Allocution devant l’Assemblée nationale du Québec

Publié 11/04/2024|Modifié 15/04/2024

Madame la Présidente,
Monsieur le Premier Ministre,
Madame la vice-Première ministre,
Mesdames et Messieurs les ministres,
Monsieur le chef de l’opposition officielle,
Messieurs les chefs des deuxième et troisième groupes d’opposition,
Mesdames et Messieurs les députés,
M’adresser à vous.
M’adresser à vous, aux représentants des Québécoises et des Québécois.
En tant que Français, c’est m’adresser, je crois plus encore qu’à des « cousins », à des sœurs et des frères, séparés par un océan mais unis par une langue, une histoire, par une culture et des valeurs communes.
Car c’est bien la fraternité qui nous lie.
Une fraternité qui fait partie de l’âme de la République française comme de celle du Québec.
Une fraternité forgée par des siècles d’une amitié unique, d’une relation privilégiée, de combats partagés. 
Une fraternité qui nous unit, qui nous rassemble, qui crée des liens entre le Québec et la France. Des liens, que rien ni personne ne pourra rompre, ne pourra distendre, ne pourra briser.
M’adresser à vous, et à travers vous aux Québécoises et aux Québécois est un honneur.
Il me touche, tout comme me touche l’accueil chaleureux que vous me réservez.
Du fond du cœur, je veux vous en remercier.
Il y a 40 ans, le Premier ministre Laurent Fabius venait s’exprimer devant vous, quelques mois après sa nomination.
Il était alors le plus jeune Premier ministre de la France et son discours est le dernier d’un Premier ministre français devant vous.
40 ans plus tard, c’est à nouveau le plus jeune Premier ministre de l’Histoire de son pays qui a l’honneur de s’adresser à cette Assemblée nationale.
J’y vois un symbole.
Toujours, notre Histoire a été guidée par la jeunesse.
Toujours, c’est elle qui a su l’animer, la pousser, la raviver.
En entrant ici, dans le cœur battant de la démocratie québécoise, je m’imagine, je me rappelle, je dirais même que « je me souviens ».
Je me souviens de Jacques Cartier, cherchant la route qui mène à l’Asie, longeant les côtes de Terre-Neuve puis la pointe de la Gaspésie.
Un an plus tard, il revient, descend pour la première fois, cartographie et décrit les rivages du Saint-Laurent.
Dans ses carnets de voyage, Jacques Cartier semble émerveillé, séduit, saisi.
Émerveillé face à la nature splendide et nouvelle qui s’offre à lui. 
Émerveillé lors de l’ascension du Mont Royal, alors qu’il contemple un monde qui lui était inconnu et qui s’étend à perte de vue.
C’était il y a cinq siècles, mais aujourd’hui encore, ceux qui ont la chance de découvrir le Québec partagent cet émerveillement, entre splendeur de la nature, poids de l’Histoire et force de la modernité.
Le temps, ensuite, s’accélère.
Près d’ici, Samuel de Champlain installe un premier comptoir commercial.
Il fonde Québec et crée alors la Nouvelle-France, comme une terre de prospérité et d’avenir.
Ce temps, déjà, c’est celui de la jeunesse.
D’une jeunesse aventureuse, qui traversait l’Atlantique pour fonder une Nation nouvelle.
D’une jeunesse qui s’est battue, pendant la guerre de 7 ans, attachée à la France.
Et puis, il y a eu la défaite.
Une défaite qui résonne, ici, à quelques encablures des plaines d’Abraham.
Une défaite synonyme de douleur et de séparation.
Tel est le Québec, né sous le lys, mais ayant grandi sous la rose, pour reprendre les mots que l’on prête souvent à Eugène-Etienne Taché, l’architecte de ce Parlement.
Nous aurions pu en rester là : le souvenir lointain d’une Nation qui s’était aventurée le long du Saint-Laurent.
Peut-être n’en avons-nous pas été loin.
En s’adressant à l’Assemblée nationale française en 1977, René Lévesque avait souligné qu’après plus d’un siècle et demi d’histoire commune, commencèrent alors deux siècles où se construisit « un fossé d’ignorance et de méconnaissance ».
Une éclipse de deux siècles. Une éclipse coupable. Mais une éclipse qui, je le crois très profondément, jamais ne se reproduira.
Pourtant, même durant cette éclipse, c’est la jeunesse qui nous a rapprochés.
Ce sont ces soldats, souvent très jeunes, qui ignoraient tout de ce pays d’outre-Atlantique mais, par deux fois, ont pris les armes, traversé l’Océan et combattu pour libérer la France.
Sur la crête de Vimy en 1917,
Lors du raid de Dieppe en 1942,
Lors du débarquement de Juno Beach et de toute la campagne victorieuse qui s’en suivit :
Oui, le sang de la jeunesse du Canada, de la jeunesse du Québec a coulé, par deux fois, pour libérer et sauver la France.
Et au moment de dire ces mots, je veux avoir une pensée particulière pour le Royal 22e Régiment, héroïque dans la Somme ou à Arras durant la Première Guerre, héroïque en débarquant à Marseille au printemps 45.
Un régiment qui a aidé, par deux fois, à libérer un peuple qui parlait sa langue. 
Les années ont passé. Et alors que le Québec menait sa révolution tranquille, la relation entre la France et le Québec s’est enfin réveillée.
C’est l’inauguration par Jean Lesage de la Délégation générale du Québec à Paris en 1961.
C’est André Malraux, initiant un partenariat culturel sans commune mesure.
Nous sommes en 1977 et René Lévesque s’envole pour la France – et la séduit.
La suite de notre Histoire commune, vous la connaissez toutes et tous.
Ce sont les rencontres alternées entre Premiers ministres.
Ce sont ces échanges constants, entre élus et parlementaires, entre Gouvernements, avec le Président de la République.
Nos peuples se connaissent, s’estiment et s’apprécient.
Chaque Québécois sait qu’il pourra trouver sa place en France.
Chaque Français sait quel accueil superbe, le Québec lui réservera.
Notre relation, ce sont des rencontres.
Celles de notre jeunesse, bien sûr : les échanges universitaires nourris et nombreux entre la France et le Québec.
Celles de nos concitoyens. De deux communautés, les Québécois en France et les Français au Québec. De deux communautés qui se renouvellent, se réinventent et qui toujours regardent vers l’avenir.
Mais je pense aussi aux échanges entre nos collectivités locales, nos territoires – et je sais combien vous y tenez, Monsieur le Premier ministre.
Nos élus locaux se respectent, se parlent, cherchent ensemble des solutions face aux grands défis et aux grandes menaces. Je pense, évidemment, encore l’été dernier, aux feux de forêts.
Notre relation, c’est celle d’une coopération toujours plus étroite.
Innovation, recherche, industrie, économie : dans tous les secteurs, France et Québec travaillent de concert, partagent des objectifs communs, construisent des solutions d’avenir.
Cette coopération, nous la devons notamment à ces femmes et ces hommes qui se lancent.
Qui font vivre l’esprit d’entreprendre, si propre au Québec.
Vous le savez bien, Monsieur le Premier ministre, vous qui incarnez, par votre parcours, cette soif d’entreprenariat. 
Notre relation, c’est une culture en partage.
L’art, la littérature – mise à l’honneur cette année au salon du Livre de Paris, la chanson, l’humour, le cinéma : la création québécoise irrigue la France et la création française est bien connue du Québec.
Nous partageons les mêmes passions, les mêmes mélodies, les mêmes artistes.
Ce lien, il est à la fois collectif, mais aussi infiniment personnel.
Chaque Française, chaque Français, et je le crois chaque Québécoise et chaque Québécois, partage ce lien au plus profond de son âme.
Ce sont ces Français, ces Québécois, qui associent des moments de joie, de douleur, de tristesse, à des mélodies, des chansons bien connues, françaises ou québécoises.
Ce sont ces Français, ces Québécois, qui ont pu traverser des moments douloureux dans leur vie, en bénéficiant des matchs d’improvisation pour passer des moments difficiles.
Ce sont ces Français, ces Québécois, qui ont découvert dans les lignes de Dany Laferrière une part de leur identité, de leur rapport au monde.
Ce sont ces Français, ces Québécois, qui ont découvert une part de leur identité, c’est mon cas en tout cas, devant des films de Xavier Dolan.
Notre relation, bien sûr, c’est une langue.
Nous parlons français.
Le français, c’est notre héritage, notre identité et notre richesse.
C’est notre singularité quand l’uniformité linguistique serait un affaiblissement, un appauvrissement.
Quand elle altèrerait notre capacité à penser, à créer, à exister.
Certains pensaient sans doute que le Français avait vocation à disparaître de la carte de l’Amérique de Nord.
Ils ne connaissaient pas les Québécois. 
Car le Québec a montré et montre encore, ce qu’on peut accomplir quand on refuse de céder à la fatalité, quand on refuse de croire qu’il y aurait un destin inexorable – celui de l’effacement.
Monsieur le Premier ministre, je sais que la langue française a encore de beaux jours devant elle de ce côté de l’Atlantique. Mais je sais aussi que nous devons toutes et tous rester collectivement vigilants.
Et vous pouvez compter sur la France pour vous y aider. Pour accompagner, pour promouvoir encore la langue française au Québec.
Et là aussi, c’est par la jeunesse, toujours par la jeunesse, que nous triompherons.
Nous le voyons, les concurrences sont là, accélérées par le numérique, les contenus en ligne qui voudraient nous imposer une forme d’uniformité, y compris linguistique.
Nous devons nous battre, et le message que je suis venu vous passer ici, c’est que nous nous battrons.
Nous nous battrons pour que chaque enfant, chaque jeune puisse avoir accès à des livres, des articles, des jeux vidéo, des films et des séries en Français.
Nous nous battrons pour que les algorithmes, les plateformes et l’intelligence artificielle laissent la place qu’il mérite au Français.
C’est un enjeu pour la jeunesse, pour veiller à ce qu’elle puisse s’épanouir dans sa langue, la perpétuer, la transmettre.
C’est pourquoi nous signerons, demain, une déclaration qui porte sur la langue française et son développement, sa richesse. J’y tiens et, je le sais, vous y tenez également.
*
Madame la Présidente,
Mesdames et Messieurs les députés,
Nos deux Nations sont liées par leur Histoire.
Mais elles resteront liées, indéfectiblement, grâce à leurs jeunesses.
Grâce à ces jeunes françaises et ces jeunes français pour qui le rêve américain est un rêve québécois.
Qui à force d’échanges, d’exemples et d’une culture commune ont le Québec comme horizon.
Nos Nations resteront liées grâce à ces jeunes québécoises et ces jeunes québécois, pour qui la France est un but, une aventure européenne, si familière et si lointaine à la fois.
Et si la France et le Québec avancent ensemble, c’est parce qu’ils regardent vers l’avenir.
Je viens m’exprimer devant vous comme un homme de ma génération.
Je suis né en 1989, l’année de la chute du mur de Berlin.
Je n’ai connu ni la guerre sur le sol européen, ni l’affrontement des blocs lors de la guerre froide.
Je n’ai pas connu la visite du Général de Gaulle à Montréal et je n’avais que 6 ans lors du référendum de 1995.
J’ai grandi, comme tant de Français, avec l’idée qu’il existait de l’autre côté de l’Atlantique, un nouveau monde dont la langue était le Français et où l’avenir s’inventait.
Le Québec.
Une terre qui m’avait apporté plusieurs de mes héros, de mes références et de mes rires.
Une terre de promesses et d’espoirs, d’innovation et de liberté.
Pour moi, le Québec, c’est là où l’on ose.
Il y a 5 ans, alors que j’étais secrétaire d’Etat à la Jeunesse, je m’étais rendu au Québec, auprès des jeunes de l’Office franco-québécois pour la jeunesse.
Je reste marqué par ces échanges.
Par l’énergie de la jeunesse québécoise, qui exigeait de nous de l’action et des solutions face aux défis de leur génération, de ma génération.
Par l’engagement de la jeunesse québécoise, qui voulait tenir la plume de son avenir.
Marqué par l’audace de la jeunesse québécoise, prête à entreprendre, à innover, à travailler dur pour accomplir ses rêves.
L’appel de cette jeunesse tonne.
Il tonne des deux côtés de l’Atlantique avec la même force et la même détermination.
Alors, nous avons un devoir : leur répondre.
Leur répondre ensemble.
Leur répondre côte à côte.
Québec et France.
France et Québec.
*
Madame la Présidente,
Monsieur le Premier ministre,
Mesdames et Messieurs les députés,
J’ai parlé de notre Histoire.
J’ai parlé de notre culture.
J’ai parlé de notre langue.
C’est ce à quoi on tente parfois de nous réduire : un passé et une langue.
Comme pour dénigrer notre lien.
Comme pour le minimiser.
Comme pour faire croire que cette fraternité franco-québécoise appartiendrait au passé, mais que l’avenir s’écrirait ailleurs.
Il y a des pays, il y a des nations dans le monde, qui partagent une histoire et qui parfois même partagent une histoire et une langue en commun. Mais il y a une singularité majeure entre la France et le Québec : pour nous, l’histoire n’est pas le passé, c’est l’éternité.
Cette langue et de cette Histoire, nous en sommes fiers, et c’est par cette langue et cette histoire que nous continuons à écrire le présent et que nous continuerons à écrire l’avenir.
Ce ne sont pas pour nous des limites.
Ce sont des fondements. Les fondements de notre fraternité.
Et sur ces fondements grandissent, chaque jour un peu plus fortes, des valeurs communes qui font la singularité et la puissance de notre relation.
Nous partageons une même exigence des Droits de l’Homme, que nous défendons, partout et tout le temps.
Un même attachement viscéral à la liberté – et notamment la liberté d’expression, liberté parmi les libertés et condition nécessaire à la diffusion des Lumières.
Un attachement à l’égalité pour toutes et tous, la recherche de l’égalité entre toutes et entre tous.
Je pense notamment à l’égalité entre les femmes et les hommes, dans tous les pans de la société.
Nous partageons la volonté de défendre la démocratie et de l’affirmer, plus que jamais, comme un modèle.
Nous avons aussi en partage cette place que nous accordons à la laïcité.
La laïcité comme une liberté, celle de croire ou de ne pas croire, sans jamais être inquiété.
La laïcité comme une garantie, celle de l’égalité, celle du respect de chacun, celle de la capacité à faire corps, à se rassembler, à s’unir, à faire société.
On parle souvent de « vivre ensemble ». Ce terme n’est pas galvaudé. Et je sais que la laïcité est la condition pour bien vivre ensemble. Et je sais que les Québécoises et les Québécois, que leurs représentants sont attachés à la laïcité.
Face à ceux qui font mine de ne pas comprendre ce qu’est la laïcité, qui voudraient la détourner, faire croire qu’elle est une forme d’arme anti-religions, faire croire qu’elle est une forme de négation des religions, faire croire qu’elle est une forme de discrimination : nous répondons que la laïcité est la condition de la liberté et la condition de l’égalité et la condition de la fraternité.
Ces valeurs, nos valeurs, nous ne devons jamais en avoir honte.
Alors, défendons-les, chaque jour, avec force, conviction et courage.
Défendons-les, sans jamais céder un millimètre à ceux qui veulent les remettre en cause.
Défendons-les, car elles sont le cœur de notre identité.
L’identité, c’est ce qui fait de vous des Québécois, de nous des Français et de chacun de nous des êtres libres.
La défendre, c’est refuser d’être aux marges de l’Histoire.
Et assumer, au contraire, qu’elle s’écrira avec nous. Qu’elle s’écrira avec la France, comme avec le Québec.
C’est affirmer nos valeurs.
Et nous en avons plus que jamais besoin, dans un monde qui tremble, sursaute et se transforme.
Dans un monde où la démocratie est bombardée en Ukraine.
Où nos droits fondamentaux et nos libertés sont menacés par les passions tristes des populistes, des extrémistes, des défaitistes.
De tous ceux qui ne croient plus en notre avenir et portent la régression en étendard.
Alors dire qui nous sommes, c’est ce qui nous permet et nous permettra encore demain de ne pas ployer sous les bourrasques populistes, de ne pas céder à la résignation, de ne jamais baisser la tête face à certaines pulsions destructrices de notre époque.
Je vous le dis : si la géographie ne nous a pas séparés, alors rien ne le fera, parce que rien ne le pourra.
*
Monsieur le Premier ministre,
Mesdames et Messieurs les députés,
Alors que la démocratie, le pluralisme et les droits humains sont assiégés, nous répondrons.
Nous répondrons coup à coup.
Nous répondrons avec chaque fois plus de force et plus d’énergie.
Et si nous le faisons, c’est d’abord et avant tout pour notre jeunesse. Pour qu’elle puisse vivre libre. Pour qu’elle puisse vivre mieux.
Cette jeunesse québécoise, c’est bien à elle, à travers vous, que je suis venu m’adresser.
Car c’est bien pour elle que nous agir.
C’est bien pour elle que nous devons défendre nos valeurs et les porter, haut et fort, sans honte et sans s’excuser.
Pour notre jeunesse, nous avons la démocratie à protéger.
La liberté à défendre.
La transition écologique à réussir.
La révolution numérique à mener.
Alors, je vous propose aujourd’hui, un nouveau pacte.
Un nouveau pacte pour la jeunesse.
Faisons de notre relation unique, une réponse à ses aspirations.
Quand le monde bouge, je crois qu’il faut souvent regarder le Québec, car c’est ici qu’une part de l’avenir s’invente.
Car le Québec est une terre d’intuitions, au développement rapide – voire insolent.
Car ici, des changements majeurs ont été menés et réussis. Je pense notamment à l’autonomie énergétique, que le Québec est parvenu à construire, à force de volontarisme et d’ambition.
Ici, on ne connaît pas les destins tracés à l’avance.
Ici, on ne prend jamais « ce n’est pas possible » pour une réponse.
Alors on se retrousse les manches. On cherche. On travaille.
Cette philosophie, je la partage avec vous.
Cet état d’esprit, c’est aussi le mien.
Alors, je vous propose d’avancer ensemble.
Le défi fondamental de ma génération, c’est la transition écologique.
Pas une terre du globe n’est épargnée par le dérèglement climatique, par la hausse des températures, par la multiplication des catastrophes naturelles.
La France le sait bien, elle qui a subi encore, ces derniers mois, les inondations comme la sécheresse, les feux de forêts comme les températures extrêmes.
Vous le savez bien, vous qui avez aussi connu les feux de forêts, les pluies diluviennes et qui venez de traverser un hiver aux températures plus françaises que québécoises.
Alors, nous sommes déterminés à gagner le combat pour la planète. Nous n’avons, à vrai dire, pas le choix – et nous y parviendrons ensemble.
Vous avez engagé, Monsieur le Premier ministre, un plan pour une économie verte, investi des moyens majeurs pour la transition énergétique, pour la décarbonation des transports ou pour la mise en place d’une filière batterie.
Autant de sujet qui font écho, de mon côté de l’Atlantique, à notre planification écologique et à France 2030, notre plan d’investissements massif, notamment pour décarboner l’industrie. 
Si nous agissons résolument, nos entreprises travaillent aussi tous les jours, résolument, côte à côte, pour faire avancer la transition écologique.
Je pense à Air Liquide, qui, à Bécancour, gère la plus grande unité de production d’hydrogène décarboné par électrolyse du monde.
Je pense à Alstom, particulièrement engagé pour accompagner la transition écologique dans les transports des Québécois.
Je pense, en France, à des fleurons québécois comme Boralex et Innergex, qui se développent et appuient le secteur éolien en France.
Nous partageons cette certitude que la transition écologique ne doit jamais se faire contre les gens, mais avec eux, en leur offrant toujours des solutions.
Nous partageons cette conviction, que la transition écologique marquera l’avènement d’une croissance nouvelle, verte, porteuse de nouveaux emplois, de nouveaux savoirs, d’innovations qui changeront nos vies.
Les résultats sont déjà là.
En France, sous l’impulsion du Président de la République, nous avons multiplié par 5, le rythme de baisse de nos émissions depuis 2017 et rien qu’en 2023, les émissions de gaz à effet de serre ont diminué de près de 5% - un record pour notre pays.
Quant au Québec, là aussi, la tendance est à la baisse, avec des émissions de gaz à effet de serre plus faibles qu’avant la pandémie et toujours pratiquement deux fois moins d’émissions par personne que la moyenne canadienne.
Ces résultats sont positifs.
Ils doivent nous encourager.
Ils doivent nous pousser à poursuivre, à continuer et amplifier nos efforts.
Alors, innovons ensemble, comme nous l’avons fait en 2023, année de l’innovation franco-québécoise.
Une année qui a permis de mettre en lumière notre excellence commune, notamment dans des secteurs de pointe comme le quantique, l’hydrogène ou l’intelligence artificielle.
Alors cherchons ensemble, continuons à faire vivre notre coopération scientifique exceptionnelle, alors que plus de 200 doubles diplômes existent entre nos universités et nos écoles, que de nombreux centres de recherche s’installent, que 20 000 étudiants Français viennent chaque année étudier au Québec.
La vitalité de ce partenariat est infiniment précieuse. C’est la garantie d’une culture commune, mais aussi de projets communs et de solutions communes.
C’est notre avenir qui s’écrit. Et je veux le dire à nouveau, devant les Québécoises et les Québécois qui nous regardent, les portes des universités françaises sont grandes ouvertes pour les étudiants québécois qui voudraient venir y faire leurs études.
J’ai voulu insister sur la transition écologique, sur le rôle que nos deux Nations entendent y mener.
Mais pour nos jeunesses, nous devons nous placer à la pointe de toutes les révolutions. Pour leur permettre d’avoir le monde à portée de main.
De la recherche fondamentale à l’industrie, de l’écologie sociale et solidaire jusqu’à la culture, nous sommes résolus, sans naïveté, à ce que nos échanges commerciaux et nos investissements puissent s’accroître encore.
Nous savons que l’ensemble des acteurs économiques français et québécois s’y emploient chaque jour.
Nous savons que des centaines de milliers d’entrepreneurs français et québécois s’appuient sur la force et la vitalité de notre relation pour venir s’installer et se développer, qui en Amérique du Nord, qui en Europe.
Alors, soyons à la pointe des révolutions à venir. A la pointe de l’Intelligence artificielle, à la pointe du quantique. A la pointe de la transition écologique, énergétique. Pour que l’intelligence artificielle, le quantique, la transition écologique, énergétique, s’écrivent en français.
C’est ainsi, et ensemble, que nous bâtirons la prospérité nouvelle. La prospérité du XXIe siècle, et elle rimera avec la francophonie.
Pour nos jeunesses, soyons sans cesse les artisans et les combattants du progrès.
Défendons les droits et les libertés de chacun.
Soyons aux avants postes pour l’égalité, et notamment l’égalité entre les femmes et les hommes, qui doit être un combat à tous les échelons de la société.
Bâtissons pour notre jeunesse, des sociétés qui ouvrent grands les chemins de l’émancipation.
Car c’est bien de cela dont il doit toujours être question : permettre à tous les jeunes, du Québec et de France, de choisir et de mener librement leurs vies.
*
Madame la Présidente,
Monsieur le Premier ministre,
Mesdames et Messieurs les députés,
Il faut remonter 40 ans en arrière pour retrouver trace de l’intervention d’un Premier ministre de la France devant vous, devant cette Assemblée nationale du Québec.
Depuis 40 ans, la France et le Québec ont changé.
Le monde a changé.
Nos débats, nos défis ont changé.
Mais une chose perdure : ce lien unique, ce lien fraternel.
Au fil des ans, notre relation s’est fortifiée.
Nous avons construit des ponts, sans cesse, d’une rive à l’autre de l’Atlantique, dans un monde si prompt au repli.
Nous avons défendu nos droits et nos libertés, haut et fort, à l’heure où tant veulent les attaquer.
Et ensemble, devant vous, j’en fais le serment : nous continuerons.
Nous le ferons en nous appuyant sur plus de quatre siècles d’une Histoire commune, qui nous inspire et nous apprend.
Nous le ferons pour défendre nos valeurs, sans jamais baisser la garde, sans jamais composer avec ceux qui souhaitent les remettre en cause.
Nous le ferons pour notre jeunesse, pour la jeunesse québécoise, la jeunesse française. 
Alors, ensemble, faisons souffler le vent de l’Histoire.
Ensemble, faisons tonner les voix de nos jeunesses française et québécoise.
Répondons à leur appel.
Soyons à la hauteur de leur exigence.
Ensemble, portés par notre relation unique, montrons au monde que l’avenir s’écrira dans notre langue, avec la France, avec le Québec.
Comme l’a dit le Général de Gaulle en 1967, à Québec, « nous sommes liés par le présent, nous avons épousé notre siècle ».
Aujourd’hui, je le dis ici, nos jeunesses donnent naissance à l’avenir.
Vive le Québec ! Vive la France !
Et vive l’amitié franco-québécoise !

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