Passation de pouvoir entre Élisabeth Borne et Gabriel Attal

Publié 09/01/2024|Modifié 09/01/2024

La passation de pouvoir entre Élisabeth Borne et le nouveau Premier ministre Gabriel Attal s'est déroulée mardi 9 janvier 2024 à l'Hôtel de Matignon.

Élisabeth Borne et Gabriel Attal sur le perron de l'Hôtel de Matignon
Retrouvez la passation de pouvoir entre Élisabeth Borne et Gabriel Attal à l'Hôtel de Matignon mardi 9 janvier 2024.

Avec le président de la République, j'aurai donc un objectif : garder le contrôle de notre destin et libérer notre potentiel français.

Gabriel Attal

  • Premier ministre
Passation de pouvoirs entre Élisabeth Borne et Gabriel Attal

Cérémonie de passation de pouvoir entre Élisabeth Borne et Gabriel Attal – mardi 09 janvier 2024

Élisabeth BORNE

Monsieur le Premier ministre, cher Gabriel, tout d’abord, bienvenue à Matignon. Au moment où je te passe le relais, je voudrais d’abord dire toute ma reconnaissance. Ma reconnaissance au président de la République, bien sûr, qui m’a fait confiance depuis 2017. Et je suis fière d’avoir, à ses côtés, pendant près de 7 ans, servi notre pays et nos concitoyens en tant que ministre puis Première ministre. Ma reconnaissance aussi envers l'équipe gouvernementale que j'ai eu l'honneur de diriger, qui a porté avec force et détermination les réformes nécessaires, y compris les plus difficiles. Et je veux vraiment dire un grand merci à chacune et à chacun. 

Je veux dire ma reconnaissance aussi aux Parlementaires de la majorité. Dans un contexte inédit, souvent face aux attaques les plus brutales, ils ont tenu. Alors je serai bientôt l'une d'entre eux en tant que députée du Calvados et je me réjouis de continuer à servir mon pays à leur côté avec détermination et exigence. Et puis, je veux remercier aussi les parlementaires des oppositions qui ont fait le choix du dialogue et du compromis plutôt que du blocage et de l'obstruction. 

Je tiens aussi à remercier toutes les administrations que j'ai dirigées au cours de ces 7 années, les équipes de Matignon et tout particulièrement mon cabinet. Je mesure le travail qu'ils ont accompli à toute heure du jour et souvent de la nuit et j'ai été particulièrement bien entourée, donc je veux leur dire un grand merci. Je veux également rendre hommage à tous les partenaires qui sont essentiels pour notre action au service du pays. Je pense aux élus locaux qui s'engagent au quotidien pour nos concitoyens. Je pense aux acteurs de la société civile et notamment aux associations qui portent des combats essentiels, de la transition écologique à l'égalité des chances. Et puis, je pense aux partenaires sociaux avec lesquels j'ai toujours entretenu des relations de confiance et de respect. Moi, je crois au dialogue, à la co-construction, à la force du collectif. Alors, il y a eu des moments difficiles, mais le dialogue n'a jamais été rompu. 

Enfin je veux dire aux Françaises et aux Français que chaque jour, en tant que ministre puis Première ministre, j'ai mis toute mon énergie à les servir. J'ai travaillé sans relâche, sans chercher les coups d'éclat. Et partir du réel vécu par nos concitoyens, partir de leur quotidien et chercher à apporter des résultats rapides et tangibles, c'est ma méthode d'action et je l'assume. 

Alors, Monsieur le Premier ministre, cher Gabriel, j’ai parlé de reconnaissance et je veux aussi parler de fierté. Je suis fière du travail accompli au cours de ces presque 20 mois, pendant lesquels je me suis, en particulier dans des conditions inédites à l’Assemblée, attelées à faire adopter nos budgets, la réforme des retraites, la loi immigration et plus de 50 textes pour répondre aux défis de notre pays et aux attentes de nos concitoyens. Nous avons réussi à construire des majorités de projets dans l'esprit du dépassement porté par le président de la République en 2017. Et puis, je suis fière aussi que notre pays soit désormais doté d'une planification écologique concrète et solide. 

Tout au long de ces années, tout au long de ces mois, je n'ai jamais reculé devant aucun obstacle, je n'ai jamais reculé devant aucune réforme. J'ai mené les projets qui me semblaient justes et nécessaires pour notre pays et j'ai tenu, sans trembler, le cap fixé par le président de la République. Enfin, bien sûr, je ressens aujourd’hui beaucoup d’humilité. Je suis consciente de tout ce qu’il reste à accomplir. Je connais les enjeux devant nous. Nous devons y répondre et rassembler. Nous devons plus que jamais veiller à donner sa chance et des perspectives à chacun, bâtir une France plus forte et plus juste, dans une Europe plus souveraine. 

Monsieur le Premier ministre, cher Gabriel, au moment où je te passe le relais, je suis confiante. Nous nous connaissons bien, tous les deux, nous nous sommes engagés dès la première heure derrière le président de la République. Tu as la détermination et l’énergie pour mener une équipe et porter les projets nécessaires pour notre pays. Tu as aussi cette volonté de tenir, de respecter la parole donnée. En te sachant dans cette fonction, j’ai confiance et je t’adresse tous mes voeux de succès. Tu peux compter sur moi pour t’y aider, il en va de la réussite de notre pays et c’est finalement la seule chose qui compte.

Et peut-être, je voudrais terminer sur un mot plus personnel. En prenant mes fonctions, j’avais adressé un message à toutes les petites filles en leur disant d'aller au bout de leurs rêves. Je pense que mon parcours démontre que quelle que soit son histoire, tout est possible. Mais j'ai aussi pu mesurer, assez souvent, qu'il reste du chemin pour l'égalité entre les femmes et les hommes. Alors je le dis à toutes les femmes : « tenez bon ! L'avenir vous appartient ». Et puis, plus largement, il reste du chemin pour que chacun, quelle que soit son origine, quel que soit son milieu social, quelle que soit son adresse, ait toutes ses chances, par son mérite et son talent. Alors à toutes et tous, je veux le dire, à vos côtés, je continuerai le combat. Je vous remercie.

[Applaudissements]

Gabriel ATTAL

Madame la Première ministre, très chère Élisabeth, Mesdames, Messieurs, depuis 1936, depuis Léon BLUM, c’est d’ici, depuis l’hôtel de Matignon, que nos Premiers et nos Premières ministres ont œuvré à bâtir la France. Chère Élisabeth, pendant près de 20 mois, c'est la France de demain que tu as contribué à bâtir. Aux côtés du président de la République, tu as été une Première ministre d'action et de courage. Ton histoire personnelle, tout autant que ton éthique politique, ont fait de toi un exemple pour tes ministres, pour les Parlementaires que tu as évoqués, et plus largement, je le crois très profondément, pour les Français. Nous savons tous ce que nous te devons. Élisabeth, Madame la Première ministre, merci pour tout. 

À l'heure où je prends mes fonctions, c'est d'abord au président de la République que j'adresse mes remerciements les plus sincères. Cela a été dit, ces dernières heures, j'ai pu le lire ou l'entendre : « le plus jeune président de la République de l'histoire nomme le plus jeune Premier ministre de l'histoire ». Je ne veux y voir qu'un seul symbole : celui de l'audace et du mouvement. Le symbole aussi, et peut-être surtout de la confiance, celle accordée à la jeunesse, cette génération qui mérite que l'on se batte pour elle sans relâche. 

Ces derniers mois, j'ai consacré toute mon énergie à redonner espoir, à chercher à redonner espoir à cette génération et à ses parents en œuvrant pour l'école de la République. Je le dis d'emblée Mesdames et Messieurs, j'emmène avec moi ici à Matignon la cause de l'école. Je réaffirme l'école comme étant la mère de nos batailles, celle qui doit être au cœur de nos priorités et à qui je donnerai, comme Premier ministre, tous les moyens d'action nécessaires pour sa réussite. Elle sera l'une de mes priorités absolues dans mon action à la tête du Gouvernement. Il y aura de ce point de vue une forme de continuité, car en prenant des décisions fortes sur l’abaya, en prenant des décisions fortes sur la laïcité, c'est pour la liberté que je me suis engagé. En prenant des décisions fortes sur l'exigence et sur le choc des savoirs, c'est pour l'égalité que je me suis engagé. En prenant des décisions fortes dans la lutte contre le harcèlement, c'est pour la fraternité que je me suis engagé. « Liberté, égalité, fraternité », cette devise de l'école est aussi celle de la République et ce sera toujours ma boussole. 

Mais Mesdames et Messieurs, j'ai conscience du contexte dans lequel je prends mes fonctions. Trop de Français doutent encore. Trop de Français doutent de notre pays, doutent d'eux-mêmes, doutent de notre avenir. Je pense en particulier, aux classes moyennes, cœur battant de notre pays, artisans de la grandeur et de la force de notre nation française. Ces femmes, ces hommes, ces familles qui se lèvent tous les matins pour aller travailler, qui peuplent notre territoire et que l'on n'entend pas souvent, mais qui sont toujours au rendez-vous de leurs responsabilités. Cette classe moyenne qui travaille et qui finance, par son travail, nos services publics et notre modèle social. Ces Français qui, parfois, ne s'y retrouvent plus. Des Français doutent mais au fond, je sais qu'ils espèrent aussi car, au fond de nous, au plus profond de nos consciences de Français amoureux de notre pays, nous le savons : la France ne rimera jamais avec déclin. Car la France, elle rime avec sursaut, elle rime avec audace, elle rime avec grandeur. 

Et c'est précisément à cette tâche que je vais m'atteler, sous l'autorité du président de la République. Il a été réélu sur un projet clair, un projet d'action, de transformation, un projet de reprise en main de notre destin et de préparation de celui de la prochaine génération. Avec le président de la République, j'aurai donc un objectif : garder le contrôle de notre destin et libérer notre potentiel français. 

Garder le contrôle de notre destin, c'est lutter pour la maîtrise de notre modèle social, c'est agir pour la solidarité entre les Français, c'est assumer de faire de l'autorité et du respect de l'autre une valeur politique de premier ordre et de la sécurité un objectif absolument prioritaire. C'est agir pour le renforcement de nos services publics, au premier rang desquels l'école, j'en parlais il y a un instant, mais aussi la santé et en premier lieu, évidemment, notre hôpital. C'est renforcer notre souveraineté nationale et celle de l'Europe en maîtrisant mieux notre immigration. C'est garantir l'avenir de notre planète qui est le bien commun de notre humanité. 

Libérer le potentiel français, cela veut dire continuer à transformer notre économie autour de trois axes majeurs. D'abord, la priorité donnée au travail. Travailler doit toujours être mieux valorisé que ne pas travailler, alors que l'inflation, je le sais, continue de peser sur la vie des Français. Ensuite, c’est l'acte 2 de la libération de notre économie, notamment avec la simplification drastique de la vie de nos entreprises et de nos entrepreneurs. Et c'est enfin l'action résolue que nous devons mener pour notre jeunesse, dont le talent ne demande qu'à s'exprimer. 

Dans ce chantier, avec le président de la République, nous ne partons pas de nulle part. Depuis plus de six ans, tant a été fait, tant a été engagé et déjà des résultats sont perceptibles dans la vie des Français. Nous avons un taux de chômage historiquement bas depuis un certain nombre d'années et tu y as largement contribué en tant que ministre et Première ministre. Mais pour les années à venir, tant reste encore à faire. C'est la tâche à laquelle je consacrerai toute mon énergie, avec la même méthode qui est la mienne, celle que j'ai toujours utilisée dans mes fonctions : poser des diagnostics clairs sans jamais mentir aux Français et mettre en place des actions fortes, concrètes, sans tabou, dire la vérité, agir sans attendre. Voilà ce que sera mon action à la tête du Gouvernement de la France. 

Mesdames et Messieurs, avant de conclure, je veux avoir à nouveau une pensée pour le président de la République, lui redire toute ma gratitude, toute ma fidélité. Je veux avoir un mot pour notre Parlement. À la majorité, je dis ma reconnaissance et ma promesse de toujours rester l'un des leurs. Aux oppositions, je leur dis que nous avons en commun le destin de notre nation, que nous ne serons évidemment pas d'accord sur tout, que nous nous opposerons, mais aussi, je leur fais la promesse de toujours les écouter, toujours les respecter parce qu’à travers eux, c’est la voix de millions de Français qui s’expriment. 

Je veux avoir un mot pour nos élus locaux qui sont eux aussi les garants de notre République. Pour nos partenaires sociaux, oui, ils sont nos partenaires, avec tout ce que cela comporte d'exigence et de franchise. Parce que chaque jour compte, je réunirai toutes ces forces vives du pays dès cette semaine pour enclencher ensemble cette nouvelle étape. Avant de conclure, je veux avoir une pensée pour Edouard PHILIPPE qui fut le premier à me faire confiance en me nommant au Gouvernement il y a plus de cinq ans. Une pensée pour toi Élisabeth, que je remercie à nouveau pour ta confiance et je pense évidemment à Jean CASTEX avec qui j'ai tant appris ici à Matignon en tant que secrétaire d'État auprès de lui, porte-parole du Gouvernement. J'ai appris ici, avec lui, à ses côtés, le fonctionnement de Matignon, l'exigence de la tâche de Premier ministre et aussi l'importance de l'amitié en politique. Je veux lui dire que je sais ce que je lui dois, ce que notre famille politique lui doit et ce que la France lui doit. 

Je veux, pour conclure, m'adresser directement aux Français, à tous les Français, où qu'ils vivent, dans l'Hexagone, dans les outre-mer ou à l'extérieur de nos frontières, quels que soient leur parcours de vie, quelles que soient leurs opinions politiques, peu importe qui ils aiment ou ce en quoi ils croient. Je veux leur dire qu'ils pourront toujours compter sur moi, leur dire qu'avec le président de la République, chaque jour, chaque minute, chaque seconde leur sera consacrée. Parce qu'il n'y a rien de plus beau, rien de plus fort, rien de plus grand que de servir la France et les Français. Je vous remercie.

[Applaudissements]

J'ai pu mesurer, assez souvent, qu'il reste du chemin pour l'égalité entre les femmes et les hommes. Alors je le dis, à toutes les femmes : « tenez bon ! L'avenir vous appartient »

Élisabeth Borne

  • Ancienne Première ministre

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