspirée confiance. Et de plus, mon responsable
insertion dans Sport dans la ville m'a aussi proposé de faire une visite chez
L'Oréal pour pouvoir, on va dire, confirmer mon choix sur le domaine, enfin si
je voulais vraiment continuer dans le domaine du cosmétique. Et du coup, on va
dire que ces opportunités m'ont bien aidé à choisir, on va dire, mon parcours.
Et vous pouvez trouver ça improbable, mais tout ça, ça a été grâce au sport,
parce que j'ai intégré l'association, en commençant par faire du tennis et du
football. Du coup, voilà, et ensuite, je voudrais aussi proposer mon idée de
pouvoir installer de plus en plus de terrains sportifs un peu accessibles
partout et par tous, en me basant sur mes expériences pour par la suite, par
exemple… Parce qu'en fait, le sport, c'est vraiment du collectif, c'est un
endroit où on sociabilise, un endroit où il y a un esprit d'équipe, etc, du
coup, on part un peu vers les gens, les responsables de l'association. Et du
coup, on peut en savoir plus sur des projets annuels ou sinon, aussi qu' encore
une fois il y a des visites d'entreprises sur des domaines différents, variés,
etc., pour pouvoir savoir, un peu, ce qu'on peut faire plus tard en termes de
domaines, etc. Voilà, merci pour votre attention.
Animateur
Merci
beaucoup Fatma. Plus de terrains de sport, forcément ça parle à la ministre des
Sports qui est avec nous en face de moi. Si on peut donner un micro Amélie
OUDÉA, je lui laisse la parole.
Amélie OUDÉA-CASTÉRA
Merci
beaucoup. Effectivement, c'est des témoignages qui me parlent beaucoup et on a
souvent l'occasion d'échanger là-dessus. Et je sais que la Première ministre
porte cette conviction puisque dans les derniers semestres, beaucoup a été fait
pour créer des dispositifs d'insertion professionnelle dans le sport, on a
aujourd’hui vraiment un bon déploiement, je pense à l’apprentissage qui a fait
fois 6 dans les derniers temps. On a des solutions comme le Sésame qui permet
d’aller former des jeunes, à peu près 3000 par an vers ces métiers du sport. Et
le sport a été intégré dans le contrat d’engagement jeunes puisque dans les 15
à 20 heures d’activité par semaine, le sport fait partie de la palette de ces
activités. On a aussi des emplois spécifiques qui ont été mis en place
notamment dans le cadre du plan de relance avec l’Agence nationale du sport. Et
donc on voit bien qu’on a comme ça une palette de métiers et le sport est un
secteur qui est en train de gagner en attractivité. Le sport aujourd’hui, c’est
450 000 emplois et en 10 ans le nombre d’entreprises dans le sport a été
multiplié par 2 : on a aujourd’hui 110 000 entreprises dans le sport. Et la
richesse du sport, c’est qu’en plus de ces entreprises, on a un très beau
secteur associatif : Fatma, Sport dans la ville. Sport dans la ville est l'une
des grandes associations, mais on peut aussi parler des clubs sportifs et on a
activé avec Thibaut GUILLUY, avec toi, Mathieu, cette logique des clubs
sportifs s'engagent, “Les clubs s'engagent” sur le modèle des “Entreprises
s'engagent” parce qu'on sait que c'est des formidables carrefours de rencontres
entre des acteurs qui ont des opportunités économiques à proposer et des jeunes
qui vont faire du sport dans ces clubs. Et on peut passer un cv, le relire,
proposer un stage, se rencontrer, jouer, faire du sport ensemble, ce qui crée
ces passerelles et ces liens là. Donc il y a aussi le monde des fédérations,
alors on essaie de le rendre un peu plus attractif, mais il y a plein de
métiers formidables, et pas seulement d'éducateur sportif ou d'encadrant
sportif. Il y a tous les métiers par exemple de transformation sur le
numérique, ce sont des endroits où il y a un besoin de beaucoup de métiers dans
les filières de la gestion, de l'administration, rechercher des sponsors. On
voit bien que le sport, c'est aussi une passerelle avec tous ces métiers là.
Donc le dernier point peut-être que je voudrais mentionner, et ça a été dit
tout à l'heure, c'est que c'est le sport, on essaye de développer aussi les
opportunités de recrutement par le sport parce qu'il révèle des aptitudes, des
comportements. Donc on a cette opération qui s'appelle “Du stade vers
l'emploi”, qu'on va essayer, Thibaut, de démultiplier parce que les
entreprises, les employeurs s'aperçoivent que dans le sport, ce qu'on exprime
— les valeurs, la manière dont on se comporte — c'est des super
passerelles pour repérer des qualités, des comportements, une sociabilisation,
une volonté, une détermination, une application, une concentration. Et donc
c'est aussi des espaces de recrutement pour les employeurs. Et c'est, Moussa,
je ne sais plus où il est, on avait parlé de ça aussi dans les derniers temps
et je crois qu'on peut vraiment activer tous ces leviers et faire du sport un
meilleur outil d'insertion professionnelle.
Animateur
Tout
un programme. Merci beaucoup, Madame la ministre. Juste derrière vous, vous
avez deux jeunes, Jules et Maya, qui… On a beaucoup parlé jusqu'à présent des
solutions que l'État met à disposition, mais il y a aussi des acteurs privés
qui essayent de développer quelques solutions. Jules, je te laisse nous en dire
un mot.
Jules
Oui.
Bonjour à tous. Merci Mathieu pour la parole. Alors moi je suis fondateur de
Skills. Donc Skills, nous, ce qu’on
fait, c'est qu'on crée des campagnes de recrutement pour les entreprises et
pour les écoles, pour les établissements scolaires avec des créateurs de
contenus. Donc ce qu'on fait, c'est qu'on met en relation les entreprises, les
groupes scolaires avec ces créateurs de contenus pour créer des campagnes.
Parce que depuis tout à l'heure, je rebondissais un peu sur ce qui a été dit,
c'est vrai qu'on parle de beaucoup de plateformes, des créations de plateformes,
de nouvelles plateformes. Je sais de quoi je parle parce que nous aussi on a
essayé de créer une plateforme justement pour aider les jeunes. Et force est
d'avouer, force est de constater que le trafic sur ces plateformes est bien
trop faible et on est obligé aujourd'hui pour pouvoir avoir beaucoup plus de
trafic d'avoir des gros financements. Mais aujourd'hui, il y a des plateformes
— Instagram, Tik Tok, YouTube — et c'est ces plateformes là,
aujourd'hui, qui captent principalement l'attention de notre génération.
Aujourd'hui, 50% de cette génération, la génération Z, elle suit plus de 10
créateurs de contenus sur les réseaux. Et nous, on est persuadés que,
aujourd'hui, ils ont un grand rôle à jouer dans justement l'orientation et
l'insertion professionnelle justement de ces jeunes-là. Alors bien sûr, ça ne
se fait pas n'importe comment. Mais aujourd'hui, on est persuadé qu'il n'y a
personne qui peut mieux parler de son métier que les gens qui sont en poste,
qui sont dans les entreprises. Donc c'est pour ça que notamment Maya pourra en
parler, on crée des formats justement sur les réseaux sociaux de porte ouverte
virtuelle. On envoie justement ces créateurs-là rencontrer les personnes dans
les entreprises, voir les locaux, essayer de donner envie de susciter des
vocations, de peut-être créer aussi des passions, on accompagne aussi des
associations justement par rapport à ça en créant des programmes d’ambassadeur
parce qu’il y a des associations, nous on travaille typiquement avec… justement
sur la partie violence numérique avec l’association e-Enfance, c’est un message
qui touche encore plus ces créateurs de contenus-là et aujourd’hui, on les
accompagne dans la création dans la création d'un programme ambassadeur par
exemple. Donc voilà. Tu voulais rajouter quelque chose Maya peut-être ?
Maya
Ouais.
Bonjour à tous ! Moi, je m'appelle Maya et en fait je suis créatrice de
contenus depuis 7 ans maintenant et moi, je considère ça vraiment comme si
j'avais un million d'amis qui ont entre 13 et 24 ans et qui, en fait, pareil,
ils sont… qui ont exactement les mêmes problématiques que ce que moi, j'ai pu
avoir ou que ce que les jeunes d'aujourd'hui ont. Et du coup, c'est génial
parce qu'on peut leur permettre de découvrir des métiers et aussi de trouver un
poste. Il y a récemment plusieurs personnes qui ont signé leurs premiers CDI
via une communication qu'on a fait. Donc, c'est génial, même si on peut aider
une personne, même si on vise beaucoup plus mais ça nous rend très heureux et
voilà.
Animateur
Merci
beaucoup Maya. Sur l'aspect communication auprès des jeunes, on a aussi avec
nous, Tristan. Toi, tu étais aussi là, mais en observation sur la session
précédente. Et là, tu voulais nous dire un mot puisque je crois que tu as un
peu consulté ta communauté sur des idées sur l'insertion professionnelle. Je te
laisse la parole.
Tristan
Bonjour
à tous ! Merci beaucoup. Oui, c'est vrai du coup, comme Maya, je suis
aussi créateur de contenus. Je suis
suivi par des jeunes principalement. Et c'est vrai que j'ai trouvé ma voie
assez facilement. Je vis de ma passion et je pense que c'est le plus beau
métier et la plus belle chose que je puisse faire. Mais par exemple, c'est vrai
que les jeunes qui me suivent ont du mal à se retrouver parce qu’il y a plein
de problèmes qu'on a tous abordés, le fait qu’il y a aussi la santé mentale qui
joue et le fait qu'on soit un peu tous perdus dans nos études. Je l'ai été
aussi et qu'on trouve… Enfin, c'est compliqué de trouver un travail parce qu’on
a parfois un manque d'expérience et aussi un manque de confiance en nous. Je
pense et je pense que c'est important aussi de faire comprendre aux jeunes que
les entreprises sont ouvertes à de nouvelles idées, à mélanger aussi les
générations. Et voilà donc c’est plusieurs sujets avec qui j’ai… de quoi j’ai
discuté avec ma communauté. Du coup, voilà beaucoup en fait espèrent de la part
de cette réunion, en fait, de ce conseil qu'on puisse trouver des solutions
pour les intégrer plus facilement. Eh bah, petit à petit, en fait, je n’ai plus
rien à dire parce que tout a été dit. Et sinon, en fait, là, je suis un peu perdu.
Je ne sais plus trop quoi dire, mais voilà, en soi, je suis là aussi pour
vraiment après moi, sur les réseaux sociaux, à développer toutes les idées et
les propositions et enfin, comme on l’a dit, les développer avec eux. Voilà.
Animateur
Merci
beaucoup, Tristan. Peut-être en mot de la fin, juste avant le mot de
conclusion, si ça vous va Madame la Première ministre. C'est bientôt la journée
de l'égalité femmes-hommes, le 8 mars, et on a avec nous Sarah qui est juste
sur votre droite et qui fait partie du groupe qui travaille depuis quelques
semaines sur des propositions et on va rebondir évidemment sur toutes celles
qui sont énoncées là. Mais Sarah, tu voulais nous parler notamment de l'égalité
femmes-hommes. Je te laisse la parole.
Sarah
Déjà,
je voulais vous remercier de nous accueillir et de nous permettre de nous
exprimer sur les sujets. On est les principaux concernés. Merci pour vos idées
puisqu’étant donné que je fais partie du groupe de réflexion, on va essayer de
creuser un peu plus toute cette liste qui est très exhaustive et il y a un
dernier mot, c’est aussi surtout, je pense que ça n'a pas été énoncé, mais
c'est d'essayer de travailler sur la parité dans les métiers et ça passe
également par l'égalité des genres dans l'orientation. À mon échelle, moi, je
suis issue d'une formation d'ingénieur et j'ai été directement témoin de la
minorité féminine dans les voies scientifiques. Donc, je vais être biaisée par
mon expérience, évidemment, mais je pense qu'il y a un travail à faire sur
l'insertion des femmes dans les voies scientifiques, mais qui sont aussi des
métiers d'avenir, la tech, l'informatique, la recherche aussi, qui est très peu
représentée. On parle ici d'une sous-représentation des femmes,
malheureusement, à l'échelle professionnelle. Il existe des minorités
masculines, évidemment, mais je pense que par un équilibre, on peut retrouver
les deux dans chaque. Et ça va passer par, par exemple, des mises en avant de
doubles diplômes. Il en existe aujourd'hui, mais qui ne sont pas assez mises en
lumière, qui permettront d'insérer les femmes avec des compétences
transversales dans les méthodes scientifiques, mais parfois aussi de faire des
allers-retours, des croisements on peut aussi parler de bourses évidemment qui
mettront, qui permettront à des femmes de s’insérer aussi dans ces voies là. Il
existe aussi aujourd’hui, mais à une échelle un peu faible, des ouvertures dans
les écoles à des profils qui sont différents de ceux qu’on connaît
habituellement, avec des profils littéraires qui permettront aussi d’ajouter
des notions dans ces voies-là. Voilà les gros points ce sera ça évidemment,
mais je pense que ça passe aussi par des interventions dès le plus jeune âge
pour essayer de casser aussi ces auto censures ou ces stéréotypes qui existent
malheureusement encore aujourd’hui avec une représentation de femmes dans les
écoles. Ça passe par des associations, il y en a aujourd’hui qui sont assez
minimes mais il faudrait je pense pousser ces initiatives pour permettre d’être
représentées et d’avoir des rôles modèles. Moi, c’est ce que j’essaie de faire
aussi à mon échelle, j’essaie d’avoir aussi cette intervention par des aides
d’étude aux devoirs, dans des forums de métiers, Mais j'aimerais qu'on essaie
tous d'avoir cette patte féminine dans l'orientation, dès le collège, le lycée
et puis pour la suite dans le milieu professionnel. Et en plus, ça rentre en
ligne avec votre plan hommes-femmes 2023-2027 donc j'espère qu'on pourra
réaliser ces projets. Voilà, merci beaucoup à tous.
Animateur
Merci
beaucoup. Merci beaucoup, Sarah. Madame la Première ministre, je vous laisse
peut-être le mot de la fin pour, en conclusion, rebondir sur tout ce qui vient
d'être dit.
Élisabeth BORNE
Alors
d'abord, il y a énormément de choses qui ont été dites et, heureusement, on a
tout noté et on va continuer à creuser tous ces sujets avec vous. Peut-être
dire que, moi, ce que je retiens de notre échange, c'est que, contrairement à
ce qu'on peut parfois entendre, qu’il y aurait un rejet du travail. Moi, je n'ai
pas entendu ce matin un rejet du travail. J'ai entendu des jeunes qui ont envie
de s'en sortir et qui sont évidemment convaincus, conscients que, pour s'en
sortir, accéder à un emploi, évidemment un emploi qui vous plaît, c'est quelque
chose d'essentiel. On l'a dit, il y a vraiment une très forte attente sur mieux
vous accompagner dans l'orientation, à la fois au collège, au lycée et même
dans l'enseignement supérieur. On a un énorme, on a des énormes progrès on va
dire à faire pour ouvrir les choix, pour ouvrir les portes, pour casser des
préjugés, pour casser des stéréotypes, pour casser aussi une forme de
déterminisme qui fait que, parfois, on pense qu'il y a des métiers auxquels on
ne peut pas accéder. Alors c'est vrai parce qu'on est issu d'un quartier
populaire, on se dit « ce métier n'est pas fait pour moi ». Et évidemment, ce
n'est pas acceptable dans notre pays. C'est vrai aussi parce qu'on peut être
une femme et on se dit « Bah non, on voit bien que tous les médecins sont des
hommes et toutes les infirmières sont des femmes. » Donc voilà ce déterminisme,
évidemment, on veut absolument en sortir. Peut-être juste dire, puisque vous
l’avez évoqué, que dans le plan l'égalité femmes-hommes, on veut vraiment aller
chercher des jeunes filles pour qu'elles s'orientent vers la tech. On veut
proposer 10 000 parcours. C'est une aide financière, un complément de bourses,
mais c'est aussi tout ce dont on a parlé, d'avoir du mentorat, d'aider à
prendre confiance. Et donc ça, c’est une première réponse qu’on va apporter
dans ce plan égalité femmes-hommes. Après, on l'a vu aussi, accompagner, ouvrir
les choix, casser les stéréotypes, casser les déterminismes et aussi des
solutions à vous proposer, des réponses à vous proposer pour vous accompagner,
pour prendre confiance. Moi, j'en suis convaincue, c'était au cœur du contrat
d'engagement jeunes. Le premier sujet, c'est prendre confiance. Prendre
confiance, pouvoir élargir le champ de ses rêves et avoir confiance dans le
fait qu'on va pouvoir les réaliser, vous apprendre les codes. Et ça, je pense
que c'est aussi très important. Si on veut précisément casser ces
déterminismes, il y a des codes qu'on peut connaître en fonction de son milieu
familial et que parfois on ne connaît pas. Et c'est essentiel qu'on puisse vous
apporter tous ces codes et puis vous accompagner aussi au moment où on a des
choix à faire. Finalement, l'insertion professionnelle, ça va être toute une
série de choix, d'avoir des mentors ou d'avoir des structures qui peuvent vous
accompagner au moment de ces choix. Je pense que c'est quelque chose de
fondamental. On a un gros défi, vous l'avez dit, c'est de faire connaître les
dispositifs. Il y en a beaucoup. On essaie d'en faire... C'était aussi l'idée
d'Un jeune, une solution, de dire que chacun a son propre parcours, ses
propres aspirations et donc il faut qu'on multiplie les réponses. Mais après,
notre défi, c'est de faire connaître tous ces dispositifs, d'avoir... de vous
proposer des packs et pas un parcours du combattant où je vais chercher
l'insertion dans l'emploi, le logement, l'accès à la santé et d'être capable de
vous proposer des réponses globales et puis d'être attentif à vous proposer
aussi des parcours sans coupure, qu'il n'y ait pas de ruptures, que finalement
entre l'accompagnement de l'aide sociale à l'enfance et le contrat d'engagement
jeune, on perd tout bénéfice qu'on a pu avoir dans une étape parce qu'on s’est
mal articulé les étapes d'après. Et puis enfin, et ça a été évoqué par Antoine,
il y a aussi de l'aller vers. Il y a des jeunes qui vont venir spontanément
chercher des réponses. Et puis il y a ceux qui ne vont pas le faire. Et on a
tout ce défi d'aller chercher chacun, y compris ceux qui sont plus éloignés,
qui sont plus cabossés, qui ont pu avoir le plus de difficultés. C'est le défi
de notre contrat d'engagement jeune pour les jeunes en rupture, qui a
effectivement mis plus de temps à se mettre en place. Et pour aller chercher
ces jeunes qui sont plus loin, Amélie l'a évoqué, moi je crois beaucoup, à
trouver d'autres voies d'accès. Le sport en est une, la culture peut en être
également une, mais il faut qu'on multiplie les occasions d'aller vers des
jeunes qui ne vont pas venir spontanément. C'est aussi notre responsabilité
d'aller les chercher. Voilà, merci.
Intervenant non identifié
Merci
beaucoup. On va pouvoir rester dans la salle, papoter un peu entre nous si vous
le souhaitez. Il y a un micro tendu juste à côté pour madame la Première
ministre et pour ceux qui n'ont pas pu prendre la parole, on va rester entre
nous. Il y en a trois ou quatre, désolé pour ça.