« Le harcèlement à l'école va jusqu’à parasiter le temps familial »

Ce contenu a été publié sous le gouvernement de la Première ministre, Élisabeth Borne.

Publié 02/10/2023|Modifié 02/10/2023

Directrice générale de l’association e-Enfance/3018, Justine Atlan estime que la lutte contre le harcèlement à l'école doit dépasser le seul cadre de l’établissement scolaire. Son association recueille les signalements à travers le 30 18 et mène des actions de prévention et de sensibilisation, auprès des élèves, de leurs parents et des professionnels.

Image de Justine Atlan, directrice générale de l'Association e-Enfance / 30 18

Qu’est-ce que le harcèlement à l'école ?

L’école est le milieu où l’enfant apprend la socialisation. Il y vit ses premières amitiés, souvent ses premiers émois amoureux et à l’adolescence y éprouve le besoin d’être légitimé par un groupe.
C’est dans ce cadre qu’apparaissent les phénomènes de harcèlement à l'école, qui se manifestent souvent comme l’exercice d’un rapport de force par un groupe sur un individu isolé.
Le harcèlement à l'école prend alors des formes variées : violences verbales, psychologiques, physiques ou ostracisation. Le plus souvent, le harcèlement se dissimule derrière des micro-violences qui s’accumulent jusqu’à susciter un sentiment de persécution et d’isolement. Des gestes ou des mots qui peuvent, isolément, passer pour anodins peuvent ainsi constituer du harcèlement par leur répétition malveillante.

Le plus souvent, le harcèlement se dissimule derrière des micro-violences qui s’accumulent jusqu’à susciter un sentiment de persécution et d’isolement.

Et pourtant, le harcèlement à l'école ne se limite pas au cadre de l’école… Effectivement, le harcèlement à l'école va jusqu’à parasiter le temps familial. Il se ramifie à travers les réseaux sociaux, là où se prolongent les relations sociales qui naissent en milieu scolaire. Par ailleurs, l’anonymat désinhibe les harceleurs, qui se joignent à la meute dans l’espace numérique et se rendent aussi moins compte de leur impact.
Les mesures annoncées par le Gouvernement prennent acte du fait que le harcèlement à l'école dépasse le seul cadre de l’école. Il s’agit d’un plan interministériel impliquant le ministère de l’Éducation nationale, mais aussi ceux du Numérique, des Sports, de la Justice, de la Santé. Les leviers d’action contre ce phénomène sont donc multiples et combinés.

Peut-on quantifier le phénomène ?

Les derniers chiffres officiels datent de 2011 : on parlait alors de 700 000 victimes. Le 9 novembre 2023, Journée nationale de lutte contre le harcèlement à l’école, les élèves seront consultés à travers un questionnaire pour tenter d’actualiser ces chiffres. Mais nous avons tous une intuition personnelle de l’ampleur du phénomène, soit comme victime, soit comme témoin ou auteur.
Le problème, c’est que la dilution de la responsabilité - propre aux phénomènes de groupe- et l’intériorisation d’émotions violentes par la victime tendent à invisibiliser le phénomène. On ne peut donc pas demander aux victimes de prendre l’initiative de communiquer : c’est une démarche très compliquée lorsqu’on a pris l’habitude de souffrir en silence.
L’adulte, parent ou enseignant, se doit donc de repérer les signaux faibles, et de questionner les élèves. Le repli sur soi, les accès de violence, mais aussi la baisse des résultats scolaires, peuvent être considérés comme des signes émis par les victimes qui méritent la vigilance des adultes.

Peut-on prévenir le harcèlement à l'école ?

Plus le harcèlement est pris en charge de manière précoce, plus il est facile de le désamorcer. Il faut donc former l’ensemble des personnels à repérer les signes avant-coureurs : les enseignants, les CPE, les surveillants. D’ailleurs, lorsqu’on interroge les parents d’élèves, leur première inquiétude porte moins sur les résultats scolaires que sur les risques de harcèlement. Aujourd’hui l’École est donc attendue moins sur la transmission du savoir à l’élève que sur le développement des compétences psycho-sociales de l’enfant.

Le repli sur soi, les accès de violence, mais aussi la baisse des résultats scolaires, peuvent être considérés comme des signes émis par les victimes qui méritent la vigilance des adultes.

Les parents ont eux aussi leur rôle à jouer : éduquer aux relations à autrui et encadrer la pratique numérique de leurs enfants. Il faut transmettre aux enfants le réflexe d’agir en tant que témoin et de solliciter l’aide des adultes.

Quelles actions sont menées par votre association ?

L’association e-Enfance/3018 agit sur deux leviers.
D’abord, nos actions de prévention. Nous rencontrons 200 000 élèves par an. Ensuite, le 30 18, qui sera désormais le numéro unique et l’application qui centralise les signalements.
La plateforme propose une prise en charge globale des victimes par des psychologues ou des juristes. Ces derniers peuvent signaler les faits de façon prioritaire notamment auprès des réseaux sociaux, de l’Éducation nationale, de la cellule signal-sports, de la plateforme PHAROS (internet-signalement.gouv.fr), des CRIP (Cellule départementale de recueil des informations préoccupantes).
Nous assurons également la préparation des dépôts de plainte, l’orientation vers les Maison des Adolescents, ainsi que malheureusement de plus en plus souvent la gestion de crise de mal-être. Actuellement, nous traitons 150 appels par jour.

Le 30 18, numéro unique et application de signalements de harcèlement à l'école et de cyberharcèlement. Ouverte 7/7j, jusqu’à 23h, la plateforme propose une prise en charge globale des victimes par des psychologues ou des juristes qui signalent de façon prioritaire auprès de différents acteurs (réseaux sociaux, Éducation nationale, cellule signal-sports, plateforme PHAROS, CRIP, Procureur de la République, Maison des adolescents…).

Plus d'informations

Politique de lutte contre le harcèlement à l'école

La prévention et la lutte contre le harcèlement entre élèves est l'une des priorités du ministère de l'Éducation nationale et de la Jeunesse

Pour en savoir plus

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