France 2030 | Interview de Lise Alter, directrice de l'Agence d'innovation en Santé : « Il faut être dans l’anticipation et non plus dans la réaction »

Ce contenu a été publié sous le gouvernement de la Première ministre, Élisabeth Borne.

Publié 04/01/2023|Modifié 04/01/2023

Arrivée le 21 novembre 2022 au secrétariat général pour l’investissement en tant que Directrice de l’Agence d’innovation en santé, Lise Alter revient dans cette interview son parcours, ses missions et sur les objectifs qu’elle souhaite atteindre avec ses équipes.

1/Pourriez-vous revenir sur les grandes étapes de votre parcours qui vous ont menée au SGPI ?

Je suis médecin de santé publique de formation, avec un parcours à la fois dans le secteur public et dans le secteur privé. Outre mes expériences cliniques, j’ai notamment eu la chance de travailler dans les trois directions du ministère de la Santé ainsi qu’à l’assurance maladie, mais aussi durant quatre ans dans l’industrie pharmaceutique chez Lilly France où j’ai pris la direction de la Business unit oncologie. Dans chacune de ces expériences, j’ai pu me frotter à différents types d’innovations (cliniques, pharmaceutiques, organisationnelles, administratives…), et cela m’a convaincu de son importance vitale pour notre système de soin.
Plus récemment, j’ai été en charge à la Haute Autorité de Santé de tous les enjeux d’évaluation des technologies de santé au sens large (médicaments, actes et dispositifs médicaux, vaccins). La nécessité d’accélérer les process et de permettre à la population d’accéder à des solutions innovantes dans le contexte de la crise covid, m’a conduit à restructurer et renommer la direction en « direction de l’évaluation et de l’accès à l’innovation ».
Je souhaite à présent capitaliser sur ces différentes expériences pour mettre sur les rails au plus vite de manière opérationnelle, au SGPI, la nouvelle agence d’innovation en santé.

2/ En tant que directrice générale de l’AIS, quelles sont vos missions ?

Ma mission principale est le pilotage et la coordination des travaux interministériels en matière d’innovation en santé. L’agence doit permettre d’optimiser les synergies entre tous les acteurs de l’écosystème de l’innovation en santé en France.
Il s’agit tout d’abord d’assurer le suivi des actions et des crédits France 2030. L’agence s’inscrit dans cette ambition de faire de notre pays l’un des plus innovants et souverains en Europe dans le domaine de la santé, avec plusieurs priorités claires dont quatre stratégies d’accélération ambitieuses (concernant la production de biomédicaments, les maladies émergentes et les menaces NRBC, le numérique en santé, et les dispositifs médicaux innovants).
L’Agence aura également pour mission d’animer les travaux sur la prospective en santé, de façon à mieux caractériser et anticiper l’impact des innovations à venir sur le système de santé.
Au-delà de cette mission prospective, l’Agence va se structurer autour de l’accélération et de la simplification des process réglementaires et administratifs. Il s’agit de faire en sorte que tout au long de la chaîne de valeur, nous puissions garantir les délais les plus courts possibles afin d’accélérer la mise à disposition des produits de santé innovants pour les patients.
Nous allons également accompagner de façon personnalisée un certain nombre de porteurs de projets innovant prioritaires – le cœur de cible repose sur les healthtech grâce à un accompagnement financier, institutionnel et organisationnel.
J’ajoute à cela l’ambition de l’agence d’être ancrée au sein des territoires  afin de jouer un rôle de catalyseur au sein de l’écosystème de l’innovation en santé en région pour favoriser et stimuler la création de filières.

3/ Au regard des enjeux actuels (souveraineté, innovation, relocalisation), quels sont les objectifs que vous souhaitez atteindre avec l’AIS ?

Ils sont d’abord ceux fixés par le plan France 2030 : l’AIS ambitionne de positionner la France sur la scène internationale comme l’une des nations les plus innovantes en Europe et souveraine avec une capacité à sécuriser ses approvisionnements.
Ensuite, permettre à la France de se doter d’une stratégie en matière d’innovation et de recherche en santé qui soit partagée en interministériel avec des priorités claires et lisibles. L’AIS devra également mettre en place un système de veille et d’analyse prospective nous permettant d’anticiper et non pas subir l’arrivée des innovations.
Enfin, l’AIS doit permettre d’accélérer le développement des entreprises et gagner un temps significatif dans le cycle de développement des produits de santé innovants pour que les patients puissent en bénéficier le plus vite possible : il faut plusieurs décennies entre une découverte et la mise sur le marché d’un médicament ; durant la crise Covid, ce temps a pu être réduit à quelques mois. Nous pouvons donc clairement gagner du temps à chacune des étapes du développement des produits de santé, ce sera une priorité absolue pour l’AIS !

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