5e édition des Rencontres jeunesse de Matignon

Ce contenu a été publié sous le gouvernement de la Première ministre, Élisabeth Borne.

Publié 20/04/2023

La 5e édition des Rencontres jeunesse de Matignon s'est tenue le 19 avril 2023, en présence de la Première ministre, Élisabeth Borne. Elle avait pour thème l’engagement de la jeunesse : l'engagement associatif, l'engagement citoyen (notamment le vote), la représentation politique de la jeunesse et l'engagement dans le monde du travail.

La Première ministre Élisabeth Borne à la  5e édition des Rencontres jeunesse de Matignon.
La 5e et dernière édition des Rencontres jeunesse de Matignon fait partie des événements du Conseil national de la Refondation. L'objectif de ces rencontres est d'établir une feuille de route au printemps pour la jeunesse, qui tienne compte des échanges qui ont eu lieu et des activités concrètes des participants.

Notre premier objectif, c'est de lever tous les freins à l'engagement.

Élisabeth Borne, Première ministre

  • Le 19 avril  2023
L'objectif de la réunion du 19 avril était d'identifier les actions permettant l'engagement concret des jeunes, qui montrent un intérêt plus développé qu'autrefois. Élisabeth Borne suhaite que cette volonté puisse se développer dans la vie démocratique, pour « donner davantage confiance aussi dans les conséquences concrètes d'un vote ou d'un engagement dans une élection ».
Revivez l'intégralité des échanges de la 5e édition des Rencontres de la jeunesse


Animateur

[...] et bonjour à toutes et tous. On est ravi de vous accueillir aujourd'hui pour la 5ème rencontre jeunesse de Matignon qui va être consacrée à l'engagement citoyen et qui s'inscrit dans le cycle de réflexion qu'on a entamé avec le Conseil national de la refondation des jeunes et la cinquantaine de jeunes qui sont impliqués dans nos réflexions depuis maintenant quelques mois. Certains d'entre vous en font partie et d'autres sont là à titre de témoignage supplémentaire. Et merci vraiment à chacun d'être là. Merci aussi aux ministres qui sont présents. Madame la Première ministre, sans plus attendre, je vous laisse le mot d'introduction.

 

Elisabeth BORNE

Merci. Mesdames et Messieurs les ministres, Mesdames et Messieurs. Alors effectivement, c'est la 5ème réunion de nos rencontres jeunesse de Matignon. On a eu l'occasion de parler d'écologie, de vie quotidienne, d'égalité des chances et de parcours professionnel et on se retrouve sur l'engagement citoyen. L'objectif de tout ça étant d'avoir une feuille de route au printemps sur la jeunesse qui sera bâtie à partir justement de ces échanges et puis des travaux que vous pouvez mener entre nos réunions. Vous faites partie d'une génération qui veut du sens. Et ça paraît logique dans une période où il y a beaucoup de transformations, beaucoup de défis. Beaucoup de jeunes veulent agir, veulent s'engager pour des causes et c'est évidemment quelque chose d'extrêmement précieux. Donc, on doit être à la hauteur de cette volonté d'engagement que vous avez. Moi, je suis convaincue que la jeunesse a un rôle essentiel dans notre pays. Elle doit nous pousser à agir et elle nous fait aussi voir les choses différemment. Elle nous alerte sur un certain nombre de sujets. Donc, nous avons besoin de la jeunesse. Premier objectif peut-être, c'est précisément de vous faciliter l'engagement que vous puissiez le faire dans les meilleures conditions. Alors, on va en débattre, mais ça peut passer par, peut-être, de la formation pour un certain nombre de sujets. Ça peut aussi passer par une meilleure reconnaissance de l'engagement. Il y a aussi des dispositifs particuliers comme le service civique ou le SNU qu'on peut développer et c'est bien notre ambition. Donc, notre premier objectif, c'est de lever tous les freins à l'engagement. Après, il y a un deuxième sujet sur lequel moi je souhaite vous entendre, c'est un paradoxe dans le fait qu'on a une jeunesse sans doute plus engagée, plus mobilisée que par le passé. Alors, engagée dans des causes et en même temps, on voit que, autant on a un fort engagement sur beaucoup de sujets, autant l'engagement citoyen démocratique, politique n'est pour le coup pas tout à fait au rendez-vous.Donc, je pense que c'est important qu'on puisse partager, y compris avec ceux d'entre vous qui sont dans les conseils municipaux de la jeunesse qui sont élus, l'importance de s'engager, c'est comme ça qu'on est aussi entendu, c'est comme ça qu'on peut aussi agir, changer les choses. Et voilà, moi, ça m'intéresse. Mais je vois que certains sont effectivement sans doute dans des conseils municipaux de la jeunesse. Donc sur ce sujet-là, comment on peut renforcer, vous donner davantage confiance aussi dans les conséquences concrètes d'un vote ou d'un engagement dans une élection ?Je pense que c'est un sujet important dont il faut qu'on se parle. Et puis, au-delà de cet engagement démocratique, je pense que c'est important qu'on réfléchisse à la façon dont on peut donner plus de place à la jeunesse dans notre démocratie. Et là aussi, ça m'intéresse d'entendre vos propositions. Donc je ne serai pas plus longue. On est là pour vous écouter, pour écouter vos propositions et c'est comme ça qu'on pourra ramasser tout ça dans une feuille de route. Merci.

 

Animateur

Merci beaucoup madame la première ministre. Alors la tradition maintenant pour ces rencontres jeunesse à Matignon, c'est de donner une carte blanche pour démarrer avec quelques faits ou quelques chiffres pour lancer un peu nos discussions sur une base solide. Et aujourd'hui, c'est Kenza qui nous fait le plaisir de s'exprimer. Kenza, c'est à toi! Carte blanche.

 

Kenza

Merci Madame la Première Ministre, Monsieur le Ministre délégué chargé du Renouveau démocratique, Madame la Secrétaire d'État chargée de l'Enfance, Madame la Secrétaire d'État chargée de la Jeunesse et du Service Universel. Chère toutes et tous, bonjour. Si nous sommes réunis ici, c'est pour traiter d'un sujet majeur, vous l'avez dit, l'engagement des jeunes, sa reconnaissance, sa valorisation et sa réelle prise en compte. Et pourtant, au-delà de l'engagement, ce dont on va vraiment parler, je pense, c'est de la vitalité de notre démocratie aujourd'hui. Et pour traiter de ce sujet, il faut être capable de comprendre la portée des propositions qui vont être faites tout au long de cette réunion. Et il faut poser ce contexte avec quelques chiffres. Pour commencer, peu rassurant mais les jeunes sont globalement peu optimistes pour l'avenir de la société française puisqu'ils sont plus de 50 % à ne pas être optimistes quand ils pensent à l'avenir. Et pourtant, cette inquiétude ne s'incarne absolument pas par de l'apathie ou par du désespoir puisque les jeunes s'engagent de plein de manières différentes. Les jeunes sont près de 3/4 à avoir participé à une manifestation, à avoir signé une pétition, à s'être engagés dans une association en 2022 et ainsi, plus d'un jeune sur deux déclare donner bénévolement de son temps. Sous cela se relève un problème particulièrement important malgré tout, puisque leur expression n'est pas suffisamment prise en compte. Ils sont 51 % à donner une réponse négative à la question. Pensez-vous que votre avis soit pris en compte au sein des espaces dans lesquels vous évoluez ? On parle ici de l'école, de l'université, du travail, des associations, parce qu'on a peut-être trop tendance à l'oublier, à ne pas en parler, mais la citoyenneté ne s'exprime pas que dans les urnes. Elle se vit dans tous les espaces dans lesquels nous sommes. Il apparaît. Apparaissent donc des dynamiques paradoxales. Les jeunes s'engagent, participent, vous l'avez dit. Et même s'ils sont inquiets pour l'avenir, ils veulent changer les choses et être acteurs de ce changement. Le vote n'est plus la solution privilégiée pour participer et se faire entendre, en partie à cause d'un désaveu de la politique traditionnelle. Et il y a quelques chiffres inquiétants à citer malgré tout. 80 % des jeunes considèrent que le personnel politique n'est pas honnête et, nouveauté, il déclare aussi à 82 % ne pas croire en l'action politique traditionnelle. Donc, au-delà du traditionnel et on peut le dire malheureux, tous pourris qui existent depuis des décennies, on assiste à un nouveau, tous impuissants, qui est peut-être encore plus dur à combattre. Et cela est forcément à mettre en lien avec les chiffres qui ont rythmé les analyses politiques lors des derniers scrutins des deux dernières années. La France compte entre 6 et 7 millions de mal inscrits en France et 50 % de ces mal inscrits auraient moins de 30 ans. Il faut aussi parler des 3 à 4 millions de non-inscrits dans notre pays. Au premier tour des élections régionales et départementales de 2021, le chiffre avait fait la une. On parle de 87 % d'abstention parmi les 18-24 ans. A l'élection présidentielle, 41 % des 18-24 ans au premier tour ne sont pas allés voter. Et aux élections législatives au premier tour, 75 % des 18-24 ans et 65 % des 25-34 ans se sont abstenus. Vous allez entendre de nombreuses propositions qu'on va vous faire après les semaines, les mois de travail qu'on a pu faire dans cet espace. Mais il y a un message clair, un message important, inquiétant, à faire passer malgré tout. C'est que les études démontrent que les jeunes qui ne votent pas aujourd'hui n'iront pas voter demain en vieillissant. Et ça, c'est s'empêtrer dans une crise démocratique que nous sommes en train de vivre quand on parle de la participation des plus jeunes. Il n'y a pas une seule solution miracle. C'est un problème global qui mérite une réponse globale avec en toile de fond, la nécessité de redonner du sens au vote, de réenchanter l'engagement politique au sens large du terme et d'offrir une réelle place à l'expression citoyenne au sein de notre système politique. Merci.

 

Animateur

Merci beaucoup Kenza pour ce lancement plein de plein d'entrain. On va démarrer si ça vous va avec l'une des plus jeunes d'entre nous qui est ravie que je lui passe la parole pour démarrer. Soizic, on s'est croisés il n'y a pas longtemps au conseil municipal junior de Poissy. Je te laisse la parole.

 

Soizic

Merci beaucoup. Bonjour. Bonjour à tous. Donc moi je m'appelle Soizic, j'ai 14 ans et je fais partie du conseil municipal junior de Poissy. Donc aujourd'hui, je viens vous parler de... Alors je stresse beaucoup. Je viens vous parler du coup de l'éducation citoyenne pour les jeunes. Il faut savoir que ça fait depuis 4 ans que je suis au collège et on remarque beaucoup qu'il y a très peu d'éducation à la vie citoyenne. Il y a une matière qui est censée être prise en compte, qui s'appelle l’EMC, l'éducation morale et civique, que en 4 ans de parcours scolaire, je n'ai jamais eue, et c'est quelque chose qui peut, je pense, être amélioré parce que justement, c'est important, sans forcément que ce soit les valeurs républicaines, parce que ça, on les connaît depuis la sixième, depuis même la primaire. Mais tout ce qui touche au vote, au vocabulaire républicain, au vocabulaire électoral, aux groupes majeurs, aux grands partis, c'est-à-dire la gauche, la droite, etc, on nous en parle très, très peu, même le fonctionnement d'un ministère, le fonctionnement d'un Gouvernement, on n'en parle jamais. Donc je pense que ça peut être quelque chose qui peut être mis en place pour que ça facilite une compréhension envers les plus jeunes parce que ça fait sûrement, c'est sûrement une des raisons pour lesquelles très peu de jeunes se disent que quelque chose est envisageable pour nous si on n'y connait rien. Également, parler justement du coup pour les conseils municipaux juniors. Nous, par rapport à la citoyenneté, du coup, moi, ça fait 6 ans que je suis dans un conseil municipal junior pour un mandat de deux ans normalement et j'ai été réélue et du coup, on a organisé beaucoup de choses par rapport à l'écologie, mais notamment quelque chose qui devrait être mis en place, c'est de l'aide pour les transports et aussi pour le numérique parce que justement, quand on a peu d'aide pour ce genre de choses, c'est très compliqué de faire des voyages, de faire des rencontres pour justement sensibiliser à ce sujet-là. Donc forcément, des aides au transport et au numérique pourraient grandement faciliter pour les écoles, pour les conseils municipaux juniors, les trajets et les compréhensions de la citoyenneté. Dans un collège de ma ville, le collège Jean Jaurès, il y a une classe défense qui se consacre en fait à la citoyenneté et je pense que ça devrait être quelque chose d'instaurer dans beaucoup plus de collèges, voire de lycées, parce que ça sensibilise énormément et ça devrait être beaucoup plus récurrent. Et enfin, un projet qu'on a mis en place à Poissy, ça s'appelle la ludothèque, On l'appelle la lumop. Et c'est un projet sans qu'il soit forcément citoyen, mais qui est une assez bonne idée. C'est-à-dire que ça fait participer des… Enfin, ça aide notamment les jeunes à se rassembler et c'est une ludothèque mobile justement, ce qui fait que beaucoup de jeunes peuvent y aller, enfin, des adultes comme des enfants. Et on va voir beaucoup de jeux de société, de livres. Mais justement, ce qui fait qu'il peut y avoir des livres sur tous les sujets. Et donc c'est un projet majeur de notre ville. Voilà.

 

Elisabeth BORNE

Vous précisez. Qu'est-ce qui vous a donné l'idée de vous engager dans ce conseil municipal des jeunes ?

 

Animateur

Tu n'as pas besoin normalement.

 

Soizic

C’est bon ? Ah ben, c’est bon. Alors moi, du coup, c'était en CM1 que je me suis engagé au conseil municipal junior parce qu'on est venu me présenter ce que c'était. Et à l'heure actuelle, je suis toujours très attachée au conseil municipal junior pour des raisons différentes. Mais même en CM1, j'ai trouvé ça important de pouvoir m'engager à ma façon pour pouvoir faire bouger des choses. Et en grandissant, ça s'est beaucoup développé parce que je pense que faire bouger les choses, c'est très important, améliorer les choses pour l'avenir. Et du coup, ce qui m'a motivé, c'était de pouvoir rencontrer des personnes qui avaient les mêmes motivations que moi pour faire bouger les choses et pour améliorer la vie citoyenne des jeunes et la vie citoyenne de ma ville.

 

Animateur

Merci beaucoup Soizic. Merci pour ton courage pour cette intervention. D'autres jeunes qui participent aussi à une forme similaire à celle du conseil municipal, c’est dans la région Sud. On en a plusieurs qui sont là devant moi, le Parlement des jeunes de la région Sud. Si on peut donner peut-être un micro à Loris par exemple. Toi, Loris, tu es lycéen. Et quand on s'était vu il y a deux semaines également, vous aviez aussi parlé, tu peux rester assis ou debout, c’est comme vous le sentez. C’est vraiment comme vous voulez. Vous avez aussi parlé un peu de tous ces sujets d'éducation civique et autres. Je te laisse nous en dire un mot et dire ce que tu veux.

 

Loris MARTIN

Merci beaucoup déjà pour l'invitation, Madame la Première ministre, Mesdames et Messieurs les ministres, je suis très heureux d'être aujourd'hui présent. Alors je m'appelle Loris MARTIN, j'ai 17 ans. Je suis actuellement en classe de première à Carpentras dans le Vaucluse, et je suis, comme tu as dis, membre du Parlement régional de la jeunesse avec Valeria. Pour rebondir à ce que tu dis Soizic, on a aussi... On est aussi partis du constat que les cours de EMC sont très peu suivis. Alors nous, au lycée, c'est vrai que pour nous le programme est assez redondant car au fond on parle des valeurs de la République, mais de la 6ème jusqu’à la Terminale. Ce qui fait qu’au bout d’un moment, nos professeurs… Juste que l’on est en retard au niveau des programmes, des matières principales comme l’histoire et la géographie et délaisse au fond l’EMC et réserve ces créneaux horaires aux cours avant les vacances. On met un petit film et c’est toujours sympa. Ce que je voulais dire plus précisément sur ces cours d’EMC, c’est qu’on a vraiment pensé à suggérer de réformer complètement le programme d’EMC en deux grandes parties. La première serait une réelle incitation à s’engager pour les jeunes et leurs professeurs. C’est-à-dire que dans le cadre des programmes, en fonction des niveaux, de la seconde à la Terminale, le programme pousserait les professeurs à monter des projets avec leurs élèves, cela pourrait aller du tournoi de basket ou de foot dans la cour du lycée. Et l'argent ramassé serait reversé à une association locale. À la visite d'un IME, on pourrait organiser sur une journée un goûter pour favoriser l'inclusion sociale des jeunes en situation de handicap. Donc ça, ce serait la première partie. Et puis la deuxième partie serait plus sur l'information. On le voit en ce moment avec l'émergence de l'intelligence artificielle, les fake news sont monnaie courante sur les réseaux sociaux que nous, jeunes, nous utilisons. Je pense à Instagram, Twitter notamment, où les news sur des photos, sur des informations sont vraiment très présentes. Et donc, ce cours d’EMC permettrait également aux jeunes de mieux comprendre l'information, de mieux la décrypter pour au fond — nous qui allons devenir citoyens dans un, deux ou trois ans pour certains — pouvoir voter ou pouvoir participer de façon active en ayant les bonnes informations pour vraiment choisir. Donc voilà.

 

Animateur

Merci beaucoup. Alors, Loris, je vais te laisser donner le micro [Applaudissements], sous les applaudissements nourris, évidemment. À Lucas qui est juste à ta droite puisque tu as cité Instagram. Lucas, tu es étudiant, et tu as fondé sur Instagram un média qui s'appelle Fast Infos, justement pour les jeunes. Je te laisse nous en dire un mot.

 

Lucas

Exactement. Merci beaucoup de nous avoir invités, à venir échanger avec vous. J'ai donc fondé Fast Info sur les réseaux sociaux, exactement pour faire tout ce que tu as dit ; faire attention à quelle source d'information je choisis et essayer d'aller chercher dans les canaux qu'utilisent les jeunes l'information, et donc leur donner l'information sur ces canaux-là. Donc, quand Mathieu m'a appelé, je me suis dit il faut porter les propositions. Donc je viens porter des propositions. Et j'avais une première proposition qui est exactement ce que tu as commencé à dire sur l’EMC. Alors on peut transformer ça et il faut vraiment mettre un point d'actualité. Je pense que ça, c'est vraiment important. Forcément, nous, on s'est construit… Enfin, moi je me suis construit avec beaucoup d'informations. Je regarde le JT depuis que j’ai l’âge de 6 ans. Enfin bref, je ne suis absolument pas le jeune lambda. Mais en fait, mes potes me disent : mais comment tu fais pour comprendre cette actualité ? Et en fait, je leur dis : mais en fait, je le suis depuis l'âge de 6 ans. Donc forcément, j'ai un acquis et je construis sur mes acquis. En fait, cet acquis, ce n'est pas monnaie courante et il faut absolument que ça soit monnaie courante. Et donc je pense que l'actualité, ou en tout cas un cours d'éducation média évidemment aussi connaître quel média défend quel point de vue et aussi tous les spectres des canaux de diffusion, la radio, la télé, c'est hyper important. Je pense qu'on peut aussi rajouter des points un peu plus événementiels, comme par exemple la participation à des concours. Je pense au concours Médiatix. En fait, j'y pense parce que ma mère fait le concours Médiatix avec ces enfants de primaire. Et en fait, ça les a sensibilisés. Ils ont fait un podcast sur le handicap. Ils ont interviewé des personnes qui sont en situation de handicap, des personnalités, donc handisport, tennis... Ils ont aussi fait des adjoints à la mairie de Paris, enfin voilà. Et ça les a sensibilisés à la fois au podcast, donc du coup à l'information, à l'actualité, tout ce monde-là et à la fois au handicap. Il y avait deux prismes. Et je pense que c'était hyper intéressant ce qu'ils ont fait avec une mère d'élève qui a travaillé chez Radio France, plus simple. Ce projet est très intéressant et je pense que des points comme ça évidemment à imaginer avec les collèges, avec les lycées, des visites des grands médias aussi, important. Voilà. Premier point. Deuxième point, peut-être plus avec nous, créateurs digitaux. Je vois Wallerand, qui est juste ici, qui est fondateur du Crayon. Nous, et il y en a plein d'autres des créateurs digitaux qui font de l'information, crée un grand rendez-vous, un grand rendez-vous peut être pas de penser micro, c'est-à-dire les journalistes ou les influenceurs médias qui vont dans les classes et qui vont sensibiliser justement à toutes ces sources d'information, et cetera. Mais penser macro, c'est-à-dire penser avec nos communautés, à créer un grand rendez-vous. Et donc prendre rendez-vous peut-être avec vous, peut-être avec Monsieur le Président, et créer ensemble ce rendez vous annuel médiatique avec les jeunes sans filet en direct avec des commentaires en direct, des personnes qui pourraient intervenir en visio, évidemment modéré mais on pourrait créer ce vrai lien en direct. Donc voilà, deux propositions que je porte. On m'a dit viens avec deux propositions, je suis venu avec deux propositions.

 

Matthieu

Merci beaucoup, Lucas [Applaudissements]. Je me tourne je me tourne de l'autre côté  de la salle parce qu'au lycée il y a ces sujets d'éducation aux médias ou d'éducation civique. Il y a aussi le sujet de la reconnaissance de l'engagement vous citiez Madame la Première  ministre en introduction. Et Fram, je te regarde à côté d’Olivier VÉRAN. Toi, tu es au bureau  national de la Voie Lycéenne qui est un syndicat lycéen et tu avais des choses à nous dire si on  peut te donner un petit micro sur ce sujet de l'engagement et plus largement.

 

Fram

Merci Mathieu du coup. Ben je reste assis. Mesdames Messieurs les ministres, Madame la Première ministre et Mesdames Messieurs, du coup, merci de m'avoir accueilli ici. C'est vrai que ça fait bizarre d'être à matignon alors que normalement au quotidien on est plus dans les dans la rue ou en manifestation. Mais je suis quand  même ravi d'être ici. Et du coup, voilà, je viens vous parler d'un sujet quand même qui est très  concret parce que nous à la Voie Lycéenne, on a un pannel d'engagement et on revendique quand même  c'est de faire passer la voie des lycéens en premier. Donc là-dessus, nous, il y a quelque chose  qui nous tient à coeur, c'est l'engagement. Donc l'engagement lycéen en particulier. Et nous, on voudrait instaurer un statut qui s'appelle le statut de lycéen, statut de lycéen engagé et c'est-à-dire que ça valoriserait toutes sortes d'engagements n'importe quel engagement, quel qu'il soit, c'est-à-dire syndical, politique, associatif dans n'importe quelle association et qu'ils soient valorisés dans le lycée. Et comment le valorise ? Là, par exemple, je suis là alors que  je pourrais réviser mon bac de philosophie. Voilà. Mais du coup, justement ça prend des heures, ça prend du temps et c'est du temps qu'on doit donner justement à l'engagement, à notre  engagement lycéen. Et pour ça aussi, il faudrait le valoriser et je pense qu'il faudrait valoriser au niveau du bac national, c'est-à-dire pouvoir mettre des points en plus, pouvoir mettre quelque chose dans parcours sup même sinon se battait contre, mais pourquoi pas justement mettre des points valorisés dans parcours sup l'engagement lycéen. Donc voilà, c'était une de mes propositions. Après, si on voudrait justement valoriser l'engagement, c'est-à-dire au niveau  local, au niveau national parce que je vous mens pas que là, actuellement les élections du conseil  supérieur de l'éducation. Donc, c'est quelque chose, un enjeu qui est très très grand en fait pour l'engagement lycéen au niveau des représentants des lieux de lycéens. Et là dessus, li faudrait justement ouvrir des portes, c'est-à-dire faire de plus grandes campagnes parce qu'aujourd'hui personne ne sait ce que c'est le conseil supérieur de l'éducation ou qu'il y a très peu de gens, très peu de gens s'y engagent. Et il faudrait justement que cette instance-là ou des jeunes ou des parents d'élèves soient décisives et non pas consultatives pour justement donner cette parole-là aux jeunes, cette parole que les lycéens réclament de plus en plus. Donc voilà, je vais terminer là [Applaudissements].

 

Matthieu

Merci beaucoup. Et Fram, tu as parlé du CSE. Il y a aussi un une instance nationale au niveau de la vie lycéenne qui s'appelle le Conseil national de la vie lycéenne, justement. C'est bien trouvé. Et on a deux dignes représentants qui sont là avec nous. Je crois que Louison PERNI, tu voulais prendre la parole. Je vais donner le micro.

 

Louison PERNI

Je me permets de me lever personnellement. Donc, je m'appelle Louison PERNI. Je suis élue au Conseil national à la Vie lycéenne pour l'académie de Montpellier. Donc aujourd'hui, je viens vous parler non pas du conseil national à la vie lycéenne mais du CVL, le conseil à la vie lycéenne. Je pense que tout le monde connaît le CVL et je pense que c'est le point  de départ de tout ; le point de départ de tout engagement politique, le tout engagement plus tard quand on se lancera dans les études supérieures. C'est-à-dire que ça fait 3 ans que je suis élu au CVL de mon lycée et le CVL dans mon lycée est quelque chose de très reconnu. je sais que ce n'est pas le cas dans tous les lycées. Le CVL est un sujet très sensible dans certains lycées, c'est-à-dire que les personnels de qui encadrent le lycée ne porte pas attention à cette instance, ne considère absolument pas le CVL, ne les consulte pas alors que dans notre lycée ça se passe tout le contraire et ça se passe extrêmement bien, surtout pour les personnes qui sont élus au CVL en fait ont une réelle joie de venir au lycée. C'est-à-dire que le lycée n'est plus cet endroit où on est contraint  d'aller où on ne va que pour étudier, c'est on y va avant tout pour aider les autres. On y va pour pour créer du lien. Et le CVL va permettre aussi de changer la vision des élèves. C'est-à-dire qu'ils  n'ont plus cette vision, par exemple, des professeurs, ou des chefs d'établissement n'ont plus cette vision comme ce sont les bêtes noires de l'établissement, notamment quand on est au CVL, on apprend à être en harmonie avec les personnes qui nous encadrent. Et c'est fort intéressant pour tous les projets qu'on veut mener à bien autour des thématiques que la citoyenneté, la sécurité routière notamment qui marche énormément. Et ce qu'on remarque, c'est que la plupart des gens qui se sont investis au CVL vont s'investir plus tard dans les études supérieures, vont avoir une certaine sensibilité notamment à l'abstention, vont sûrement plus aller voter. Et par exemple, en étant élu au CVL, je ne connaissais pas du tout l'existence du CAVL, donc conseil académique à la vie lycéenne, et le CNVL. Donc, une fois qu'on est au CVL, en fait, ça nous ouvre tellement de portes. Un engagement en attire un autre. C'est-à -dire qu'on s'inscrit au CVL pour : oh, on va aider le  lycée, puis après on est élu président du CVL, puis après on est au CAVL. Et en fait, on découvre un  monde politique totalement différent. Et je pense que comme on disait tout à l'heure, il faut valoriser ce CVL, il faut vraiment inciter les gens à venir, changer la vision qu'ils ont du CVL que suivant les lycées, ça change. Et du coup, ce que j'aimerais, c'est qu'il y ait une dynamique homogène autour du CVL qui est fort sympathique, je trouve, quand même, fort sympathique. Donc je vais laisser la parole à Yann [ph], qui apporte des propositions pour renforcer le CVL. [Applaudissements]

 

Yann

Je te remercie, Louison. Tu as très bien expliqué ce en quoi consistait le CVL, CVL et le CNVL, donc qui sont Conseil de la vie lycéenne, Conseil académique de la vie lycéenne et Conseil national de la vie lycéenne. Donc moi-même, je suis élue au CNVL, donc au Conseil national de la vie lycéenne. Et le sujet de l'EMC a été énormément abordé et un groupe de travail a été constitué justement pour en parler et élaborer de nouvelles propositions peut-être de nouveaux programmes, qui seront après peut-être transmis au CSE et parler directement avec le ministère de l'Éducation pour améliorer tout ce qui s'y passe au sein de cette EMC. Et donc après, je viens avec une autre proposition et qui rejoint — par coïncidence ou peut-être un symbole — qui rejoint exactement l'engagement lycéen. C'est-à-dire que moi aussi et d'autres élus pensons que notre travail n'est pas… Il n’a pas d'aboutissement. Soit nous aboutissons au sein de nos engagements. Mais par exemple, comme il le disait, moi aussi, je suis en Terminale, je suis ici et je ne révise pas le bac de philosophie. Nous loupons des heures de cours, nous sommes… moi, je suis à plus de 100 heures de cours d'absence. Ça devient énorme, c'est très compliqué. Les professeurs ne nous accompagnent pas. Donc c'est vraiment quelque chose de très dur à poursuivre. Donc moi aussi, je voulais proposer à ce qu'il y ait un diplôme de l'engagement qui soit basé sur des points, qui soient déterminés suivant l'implication des associations, dans la vie lycéenne, dans des associations des syndicats, des fondations. Parce que tout ça, ça contribue à notre société, à une meilleure vie dans notre société. Et au final, ça apporte tout ça une bien meilleure appréciation des citoyens de notre patrie. Donc voilà, je vous remercie de m'avoir écouté [Applaudissements].

 

 

Matthieu

Merci beaucoup à tous les deux. Vous avez dit tout à l'heure, je ne sais plus lequel d'entre vous, l'engagement appelle l'engagement. C'était toi, Louison. C'est un peu la logique qui est derrière aussi le Service national universel qui se développe depuis quelques années maintenant avec l'action de la ministre Sarah EL HAÏRY sur le sujet. Gabriel, c'est à toi. Toi,  tu as fait le SNU et tu voulais un peu nous apporter ton témoignage sur le sujet. On va te donner un micro par la gauche très discrètement et voilà.

 

Gabriel

On entend ? Parfait ! Madame la Première ministre, Madame la ministre déléguée chargée de la Jeunesse et du SNU, Mesdames et Messieurs, je m'appelle Gabriel, j'ai 17 ans, je suis en première en voie générale et aujourd'hui, je vais vous parler de l'engagement via le Service national universel. J'ai effectué la première phase du SNU en juin 2022. J'ai passé un très très bon moment. C'était une expérience qui était vraiment incroyable et je la conseille en général à tout le monde. La phase une, ça a été pour moi un moment de solidarité, de cohésion et de découverte de soi-même, mais aussi des autres. J'ai ensuite, dès mon retour, recherché une phase 2 du SNU, qui consiste, pour ceux qui ne savent pas, en 84 heures de missions d'intérêt général. J'ai postulé pour une mission avec la Garde républicaine, mais aussi dans une association d'aide aux devoirs à laquelle j'allais quand j'étais petit. J'ai eu la chance d'être accepté au sein de la Garde républicaine pour mission d'intérêt général absolument incroyable et j'aspire maintenant à intégrer la réserve opérationnelle de la gendarmerie. Mais j'ai décidé de m'engager dans cette association donc bénévolement hors SNU afin de pouvoir aider des enfants, donc du CP au CM2, avec leurs devoirs. Ça a été une très belle occasion et j'ai pu retravailler avec des gens qui s'occupaient de moi quand j'étais petit. J'ai eu l'occasion aussi de retrouver aussi des dessins que j'avais faits en 2016 dans les placards. Toutes ces choses-là, je n’aurais jamais pu les accomplir sans le SNU. Le SNU, c’est un outil qui est quasiment parfait pour débuter un engagement. C'est une plateforme qui est très simple d'utilisation, pas de CV, pas de lettre de motivation, on postule et c'est bon et qui offre une récompense pour son premier engagement de 84 heures qui n'est pas des moindres. Le code de la route qui est donc offert. Dans mon cas, et pour nombre d'entre nous, le SNU et notre engagement en général, il ne va pas s'arrêter à la fin de ces 84 heures et il va continuer, ce service à autrui et ce sens de l'engagement pour la société. On l’a gardé, c'est maintenant une habitude quotidienne. Par exemple, j'ai terminé ma mission à la Garde républicaine il y a maintenant un mois et je continue d'aller à quasiment tous les événements, je continue de participer aux cérémonies et j'ai l'honneur de pouvoir participer, par exemple, à une cérémonie de remise du prix Armée jeunesse, le 24 mai. Le SNU, son slogan c'est : « Jeunesse engagée » et c'est vraiment ça le SNU, ça nous prépare et ça crée des conditions idéales pour un engagement. Et ça nous prépare pour devenir pleinement acteur de la citoyenneté. On m'a dit de venir ici avec quelques propositions pour améliorer le SNU. J'ai eu du mal à trouver, je vous l'accorde. Pour moi, il faut juste vraiment énormément communiquer autour de ça. Le SNU, ça reste quand même énormément du bouche à oreille, ce qui est particulièrement dommage. J'ai vu, Madame la ministre déléguée, que vous partagez sur Twitter votre aventure de la tournée SNU. Je propose d'étendre la tournée SNU parce que c'est, à mon avis, une magnifique occasion de faire découvrir à des jeunes qui ne vont pas entendre par le bouche à oreille, qui ne vont pas découvrir ce qu'est le SNU et aussi, pourquoi pas, d'organiser des journées où des intervenants, des anciens SNUéens vont dans les lycées pour en parler aux élèves de Seconde et pour les motiver. Donc voilà, ça, c'est mes propositions pour le SNU et en tout cas, je vous remercie pour m'avoir écouté et pour cette expérience incroyable.

 

Animateur

Merci beaucoup Gabriel. Je ne sais pas, Madame la ministre, si vous voulez peut-être nous dire un mot, il y a un micro qui vous arrive.

 

Sarah EL HAÏRY

Merci pour ce joli témoignage. Ce qui est certain, c'est qu'effectivement, le SNU, il lui manque beaucoup de notoriété et de compréhension et de découverte. Après, c'est le parcours qu'on en fait après, ce n'est pas… c'est une étape, c'est une étape de découverte. Et l'idée, c'est qu'après, chacun découvre ce qui le touche, ce qui le touche vraiment et puis qu'il puisse continuer. Mais tout ce qui est avant le SNU est une chance, c'est un parcours de citoyenneté, la démocratie scolaire, quand on s'engage pour être ambassadeur de lutte contre le harcèlement, quand on fait… quand on a un engagement intérieur. Il se trouve que moi, mon premier engagement était en CM2. Et non, je pensais à Soizig mais en CM2, c’était pour être délégué de classe. Et en vrai, ce n'est pas une bonne idée, mais je le partage. On a fait peut-être un petit mouvement social, Madame la Première ministre, dans mon école primaire suite au menu de la cantine et nos enseignants avaient trouvé à l'époque l'idée de faire les premiers délégués. Et ça nous a permis en réalité juste tout simplement de poser la parole, de débattre et d'apporter des propositions. Et après ça, j'ai eu cette première expérience d'avoir le droit de venir à l'école le soir. C'est cette sensation où tu n’as plus cours, mais tu as le droit d'être là. Et ça apporte en réalité le sentiment d'utilité à l'intérieur de la vie, en tout cas, de mon école. Et ensuite, j'ai été déléguée au collège, puis au lycée et à l'université. Et c'est là où je suis d'accord avec l'ensemble des témoignages, le EMC, Madame la Première ministre, aujourd'hui, c'est un énorme chantier sur lequel il faut qu'on soit à la hauteur et au rendez-vous. Et la valorisation de la diversité des engagements est absolument nécessaire. C'est cette diversité-là qui fera, je pense, une citoyenneté, en tout cas, en bonne santé et tout le monde le dit et je crois que ça fait l'unanimité ici. Mais être citoyen, ça s'apprend. Et en fait, pour apprendre à devenir citoyen, eh bien, il faut qu’on ait des expériences dès le plus jeune âge, moi, je pense dès l'école primaire et le valoriser tout au long, avec peut-être le Bafa, le permis de conduire, des points au bac, il y a plein d'opportunités, de la reconnaissance. Après, dans l'enseignement supérieur, des UC, il y a plein de choses et je crois que pour les CAVL et CNVL, peut-être en particulier pour les élus lycéens, il y a énormément de prise en compte à prendre sur les journées d'absence. Aujourd'hui, je sais que les établissements ne le prennent pas de la même manière et qu'il est temps d'uniformiser cette prise en compte pour que ça ne soit pas impactant dans le choix de votre enseignement supérieur. Mais ça, c’est grâce à une remontée des élus lycéens. Voilà Madame la Première ministre. Et la notoriété, évidemment, je vous invite tous à partager les informations sur le SNU. Ça m'aidera quand même.

 

Élisabeth BORNE

Et du coup, vous pouvez nous dire comment, vous, vous avez découvert le SNU ?

 

Gabriel

Moi, c'est assez simple. Mes parents m'ont dit que ça ferait des points en plus sur Parcoursup…

 

Sarah EL HAÏRY

C’est vrai.

 

Gabriel

… que sur le CV, c'était sympa. Et voilà, j'avais d'autres personnes dans ma classe qui étaient un peu motivées par le SNU mais qui ne comptaient pas forcément y aller parce que ça décourage un peu, que ce soit sur des temps de vacances. Moi, ma mission d'intérêt général, c'était 12 jours sur les temps de vacances, donc j'ai perdu quasiment des vacances entières. Mais c'est une expérience qui est incroyable et je donnerai tout ce que j'ai pour ravoir cette expérience. C'est vraiment un moment très, très beau.

 

Sarah EL HAÏRY

Bah sincèrement, j'ai une proposition pour recommencer, si vous êtes d'accord, Madame la Première ministre. Si tu as vraiment envie de recommencer, tu peux si tu passes le Bafa en tant qu’encadrant, mais c'est une jolie opportunité. Un peu comme ce que tu as fait avec l'association d'aide aux devoirs. En fait, on peut, en passant le Bafa devenir encadrant, vivre une autre aventure d'encadrement et de participation, en tout cas, d'engagement et du coup, refaire une deuxième étape. Mais en tout cas, c'est une piste, mais c'est une piste qui permet de faire un deuxième retour.

 

Animateur

Le message est passé et le quasi-recrutement, je crois aussi. Merci beaucoup Madame la ministre pour votre témoignage aussi sur tout ça. On s’est parlé beaucoup-là d'engagement pendant le parcours scolaire et je ne sais pas si vous voyez derrière vous, mais on est en train de noter en régie toutes les propositions que vous pouvez nous faire. N'hésitez pas à nous faire signe du regard si on en oublie, évidemment, l'objectif étant vraiment qu'on soit les plus précis possible à la fin avec la somme de tout ce que vous nous dites. Au-delà du parcours scolaire, ensuite, quand on a 18 ans, on peut commencer à voter ou à ne pas voter. On l'a vu tout à l'heure, il y a de l'abstention massive aujourd'hui chez les jeunes. Riad, tu as accepté de témoigner sur ce sujet-là, on va te donner aussi le micro ou je vais te donner le mien sinon, et ça peut être intéressant que tu nous expliques un peu ce qui t’amène aujourd'hui à ne pas vouloir forcément voter. Merci beaucoup.

 

Riad

Alors Madame la Première ministre, Messieurs, Mesdames les ministres. Bonjour à tous. Alors je vais juste revenir un peu avant mon arrivée à cette étape de l’abstention qui est choisie. Alors, je suis né, j'ai aujourd'hui 25 ans. Je suis né dans un foyer politisé et j'ai eu cette chance parce que ça m'a permis de, très vite, être au CMJ, d'être au conseil municipal des jeunes, d'être au conseil des lycéens et lycéennes, puis ensuite de continuer certaines actions et mon engagement en fait qui est plutôt pluridisciplinaire, qu’il soit sportif, culturel et ainsi de suite. Et le vote était pour moi un beau moment. C'était l'occasion du dimanche de se lever tôt, de prendre le petit déj, d'aller chercher les croissants, puis d'aller mettre un bulletin aux urnes. J'ai le droit de vote, franchement, j'ai voté la première fois en 2015 pour les présidentielles, enfin j'ai eu 18 ans révolus et donc du coup c'était en 2017 et c'était vraiment un bon moment pour moi parce que c'était un moment d'échanges avec mes parents, c'était un moment de confronter ses idées. Comment ça se fait que moi, fils de ces personnes-là, en fait, puisse potentiellement penser différemment d’eux, puisse… enfin, j’ai eu leur éducation, j'ai eu la chance qu’ils m'élèvent et donc en fait ces moments-là, c'était des bons moments et aujourd'hui, je m’en prive pour plusieurs raisons. Des raisons pratiques, premièrement où des fois, j'étais en concours par exemple, et donc j'ai dû en fait ne pas aller voter parce que ça m'empêchait de réviser comme il le fallait. Là, aujourd'hui, j'ai vu qu'il y avait des personnes qui étaient plutôt sur le bac de philo, c'était pour d'autres raisons, mais tout aussi nobles. Et puis, suite à cela, c'était plutôt aussi par rapport à la désinformation, entre guillemets. Je passais des moments à faire autre chose que de m'informer sur la vie politique qui est vraiment très riche, d'autant plus lors de ces dernières années. Et donc, forcément, je me sentais déjà moins légitime de voter parce que si je choisissais un parti, est-ce que ce n'était pas forcément juste le choix du cœur parce qu'on a tous le cœur ? Mais je trouve que le vote est un acte responsable, donc il faut que je mette le cœur de côté pour plutôt privilégier la raison. Et enfin, la dernière raison qui m'a poussé en fait à l'abstentionnisme en 2022, c'est surtout le paysage politique que je ne comprends plus. Je n'arrive plus à m'identifier aujourd'hui dans n'importe quel parti et il n’y a plus, je n’ai plus l'impression qu'on ait de l'opposition comme auparavant. Je me rappelle des élections avec Monsieur François HOLLANDE d'un côté et Monsieur Nicolas SARKOZY de l'autre. Quand il y a eu le marasme autour de François FILLON et puis Alain JUPPÉ qui… enfin voilà, bref, beaucoup d'histoires et vraiment beaucoup de péripéties que j'ai suivi d'assez près. Mais aujourd'hui, je n'ai plus l'impression, je n’ai plus cette fougue, j'ai plus cette envie, entre guillemets, parce que je ne m'identifie plus à la politique d'aujourd'hui.

 

Élisabeth BORNE

Et alors, vis-à-vis des élections locales où il y a d'autres enjeux ? Moi, je peux comprendre qu’un programme national, ce n'est pas forcément évident de, voilà, décoder et de se faire un avis. Sur des élections locales, vous envisagez de voter aux élections locales ? Pour le coup, ça renvoie à ce que disait votre voisine, c'est des actions concrètes sur le quotidien des gens.

 

Riad

Bien sûr, et j'essaie de faire, entre guillemets, une sorte de divisions entre les nationales et les locales. Les locales, j'essaie de les suivre au maximum. Mais encore une fois, les deux freins d’avant m'empêchent d'accéder au bureau de vote qui, je suis de province de Normandie, la plus belle région de France. Et donc c'est vrai que ça me demande un petit peu de gestion, un peu de logistique, donc j'essaie vraiment de continuer à faire durer ça. Et je vous le dis, en ayant un petit peu mal au cœur parce que vraiment, j'aime beaucoup la politique. J'ai l'impression d'avoir hérité ça de mon père qui était anciennement engagé et forcément, de ne plus me reconnaître, de ne plus avoir cette envie, c’est quelque chose qui me manque et donc forcément, il y a un jour où j'ai hâte de reprendre un bulletin et de le mettre dans une urne. Ça paraît pas très sexy, dit comme ça, mais vraiment, je vous l’avoue, ça donne… ça me permet de m’accomplir en tant que citoyen. Et donc c'est en ce sens que j'aimerais renouer le lien avec donc la politique en France, avec la République et par rapport, entre guillemets, aux idées qui pourraient améliorer cela. Au niveau de l'information, je ne sais pas si vous tous avez pu regarder ce que pouvait faire HugoDécrypte par exemple avec un temps… J'ai beaucoup aimé, entre guillemets, la prise de parole de chacun qui était minutée, enfin, voilà, il y avait une égalité, il y avait un principe d'équité, donc c'était assez bien fait. Bon après le format, on aime, on aime moins. Et aussi l’application Elyze qui m'a permis assez facilement, assez rapidement de… peut-être que je croque, oui, il y a quelque chose…

 

 

Olivier VERAN

(Inaudible) conseiller Grégoire c'est lui qui a fait l'application Elyze.

 

Riad

Merci beaucoup Grégoire. Et ça m'a permis d'assez… voilà, de swiper à droite, à gauche, d'aimer, de moins aimer et d’assez vite rattrapé mon retard qui était vraiment… qui existait. Et donc très rapidement, de manière ludique, de comprendre. Et puis à ce moment-là, lorsque je m'identifier à quelqu'un, parce que des fois, il y a des résultats qui sont assez surprenants quand même, il y a des couleurs qui apparaissent qu’on… que je n'aurais pas suggéré, mais en tout cas, voilà, ça m'a permis d'aller voir les… comment dire, les propositions des candidats et puis de me décider. Et puis j'espère qu'en 2027, je serai de retour.

 

Animateur

On espère aussi. Merci Riad pour ton témoignage. Monsieur le ministre, cher Olivier VÉRAN, vous avez cité un de vos collaborateurs qui a été un des co-fondateurs de l'application Elyze. On en a aussi un autre co-fondateur juste derrière nous, mais je ne savais pas que vous allez… Riad allait parler de l'application. Wallerand, toi, tu as aussi un média en ligne qui s'appelle Le Crayon. Je te laisse nous en dire un mot.

 

Wallerand MOULLÉ-BERTEAUX

Bonjour à tous, bonjour Madame la Première ministre. Excusez-moi pour la voix. On se re-retrouve face à face. Je vous ai interviewé quand vous étiez à l'époque ministre du Travail à Avignon. Donc je suis ravi de me retrouver face à vous. Je ne sais pas quel est mon rôle forcément ici puisque moi, je suis plutôt entrepreneur, donc je suis encore plutôt loin de la vie étudiante et de la jeunesse. Mais il y a deux choses qu'on fait dans nos activités. Donc vous avez cité Le Crayon, il y avait Elyze avec Grégoire qui étaient des super projets. Et la première chose, c'est la question médiatique que j'aimerais traiter. Aujourd'hui, on sent et nous, on le voit parce qu'on reçoit beaucoup de leaders d'opinion de la jeunesse, donc un peu de tous les bords politiques, c'est la ligne du Crayon et y compris de tous les sujets. Ça va de l'écologie à la technologie en passant par la pornographie ou la religion. En fait, ce qui nous intéresse vraiment là-dedans, c’est de pouvoir recevoir massivement. Et aujourd’hui, et je le dis, on a énormément de mal à recevoir des ministres, mais pas seulement vous, aussi, des députés et pas seulement de Renaissance, dans des confrontations qui sont réelles, qui sont véhémentes, même si je puis dire. Et c’est extrêmement difficile, les profils, quand on les envoie sont triés sur le peigne fin. On propose parfois certains profils qui sont considérés comme trop âgés, comme 28 ans. Et en fait, dans le trop âgé, j’entends peut-être le trop véhément. Et c’est un vrai sujet aujourd’hui démocratie. Parce que finalement, si on est tous trop gentils avec vous et on est ravis d’être ici, je suis ravi, honoré d’être invité, mais si on est tous trop gentils, le pays n’avance pas, et surtout, on reste dans des bulles et on est en fait, entre nous, entre personnes qui finalement allont pas trop mal. Alors qu’il y a réellement aujourd’hui beaucoup de souffrance dans le pays, et je pense que la période pour vous qui a été, y compris, pas facile, en témoigne énormément. Donc, je pense qu’il peut y avoir là-dessus, Lucas l’a cité avec Fast Infos, peut-être des temps de parole ou avec un consortium de médias. Je ne demande pas à ce que le crayon soit particulièrement choisi. Je vous laisse vous faire votre tri. Hugo fait effectivement un très bon travail, mais je pense qu'il y a vraiment cette nécessité de recevoir largement en incluant des gens qui sont plutôt proches de Marine LE PEN ou de Eric ZEMMOUR ou des gens qui sont plutôt proches de Yannick JADOT ou de Jean-Luc MÉLENCHON. Et c'est vraiment important que vous ayez en face de vous des gens qui sont extrêmement véhéments, extrêmement en colère contre ce que vous faites, parce que c'est ce qui permettra vraiment aussi que vous ayez, vous, jusqu'au bout de vos retranchements, les propositions. Parce que je pense aussi qu'il y a une déconnexion dans la difficulté qu'eux vivent, que vous ne ressentez peut-être pas, mais peut-être que vous vivez et que eux ne ressentent pas. Et je pense que nous, notre mission avec le client, c'est de recréer du lien. Et je pense qu'il y a cette grande nécessité dans les médias jeunes. Ça, c'est vraiment sur la partie média qui m'intéresse. À côté, Elyze est un bon exemple de ça, mais c'est loin d'être le cas. Il y a des projets comme Etoss, il y a des projets Hexacup, qui est aussi le petit frère de Grégoire. Il y a des projets comme la Founders Night qui est une soirée d'entrepreneurs que nous, on a lancé, qui sont des projets qui ne sont pas directement des projets business. C'est de l'entrepreneuriat pur et dur sur le principe, mais ça n'est pas des projets qui ont des buts de rentabilité. Et d'ailleurs, c'est souvent des projets qui ne sont pas forcément des associations, qui sont un peu hybrides entre les deux. En fait, il y a juste un besoin de faire quelque chose d'utile, de faire quelque chose qui engage les gens autour d'eux. Et ces projets-là, aujourd'hui, ont énormément de mal à trouver un soutien de l'État ou ont énormément de mal à se faire contacter par l'État. Elyze, ça a été le cas. On est restés avec notre petite bande, même si on a été en collaboration avec les partis pour les mesures. Finalement, il n’y a pas eu beaucoup de dettes de l'État. C'est le cas de la Founders Nigth également, le Hexacup, Etoss, ce sont de prise de parole qui aident notamment les personnes en prison à former à l'éloquence. Et ces sujets-là sont vraiment des sujets où je pense que les incubateurs ont été la grande course, on va dire, business de ces 10 dernières années pour beaucoup de milliardaires ou de grands groupes. Je pense que l'État peut créer une commission ou une institution ou un panel de personnes qui serait là pour financer, mais ce n'est pas forcément la priorité. Ça peut être aussi ouvrir les valves de l'État pour de la distribution, pour des partenariats, pour réussir à toucher des points un peu partout en région. Et je pense que l'État... je pense que l'État, pour le coup, peut avoir un vrai rôle fort là-dessus. Parce que je le dis en ayant vu ces Founders Knight qu'on a lancé avec des amis. Il y a réellement un bouillonnement entrepreneurial dans le pays. LinkedIn en est un très bon exemple. Et si vous parlez un peu LinkedIn France, ils vous diront que leurs chiffres sont hallucinants. C'est un des plus gros pays européens actuellement, mais qui a ce vrai bouillonnement-là, et il n'est pas que financier, il est aussi beaucoup citoyen, il est même plus citoyen. Je pense que dans beaucoup de pays, et je pense que ça peut vraiment être intéressant de les aider, mais pas seulement avec de l'argent, aussi avec de la distribution, avec du conseil, avec du mentorat. Parce que tous les projets que je vous ai cités, il n’y a personne de plus de 25 ans dans ces projets-là. Et on parle de centaines de milliers, de dizaines de milliers dans le cas de Elyze, des millions de personnes qui sont impactés par ces projets-là et qui sont parfois faits avec des bouts de ficelles, quelques centaines, quelques milliers d'euros pris par-ci par-là. Et ça, je pense que pour le coup, ça pourra permettre de créer de la prospérité citoyenne comme vous le souhaitez. Merci beaucoup d'avoir écouté.

 

Intervenant non identifié

Merci. Merci beaucoup Wallerand, tu as parlé de l'entrepreneuriat citoyen comme un moyen de donner plus d'informations pour ceux qui ne connaissaient pas l'application Elyze, ça permettait de répondre à un certain nombre de questions et de connaître un peu a priori son orientation politique et son orientation de vote in fine. Il y a aussi des associations qui sont là pour essayer de donner plus d'informations autour du vote. Mérile, je me tourne vers toi, tu as le pins de l'association à voter sur ta veste et je te laisse dire ce que tu veux.

 

Mérile

Merci. En effet, je voulais vous parler de participation électorale et plutôt de faible participation électorale des jeunes. Donc le constat a été très bien fait par Kenza. Et vous également, Madame la Première ministre, vous avez dressé ce paradoxe : d'une part, une forte abstention des jeunes, et pourtant, un fort engagement pour promouvoir différentes causes. Il y a 1 000 raisons pour expliquer ce paradoxe. Certaines, tu viens de les citer. Néanmoins, il y en a une et c'est celle-là dont on veut vous parler aujourd'hui, sur laquelle vous, enfin, votre Gouvernement a toute manœuvre pour justement agir. Et il s'agit de la mal inscription, à savoir le fait de vivre dans une commune, mais d'être inscrit sur les listes électorales d'une autre commune. Aujourd'hui, on considère que ça touche près de 7 millions de personnes, soit un jeune sur deux. Et ce qui est vraiment dramatique avec la mal inscription, c'est qu'on considère qu'une personne qui est mal inscrite a 3 fois plus de chances ensuite d'être abstentionniste. Or, il s'agit d'un problème technique et c'est pour ça qu'on a 3 propositions à la fois très concrètes et très complémentaires à vous faire. Donc la première, c'est de réduire le délai d'inscription sur les listes électorales, à savoir ce délai aujourd'hui de 6 semaines avant le jour des scrutins, alors qu'il est la veille pour pouvoir déposer une procuration. Or, ce qu'on constate, du moins à des spécialistes du sujet, c'est que souvent, les jeunes et en particulier ceux éloignés de la politique, entendent parler des élections seulement quelques semaines avant le scrutin. Et là, il est trop tard pour s'inscrire. Certains jeunes, eux, décident d'aller voter quelques jours avant le scrutin. Là encore, trop tard pour s'inscrire. Si c'est possible pour la procuration, pourquoi pas pour l'inscription sur les listes ? Par ailleurs, et c'est le cas de nombreux d'entre nous, aujourd'hui, on déménage pour nos études, on déménage pour s'insérer dans la vie professionnelle. Et c'est difficile de petits réflexes pour changer de liste. Donc ce qu'on propose, c'est que tous les sites qui sont reliés à France Connect, lorsqu'il y a l'enregistrement d'un changement d'adresse, il y a un message automatique qui sont envoyés pour dire : « est-ce que vous souhaitez changer de lieu ou vous votez ? » On tient à ce que ce ne soit pas automatique parce qu'on peut tenir, comme c'est mon cas, à continuer à voter en Alsace, la vraie plus belle région de France. Mais en tout cas, à ce que ce soit proposé. Et la dernière mesure, c'est qu'il y ait des semaines de mobilisation qui soient systématiques avant les élections. Ou des associations comme la nôtre à partisanes. Une coalition d'acteurs puisse aller à la rencontre des jeunes et de tous les jeunes sur tout le territoire, donc pas seulement les étudiants dans les grandes villes universitaires, mais dans les espaces publics pour justement, lors de ces occasions, par exemple, vérifier leur inscription sur les listes électorales. Et ça existe déjà depuis 3 ans au Royaume-Uni, il y a 200 acteurs qui s'agrègent une semaine chaque année pour justement vérifier l'inscription des Anglais. Donc voilà, ça peut sembler anecdotique, voire technique, mais c'est un enjeu démocratique essentiel. Donc, avant de pousser les jeunes à aller voter, facilitons d'abord leur accès au vote. Merci.

 

Animateur

Merci beaucoup Mérile, et je tiens aussi à te remercier parce que ça fait plusieurs semaines que tu es assez engagée dans nos travaux sur le Conseil national des jeunes pour faire les propositions qui seront présentées dans quelques semaines maintenant. Clémence, toi, tu fais aussi partie de l'association a voté avec plusieurs pins également sur le sujet. Je te laisse la parole pour compléter.

 

 

 

Clémence

Bonjour à toutes et à tous. Moi, on m'a demandé de travailler sur un sujet un petit peu complémentaire. On a entendu tous les chiffres de Kenza en introduction. Les jeunes sont peu représentés sociologiquement au parlement puisque la moyenne d'âge à l'Assemblée nationale, c'est 48 ans et au Sénat, c'est 60 ans. Ils votent extrêmement peu. Mais alors, la double peine, c'est qu'en plus, ils ne participent pas non plus au dispositif de participation citoyenne, de démocratie participative. Je me tourne vers Olivier VÉRAN. Et donc, on se demande comment est ce qu'on peut associer les jeunes à la décision publique, comment est-ce qu'ils peuvent faire entendre leur voix en démocratie ? Et j'insiste sur un point qui me tient à cœur, c'est qu'il ne s'agit pas seulement de politiques jeunesse. Souvent, ils sont un peu cornerisés, on les interroge sur leur vie quotidienne. Et c'est génial. C'est ce qu'on fait ici. Mais il me semble très important de les impliquer, en particulier sur les sujets qui concernent vraiment l'avenir et où on pourrait presque dire qu'ils sont plus concernés que nous, comme le climat, comme l'avenir de la santé, les retraites et la démocratie. Alors moi, j'ai 3 pistes à vous proposer aujourd'hui, à très court terme. Demain, on pourrait imaginer d'aménager les dispositifs de démocratie participative, par exemple, en intégrant des concepts de quorum ou de quota. Ça pourrait être fait dans les consultations du Centre de la participation citoyenne, par exemple, d'imaginer, afin de s'assurer qu'il y ait toujours, par exemple, 30 % de participation des jeunes, parce qu’aujourd’hui, c'est 9 % des jeunes qui ont déjà participé à une consultation dans leur vie entière. On pourrait imaginer qu'on surpondère leurs propositions ou des choses comme ça. On pourrait imaginer aussi ça sur les jurys du CGPI d'avoir un tiers de jeunes qui sont vraiment impliqués sur les dépenses à l'échelle France 2030. La deuxième proposition à moyen terme, ce serait d'imaginer un Conseil des générations futures. Alors ça rejoint un peu ce que disait Vallerand juste avant sur… Moi, je ne vous propose pas un autre Conseil d'orientation jeunesse, c'est d'imaginer un peu dans la logique du changement de méthode, comment est-ce qu'on peut imaginer un cercle de dialogue où la voix des jeunes est entendue vraiment au plus haut niveau de l'Etat ? Un petit peu comme aujourd'hui. Mais que ce soit fait à intervalles réguliers. Et là, l'inspiration, c'est par exemple à l'ONU, le secrétaire général de l'ONU, il est entouré par What Is an Advisory Council on Climate et c'est cette jeune activiste… Donc voilà, comment est ce qu'on fait entrer Camille, Etienne tous les mois dans le bureau du président de la République ? Je crois que ce serait extrêmement frais et sain pour le débat démocratique. Et troisième proposition à plus long terme. Quand vous vous attelerez à la réforme démocratique, peut-être bientôt, on pourrait espérer aussi que vous garderez votre axe prioritaire sur la jeunesse en tête, et imaginer, pourquoi pas, renouveler le CESE avec un tiers de moins de 30 ans. Pourquoi pas organiser une grande convention citoyenne sur la jeunesse et le renouveau démocratique, d'avoir vraiment en tête au moment de la réforme des institutions. Et on est à votre disposition pour vous aider.

 

Animateur

Merci beaucoup Clémence. Sur ce sujet de la participation… enfin, de donner plus de place aux jeunes dans la démocratie. Christophe, aide-moi, je n'ai plus de voix, on va te donner un micro, je t'en prie.

 

Christophe

Bonjour Madame la Première ministre. Bonjour Mesdames et Messieurs les ministres. Alors, je veux encore du coup parler du vote, cette fois plus sur la question du vote des plus jeunes et notamment du vote à 16 ans. Alors, je ne vous le cache pas, je n’ai plus 16 ans, mais en tous cas, c'est des choses qu'on porte, en tout cas, depuis la plus tendre jeunesse. On a… je ne vais pas rappeler les chiffres aussi que Kenza a pu rappeler. Il y a peut-être un chiffre qu'il n'a pas forcément été rappelé, mais c’est qu’on a quand même un quart des moins de 24 ans qui n'ont voté à aucun tour des élections législatives ou présidentielles en 2022, ce qui est un symbole inquiétant. Et quand on sait aussi que les élections européennes vont arriver dans à peu près un an maintenant aussi, ça pose la question du coup de ce rapport à la jeunesse et aux institutions et peut-être, ce lien qui est un peu distendu. Et aussi, on a pu rappeler, mais on voit aussi que les jeunes s'engagent. Ils s'engagent même, voire plus en fait que leurs aînés, parfois de façon différente. Mais ils ont quand même toujours cet attrait, cette envie, en tout cas, pour cette appétence pour la politique. Et ce que je viens pour vous proposer aujourd'hui une proposition autour du droit de voter à 16 ans, alors pas seulement du coup pour permettre à tous les jeunes, dès leur 16 ans, de pouvoir voter. Mais du coup, mettre en place un réel parcours en fait d'éducation, de formation à la citoyenneté. Parce que quand on a 16 ans et dire : « maintenant, tu peux voter », c'est un peu perturbant. C'est déjà perturbant à 18 ans. Alors moi, je n'ai pas forcément la plus belle région de France. En tout cas, je viens de la plus belle campagne de France dans les Landes. Et pendant 18 ans, quand on entendait papa, maman râler sur tous les politiciens qui passaient, ce n'est pas forcément quelque chose qui peut nous aider à comprendre un peu les enjeux, les grands courants de pensée politique, l'histoire aussi politique de notre pays et sa singularité par rapport à d'autres démocraties européennes ou d'autres pays du monde. Et donc, avoir ce parcours en fait, même dès la maternelle, de formation à la vie publique, de rencontres, d'échanges, de aussi parfois, du coup, aller voir une instance républicaine, ne serait-ce que aller voir du coup l'assemblée régionale. Moi, ce qui m'a fait… au départ, je suis abstentionniste, ce qui m’a fait changer réellement, c'est mon engagement et découvrir aussi le Sénat. Et du coup, voir les questions au Gouvernement et du coup, voir cette interaction aussi entre le monde parlementaire et le gouvernement qui est très inspirant. Et donc, ce serait de créer ce continuum en fait du coup tout au long du parcours, donc, amener les gens à voter pour peut-être changer les menus à la cantine, mais aussi pour être plus acteurs aussi de la vie écolière et lycéenne. Et je reprends mes petites notes aussi. Et c'est quelque chose qui est déjà un peu mis en place aussi, on peut le voir chez nos voisins européens. Par exemple, en Allemagne, dans certaines Landers, les jeunes peuvent voter sur l'élection régionale dans certains États aussi allemands. Du coup, ils peuvent voter aux élections municipales. Là, la Belgique va proposer à tous les jeunes résidant européens en Belgique du coup de pouvoir voter dès l'âge de 16 ans. Donc, potentiellement, dans quelques mois, on aura des jeunes Français qui auront 16 ans et qui pourront aussi voter en Belgique. Et du coup, je ne peux que nous inviter, en tout cas, vous inviter à réfléchir peut-être du coup à refondre le MC. Je crois que ça a déjà été prononcé 5 ou 6 fois, en tout cas, c'est cette matière. Mais ce qui montre l'importance du sujet et aussi peut-être du coup d'avoir une expérimentation, peut-être pas pour les prochaines élections européennes qui sont un peu trop tôt, mais pour les élections locales, de se donner le temps de passer du coup 3 ans à former une cohorte de jeunes qui seront du coup des jeunes qui pourront aller voter et du coup à 16 ans et qui vont rester aussi pour pour voter. Parce que là, le danger aussi pour ces projets d’élection, c’est un peu le ventre mou qui va… ne plus être jeune, mais qui aura 30-35 ans, 40 ans et j’en passe et qui se sera désintéressé de la vie publique et donc, et voilà de lancer une expérimentation pour permettre du coup aux jeunes de 16 ans peut-être qu’ils le souhaitent de pouvoir voter du coup pour les municipales, pour les départementales. Merci. [Applaudissements].

 

Animateur

Merci beaucoup Christophe, en face de toi dans une des plus belles régions de France aussi en Ardèche. Pour le coup, on a la chance d'avoir avec nous le plus jeune maire de France. Hugo, je te laisse la parole.

 

Hugo BIOLLEY

Merci beaucoup. Merci beaucoup pour l'invitation. Alors, j'avais aussi prévu de commencer en parlant de l'éducation morale et civique, mais je pense que le sujet a déjà été bien abordé. Et je n'aurais rien de plus à ajouter mais ça tombe très bien parce que ça va me laisser un petit peu plus de temps pour parler du sujet que je considérais comme le plus important. Il y a quelque chose que j'aime beaucoup faire en tant qu'élu local, c'est aller discuter un petit peu avec des gens, bah ceux qui se prennent les problèmes, les crises en pleine face et j'aime bien essayer de relier des parcours de vie très différents pour en retirer des choses. Et je me suis dit : « j'ai été invité, mais qu'est-ce qu'on peut retirer sur la jeunesse ? » Et en particulier, moi, c'est une grande inquiétude dans les discours que je peux recueillir. Une inquiétude parce que je vois une jeunesse qui, globalement, est désintéressée, déconnectée, désemparée en fait, par rapport aux institutions. Et j'en ai distingué quelques petites raisons qui sont des raisons assez structurelles finalement, c'est-à-dire qu'aujourd'hui la jeunesse, quelque part, se cherche un espoir. On a, la meilleure image que j'aime donner, c'est qu'aujourd'hui, quand on est jeune, quand on a 20 ans en 2020, notre perspective d'avenir, c'est 2050. Quand on réfléchit à 2050, on pense rarement à des choses très joyeuses. En tout cas, moi, je ne pense pas à des choses très joyeuses parce que je vois le réchauffement climatique qui s'approche et je vois l’été passer et je me dis : mince, dans 30 ans, l’été sera un petit peu plus, peut-être un peu moins chouette. Et donc là, il y a une différence majeure et je vois depuis 3 ans que je m'intéresse énormément à la vie locale, une accélération des crises, énormément de crises qui se succèdent, qui arrivent et dont j'ai l'impression qu'elles changent de nature. On a des crises sociales et des crises environnementales qui s'emballent et en face de ça, la réponse institutionnelle, parce qu'il y a une inertie, n'arrive pas à donner le change. Alors ça, c'est ma grande inquiétude et tant qu'on n'arrivera pas à donner le change, il y aura toujours cette perte d'espoir et je pense que la jeunesse n'arrivera pas malgré le fait qu'elle soit engagée à se dire : « c'est dans les institutions que l'on va trouver la réponse ». Mais comme je n'aime pas poser des problèmes et rester sur du pessimiste et que je suis d'un naturel optimiste, je pense qu'on a aussi de grandes raisons d'espérer parce que ça a été dit aussi, vous l'avez évoqué en introduction. La jeunesse est particulièrement engagée aujourd'hui. Et donc, je me dis, comment on pourrait faire ? La première chose, c’est je pense qu'il va falloir dans ce plan que vous allez détailler, plus il sera audacieux, plus vous allez bousculer les lignes, bousculer les codes, plus, on pourra espérer voir un changement arriver, il y a un changement rapide et je n'aurai pas le temps de partir dans les propositions. Par contre, moi, je vois au moins deux ou trois axes. Il y a un premier axe, c'est regarder ce qui marche. Il y a beaucoup de choses qui marchent et il y a quelque chose à aller voir dans les territoires. Il y a plein de territoires dans lesquels il se passe des choses dans lesquelles ça bouillonne et je vais vous donner un exemple dans ma commune. Moi, il y a deux ans, j'avais des jeunes qui étaient là et qui habitaient dans la commune, qui ne se connaissaient pas. On les a réunis, on leur a fait confiance. C'est un mot très important : la confiance. Et aujourd'hui, ils se demandent ce que c'est qu'une élection municipale et ils se demandent… ils ont 15 ans, Ils se demandent comment est-ce qu'ils vont faire pour être élus plus tard peut-être, et pour s'engager pour leur commune ou ailleurs. C'est un travail qu'on a fait avec eux en deux ans et on leur a simplement donné un petit peu de confiance. Et puis, ça c'est… on va dire que ça va révéler tous les changements qui vont pouvoir être apportés sur la gouvernance. Il y a déjà plein d'éléments de réponse et je ne vais pas revenir dessus, qui ont été apportés. Le deuxième élément, c'est les sujets. Comment est-ce qu'on fait pour traiter dans le fond des sujets de cette double crise environnementale, sociale ? Aujourd'hui, on a un changement de fond, nos institutions, elles ont été créées après la Seconde Guerre mondiale, on n'avait pas cette conscience environnementale. La terre et la croissance pouvaient être infinies. Aujourd'hui, on se rend compte que quand il n'y a plus d'eau, il n’y a plus d'eau. Et ça, c'est la grande différence. C'est la grande différence entre la jeunesse des années 70 et la jeunesse de maintenant. C'est que nous, on est dans une situation où on ne sait pas si à la fin de cette décennie, on aura encore de l'eau. Et ça, il faut qu'on l'intègre à tous les échelons. C'est à moi de le faire dans ma commune et c'est à vous de le faire et de l'inciter à l'échelle nationale. [Applaudissements].

 

Animateur

Merci beaucoup Hugo. Tu as parlé de besoin de compréhension et de vision, on vient de faire le Tour des Landes puis de l'Ardèche. Je voudrais aussi qu'on parle des zones plus urbaines et notamment avec toi Inès, on va te donner le micro, tu diriges une association qui s'appelle « Get Up », et qui accompagne beaucoup de jeunes dans les quartiers prioritaires. Je te laisse la parole.

 

Inès SEDDIKI

Merci beaucoup. Bonjour à tous ! Il y a énormément de choses très intéressantes qui ont été dites et sur lesquelles je vais rebondir. Je m'appelle Inès SEDDIKI. Je suis fondatrice d'une association qui s'appelle « Get Up », qui travaille pour la justice sociale dans les quartiers populaires et en particulier sur le territoire de la Seine-Saint-Denis. On travaille avec des programmes éducatifs en direction des jeunes, basés principalement sur le concept d’empowerment, c'est-à-dire qu'on donne les clés, les codes pour que les jeunes comprennent et naviguent dans la société et prennent leur place dans la société. On les met en action. On a aussi un média qui crée des nouvelles narrations, des quartiers populaires pour changer le regard qu'on pose sur ces territoires. Et on a un pôle recherche et plaidoyer dans lequel on essaie de créer des données positives ou plus réalistes en tout cas, notamment sur l'engagement, donc de documenter l'engagement des jeunes dans les quartiers populaires et on a un rapport qui est sorti avec Maxence sur l'engagement des jeunes de quartiers populaires, sur les sujets d'écologie notamment. La question du coup de l'engagement citoyen est très, très importante chez Get Up, parce que c'est pour nous un levier d'apprentissage énorme. Quand on s'engage, on apprend, on développe des compétences, mais c'est aussi pour nous une manière de prendre sa place dans la société et ce qu'on voit au quotidien dans les différentes villes dans lesquelles on intervient, en Seine-Saint-Denis, dans les différents collèges aussi, dans lesquels on intervient, c’est que, bah comme vous l'avez très bien dit tout à l'heure, madame la Première ministre, l'engagement des jeunes est indéniable, mais quand on arrive au vote, voilà, il n'y a aucune ville aujourd'hui en banlieue ou qu'un quartier populaire où vous ne trouverez pas d'associations de soutien scolaire, de maraudes, d'associations intergénérationnelles, ça fait vraiment partie de la culture des quartiers populaires. Mais malheureusement, quand on regarde les chiffres au premier tour des élections législatives des dernières élections législatives, c'était à peu près 40 % d'abstention au niveau national, 60 % dans la Seine-Saint-Denis et ça a monté jusqu'à 70 % dans certaines villes. Donc il y a une vraie rupture, un vrai… une vraie fracture qui existe. Et comment on explique ça ? Alors nous, depuis 2016, on travaille, on encourage les jeunes à s'inscrire sur les listes électorales, à voter, mais aussi surtout comprendre les enjeux. On l'a dit tout à l'heure, qu'est-ce qui se cache derrière ces élections ? Que gère le département ? Qui gère la région ? Qu'est-ce qui est du ressort du Gouvernement ? Donc, on n’a fait pas mal de décryptages, ils sont tous disponibles sur Instagram. On a aussi décrypté les différents programmes, par exemple, des candidats aux élections présidentielles aux dernières élections présidentielles. On décrypte aussi des sujets de société qui intéressent… enfin, des lois, des projets de loi qui intéressent les jeunes parce que vraiment, par exemple, la loi sécurité globale qui a beaucoup mobilisé les jeunes dans les quartiers populaires et on essaie donc de le faire comprendre, de leur donner les outils. On va aussi plus loin. On a permis à certains joueurs de travailler pendant plusieurs semaines à proposer des lois qui ont été soutenues par certains eurodéputés, notamment Salima YENBOU il y a beaucoup de choses que vous connaissez et qui ont été présentées à la Commission européenne, mais ça ne suffit pas. Ce que je vous dire, c'est que toutes les semaines, on est dans les établissements scolaires pour faire ces ateliers, pour parler d'actualité, pour parler des institutions, pour parler et de la politique de s'engager tout simplement d'être des citoyens à part entière. Et on est confronté à une blessure très profonde dont j'aimerais beaucoup parler aujourd'hui. Donc bien sûr, il faut continuer à faire ces ateliers de sensibilisation, mais il faut aussi aller à la source du problème, du pourquoi. Et aujourd'hui, il y a énormément de jeunes de quartiers populaires qui n'arrivent pas à vraiment se considérer comme des véritables citoyens à part entière. En France, il y a un sentiment d'être des citoyens de seconde zone, voire parfois des citoyens en sursis. C'est violent, mais je vais vous donner juste une citation dans les jeunes auprès de qui on a fait un atelier dans un établissement scolaire du territoire et qui nous disaient, de toute façon, moi j'attends juste que l'extrême droite passe parce que je sais qu'on va me renvoyer au bled. Donc c'est un élève français, donc vraiment de nationalité française, qui est d'origine étrangère et qui dans son imaginaire va bientôt être expulsé de son pays. Donc c'est quand même très, très, très très ancré dans la mentalité de ces jeunes-là, il y a une véritable souffrance par rapport à ça et forcément, on ne peut pas être pleinement dans un… citoyen, dans un pays où on se sent illégitime, on ne se sent pas reconnu ou quand on allume la télé, notre récit est complètement confisqué par, soit des journalistes, des éditorialistes, des certains politiciens jusqu'à des scénarios sur Netflix. C'est quand même assez pesant au quotidien. C’est aussi très proche de moi et j'aimerais vraiment vous alerter sur ça parce que ça ne s'arrange pas avec les générations. J'ai des gens brillants autour de moi qui quittent la France parce qu'ils n'arrivent plus à supporter ce sentiment hostile envers différentes, voilà des sujets d'immigration, les sujets de diversité qui sont encore très, très cristallisants dans notre pays aujourd'hui et je trouve que c'est très grave en 2023, qu’il y ait encore ce genre de crispation. Alors, moi ce que je voudrais vous proposer, c'est déjà vous parlez de quelque chose qui a  fonctionné pour nous, c'est qu'on s'est lancé il y a deux ans, le défi de changer cette narration et de créer un récit national qui donne sa place à chacun, un récit national inclusif pour que tout le monde, et en particulier près de 6 millions d'habitants qui vivent en quartier populaire aujourd'hui aient une place dans la photo de famille de notre pays parce que c'est la première étape pour moi, pour que ces gens se sentent pleinement citoyens. Donc, c'est une web série qui s'appelle Nos darons Nos daronnes, qui a été coproduite avec 3 francs 6 sous et 9 Prod. Et on a fait parler des parents issus de l'immigration avec leurs enfants, les questions d'identité et de culture. Juste apaiser ce débat et montrer que c'est possible d'être Français de plein de manières différentes. On en a fait des ateliers qu'on a donnés dans les établissements pour des centaines et des centaines de jeunes. Et ce qu'on a vu, c'est un déclic, un sentiment de : Ah ben mes parents ont apporté quelque chose à ce pays, alors je suis héritier de l'histoire de ce pays. Je suis entièrement français. Moi aussi je peux apporter ma pierre à l'édifice. Et ça, c'est extrêmement important et c'est un besoin vital pour se construire en tant que Français, tout simplement, c'est un devoir de mémoire très, très, très important. Alors, ce que je vous propose c’est… plusieurs recommandations qui émanent de l'équipe, des jeunes de Get Up, mais aussi des partenaires associatifs avec qui on travaille. Donc, c'est bien évidemment de continuer à soutenir les associations de terrain qui accompagnent les jeunes en grande difficulté et les accompagner financièrement, mais aussi en accompagnement, mettre à disposition des personnes qui peuvent être détachées des mairies par exemple, pour structurer, pour soulager toute la partie administrative et leur permettre de vraiment se consacrer aux jeunes, mais aussi soutenir les associations intermédiaires comme les nôtres, qui créent des programmes, qui innovent, qui créent des récits qui sont un peu en dehors des lignes très rigides, parfois de la politique de la ville alors je sais qu'il y a tout un travail en cours pour renouveler les contrats de ville, mais c'est important de voir ces différents niveaux d'action, mais aussi des écoles d'engagement politique, il y a plein d'associations indépendantes qui accompagnent les jeunes à aller vers l'action… ouais, l'action politique, c'est-à-dire s'engager sur les listes électorales, etc. On en a beaucoup parlé, je ne vais pas revenir dessus, mais c'est vraiment un potentiel incroyable de parler de ces questions-là. Il y a énormément de ressources qui existent aujourd'hui, plein de beaux films Indigènes, Tirailleurs, plein de beaux films qui racontent une partie de cette histoire qu'il est important de partager avec les autres parce qu'il faut valoriser toute cette partie de la population qui ne se retrouve pas dans le récit national, mais aussi apprendre à tout le reste de la population qui sont leurs compatriotes. Parce que si on ne se connaît pas, on ne peut pas faire société. Et puis, une chose très importante donc de soutenir les nouveaux récits, soutenir ces récits inclusifs, de renouveler le récit national pour que vraiment tout le monde y trouve sa place, c'est très, très important. Donc à travers le soutien des réalisateurs issus de la diversité, mais vraiment de nouveaux récits parce que quand on regarde Netflix aujourd'hui, il y a plein de réalisateurs issus de la diversité, mais le récit ne change pas beaucoup. Donc ça, il faut faire rentrer des associations dans les commissions où il y a de l'argent public qui est donné dans les créations audiovisuelles autour des quartiers populaires et de la diversité ethnique et culturelle. Et surtout, surtout, il faut vraiment investir sur le musée de l'immigration. Aujourd'hui, c'est un outil qui peut être extrêmement important. Aujourd'hui, ce musée n'a pas trouvé son public et il faut vraiment renouveler cette vision, les programmations, les expositions, la proposition de ce musée, parce qu'il faudrait vraiment que ce soit un outil pédagogique où chaque élève de France ou en tout cas d'Île-de-France, doit se rendre chaque année pour comprendre quelle est cette France dans laquelle on évolue aujourd'hui, dans laquelle on vit et soutenir les projets de recherche et de recherche d'action qui renouvellent aussi les données sur les quartiers populaires. Parce qu'aujourd'hui, on a beaucoup de choses autour de la radicalisation, du décrochage scolaire. C'est la dernière chose à mettre (inaudible) du décrochage scolaire, de la délinquance, etc. Mais on n'a pas beaucoup sur l'engagement des jeunes. On n'a pas beaucoup sur ce que les jeunes de quartiers populaires apportent à ce pays. Je pense que c'est important. Ils ont beaucoup de potentiel à donner à la France et il faut vraiment investir en eux. Merci.

 

 

 

 

Animateur

Merci beaucoup Inès. On a beaucoup parlé de récits, de votes, de participation électorale dans les dernières minutes. Peut être Monsieur le ministre du Renouveau... Oui, un petit mot rapide.

 

Olivier VÉRAN

En flash, bonjour à tous. D'abord, je suis impressionné. Depuis la première prise de parole jusqu'à la dernière, vous me bluffez. Moi, je suis issu, « on s'en fout un peu », vous me direz, mais de l'engagement politique, je suis pas mal de vos parcours parce que conseil municipal jeune, je coche, syndicaliste, lycéen, étudiant, je coche. Eh oui, comme quoi. Ce n'est pas le sujet. Madame la Première ministre, EMC, il y a une lettre de mission qui est dans un paraph, en haut de la pile à Matignon, cosignée par deux ministres, deux ministères, pour qu'on rénove tout du sol au plafond. Parce que ce que vous me dites, tout le monde le dit. Moi, je fais beaucoup de déplacements sur l'abstention, les jeunes me disent « Vous me demandez de voter, mais je n'ai pas appris. » Je pense qu'on doit être le seul pays européen d'ailleurs à apprendre la citoyenneté par des cours magistraux. Il n'y a pas de support pédagogique. Moi, je ne suis pas d'accord, pardon, avec la proposition, ce n'est pas la sécurisation des heures d'éducation morale et civique, c'est tout revoir. Parce qu'il faut que vous fassiez de la gamification, il faut que vous soyez dans les jeux de rôle, il faut que vous vous déplaciez dans les bâtiments qui évoquent la République. Moi, c'est comme ça que j'ai appris. J'ai eu de la chance d'avoir des enseignants qui avaient du temps et des moyens et des connaissances pour le faire. Ça, c'est en cours. Il y a une mission parlementaire qui part. Ce sera fait, Madame la Première ministre. Deuxième chose, sur la malinscription, évidemment. Ça, c'est le premier truc que mes conseillers m'ont dit aussi. On peut faire chuter de 10 à 15 points l'abstention. En fait, mathématiquement, juste en faisant en sorte que les gens soient bien inscrits sur la bonne liste, dans la bonne commune. Ça, on travaille des mécanismes. Il y a des propositions parlementaires de loi qui ont été écrites et qui seront peut-être examinées. Mais il y a aussi un travail gouvernemental qui est en cours sur cette question. Jeunes et participation citoyenne. Parmi les idées qui pourraient être évoquées, notamment sur les conventions citoyennes, il pourrait y avoir, pourquoi pas un jour, peut-être pas la prochaine fois, mais une convention citoyenne jeunesse dans laquelle on inclut justement des jeunes en baissant l'âge d'ailleurs, parce qu'aujourd'hui, c'est 18 ans. Il y avait des jeunes de 18 ans qui ont bossé sur la fin de vie, mais on veut baisser aussi le niveau de l'âge pour pouvoir faire peut-être justement des jeunes qui peuvent parler de la jeunesse. Et puis, un dernier petit point parce que je ne veux pas être long, je l'ai promis. Moi, je vous invite demain si vous venez venir avec moi, quand vous dites « Il faut que vous soyez face à des gens qui sont en colère ». Demain, je serai dans une petite commune du Var, dans une salle des fêtes un peu sombre, où j'ai demandé au maire de la commune, comme je le fais toutes les semaines, de prendre 30 ou 40 personnes qui ne votent pas. Comment il sait qu'ils ne votent pas ? Il prend les fichiers d’émargement aux élections, il voit des gens qui ne cochent jamais la case et donc il les appelle. « Est-ce que vous voulez rencontrer le ministre ? »« Oui. »« J'y vais sans presse. » On discute. Vous allez voir qu'on se fait engueuler et c'est hyper intéressant. Première question que je leur pose, c'est « Qui se demande ce qu'il fout là ? »« Vous ne votez pas et vous venez rencontrer un ministre. » Et là, le dialogue se noue. Et les jeunes vous disent tous « Je n'ai pas appris à voter » ou « Je fais de la politique parce que je vais sur Internet et que j'ai plus besoin de voter. Les institutions, je n'y crois plus. » Et puis les moins jeunes qui ne votent plus. Certains disent « Je ne vote plus parce qu'il n'y a plus de clivage et que du coup, je ne m'y retrouve plus. » Et d'autres disent « Je ne vote plus parce que vous n'êtes pas foutus de vous entendre. » Donc, venez avec moi si vous voulez demain, vous verrez qu'on se fait bien engueuler, mais qu'on apprend et qu'on n'est pas déconnecté.

 

Animateur

Comment gagner un voyage dans le Var en quelques secondes ? L'invitation est passée. Merci beaucoup Monsieur le Ministre. À côté de moi, j'ai aussi Anne-Elise qui a la chance de faire un service civique, qui est une des modalités d'engagement qu'on avait évoquées au début, mais dont on a peu parlé pour le moment. Je te donne le micro, je te laisse nous dire ce que tu penses.

 

Anne-Elise DEBAS

Bonjour Madame la Première ministre. Bonjour Mesdames et Messieurs les ministres. Bonjour à toutes et à tous. Je m'appelle Anne-Elise DEBAS, j'ai 22 ans. Je suis la créatrice du podcast SMILE, qui est un podcast qui parle de la santé mentale, du développement personnel et de la reconstruction à la suite des violences, notamment du harcèlement scolaire. Depuis le mois d'octobre 2022, je suis en service civique dans une école élémentaire parisienne en tant qu'intervenante contre le harcèlement scolaire. Mon rôle est de prévenir le harcèlement scolaire et d'améliorer le climat scolaire. Pour ce faire, pendant trois semaines, j'ai été en semaine d'observation afin de voir quels sont les problèmes des élèves. Comment ils se comportent entre eux et envers les autres. À la suite de cela, j'ai mené plusieurs actions au sein de l'école afin de résoudre les problèmes existants et d'améliorer le climat scolaire. Depuis le mois de novembre, j'organise des groupes de parole et des ateliers autour de la santé mentale, des violences telles que le harcèlement et le cyberharcèlement, ainsi qu'autour des valeurs humaines telles que l'amour de soi, la confiance en soi ou encore le respect de soi et des autres. Depuis le mois de mars 2023, j'interviens dans les classes de CE2 à CM2 pour échanger sur la question du harcèlement scolaire. Enfin, durant le temps de récréation, j'organise des temps d'échanges avec les élèves, que ce soit individuels ou collectifs, pour recueillir leurs paroles, notamment pour recueillir la parole des enfants qui sont victimes de violences ou bien qui ont été témoins de violences. Selon moi, être en service civique comporte trois grands avantages. Premièrement, cela nous permet, en tant que jeunes, de contribuer au bon fonctionnement de la société tout en étant engagés dans une cause qui nous tient réellement à cœur. En effet, le service civique nous permet d'avoir un pied dans le monde du travail tout en faisant une activité qui a du sens pour nous ainsi que pour notre parcours professionnel. Enfin, être volontaire nous permet également d'être rémunérés à hauteur de 600 euros par mois, non imposables, ce qui est non négligeable. Mais parce qu'il est toujours possible d'améliorer ce qui est mis en place pour les jeunes, dont je fais partie, après six mois de mission, voici quelques propositions que j'aimerais mettre sur la table afin de revaloriser le service civique. Afin d'aider financièrement les jeunes de 16 à 25 ans et jusqu'à 30 ans en cas de handicap, je pense qu'il est important de rehausser la contrepartie financière. Comment ? Voici trois propositions. Pour tous les jeunes du service civique, je propose une prise en charge totale du titre de transport, ce qui permettra aux jeunes de toucher l'intégralité de leurs salaires. Ensuite, je propose une bourse à hauteur de 3 000 euros pour tous les jeunes qui, durant leur service civique, ont mené des projets innovants et essentiels pour la société, afin qu'ils puissent les étendre sur une échelle locale, voire nationale. Enfin, je propose la mise en place de mentorats rémunérés. Chaque mois, du début à la fin de la mission, les volontaires pourront rencontrer des anciens volontaires du service civique afin d'échanger sur leurs missions et les anciens volontaires les écouteront, les aideront et les guideront à mener à bien leurs missions. Les mentors seront rémunérés à hauteur de 10 euros par heure, dans une limite de quatre heures de mentorat par mois. Pour terminer, voici trois propositions afin de rendre plus accessible le service civique. Premièrement, je propose que les missions s'étendent sur tout le territoire et dans tous les domaines d'activité. De cette manière, les jeunes pourront exercer le métier de leur rêve avant l'heure et savoir à quoi s'attendre. Ensuite, je propose que chaque mois, les volontaires d'un service civique donné aient l'occasion de rencontrer les volontaires d'un même service civique. Pour le petit exemple, ça serait dans mon cas, par exemple, ce serait de rencontrer tous les mois les personnes qui exercent les mêmes fonctions que moi, c'est-à-dire qui dans des autres écoles françaises, parisiennes en l'occurrence, ont pour mission de prévenir le harcèlement scolaire et de favoriser le bon climat scolaire au sein des établissements, au sein des écoles primaires. Enfin, je propose que les volontaires du service civique se déplacent bénévolement une à deux fois par mois dans les lycées et dans les foyers d'accueil afin d'informer les lycéens et les jeunes adultes en situation de handicap sur ce qu’est le service civique et de leur faire part de leurs expériences. De ce fait, cela pourrait encourager d'autres jeunes et d'autres adultes à s'engager. Madame la Première ministre, mesdames, messieurs les ministres, merci à vous de m'avoir écoutée.

 

Animateur

Merci à toi surtout, Anne-Elise, pour ces quelques mots. En face de toi, on a la chance d'avoir celle qu'on peut presque qualifier de maman du service civique ou en tout cas, je ne sais pas si le… Non, pas du tout. À l'inspiratrice du service civique, Marie TRELLU-KANE, qui est la fondatrice et dirigeante d'Unis-Cité. Marie, peut-être un complément sur ce qu'on peut faire de plus ou de mieux sur les services civiques, je te laisse la parole. 

 

Marie TRELLU-KANE

Je ne suis pas légitime aujourd’hui parce que je suis devenue vieille. Mais en écoutant tout ça, je me dis qu’on a créé Unis-Cité, c’était bien avant le service civique, j’étais jeune, j’étais jeune. Et les meilleures politiques publiques, enfin quand je vois que ça marche après toutes ces années, c’est celles qui sont inventées par les jeunes. Donc c’est quand même un bon signe. Effectivement, du coup, on a un certain nombre de plus vieux, mais en essayant de se nourrir des inputs des jeunes, avoir réfléchi dans le milieu associatif, dans les syndicats de jeunesse, etc, dans les mouvements de jeunesse à qu’est-ce qu’on peut faire pour rendre vraiment universel ce service civique ? C’est un appel du président de la République mais auquel on croit beaucoup. Étienne MATIGNON, le président de la FAGE, je crois, en ouverture du CNR Jeunesse, en avait parlé déjà. Donc on est un petit groupe à essayer de creuser sur quelles seraient les propositions. On est très convaincus, premièrement, que c'est triplement gagnant, cette affaire, pour les jeunes. C'est ce qu'on a dit, on a beaucoup parlé des jeunes qui s'engagent, déjà, même très... Moi, mon expérience, c'est que c'est aussi une manière de démocratiser l'engagement, parce que beaucoup de jeunes sont dans des milieux où on ne s'engageait pas et c'est pour eux la première étape, finalement, peut-être parce que c'est à temps plein, peut-être parce que c'est indemnisé, peut-être que c'est plus encadré. Ils osent et derrière, ils s'engagent et on a besoin de toute la population pour arriver à changer la France, pas juste ceux qui sont dans certains milieux. C'est une démocratisation de l'engagement. Évidemment, c'est un tremplin pour l'insertion, je ne vais pas le refaire, mais c'est aussi des jeunes et leur énergie et leur créativité pour la société, pour les associations et les services publics. Ça permet de refaire cohésion. On parle avec l'esprit du SNU, mais pas que. On a besoin de se souder, donc c'est triplement gagnant et on croit à ce projet d'universalisation. La première chose, c'est qu'il faudrait sans doute qu'on se donne une ambition. Aujourd'hui, on a peut-être de la place pour 10 % d'une classe d'âge. Quand on regarde les sondages, c'est plutôt 60 % des jeunes qui, une fois qu'ils sont vraiment informés de manière qualitative, disent « J'aimerais bien le faire. » Donc, on a une grosse marge. Je ne dis pas dans les 4 ans, mais peut-être dans les 10 ans, de se dire « Il nous faut une ambition de rendre vraiment universel. » Alors comment on fait ça ? On a plein de propositions, mais peut-être deux que je peux évoquer là. Une a déjà été évoquée par la jeune fille, que je ne connais pas, donc on ne s'est pas parlé avant. Tout va bien. C'est vrai qu'on a un sujet d'indemnisation. C'est 600 euros par mois pour tous les jeunes. Honnêtement, le fossé avec le seuil de pauvreté, c'est maintenant 500 euros, s'est creusé de 500 € par rapport à la création du service civique il y a maintenant 13 ans. Le fossé par rapport, par exemple, au niveau du SMIC, c'est creusé de plus 40 %. C'est vrai que ça s'est décroché et c'est peu stimulant, peu valorisant et peu attractif. C'est limite même décourageant. On a un vrai sujet d'essayer de rehausser le montant de l'indemnité, peut-être avec des indemnités différenciées entre 700 et 1 000, peut-être 1 000 pour les jeunes qui sont dans des familles plus défavorisées, qui sont des cohabitants, qui habitent seul, qui sont peut-être éligibles au CEJ. Tous les boursiers, pas simplement les niveaux CC7. Voilà, des choses comme ça. On a un vrai sujet d'indemnisation, honnêtement, puisque là, c'est décourageant et c'est élitiste, socialement, honnêtement. On a un sujet ensuite plus structurel de valorisation, de laisser aux jeunes le temps de vivre une expérience qui est citoyenne, là, mais qui est aussi juste prendre le temps de vivre une expérience et la question de l'année de césure, d'essayer de faire des respirations dans les parcours, notamment après le Bac, de promouvoir le fait que quand on fait un service civique, ce n'est pas juste une année de glande, c'est une année pour la société, on soit valorisé, on ne soit pas pénalisé en tout cas. Aujourd'hui, les jeunes ne savent pas ou savent trop peu, ils sont trop peu informés qu'ils peuvent faire une césure après le Bac, prendre le temps de réfléchir à ce qu'ils veulent faire plus tard. On a un tiers des jeunes qui échouent au bout de trois mois en licence, en L1. Avec le coût que ça représente pour la société, c'est quand même un énorme gaspillage. Alors que les jeunes qui prennent une année, c'est comme en Allemagne, dans les pays du Nord, on prend une année. Là, pour s'engager pour la société, on a l'opportunité d'avoir des jeunes qui auront mûri leurs projets, qui auront de l'expérience, qui auront grandi et qui, a priori, échoueront moins ou se tromperont moins d'orientation. Donc, on a un vrai sujet d'essayer de promouvoir cette année césure post-Bac. Évidemment, c'est aussi vrai à d'autres moments des parcours, entre la licence et le master, par exemple. Il y a beaucoup de gens qui se questionnent entre la licence et le master, ce n'est pas du tout promu. Ou même bien avant, c'est vrai qu'on a parlé des jeunes décrocheurs. On a un vrai sujet ensuite d'accessibilité derrière, mais que les jeunes, quand vers 14, 15, 16 ans, ils décrochent, c'est quand même dommage de les perdre de vue alors qu'on ne leur parle pas de ça, de pouvoir faire un temps pour la société qui permet de regagner confiance et de éventuellement repartir en formation initiale. Donc il y a plein de moments, enfin, il y a peut-être trois moments comme ça dans les parcours importants sur lesquels il faudrait promouvoir cette année de césure citoyenne que peut représenter le service civique. On a ribambelle de propositions pour la qualité. Je regarde Moussa là-bas, il va me dire je n'ai pas dit tout ce qu'il avait dit. On a plein de propositions pour faire le lien entre l’EMC  et c'est un autre dans les parcours de rappel et on en reparlera plus tard!

 

Animateur

Merci beaucoup Marie. Tu t'es tournée de l'autre côté de la salle, sur votre gauche, Madame la Première ministre, vers Moussa avec qui on réfléchit aussi à des propositions dans le cadre du Conseil national des jeunes. Moussa, toi, tu es capitaine de pompiers et tu voulais nous parler d'un ou deux sujets. Je te laisse la main.

 

Moussa

Bonjour à tous. Effectivement,... Je vais me lever. Plusieurs sujets. On a parlé beaucoup d'engagement aujourd'hui. Je viens de Seine-Saint-Denis et je vous assure que la Seine-Saint-Denis est le plus beau département de France et c'est un département très engagé. Inès peut en témoigner. On a beaucoup réfléchi sur cette question d'engagement. Aujourd'hui, on a beaucoup de parcours d'engagement qui peuvent être différents. On a parlé de l'engagement associatif en tant que bénévole, on a parlé du SNU, du service civique. Et ensuite, nous, ce qu’on avait imaginé, c’est à la fin de tout cela, comment ça se passe avant d’entrer dans la vie professionnelle, comment est-ce qu’on peut valoriser le tout ? C’est faire partie d’une réserve. Aujourd’hui, également, quand on regarde, il y a beaucoup de réserves qui existent : des réserves citoyennes, réserve citoyenne de l’Education nationale, réserve citoyenne… Enfin réserve opérationnelle de la police, de la gendarmerie. Il y a même les sapeurs-pompiers volontaires qui font partie de ces réserves-là, et la Croix Rouge, la Protection civile. La problématique, c’est que, effectivement, ces réserves existent mais beaucoup ne le savent pas. Pour le savoir, il faut s’y intéresser. Moi, quand je suis entré chez les sapeurs-pompiers, j’étais sapeur-pompier volontaire parce que je m’y suis intéressé. Mais dans nos quartiers populaires, beaucoup ne savent pas qu’il y a cette possibilité là de s’engager et de servir à la nation. Je voulais faire une petite parenthèse : en France, la distribution des secours se fait par les pompiers, et 80 % des pompiers en France sont volontaires. Donc 80 % des pompiers en France font partie d'une réserve, et pour beaucoup ont entre 20 et 30 ans. Mais malheureusement, pour en faire partie très souvent, c’est mon père était pompier ou mon frère ou j'ai des connaissances dans ma famille. Nous, dans nos quartiers, personne n'est au courant de ça. On en parlait ce matin en réunion, la semaine dernière dans notre commune à Gonesse, là où je suis chef de centre, on a déplacé la caserne dans le lycée pendant une journée pour que, justement, les lycéens puissent découvrir les sapeurs-pompiers, savoir qu’'ils ont la possibilité de s'engager avec nous dès 17 ans, et forcément ça va nous permettre de raffermir les rangs des pompiers aujourd'hui. La grande problématique nationale, c'est que, justement, chez les pompiers, on a du mal à recruter des sapeurs-pompiers volontaires et il en faut de plus en plus, surtout au vu des problématiques notamment climatiques qu'il y a aujourd'hui. Et cet été, on va être confronté à de gros soucis. Et donc on pense vraiment que c'est une question de communication : comment faire pour, pour intégrer une réserve, réserve citoyenne, réserve civique, passer par des plateformes qui existent déjà aujourd'hui. Il y a plusieurs plateformes qui existent, comme JeVeuxAider, comme Un jeune, une solutio, et il faut se servir de ces plateformes là justement pour que les jeunes qui se connectent puissent avoir l'information, qu'ils aient la possibilité de s'engager, de faire partie d'une réserve. Et ensuite également une possibilité qu'on pourrait ajouter, c'est valoriser ces réserves-là. On en a parlé, quand on intègre un service civique, il y a une indemnisation. Il y en a certains qui ont proposé justement de rembourser les trajets, etc. Il peut y avoir plein de dispositifs dans ce sens là qu'on peut imaginer pour les jeunes qui s'engagent dans ces réserves-là. Et voilà notre proposition. Et on y travaille actuellement avec les ministres justement pour aller un peu plus loin, et Marie. Merci.

Animateur

Merci Moussa. Juste à ta droite, garde peut-être le micro parce qu'on a parlé de différentes formes d'engagement au départ. Alexandre, ou Dash pour les intimes quasiment (inaudible), toi, t'es à l'origine d'un événement incroyable The Event régulièrement chaque année et je crois que tu voulais nous en dire un mot. Merci d'être là.

 

Alexandre

Merci beaucoup de me recevoir. Merci Mathieu. Bonjour Madame la Première ministre, bonjour à toutes et à tous. Moi, je suis un peu un intrus dans la pièce parce que je suis un entrepreneur dans le milieu du jeu vidéo. Donc du coup c'est un divertissement et l'engagement est différent chez nous. Parce que c'est vrai que quand on parle de la jeunesse, on pense souvent à l'engagement politique, on pense souvent à consommer éco-responsable, à plein de choses comme ça, aider les personnes âgées, les sans abris, et ce sont des causes très nobles et il ne faut pas les négliger bien évidemment. Mais en fait, nous, on a choisi de faire de l'engagement d'une autre manière, qui est de mettre notre expertise au service du coup des ONG. Et donc chaque année, cet événement, The Event, qu'on a créé en 2017 avec mon associé, il rassemble des professionnels de l'industrie du jeu vidéo qui se mobilisent tous ensemble pour encourager notamment les jeunes à faire des dons pour des associations caritatives. Et du coup, pendant les deux dernières éditions de l'événement, on a quand même réussi à collecter plus de 10 millions d'euros chaque année. Et ce rayonnement de l'événement et son succès, on le doit énormément à l'engagement de la jeunesse. Donc c'est plus un retour d'expérience, un petit témoignage. Je n'ai pas vraiment de suggestions à vous apporter. Peut-être qu'on peut créer des passerelles de communication pour valoriser ce genre d'engagement aussi. Parce que finalement, nous qui avons créé cet événement, on n’est plus non plus dans la jeunesse nous-mêmes, on a dépassé la trentaine, ça y est, on est has been, non mais c’est vrai… Dans mon domaine d’activité, c’est vrai. Mais en tout cas, on est soutenu par beaucoup de jeunes et je pense que, de leur point de vue, cet investissement qu’ils mettent à profit pour nous soutenir et nous faire rayonner, il n'est pas si valorisé que ça, il n’est pas si important que ça à leurs yeux. Et peut-être que les institutions ou je ne sais pas on pourrait trouver un moyen de valoriser ça et de les remercier, de le saluer et puis peut-être pareil de donner des points, de trouver quelque chose. Je n'en sais rien, mais en tout cas je pense que ça a son importance et, moi, j'en suis très très reconnaissant. Merci beaucoup pour votre attention.

 

Animateur

Merci beaucoup, Alexandre. C'est vrai que le The Event a pris vraiment une ampleur assez importante. Pardon, Madame la ministre.

 

Sarah EL HAIRI

En micro exemple juste pour illustrer, les jeux vidéo, ils ont un rôle énorme même dans l'apprentissage des futurs engagements. Il y a plein de… Aujourd'hui, y a des tests qui sont faits pour apprendre par exemple les gestes qui sauvent, en fait pour garder des réflexes. Demain, apprendre à voter, mais en tout cas en s'amusant. Et j'avoue, j'ai 34 ans donc je suis passé de l'autre côté, mais mais mais… SimCity, qui a joué à SimCity ? Voilà. SimCity, c'est le premier moment où tu fais de l'aménagement du territoire, d'une certaine manière. En tout cas, moi, c'est comme ça que j'ai préparé mes élections municipales.

 

 

 

Animateur

Magnifique. Merci, Madame la ministre. Alexandre, t’as parlé tout à l'heure dans ta prise de parole de l'engagement par aussi les achats environnementaux, la conscience environnementale. On a eu sur ma droite Laure, qui est aussi une entrepreneuse très engagée qui voulait nous parler je crois de ce sujet. Je t'en prie.

 

Laure

Bonjour à toutes et à tous. Donc moi aussi, je suis dans l'équipe des trentenaires et dont je suis la cofondatrice de Fairly Made, qui est donc une entreprise de 50 personnes. Et aujourd'hui, on a développé un logiciel qui aide les marques de mode à améliorer leurs impacts sociaux et environnementaux. Donc aujourd'hui, on est là pour parler de l'engagement du citoyen. Moi, je pense vraiment que pour faire changer les choses, il faut que ce soit un engagement qui soit pris au niveau du citoyen, mais aussi des entreprises et de l'État. Donc, pour parler du sujet, moi j'ai pris le prisme de la consommation parce que la façon dont on consomme, c'est aussi une façon de voter. Et donc pour ça, il faut avoir les bonnes informations. Donc mon sujet, vous l'aurez compris, c'est le sujet du textile. C'est donc le sujet dans lequel je travaille depuis maintenant plus d'une dizaine d'années et donc qui est l'un des secteurs les plus impactants, à la fois sur le plan social et environnemental. Social parce qu'il y a plus de 50 % des vêtements que l'on importe qui viennent d'Asie, avec évidemment des minimums sociaux qui ne sont pas les mêmes, avec beaucoup de risques associés, notamment sur le travail forcé ; et environnemental parce que c'est une industrie qui est très consommatrice en eau, en produits chimiques et qui génère beaucoup de déchets. Donc tout ça, on l'a constaté en allant sur le terrain avec mon associée, qui est aussi une de mes meilleures amies. On a visité plus de 200 usines à l'autre bout du monde, et donc on l'a constaté en tant que citoyenne. Et on a décidé de lancer une entreprise pour faire accélérer les choses et cette prise de conscience face aux impacts. La bonne nouvelle, c'est que la France avance. Grâce à la mise en place de la loi Agec qui est la loi anti-gaspi pour l'économie circulaire qui va donc obliger les marques à indiquer sur leur étiquettes ou sur leur site plus d'informations sur le prix de fabrication, qui n'est parfois pas significatif quand on parle de la dernière étape. Et donc maintenant on doit indiquer aussi le pays de tissage, de teinture et de confection. Et donc je constate au quotidien vraiment à quel point les entreprises progressent pour se mettre à niveau sur ces enjeux. Mais je pense que la France peut aller encore plus loin et elle se doit de le faire avec la mise en place de l'éco-score que je défends aujourd'hui. Cet éco-score, il faut absolument qu'il soit fait, qu'il soit juste, qu'il soit calculé selon des bons critères. Et là, je pense qu'il faut utiliser l'analyse de cycle de vie, qui est donc un process qui est iso-normé, qui prend en compte tous les aspects de la vie du vêtement. Il faut également prendre en compte la totalité des quantités qui sont produites par les marques et il faut également s'appuyer sur des bases de données qui soient les plus complètes possibles et dans laquelle il faut absolument investir. Il faut l'implémenter au plus vite pour pouvoir résoudre l'enjeu écologique majeur auquel on fait face. Ce serait évidemment pour les citoyens un moyen de faire des choix plus avisés. Et on disait tout à l'heure être citoyen, ça s'apprend, mais ça s'apprend avec les bons outils et évidemment, un accélérateur. Deux temps de transition pour les marques, extrêmement puissant. Donc dimanche 23, ça va être la Journée internationale de la Terre. Donc je pense que c'est des sujets évidemment de fond qui doivent être traités tout au long de l'année et de façon prioritaire, mais c'est peut-être l'occasion de prendre des engagements forts pour la France qui vraiment a la possibilité de devenir un role model sur le sujet, à la fois au niveau européen et au niveau mondial. Je vous remercie.

 

Animateur

Merci beaucoup, Laure. Et je crois que tu illustres aussi, toi, une autre manière de s'engager directement qui est aussi d'essayer de faire des entreprises écoresponsables ou engagées socialement. Peut-être pour terminer, puisqu'on arrive bientôt au terme de notre session, on a la chance d'avoir entendu plein de voix engagées et aussi on a des entrepreneuses ou des entrepreneurs très engagés. Mathilde, et ensuite Julien, je voudrais vous donner la parole pour des prises de parole si ça vous va un peu ramassées.

 

Mathide FOUQUET

Bonjour a tous. Je m'appelle Mathilde FOUQUET, j'ai 17 ans, je suis en terminale. Et Contrairement aux autres lycéens qu'on a pu entendre, je ne suis pas engagée dans les CVL tout ça tout ça. Je suis plutôt engagée sur les réseaux sociaux. Donc j'ai une communauté qui est essentiellement constituée de lycéens et j'ai la chance de pouvoir avoir directement la voix des lycéens et les entendre directement. Et je peux vous dire, oui, ils ont envie de s'engager, mais ils ont des obstacles qui sont devant eux. Donc on l'a déjà dit, l’EMC, on ne va pas revenir dessus, mais voilà il faut changer. Après, j'ai entendu le fait de valoriser sur Parcoursup l'engagement citoyen. Je pense que c'est un truc qui est un petit peu compliqué parce que, actuellement, je crois que les délégués, du moins c'est ce que les profs nous disent, c'est valorisé d'être délégué sur Parcoursup. Et le problème, c'est que c'est les gens un petit peu populaires entre guillemets qui vont être élus. Cette année, par exemple, j'ai pas été élue déléguée, c'est quelqu'un… Voilà. Pourtant, c'est quand même moi qui vais voir les profs pour leur demander de changer les cours donc voilà… Donc je pense que faire cette chose là sur un Parcoursup, c'est un petit peu compliqué parce que, du coup, il va y avoir des personnes qui vont essayer de passer un petit peu pour avoir les avantages. Et même il y a des choses, par exemple, il y a des personnes qui s'engagent de manière différente via les réseaux sociaux et via  des choses qui sont un petit peu moins formelles. Donc je pense que plutôt que valoriser sur Parcoursup, il vaudrait peut-être mieux créer un genre de prix, une distinction : au même titre qu'on a la Légion d'honneur, on pourrait avoir un prix qui accompagne les élèves, qui les soutient dans leur projet, etc. Mais pour les projets donc pas que participer au CVL, pas que être délégué, même si c'est vraiment très très bien, mais aussi d'autres projets. Voilà peut-être plus atypique, et pour ne pas avoir que cette chose là formelle. Parce que là, le problème, c'est que j'ai l'impression qu'on encourage un petit peu trop, oui, le vrai engagement institutionnel qui est très très bien et qu'il faut encourager, mais il faut encourager un petit peu toutes les sortes d’engagement.

 

Animateur

Merci beaucoup, Mathilde. Madame la ministre de l'enfance, Charlotte CAUBEL.

 

Charlotte CAUBEL

Je me glisse simplement pour dire, Madame la Première ministre, que l'engagement, on le voit bien, et la citoyenneté, ça s'apprend et ça doit s'apprendre très très tôt. On a vu que Sarah a voté pour sa cantine dès le primaire et je crois que c'est très important de démarrer dès l'école pour trois leviers : connaître les institutions et les pratiquer très rapidement, par exemple le Parlement des enfants où les enfants viennent au Parlement. Des choses comme ça, il faut le mettre en valeur. La deuxième chose, pour moi, c'est avoir déjà très vite des petits projets d'engagement qu'on valorise très rapidement dans les écoles, dans les villes, dans les quartiers, pour les enfants. Et la troisième chose, c'est, et ça on l’a un peu entendu partout Madame la Première ministre, c'est entendre la parole des enfants et des jeunes et en tenir compte. Dans quelques jours, je serai devant l'ONU à Genève pour parler des droits des enfants et des jeunes. Et on va me demander si, en France, on écoute la parole des enfants et si on en tient compte. Et par exemple, un des projets sur lequel on avait échangé avec la présidente de l'Assemblée nationale, c'est d'avoir une petite niche parlementaire pour les enfants et les jeunes, donc qu'ils viennent proposer un certain nombre de textes pour pouvoir en discuter et après peut-être le mettre au vote des adultes. Mais en tout cas, donc pratiquer les institutions, le plus tôt possible en entendre parler, avoir des petits leviers d'engagement très, très vite. Et bien sûr, entendre, écouter et prendre en compte la parole des enfants.

 

Animateur

Merci beaucoup Madame la ministre. Et j'avais promis du regard, et c'est aussi une autre forme d'engagement qu'on a parfois à l'école, Julien, toi, tu as créé une entreprise engagée en recyclant, je crois que tu as même apporté des échantillons…

 

Julien

Effectivement. Bonjour à tous. Je me suis engagé, du coup je vais présenter du coup un sujet qui touche deux thématiques, à la fois l'engagement au quotidien et aussi la partie écologique, qui va rattraper du coup les wagons des anciens CNR qu'il y avait eus sur l'écologie. Donc nous, on en fait, je vais vous présenter un peu comment je me suis engagé. Je me suis engagé en créant une entreprise pendant mon stage de fin d'études, donc je suis tombé dedans à la sortie de l'école. Je suis ingénieur généraliste de base et j'ai fondé TchaoMégot qui est une entreprise qui a pour but de collecter, dépolluer et recycler les mégots de cigarette. J'ai créé cette entreprise parce que c'est parti d'un constat : on jette aujourd'hui 25 000 tonnes de mégots en France, ça représente à peu près trois fois le poids de la tour Eiffel, et c'est des chiffres qui sont assez problématiques quand on sait qu'un seul mégot peut polluer jusqu'à 500 litres d'eau à lui tout seul. Donc j'ai voulu, en tant qu'ingénieur, mettre à profit mes compétences à disposition de l’environnement et pouvoir faire rimer à la fois environnement, entrepreneuriat et économie aussi, puisque c’est parce qu'on fait de l'économie qu'on peut faire de l'écologie. Et c'est ce qu'on a essayé de développer dans TchaoMégot. Donc on est une entreprise, on a développé trois activités : on a des solutions de collecte, donc on met en place des solutions chez des entreprises et des collectivités pour collecter les mégots, pour sensibiliser aussi au danger du mégot pour l’environnement mais aussi pour l’humain, pour ne pas inciter les gens à fumer plus. Et après, c’est de les collecter nationalement pour pouvoir les dépolluer et ensuite les recycler. La vraie innovation, c’est qu’on a mis en place une technologie qui arrive à extraire les substances toxiques sans utiliser d’eau et sans utiliser de solvants toxiques. Donc, on utilise seulement un solvant neutre qui tourne en circuit fermé, c’est ce qui permet de récupérer 99,7 % de la fibre qu'on arrive justement à recycler en ces fameux matériaux isolants. Donc je suis désolé s'il y a des fumeurs dans la salle, j’ai peut-être gâché votre journée, mais ça, c'est ce qu'on vient de décrocher du coup du mégot en concentré. Donc on s'est lancé dans cette activité. On a connu une hypercroissance, on la connaît encore. Là, on a deux ans d'existence en personne morale. On est une vingtaine de personnes au sein de l’entreprise ; on génère 1,6 million d'euros de chiffre d'affaires et les bénéfices qu'on génère de l'activité, on les réinjecte pour développer justement les technologies, pour pouvoir avoir un maximum d'impact sur cette filière. Donc aujourd'hui, on a vraiment essayé d’innover pour pouvoir avoir de l'impact au niveau de l'écologie, mais on se retrouve confronté aussi à des problèmes des fois qui permettent… enfin ou qui permettent… enfin qui créent des fois… qui peuvent décourager dans l'engagement justement. On parlait de la loi AGEC tout à l'heure, il y a une filière qui s’est mis en place sur la filière REP justement. Ça a été pour moi… j'étais très optimiste parce qu'on avait des solutions ; on avait des technologies performantes qui ont été reconnues par l'Etat. On était labellisés (inaudible) e-tech innovation par le ministère de la Transition écologique. On a aussi travaillé avec les laboratoires d'Etat comme Ineris par exemple, qui est un laboratoire très reconnu ; et on n'arrive pas à s’intégrer dans ces filières, donc c'est… Tout à l’heure, Monsieur le plus jeune maire de France, je suis désolé, j’ai oublié ton prénom, expliquait qu'on cherchait justement des fois des réponses dans l'institutionnel et aujourd'hui on se retrouve confronté à ça ; on lutte contre… enfin on n'arrive pas forcément à rentrer ou être considéré puisque aujourd'hui, il y a une filière qui se met en place, elle propose de collecter les déchets, mais il n'y a pas forcément de chose sur le traitement. Et ce qu'on aimerait, c’est pouvoir mettre en avant ces technologies, qu’il puisse y avoir des sortes de reconnaissance et que ça puisse nous permettre non pas de voir la filière comme une menace, mais plus comme une opportunité pour pouvoir continuer de faire croître ces innovations et pouvoir justement les déployer à beaucoup plus grosse échelle. Donc c'est vrai que c'est un premier sujet aujourd'hui sur lequel on se retrouve confronté. Donc l'idée, c'est aujourd'hui, c'est vraiment très ciblée sur notre activité, mais ça peut être aussi sur d'autres activités, sur d'autres filières, de voir comment ces filières peuvent intégrer ces innovations pour pas que ce soit une menace puisque aujourd'hui, ils vont collecter pour incinérer. Donc l'idée, ça sera plus collecter pour traiter, parce que sinon on crée une filière spécifique pour remettre quasiment à la poubelle, donc on crée un flux de transport qui va remettre dans le même mode de traitement que si on n'avait pas créé ce flux. Ça, c'est le premier sujet. Et après il y a d'autres, aussi, obstacles auxquels on se retrouve confrontés, notamment sur les projets innovants, parce qu'on essaye de travailler avec des acteurs publics, mais c'est très compliqué de proposer des choses innovantes sur les parties publiques. Donc c'est voir comment on peut être, dans les solutions qui sont proposées, de voir comment les entreprises innovantes peuvent éventuellement peut-être être reconnues et intégrées dans les échanges pour pouvoir justement, aussi sur la partie législative ou d'autres aspects, être accompagnées sur ces sujets-là. Voilà, je vous remercie.

 

Animateur

Merci. Merci Julien. Peut-être une dernière prise de parole avant votre conclusion, Madame la Première ministre. Il y a quelques jours maintenant, j'ai eu la chance d'assister à la filiale internationale de l'association Eloquentia qui fait la formation de la prise de parole en public et qui permet de faire émerger des jeunes talents d'un peu partout. Nina, tu as remporté haut la main ce magnifique concours et du coup, on te donne une carte blanche pour terminer cette session. Je t’en prie.

 

Nina FLEURY-PANEL

Je vous ai compris. À tous les jeunes dans cette salle, à tous les moins jeunes, je vous ai compris. Nous voilà tous réunis dans cette salle, Madame la Première ministre, Messieurs les ministres, vous êtes entouré de jeunes qui ont eu le cœur battant, les mains moites, qui ont beaucoup stressé à l'idée de parler. Et je les ai compris. Seulement, je ne suis pas certaine que vous, les ayez compris. Nous sommes jeunes, nous portons de nouveaux combats, nous portons de nouvelles normes, nous nous engageons aujourd'hui plus qu'hier, et nous nous engagerons demain plus qu’aujourd'hui. Nous n’en pouvons plus de vos mots, de vos allocutions à n'en plus finir, avec votre langage pompeux qui coupe une partie de la population des informations directes. Nous voulons maintenant des actes et nous attendons de vous, vous voir agir. Aujourd'hui, vous l'avez dit, nous sommes face à deux situations paradoxales. La première, c'est que les jeunes s'engagent aujourd'hui plus que jamais. La seconde, c'est que les jeunes sont complètement déconnectés de la vie politique actuelle. Environ la moitié des jeunes ont refusé de participer au combat entre Macron et Marine LE PEN. C'est 69 %, un chiffre plus grand a été cité, de jeunes qui n'ont pas participé aux élections législatives. Face à ces constats, personne ne nous a demandé pourquoi ? On a entendu sur toutes les chaînes de télévision : c'est vraiment dommage que ces jeunes ne comprennent pas les enjeux républicains et ne comprennent pas la grandeur de la démocratie. Vous-mêmes, vous avez dit, vous avez mis la faute sur le décodage des programmes nationaux. Ce que vous avez fait, Madame la Première ministre, c'est du mépris social. Madame la Première ministre, seuls 4 députés de Renaissance ont moins de 30 ans à l'Assemblée nationale, contre 58 dans la catégorie des 50-60 ans. Nous nous sommes abstenus aux présidentielles pour ne pas choisir entre la peste et le choléra. Puis nous nous sommes abstenus parce que nous ne voulions pas voter pour des personnes qui ne comprendraient pas les enjeux et voteraient pour des lois qui ne les concerneraient pas. J'ai 21 ans, Madame la Première ministre, vous en avez le triple. Vous avez eu presque, vous avez eu 41 ans de plus que moi pour comprendre et pour apprendre à écouter. Aujourd'hui, j'ai l'honneur de parler devant vous, je vous demande l'honneur d'être écouté. Si vous voulez vraiment notre avis, si nous sommes vraiment la priorité, laissez-nous la place. Nous sommes talentueux, multiples, réfléchis, intelligents. Aujourd'hui, dans cette salle et ailleurs partout en France, il y a des jeunes qui feront d'excellents ministres, j'en suis sûr. Je m'appelle Nina FLEURY-PANEL. Comme tous les jeunes dans cette salle, je vous demande d'agir vraiment afin que ces rencontres jeunesse de Matignon soient plus qu'un coup de comm. Pour une fois, croyez en nous. Madame la Première ministre, nous allons construire un nouveau monde. Nous allons construire le monde de demain et nous vous demandons aujourd'hui de ne pas y faire obstacle.

 

Animateur

Merci Nina. Madame la Première ministre pour le mot de conclusion.

 

Élisabeth BORNE

Merci. Donc vous aurez compris que l'expression est libre et qu'on vous écoute, au moins on essaie de le faire. Donc peut-être, car moi je porte la conviction et je pense que les ministres qui sont avec moi aussi, qu'on a besoin de la jeunesse. On a besoin d'une jeunesse engagée et là, on est rassuré, et qu'on a aussi besoin d'une jeunesse qui s'engage pleinement dans notre vie démocratique. Je pense que vous l'avez tous évoqué, c'est notre responsabilité d'encourager et de faciliter l'engagement. J'ai compris qu'il y avait un point de consensus sur la nécessité de revoir l’EMC. C'est un point qui nous rassemble, on va dire, voilà. Et je pense que effectivement, on a tous en tête que ça ne se fera pas forcément avec des cours théoriques, mais que c'est sans doute le premier moment où on peut, y compris quand on est dans un environnement où l'engagement n’est peut-être pas valorisé, découvrir l'engagement. Et moi, j'ai été frappée, et je pense que vous l'avez très bien dit, finalement, l'engagement appelle l'engagement, c'est parce qu'on s'engage qu'on a envie de s'engager, parce qu'on mesure finalement la capacité qu'on peut avoir à toutes les échelles de changer. Donc vous l'avez dit dans des formes différentes, mais je pense qu'on s'engage en général parce qu'on a envie de changer les choses ; on a plutôt envie d'améliorer la vie de nos concitoyens et c'est la base de l'engagement qu'on peut découvrir dès qu'on a pu rentrer, par exemple, dans les conseils de la vie lycéenne, quel que soit leur niveau. Moi, j'entends aussi des sujets qui se font écho sur la nécessité d'une éducation aux médias. Il y en a beaucoup plus qu'avant. On peut comprendre aussi, et on en est très conscient, sans doute, qu'on ne s'exprime pas forcément par les bons médias, qu'on ne passe pas par les bons canaux que vous souhaitez du débat. Donc vous avez compris que le ministre va se faire engueuler, mais en général hors caméra, mais ça peut aussi se faire devant les caméras.

 

Intervenant non identifié

(inaudible).

 

Élisabeth BORNE

Voilà, c’est ça. En tout cas, on a ce sujet d'éducation aux médias, moi, j'en suis aussi conscient dans notre avancée, la nécessité d'avancer sur ce sujet et d'avoir des formes à la fois des contenants peut-être, si je peux dire, qui sont plus innovants. Et c'est ce que vous avez évoqué sur la nécessité de soutenir l'entrepreneuriat citoyen, et puis aussi des contenus et des modèles, des formes de débat qui répondent plus aussi à ce qu'attendent les jeunes. Ça, moi, j'ai bien noté ça aussi. Sur peut-être la reconnaissance de l'engagement, je pense qu'on a sans doute beaucoup à faire, alors on voit que c’est complexe… on voit que c’est complexe de savoir quels engagements on reconnaît. Mais en tout cas, je n'ai pas de doute, enfin, je suis convaincue, vous l'avez dit, que ça prend du temps et que ça devrait être valorisé dans un parcours scolaire, universitaire. Donc, il y a différentes pistes auxquelles on peut penser des points, des bonifications. On a des bons exemples avec le SNU, vous avez dit on a le code. Ça peut aussi être une façon de reconnaître l'importance de l'engagement. Mais en tout cas, je pense qu'il faut vraiment qu'on y travaille. Ça fait partie de l'apprentissage de la vie, cet engagement, et donc il faut que ce soit reconnu dans son parcours d'apprentissage et donc éventuellement dans les diplômes ou l”accès à certaines formations comme le Parcoursup. On a noté des pistes de progrès sur le service civique et de faire mieux connaître le SNU. Peut-être sur le passage à la vie citoyenne et à l’engagement dans le cadre des élections, moi, j'ai noté qu'il y a peut-être le sujet le plus simple, c'est les questions pratiques. Donc on aurait tort de ne pas avancer sur les questions pratiques puisque manifestement, c'est une partie de la solution. Ensuite, ce qui est sans doute plus compliqué et vous l'avez dit, c'est aussi qu'on ait envie de s'engager, qu'on y croit. Et là, je pense que ça rejoint du coup le fond, on a peut-être, ça fait le pont avec certaines prises de parole sur l'écologie parce que je pense qu'on n’a aucune raison d'imaginer que 2050, ça sera la catastrophe. Ce sera aussi une société neutre en carbone et c'est notre responsabilité à tous. Il y a eu d’excellentes lois, AGEC, insuffisamment connue, et sans doute on doit aller plus loin et rassurer aussi sur le fait qu'on est résolument engagé dans une trajectoire qui nous conduit bien à la neutralité carbone en 2050. Et je pense que c'est là où le… enfin la forme ou l'engagement ne peut pas aller sans un contenu et des engagements politiques de notre part qui donnent envie de se dire que voilà, ça peut même bouger et on a aussi ce chemin qui amène à une société neutre, en carbone et respectueuse du vivant en 2050. Je pense que c'est un enjeu majeur pour l'engagement de la jeunesse. Et peut-être vous avez pointé l'autre sujet majeur, je pense, pour l'engagement de la jeunesse, c'est aussi de se dire que quel que soit le lieu où on habite, quelle que soit son origine et quel que soit peut-être son milieu social, chacun a sa place dans notre société. Je pense que c'est sans doute ces deux piliers sur lesquels il faut qu'on donne des preuves à la jeunesse, de notre envie d'avancer et d'avancer avec vous. En tout cas, merci beaucoup pour ces échanges très riches. Il y a beaucoup d'idées et on va essayer d'en faire le meilleur avec audace pour préparer notre feuille de route jeunesse. Merci à vous.

 

Animateur

Merci à tous.

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