Déclarations conjointes de M. le Premier ministre et de M. Justin Trudeau, Premier ministre du Canada

Publié 11/04/2024|Modifié 15/04/2024

Merci Monsieur le Premier Ministre, cher Justin,
Mesdames et Messieurs,
Tu l’as rappelé, il s’agit de mon premier déplacement hors de l’Union européenne depuis ma nomination à Matignon, et je tenais à ce qu’il puisse avoir lieu ici, d’abord pour rappeler que la relation entre la France et le Canada, ce n’est pas un objet de musée.
Ça n’est pas un vestige du passé. Une tradition, presque, qu’il s’agirait de commémorer, plus que de faire vivre.
Au contraire :
Notre relation ne peut pas se réduire à notre Histoire, fut-elle puissante.
Elle ne peut pas se réduire à notre langue, fut-elle notre trésor commun.
Elle ne peut pas se réduire une culture, fut-elle riche, dense et créative.
Notre relation, je l’ai dit hier soir, et nous le partageons, ce sont d’abord des valeurs.
Tu viens de le rappeler, nous vivons dans un monde troublé.
Un monde marqué par le retour de la guerre. Où les régimes autoritaires, comme la Russie de Vladimir Poutine, veulent anéantir nos valeurs, notre démocratie, notre liberté.
Ils veulent imposer leur vision du monde, imposer la loi du plus fort.
Ils ont des alliés adeptes du renoncement et qui pensent que nos valeurs ne méritent plus qu’on les défende.
Nous, nous sommes fermes dans nos convictions.
Nous vivons dans un monde marqué par le retour de l’intolérance et des vents mauvais et réactionnaires.
Ils veulent remettre en cause des siècles d’avancées sociales et sociétales, et s’en prennent souvent, d’abord et avant tout, aux droits des femmes.
Nous, au contraire, nous croyons qu’il y a encore bien des progrès à conquérir et que nous ne lâcherons jamais un millimètre à ceux qui veulent remettre en cause les droits humains.
Nous vivons, enfin, dans un monde en surchauffe.
Un monde où le dérèglement climatique s’accélère et menace jusqu’à notre existence même.
Nous, nous agissons avec force contre le dérèglement climatique, à la fois dans nos pays et en mobilisant la communauté internationale.
Dans ce monde, nous sommes donc des partenaires.
Nous sommes des alliés.
Nous sommes des amis.
Et j’en suis convaincu : le lien entre le Canada et la France peut déplacer des montagnes.
Alors, nous avons une responsabilité spéciale : celle d’agir ensemble.
Celle d’agir toujours plus.
Celle de chercher toujours et tout le temps, à convaincre, à rallier, à mobiliser, sans jamais renoncer.
Ma présence, ici, Monsieur le Premier ministre, cher Justin, sous l’autorité du Président de la République, c’est d’abord et avant tout une proposition : 
Donnons un nouvel élan à notre amitié.
Forgeons ensemble, une alliance au service du progrès.
Faisons-le pour défendre nos valeurs.
Faisons-le pour nos jeunesses.
Ces jeunesses françaises et canadiennes, qui se connaissent si bien. Qui s’aiment et s’estiment.
Ces jeunesses qui ne cessent d’échanger, de se rencontrer. C’est vrai des élèves, des étudiants.
C’est une richesse immense.
C’est aussi eux, qui nous rappellent l’urgence d’agir.
C’est aussi pour eux, qui n’ont connu que la paix et la démocratie, qu’il faut défendre nos valeurs.
Nous savons bien, trop bien, combien elles sont fragiles.
Faire vivre cette alliance du progrès, c’est ce qui a irrigué, finalement, toutes nos discussions.
Nous avons évoqué, bien sûr, et j’en parlais le retour de la guerre sur le continent européen avec l’agression de la Russie contre l’Ukraine.
Je tiens ici à saluer une nouvelle fois le soutien absolument essentiel que le Canada apporte à l’effort collectif pour soutenir l’Ukraine.
Je sais à quel point c’est un dossier qui te tient à cœur, je sais à quel point il compte pour la population canadienne. Et je le dis : sous l’impulsion de Justin Trudeau, le Canada est au rendez-vous.
Le Président de la République a proposé des initiatives pour contribuer à cette mobilisation et le Canada en est un acteur particulièrement impliqué. Nous avons donc évoqué ce que nous pourrions faire ensemble dans le cadre de ces propositions qui ont été présentées dans le cadre de la dernière réunion à Paris, à laquelle participait le Canada.
Parmi les crises qui secouent le monde, je pense aussi à la situation au Proche-Orient. 
Là-encore, nos pays sont sur la même page, déterminés à chercher les conditions d’un cessez-le-feu immédiat à Gaza.
Ensemble, nous condamnons le terrorisme et les attaques barbares du 7 octobre, avec la plus grande intransigeance.
C’est bien cette attaque qui a déclenché la guerre que nous traversons.
Mais la situation humanitaire à Gaza est aujourd’hui insoutenable.
Rien ne justifie de s’en prendre à des populations civiles.
La France apporte sa contribution dans le cadre de l’initiative pour la paix et la sécurité que le Président de la République a portée.
Nous continuons à répondre présent sur le plan politique comme sur le plan humanitaire.
Nous avons une ambition commune : un cessez-le-feu et la libération de tous les otages, je rappelle qu’il reste 3 Français qui sont encore otages aux mains du Hamas.
Monsieur le Premier ministre, ensemble, nous avons parlé d’Haïti, nous y reviendrons peut-être, nous avons parlé de beaucoup d’enjeux internationaux.
Je suis très heureux que ces échanges, les travaux que nous avons eus avec nos ministres, la signature d’accords, nous permettent plusieurs avancées :
Tout d’abord, la France a décidé de rejoindre, à titre de Partenaire, le « Défi mondial sur la tarification carbone » lancé par le Canada en 2021 afin d’encourager les pays à d’adopter la tarification du carbone comme élément central de leurs stratégies climatiques, en vue d’atteindre un objectif collectif de couverture de 60 % des émissions mondiales d’ici 2030.
Par ailleurs, nous sommes également engagés ensemble pour renforcer notre lutter contre la pollution plastique. Le ministre de la Transition écologique français, Christophe Béchu, viendra avant la fin de ce mois à Ottawa pour la quatrième session du Comité intergouvernemental de négociation sur la pollution plastique avec un objectif clair : aider à faire aboutir ces négociations d’ici la fin de l’année.
Enfin, nous allons renouveler pour 3 ans et renforcer le partenariat franco-canadien Climat-Environnement, qui détaille nos priorités communes : la protection de la biodiversité, avec un focus particulier sur les mers et l’océan, les forêts, la décarbonation de nos économies et la sortie des énergies fossiles.
Nous nous engageons à travailler ensemble sur certains axes du Partenariat de Paris pour les Peuples et la Planète que le Président de la République avait lancé en juin 2023. C’est un sujet que nous souhaitons pousser, vous le savez, pour favoriser l’accès aux financements multilatéraux des pays les plus menacés par le dérèglement climatique.
*
Monsieur le Premier ministre,
Nous le savons aussi tous deux, cette alliance au service du progrès doit s’ancrer dans des projets concrets.
Dans des partenariats toujours plus étroits et plus denses, au service de nos populations.
C’est précisément l’objet des nombreux échanges que nous avons eus avec nos délégations et des partenariats que nous avons conclus.
Le progrès, c’est chercher. C’est trouver des solutions pour un monde plus prospère.
C’est l’objet de nos partenariats en matière de recherche et de développement.
La ministre l’enseignement supérieur et de la recherche, Sylvie Retailleau, s’était rendue ici l’an dernier, presque jour pour jour, pour lancer le comité mixte France-Canada pour les sciences, la technologie et l’innovation.
Ce comité est décisif pour notre coopération en matière de recherche, définit nos priorités et soutient des projets.
Les premières thématiques concernaient l’IA et le quantique. Nous continuons et les océans et la santé seront à l’agenda des prochains travaux.
Nous avons eu l’occasion également, cher Justin, d’échanger sur nos coopérations en matière de métaux critiques. Et le ministre chargé du commerce extérieur et de la Francophonie Franck Riester aura la chance de rester un peu plus longtemps que nous au Canada, puisqu’il se rendra ensuite dans le Saskatchewan, pour évoquer ce sujet déterminant.
Notre alliance au service du progrès, c’est conduire de grands projets économiques et industriels pour créer de l’activité, maîtriser les technologies de demain et peser dans l’ordre mondial.
Le ministre chargé de l’Industrie, Roland Lescure, qui est ici, en quelques sortes le local de l’étape, puisqu’il est établi de longue date au Canada et représente au Parlement avec Christopher Weissberg, les Français d’Amérique du Nord.
Le ministre Roland Lescure, disais-je, a porté, ici, plusieurs projets clés que nous souhaitons accélérer, notamment en matière de décarbonation et de transition écologique.
Nous avons déjà noué des coopérations avec le Canada dans plusieurs secteurs stratégiques.
Et après la conclusion d’une déclaration d’intention sur les matériaux stratégiques au mois de novembre, nous allons élaborer une feuille de route pour renforcer notre coopération en matière de transports.
Et puisque je parle de secteurs d’avenir, je veux mentionner également notre coopération sur l’hydrogène et je me réjouis à cet égard que ma visite permette d’avancer sur le sujet avec la création d’un réseau recherche international sur l’hydrogène sous la coordination du CNRS.
Notre alliance au service du progrès, ce sont aussi des partenariats au sens le plus noble qui soit : l’entraide et le secours mutuel.
Nous avons signé un accord sur la sécurité civile visant à intensifier la coopération dans la lutte contre les feux de forêt.
 Je rappelle que la France avait, et tu l’as rappelé, envoyé plus de 350 pompiers au Canada l’été dernier pour contribuer à la lutte contre les incendies.
Effectivement, ce sont des partenariats, des expériences qui sont croisés puisque comme tu l’as dit, nous allons acquérir deux avions.
Notre coopération devrait également se concrétiser à l’Ouest du Canada.
Je suis heureux d’annoncer que la France et la Colombie-Britannique confirment ainsi leur intérêt au déploiement d’un expert français au sein du service de lutte contre les feux de forêt de la province dans une logique de formation mutuelle.
Je salue aussi l’investissement canadien, de la société CONAIR, à Nîmes, pour renforcer notre centre d’expertise en matière de lutte aérienne contre les feux de forêt notamment pour la formation des pilotes de bombardiers d’eau de la région méditerranéenne.
Enfin, je veux rappeler que vous êtes également un partenaire essentiel de l’Union européenne, « le plus européen des Etats non européens » comme on dit souvent, et nous nous réjouissions du succès du dernier Sommet Union européenne-Canada à Terre-Neuve et Labrador, en particulier sur la question de l’adhésion du Canada au programme Horizon Europe qui vise à appuyer la recherche et l’innovation.
*
L’année qui s’ouvre sera celle de la mémoire, je veux le rappeler, avec le 80e anniversaire du Débarquement.
Avec la ministre chargée de la mémoire et des anciens combattants, Patricia Mirallès, nous avons souhaité que ce déplacement soit l’occasion de saluer, une nouvelle fois, le courage et le sacrifice des soldats canadiens, qui ont combattu pour libérer la France.
Nous irons dans quelques instants au cimetière de Beechwood sur le monument Amicitia et pour rendre hommage aux soldats canadiens qui sont tombés pour notre liberté.
Et nous serons honorés d’accueillir, évidemment, le Canada, avec une délégation de vétérans, en Normandie le 6 juin pour les commémorations du 80ème anniversaire du Débarquement.
2024 sera l’occasion de bien d’autres échanges.
L’occasion des Jeux olympiques et paralympiques de Paris, où nous ferons retentir les valeurs du sport et de l’olympisme.
L’occasion, aussi, de faire rayonner la langue française avec le sommet de Villers-Cotterêts les 4 et 5 octobre prochains.
Monsieur le Premier ministre, cher Justin,
Merci pour ton accueil, pour ces échanges.
Ils sont porteurs d’espoir, et j’en suis convaincu, porteurs d’un nouvel élan.
Nous avons tant en commun : une Histoire et une volonté. Une langue et des valeurs. Une vision et une détermination.
Ensemble, nous sommes prêts à agir.
Prêts à affronter tous les défis de notre temps.
Prêts à être à la hauteur des attentes de notre jeunesse.
Prêts à défendre nos valeurs contre vents et marées.
Dans un monde en proie aux crises et aux doutes, formons et faisons rayonner, ensemble, la belle valeur du progrès.
Je vous remercie.

Partager la page