Compte rendu du Conseil des ministres du 05 juillet 2023

Ce contenu a été publié sous le gouvernement de la Première ministre, Élisabeth Borne.

Publié 05/07/2023

Source : Compte rendu du Conseil des ministres du 5 juillet 2023.

Compte rendu du Conseil des ministres du 05 juillet 2023

Olivier VÉRAN

Olivier Véran

Mesdames, Messieurs, 

Le conseil des ministre de ce jour s a été évidemment l'occasion de revenir sur les événements  qui ont émaillé notre pays depuis la mort tragique du jeune Nahel, mardi dernier. 

Depuis une semaine, plus de 500 communes ont connu à travers le territoire des scènes de violence et d’émeutes, toutes inacceptables, toutes insupportables. Élus, commerçants, forces de l'ordre, mais aussi ces milliers de Français qui ont vu leurs véhicules incendiés, leurs logements dégradés ou qui ont eu peur et qui sont en colère. Nous avons une pensée pour toutes celles et ceux qui ont été ciblés et attaqués.

Face à cela, je voudrais vous dire que le Gouvernement poursuit un objectif clair : s'assurer que justice soit rendue et que l'ordre public soit rétabli. Le Gouvernement a répondu de manière immédiate pour que les scènes de violence cessent au plus vite. Depuis vendredi soir, je le rappelle : 45 000 policiers, gendarmes, forces de sécurité intérieure, plus de 1 000 pompiers sont mobilisés chaque nuit. Le Gouvernement salue leur engagement, leur professionnalisme dans un contexte particulièrement difficile. Grâce à l'action des forces de l'ordre, les violences se tarissent et on observe un retour progressif à la normale depuis dimanche. 

Corollaire de la sécurité dans l'espace public, l'espace numérique a aussi fait l'objet d'une attention particulière du Gouvernement. Les grandes plateformes ont entendu la demande que nous avons faite et ont rapidement retiré les contenus signalés. Cette coopération efficace est en réalité une préfiguration du nouveau cadre légal qui entrera en vigueur à partir du 25 août avec l'application d'un règlement européen qu'on appelle le DSA. 

Le Gouvernement a répondu rapidement je le disais, la justice également, avec une efficacité et une rapidité inédites. Le soir du 4 juillet, près de 990 présentations immédiates dans les tribunaux en sortie de garde à vue, dont 480 comparutions immédiates étaient recensées, 366 personnes ont été incarcérées pour ces violences et dégradations. Un tiers des personnes interpellées étaient des mineurs et cette proportion était même de 54 % la nuit de dimanche à lundi, ce qui témoigne de l'importance, j'y reviendrai, de la responsabilisation des parents dans ce contexte. Ainsi, les parents seront mis face à leurs responsabilités avec des amendes, des stages de responsabilisation parentale pour, je le précise, ceux qui ne répondraient pas aux convocations dans les procédures mettant en cause leur enfant. 

Enfin, le Gouvernement accompagnera les victimes de ces violences. L'État se tient évidemment aux côtés des élus, le président de la République a eu l'occasion de l'exprimer en personne et directement aux centaines de maires concernés, hier soir ici même au palais de l'Élysée. Le Gouvernement compte sur la mobilisation totale des assureurs. Il leur a été demandé d'allonger de 5 à 30 jours le délai pour déclarer les sinistres, ce qu'ils ont accepté. Il leur a été demandé d'assurer une indemnisation rapide et simple de tous les sinistres. 

Le Gouvernement accompagnera aussi les collectivités et les commerçants qui ont vu leurs commerces pillés. Des guichets uniques seront ouverts dans chaque préfecture pour l'accompagnement administratif et financier des maires des communes touchées par les émeutes. Les procédures seront accélérées et les règles contraignantes écartées afin de permettre la reconstruction ou la rénovation à l'identique des bâtiments. Dans chaque département, un interlocuteur sera mis en place pour accompagner les commerces et le chômage partiel sera possible pour ceux dont l'activité est directement grevée par les destructions ou des mesures de police. Rétablir l'ordre, le maintenir, juger, être aux côtés des victimes sont nos priorités depuis le premier jour et le reste aujourd'hui encore. 

Nous devons aussi tirer les leçons de ce qui s'est passé. Nous devons comprendre, nous le devons aux forces de l'ordre, aux élus, aux commerçants, aux Français victimes de ces violences. Il y a des choses que nous savons. Ces violences sont illégitimes par essence et ne sont pas la conséquence d'une revendication politique ou sociale qui porterait sur des moyens pour les banlieues. Personne ne dit que la situation que nous avons trouvée dans les quartiers de nos villes était idyllique. Il y a eu des sous-investissements pendant de nombreuses années. Mais depuis 6 ans, nous n’avons de cesse que de le réparer. Nous sommes l’un des pays qui engage le plus d’argent public et nous renforçons ces moyens depuis 6 ans. L’école est gratuite. Nous avons dédoublé les classes dans les quartiers prioritaires. Des investissements dans les sports et dans la culture, notamment dans les quartiers, sont à un niveau historique. Il n’y a jamais eu autant de grues en fonctionnement dans nos quartiers. Nous avons restauré la présence de service public, ne serait-ce que ces 450 maisons France Service dans les banlieues. Nous avons triplé le nombre d’apprentis dans notre pays. Nous offrons des solutions de formation professionnelle ou d'emploi pour tous les jeunes de notre pays. Nous avons aussi restauré le côté régalien en augmentant la présence des forces de police, de gendarmerie, en augmentant de façon inédite les moyens de la justice, en modernisant nos équipements. 

Le constat que nous pouvons faire, c'est qu'une partie de la jeunesse a perdu beaucoup de ses repères. Il est inacceptable, il est impensable que des jeunes adolescents, parfois âgés de seulement de 12 ans, s'organisent en bandes pour investir les villes à la nuit tombée et pour se livrer à des scènes de violence. Il est inacceptable que des parents laissent faire ce type de situation. Il est inacceptable que les réseaux sociaux soient utilisés pour créer des communautés de délinquance. 

Troisième constat que nous pouvons faire, c'est que là où nous avons besoin d'unité de la nation, et ça a été le cas la plupart du temps, une partie de la classe politique située à l'extrême gauche n'a eu de cesse que de souffler sur les braises. Les familles des quartiers qui aspirent comme les autres au calme, à la sécurité, à la tranquillité sauront s'en souvenir. Il y a des constats que nous pouvons faire et il y a un travail en profondeur que nous devons réaliser pour comprendre ce que nous devons changer.

Ce premier travail, il sera construit à partir des données individuelles des jeunes qui sont traduits devant la justice. Il y a beaucoup de choses qu’il nous reste à comprendre. Par exemple, certains quartiers prioritaires se sont enflammés quand d'autres sont restés calmes, y compris au sein des mêmes villes. Il y a dans certains endroits des mineurs non accompagnés, des jeunes issus de l'immigration, d'autres qui ne sont pas du tout issus de l'immigration, qui se sont retrouvés dans les villes dans des scènes de violence. La proportion aussi de jeunes femmes peut varier… a pu varier d'une commune à une autre. 

Nous n'avons pas encore les explications, nous les voulons et ce travail va être conduit dès les prochaines semaines et nous les communiquerons en transparence. Ensuite, nous ne voulons pas qu'une partie de la société vive à côté de l'autre. Nous avons besoin d'autorité, nous avons besoin d'efficacité dans l'action publique et nous avons besoin de solidarité humaine. Nous voulons redéfinir les responsabilités dans la société comme le président de la République a commencé à le faire hier en recevant les centaines de maires qui ont connu des émeutes. 

Nous voulons définir les chantiers qu'il nous faudra ouvrir. Certains sont massifs, notamment celui de l'éducation des enfants, mais aussi probablement de l'éducation parentale. Le moment est grave, il est solennel. Le président de la République a demandé au Conseil des ministres de conduire ce travail en profondeur sur les prochaines semaines pour établir un constat précis qui donnera lieu à des décisions concrètes, efficaces, proportionnées, à la hauteur des enjeux. 

Ces décisions devront éviter deux écueils. Le premier, je le répète, celui qui consisterait à considérer que les émeutes seraient un appel à plus de dépenses publiques dans les quartiers. Je crois que le concitoyens ne le comprendrait pas, et ces mesures ne seraient ni justes ni efficaces. Le second écueil serait de considérer qu’il faudrait faire appel aux vieilles recettes et qu'au fond, des mesures de répression prises dans l'urgence au niveau régalien suffiraient à réparer ou à éviter que cela ne se reproduise. Collectivement, nous faisons bloc et nous ferons bloc dans la durée.

J'en viens brièvement aux textes qui ont été par ailleurs présentés au Conseil des ministres. Le ministre de L'Économie et des Finances a présenté un projet de loi de ratification d'une ordonnance qui parle de l'exercice en société des professions libérales réglementées. Ces professions libérales, elles, concernent quelque 700 000 professionnels en France. Elles regroupent une réalité très diverse. On parle de médecins, d'architectes, d'avocats, de notaires. Et donc, nous souhaitons créer un environnement juridique, fiscal et social plus simple et plus protecteur. 

Le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères a présenté un projet de loi qui autorise l'approbation de l'accord entre la France et le Groupe de la Banque mondiale. C'est un accord qui a été signé en mai 2022 et qui vise à formaliser les droits et obligations dont bénéficient le groupe Banque mondiale et ses personnels installés à Paris. 

Je prends vos questions s'il y en a.

 

William GALIBERT

Bonjour William GALIBERT pour RTL. Le ministre Christophe BÉCHU, ce matin sur la chaîne LCI, a annoncé qu'il devait présenter en Conseil des ministres le texte d'urgence pour aider à la reconstruction. Qu'en est-il vraiment ? Et quand ce texte sera-t-il présenté ? Est-ce que vous aurez quelques détails sur son contenu ? Détails que nous avons bien du mal à obtenir depuis ce matin.

 

Olivier VÉRAN

Alors concrètement, à la demande de la Première ministre, une circulaire a été travaillée dès cette nuit suite à l'intervention hier et à la demande du président de la République. Une circulaire donc qui a été validée cette nuit par les services des ministères concernés, qui permet de répondre probablement à 90 %, voire 95 % des situations. De quoi parlons-nous ? On parle de donner la possibilité à toutes les communes qui ont connu des dégradations ou des destructions de bâtiments publics de pouvoir procéder à la reconstruction. Il a été question en Conseil des ministres de certaines situations. Si, notamment il n'y avait pas de reconstruction à l'identique, mais que la reconstruction donnait lieu à des constructions différentes, à des modalités différentes de fonctionnement de ces bâtiments. Il faudrait évidemment pouvoir aller très vite. C'est la volonté du président de la République, je le rappelle, aller très vite en la matière. Et donc, un outil législatif complémentaire à la circulaire pourrait être nécessaire. Le président de la République a demandé que cet outil législatif soit travaillé, présenté au Conseil des ministres dans les meilleurs délais et adopté dans un délai extrêmement court. J'espère avoir répondu à votre question.

 

William GALIBERT

La circulaire, elle est effective.

 

Olivier VÉRAN

La circulaire a été prise cette nuit, C’est une circulaire de la Première ministre qui vise à faciliter, favoriser et rendre le plus rapidement possible la reconstruction des bâtiments.

 

Elodie HUCHARD

Bonjour Monsieur le ministre. Elodie HUCHARD pour CNews. Vous avez beaucoup parlé notamment de la responsabilité des parents. Est-ce que vous avez des pistes précises ? On sait par exemple que la droite a proposé un certain nombre de propositions de loi. Est-ce que vous êtes prêt à discuter avec eux ? Quelles sont les pistes du Gouvernement sur ce sujet ?

 

Olivier VÉRAN

Je vous ai dit que le président de la République demande à ce que dans un délai court, nous fassions un constat éclairé, transparent de la situation. À qui avons-nous à faire ? Quels sont ces mineurs dont nous parlons ? Quelle est leur situation de vie ? Où vivent-ils ? Quel est le modèle parental ? Où en sont-ils en matière d’éducation ? On a besoin de comprendre. Et on le doit d’ailleurs aux Français. D’abord, c’est le travail nécessaire de compréhension. On le voit d’ailleurs dans certaines minutes de certains procès dont la presse s’est fait écho, que certains jeunes parfois très mineurs ne se rendaient même pas compte de la gravité des actes qu’ils commettaient quand bien même étaient-ils avec un accélérateur de combustible pour pouvoir mettre le feu à des bâtiments. Comment est-il possible qu’un enfant de 13 ans ne sache pas qu’il ne peut pas, la nuit, avec un groupe de camarades de son âge, aller mettre le feu à des bâtiments ? À un moment donné, il y a quelque chose qui a décroché et donc, nous avons besoin de comprendre pour ensuite analyser la responsabilité des uns et des autres et je le redis, quand vous êtes parents d’un enfant mineur, vous n’avez pas à laisser sortir votre enfant dans la rue encore moins dans un contexte d’émeutes urbaines et donc il est nécessaire là où il y a défaillance qu’il y ait des sanctions réparation et ce travail à mener dans la durée qui est un chantier colossal pour que de telles situations ne se reproduisent pas.

 

Francesco FONTEMAGGI

Bonjour. Francesco FONTEMAGGI pour l’AFP. S'agissant de la reconstruction, encore une fois juste pour y voir un peu plus clair. À quoi servirait la loi exactement si 95 % des situations sont réglées par la circulaire, premièrement ? Deuxièmement, le Président hier, a parlé…  toujours sur la loi, est-ce que vous avez un peu plus de précisions sur les délais le plus vite possible ? Ça veut dire avant la pause estivale, quand est-ce qu'elle sera présentée et quelles sont les conditions d'examen puisque le calendrier du Parlement est bien chargé ? Et deuxièmement, le Président a aussi évoqué hier des moyens d'accompagnement pour la reconstruction de bâtiments des moyens de l'Etat. Est-ce que vous avez des clarifications là-dessus ? Merci.

 

Olivier VÉRAN

Je n’ai pas les chiffres si c'est des chiffres que vous me demandez, mais je vous réaffirme le principe qui est le principe du président de la République : on doit reconstruire tout ce qui a été détruit et sans délai. Et donc on veut simplifier. Vous me demandez des exemples. N'étant pas expert de la question, il me semble néanmoins que lorsque vous parlez de reconstruire des bâtiments qui ont été détruits et si jamais vous ne les construisez pas à l'identique, si vous êtes en zone des architectes des Bâtiments de France par exemple, il y a des délais légaux qui s'imposent avec des analyses. Nous souhaitons pouvoir raccourcir tous ces délais et donc un recours à la loi peut être nécessaire. Le président de la République nous a demandé de travailler très vite et donc on peut s'attendre à ce qu'un texte, un projet de loi, soit présenté dans un prochain Conseil des ministres, le prochain ou celui d'après peut-être, et que le Parlement soit amené à examiner et adopter, nous l'espérons, ce texte avant la pause estivale.

 

Hélène TERZIAN

Bonjour Monsieur VÉRAN. Hélène TERZIAN pour RMC. Est-ce qu'il serait possible de préciser les propos du Président hier face aux maires lorsqu'il évoque de potentiellement suspendre les réseaux sociaux en cas d'emballement lorsque les émeutes sont très importantes, par exemple.

 

Olivier VÉRAN

Le ministre du Numérique, Jean-Noël BARROT, a eu l'occasion de le dire, je crois déjà, sinon je le dis volontiers. Nous souhaitons qu'un groupe de travail transpartisan, qui regroupe des parlementaires de tous les bords politiques et des deux assemblées puisse se réunir pour qu'à l'aune des événements qui se sont déroulés, on puisse envisager toute modification au projet de loi qui a été présenté en Conseil des ministres il y a plusieurs semaines et qui traite de la cybersécurité et de la régulation des outils numériques. Je le redis, le Gouvernement a fait appel, un appel ferme, aux plateformes numériques pour que des contenus qui pouvaient accentuer les violences soient retirés dans les meilleurs délais et pour lever l'anonymat là où il y avait des délits qui étaient commis de manière à ce que personne ne puisse considérer que parce qu'il est derrière son écran, il peut écrire, organiser ou faire n'importe quoi. Et ça, je pense que c'est très important aussi. Et c'est un message aussi que j'adresse à notre jeunesse. Ce n'est pas parce que vous êtes derrière un écran et je le dis, il y a des jeunes stagiaires qui sont avec nous aujourd'hui, qui sont des utilisateurs, peut-être des réseaux sociaux. L'anonymat en cas de délit n'existe pas et vous ne pouvez pas faire ou écrire n'importe quoi sous prétexte que c'est derrière un écran. Quand il y a des conséquences, eh bien, ces conséquences peuvent donner lieu à des sanctions. Et donc ce travail avec les plateformes, il a été utile, précieux. Et faut-il des outils dans la loi pour permettre dans de telles situations d'intervenir à nouveau ? Y-a-t-il besoin de précisions ? Eh bien, c'est ce groupe transpartisan qui devra travailler cette question.

 

Hélène TERZIAN

Mais il s’agit bien de suspendre les plateformes...

 

Olivier VÉRAN

Mais ça peut être des suspensions de fonctionnalités comme ça a pu être le cas...

 

Hélène TERZIAN

C’est-à-dire ?

 

Olivier VÉRAN

Ça veut dire que vous avez par exemple des fonctions sur certaines plateformes de géolocalisation qui permettent à des jeunes de se retrouver à tel endroit en montrant des scènes et comment mettre le feu, etc., et donc c’est des appels à organisation de la haine dans l'espace public. Et là, vous avez autorité pour pouvoir suspendre le temps de.

 

Hélène TERZIAN

Merci.

 

Maxence LAMBRECQ

Bonjour Maxence LAMBRECQ, France Inter. Je viens de regarder sur Légifrance la circulaire, je ne la vois pas, mais elle sera peut-être publiée aujourd'hui ou demain. L'autre question, c'est le Conseil de planification écologique qui était prévu aujourd'hui, le 5 juillet. Pourquoi a-t-il été reporté ? Quel est l'horizon de ce report et qu'est-ce qui se passe donc pour la planification écologique et quel impact ça peut avoir ? On évoque une réunion de travail qui se tient en ce moment.

 

Olivier VÉRAN

Oui, pour tout vous dire, dès que je vous aurais quittés, je rejoindrait le président de la République et les membres du Gouvernement concernés qui travaillent en ce moment sur la feuille de route de planification écologique, avec une réunion autour du président de la République et de la Première ministre pour faire un bilan avant la présentation très prochaine, rassurez-vous, dans le détail de toutes les mesures de cette planification écologique.

 

Maxence LAMBRECQ

Ça n'a pas un impact sur ces décisions ? Je veux dire, le fait que les décisions ne soient pas publiées et prises aujourd'hui ?

 

Olivier VÉRAN

Non. On a aujourd'hui une dernière réunion de travail préparatoire à la présentation de la planification. Peut-être… je ne peux pas vous dire quel est le délai, mais dans les prochains jours, très probablement.

 

Maxence LAMBRECQ

Merci.

 

Olivier VÉRAN

Merci à tous. 

Projets de loi

Le ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique a présenté un projet de loi ratifiant l’ordonnance n° 2023-77 du 8 février 2023 relative à l’exercice en société des professions libérales réglementées.

Annoncée dans le cadre du plan présenté par le Président de la République le 16 septembre 2021, visant à créer un environnement juridique, fiscal et social plus simple et protecteur pour les indépendants, cette ordonnance a été prise sur le fondement de l’article 7 de la loi n° 2022-172 du 14 février 2022 en faveur de l'activité professionnelle indépendante.

Fruit de près de deux années de concertation, elle simplifie, clarifie, rend plus lisible et sécurise le cadre juridique applicable à l’exercice en société des professions libérales réglementées. Elle offre également de nouveaux outils de développement aux professionnels, tout en renforçant la protection de leur indépendance.

L’ordonnance ratifiée entrera en vigueur le 1er septembre 2024.

La ministre de l’Europe et des Affaires étrangères a présenté un projet de loi autorisant l’approbation de l’accord entre le Gouvernement de la République française et la Banque internationale pour la reconstruction et le développement, l’Association Internationale de développement, la Société financière internationale, l’Agence multilatérale de garantie des investissements, et le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements.

Signé à Paris le 9 mai 2022, cet accord vise à formaliser les droits et obligations dont bénéficient le groupe Banque mondiale et ses personnels installés à Paris. Le groupe souhaite relocaliser une partie de ses activités dans son bureau parisien pour en faire son siège principal en Europe et rayonner depuis cette base vers l’Afrique subsaharienne, l’Afrique du Nord, le Proche-Orient et l’Asie Centrale. La Banque mondiale installera également des équipes qui travailleront sur les questions du financement du développement et d’éducation, deux priorités fortes de la France en matière de solidarité internationale.

Le Gouvernement français salue l’initiative prise par le groupe Banque mondiale, qui est une marque de confiance envers notre pays. Cet accord, signé à la date du 75ème anniversaire du tout premier prêt de la Banque en faveur de la France et de la reconstruction de l’Europe qui avait été octroyé le 9 mai 1947, témoigne de la qualité et de la permanence de la coopération entre la France et le groupe Banque mondiale.

Il intervient à un moment clé pour l’avenir du groupe de la Banque mondiale et du système international de financement du développement, et symbolise la détermination commune de la Banque mondiale et de la France à mieux adapter notre réponse commune aux enjeux de développement du XXIème siècle et aux défis mondiaux. Ce sujet était au cœur du Sommet pour un nouveau pacte financier mondial, organisé les 22 et 23 juin 2023 à Paris, pour lequel le groupe Banque mondiale, représenté par son nouveau président Ajay Banga, a apporté une contribution essentielle.

Cet accord témoigne également de l’attractivité de la France pour les organisations internationales, dans la lignée de l’ambition posée par la ministre et incluse dans la loi n° 2021-1031 du 4 août 2021 de programmation relatif au développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales.

Communication

La Première ministre a présenté une communication relative à la réaction de l’État aux violences urbaines.

Depuis une semaine, plus de 500 communes dans toute la France ont connu des épisodes de violence inacceptable. Ces troubles, au lendemain de la mort d’un adolescent, tué à Nanterre à la suite d’un contrôle routier, ont ciblé les symboles républicains, mais aussi des commerces, des véhicules, des transports publics. De nombreuses personnes, détenteurs de l’autorité publique, pompiers, forces de l’ordre, élus, ont été ciblés et attaqués.

La réponse de la justice au drame de la mort de Nahel a été immédiate. La réponse du Gouvernement a pour sa part visée simultanément à rétablir l’ordre public sur tout le territoire et à s’assurer de sanctions rapides, fermes et systématiques. Le ministère de l’intérieur et des outre-mer et le ministère de la justice ont fait preuve d’une réactivité et d’une coordination de leur action remarquables. Il convient désormais de garantir un accompagnement rapide aux victimes des violences, et en particulier aux maires confrontés à des dégradations.

Passé le temps du retour au calme, une réponse structurelle sera apportée à cette situation qui met en cause notre pacte républicain.

1/ La réponse du Gouvernement a été immédiate pour mettre fin aussi rapidement que possible à ces violences.

Dès le premier soir de violences urbaines, une très forte mobilisation des forces de l’ordre et du service public de la justice a été engagée pour sécuriser les lieux, protéger les bâtiments sensibles, disperser les regroupements qui troublent l’ordre public et interpeler les auteurs d’infractions. Ainsi, chaque soir depuis vendredi soir, ce sont jusqu’à 45 000 policiers et gendarmes et près de 1200 sapeurs-pompiers qui ont été mobilisés dans tous les départements, renforcés par des moyens spécialisés des forces de l’ordre, en particulier des véhicules blindés de la gendarmerie nationale. Des mesures de prévention ont été prises, notamment pour les transports publics de surface (bus, tramways) qui ont été suspendus à partir de 21 h et des arrêtés préfectoraux ont été pris pour réglementer le transport d’armes, de produits inflammables ou d’explosifs.

Le Gouvernement salue l’engagement et le professionnalisme de nos forces de sécurité qui ont été confrontées à des interventions difficiles. Cet engagement massif des forces de sécurité a produit des résultats : chaque nuit connaît depuis samedi une forte diminution du niveau des violences par rapport à la précédente (30 bâtiments ont été pris pour cible lors de la nuit de lundi à mardi contre 492 lors de la nuit de jeudi à vendredi dernier). Ce sont toujours 30 bâtiments de trop et le Gouvernement maintiendra un dispositif important aussi longtemps que nécessaire jusqu’à un retour complet à la normale.

Compte tenu du rôle des réseaux sociaux dans le déclenchement et l’organisation des regroupements visant à dégrader ou piller, le Gouvernement a réuni vendredi les principales entreprises concernées pour leur demander de respecter leurs obligations de retirer les contenus illicites et d’être vigilantes sur certaines de leurs fonctionnalités, qui peuvent faciliter les troubles à l’ordre public, comme certains systèmes de géolocalisation ou hashtags proposés par des algorithmes. Ces demandes ont été entendues et des mesures ont été prises par les grandes plateformes pour retirer rapidement les contenus signalés.

2/ La gravité des faits justifie une réponse pénale ferme, y compris pour les mineurs. La responsabilisation des parents est un élément essentiel pour trouver une réponse adaptée aux actes commis par les mineurs.

Il faut noter une très forte mobilisation des professionnels du ministère de la justice pour traiter l’ensemble des infractions commises et notamment les atteintes aux élus.

En application des instructions du garde des sceaux aux procureurs, une réponse pénale ferme a été donnée puisque le bilan, le soir du 4 juillet, était de près de 990 présentations aux procureurs en sortie de gardes à vue dont 480 comparutions immédiates devant un tribunal. 366 personnes ont été incarcérées pour ces violences et dégradations. Des peines d’emprisonnement nombreuses ont d’ores et déjà été prononcées pour répondre à ces faits très graves, ainsi que des interdictions de paraître, ou de détenir des armes.

Un tiers des personnes interpellées sont des mineurs. Une circulaire sera diffusée par le garde des sceaux sur le traitement des infractions qu’ils ont commises et sur les conditions d’engagement de la responsabilité de leurs parents. Elle invitera à la systématisation de sanctions adaptées, à la multiplication des mesures à visée éducative ou d’insertion et à la responsabilisation des parents, y compris par le biais d’amendes.

Le Gouvernement entend poursuivre les réformes engagées pour une justice plus efficace, plus rapide. C’est l’objectif de la loi de programmation pour la Justice actuellement en discussion au Parlement.

3/ Les dommages causés par ces violences sont importants, et le Gouvernement est au côté des élus, des acteurs locaux et des commerçants pour les accompagner.

Le Gouvernement a condamné avec fermeté les violences faites aux élus comme les atteintes portées aux maries, écoles, bibliothèques ou postes de police qui sont autant de symboles de la République. Leur dégradation, par une minorité, remet en cause le fonctionnement des services publics, l’accès à la connaissance et à l’égalité des chances, socle de notre démocratie. Le Gouvernement a mobilisé les préfets pour qu’ils agissent aux côtés et en appui des élus et des collectivités. Il salue leur action et celle des agents territoriaux pour assurer le maintien des services publics de proximité et le nettoyage des espaces publics.

Garantir la réouverture des services publics est un impératif qui nécessite la mobilisation totale des assureurs et des pouvoirs publics : des instructions seront données aux préfets pour accélérer la reconstruction :

  • des guichets uniques seront ouverts dans chaque préfecture,
  • pour faciliter la remise en état des bâtiments dégradés, les collectivités concernées pourront dès à présent bénéficier d’un soutien financier,
  • l’ensemble des dispositions existantes qui permettent de faciliter la reconstruction ou la rénovation des bâtiments publics détruits ou dégradés, en accélérant les procédures ou en écartant des règles contraignantes intervenues postérieurement à la construction initiale, seront mobilisées par les autorités administratives compétentes. Une circulaire de la Première sera diffusée dès aujourd’hui à cette fin,
  • les derniers verrous juridiques seront levés grâce à l’édiction en urgence de textes dédiés, y compris au niveau législatif,
  • le fonds interministériel de prévention de la délinquance va être mobilisé à hauteur de 20 M€, notamment pour remettre en état et renforcer la vidéo-protection.

De nombreux commerces ont été dégradés ou pillés. Le Gouvernement a demandé aux assureurs de se mobiliser pour accompagner les commerçants concernés. Il leur a été demandé d’allonger de 5 à 30 jours le délai pour déclarer les sinistres, ce qu’ils ont accepté, et d’assurer une indemnisation rapide de ces derniers, incluant des réductions de franchises pour les commerces indépendants les plus touchés.

La mobilisation de l’État se traduira par la mise en place d’un interlocuteur dans chaque département, pour accompagner les commerces et permettre des reports de charges sociales, la modulation du taux d’impôt sur le revenu ainsi qu’à titre exceptionnel pour les commerces les plus en difficulté une annulation de charges sociales et fiscales au cas par cas.

Le bénéfice de l’activité partielle et son régime d’indemnités sera par ailleurs ouvert pour les entreprises victimes de destructions matérielles ou pour lesquelles l’activité est directement affectée par des mesures de police administrative ou des consignes de prudence de la part des préfectures.

Malgré la diminution des violences, le Gouvernement maintient un très haut niveau de vigilance, qui nécessite la mobilisation de l’ensemble de nos forces de l’ordre.

Au-delà, cet épisode de violences appelle des réponses de fond. Elles nécessiteront un diagnostic partagé et une action collective de l’État et de l’ensemble des parties prenantes : élus locaux, acteurs associatifs, intervenants sociaux, et forces de l’ordre.

C’est dans cet esprit que le Gouvernement présentera prochainement un ensemble de mesures visant à répondre aux différentes questions de sécurité, d’éduction, d’emploi et d’égalité des chances pour accélérer et renforcer les politiques publiques conduites depuis 2017.

Le Gouvernement poursuivra son action pour transformer les quartiers, pour y faire de l’égalité des chances une réalité tangible et y maintenir avec force la République qui protège et crée les conditions de la réussite de chacun, quels que soient son origine et son lieu de résidence.

Nomination(s)

Le conseil des ministres a adopté les mesures individuelles suivantes :

Sur proposition de la Première ministre :

  • M. Didier LALLEMENT, conseiller maître à la Cour des comptes, secrétaire général de la mer, est maintenu dans ses fonctions jusqu’au 27 août 2025.

Sur proposition du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer :

  • M. Julien MARION est nommé directeur général de la sécurité civile et de la gestion des crises à l’administration centrale du ministère de l'intérieur, à compter du 10 juillet 2023.

Sur proposition du ministre des Armées :

  • M. l’ingénieur général de 1ère classe de l’armement Alexandre BAROUH est nommé directeur central du service d’infrastructure de la défense et est élevé aux rang et appellation d’ingénieur général hors classe de l’armement, à compter du 1er août 2023 ;

  • M. le général de division Jean-Christophe BECHON est nommé major général de l’armée de terre et est élevé aux rang et appellation de général de corps d’armée, à compter du 1er août 2023 ;

  • M. le général de division aérienne du corps des officiers de l’air Laurent RATAUD est nommé commandant de la défense aérienne et des opérations aériennes et est élevé aux rang et appellation de général de corps aérien, à compter du 1er août 2023 ;

  • M. le général de division aérienne du corps des officiers de l’air Thierry GARRETA est nommé sous-chef d’état-major « opérations » de l’état-major des armées et est élevé aux rang et appellation de général de corps aérien, à compter du 1er août 2023 ;

  • M. le général de corps aérien du corps des officiers de l’air Philippe MORALES est nommé major général de l’armée de l’air et de l’espace.

En outre, ont été adoptées diverses mesures d’ordre individuel concernant des officiers généraux de l’armée de terre, de la marine nationale, de l’armée de l’Air et de l’Espace, du Service de santé des armées, du Service du commissariat des armées, du Service de l’énergie opérationnelle et de la direction générale de l’armement.

Sur proposition du ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires et de la ministre de la Transition énergétique :

  • M. Olivier DAVID, ingénieur général des mines, est nommé directeur du climat, de l'efficacité énergétique et de l'air par intérim.

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