Publié 26/02/2024|Modifié 01/02/2024

Jean-Pierre Raffarin

Homme de terrain, élu de la région poitevine, Jean-Pierre Raffarin succède à Lionel Jospin à l'Hôtel de Matignon en mai 2002.

Portrait de Jean-Pierre Raffarin
Portrait de Jean-Pierre Raffarin / Service photographique de Matignon

Il faut mettre en place la République du bon sens.

Jean-Pierre Raffarin

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BIOGRAPHIE

  • Né le 3 août 1948 à Poitiers (Vienne)
  • Profession : consultant
  • Partis politiques : UDF - Démocratie libérale – UMP
  • Président du Conseil régional de Poitou-Charentes (1988 à 2002)
  • Premier ministre de mai 2002 à mai 2005
Fils d'un ancien député et secrétaire d'État à l’Agriculture de Pierre Mendès-France, diplômé de l’École supérieure de commerce de Paris, Jean-Pierre Raffarin commence sa carrière comme communicant publicitaire (1973 à 1976). Il se tourne vite vers la politique, et de 1976 à 1981 il est conseiller technique au cabinet de Lionel Stoléru, ministre du Travail. Il est maître de conférences à l’Institut d’études politiques de Paris de 1979 à 1988 et travaille également dans le privé de 1981 à 1989.
Elu de Poitou-Charentes, il devient président du Conseil régional en 1988. En 1989, il est élu député européen et, en 1995, sénateur de la Vienne.
Il est nommé ministre des Petites et Moyennes Entreprises, du Commerce et de l’Artisanat (mai 1995-juin 1997) dans les gouvernements Juppé. Il présente au Parlement la « loi Raffarin » du 5 juillet 1996 relative au développement et à la promotion du commerce et de l'artisanat qui subordonnait l'installation des hypermarchés à une autorisation administrative.

JEAN-PIERRE RAFFARIN À L'HÔTEL DE MATIGNON

Nommé Premier ministre en mai 2002, il remplace Lionel Jospin qui a été éliminé au premier tour de l’élection présidentielle, dépassé par Jean-Marie Le Pen, le candidat du Front national. Jacques Chirac, réélu au second tour avec plus de 80 % des suffrages, le nomme à Matignon dès le lendemain du second tour.
La nomination de Jean-Pierre Raffarin traduit d’abord le renforcement de la présidentialisation du régime induite par le quinquennat. Surtout, en nommant un ancien giscardien et ancien secrétaire général de l’UDF, le président donne des gages à l’aile centriste et libérale de « l’Union en mouvement », futur UMP.
Le profil du Premier ministre, non-énarque, doit aussi rapprocher les Français de la politique. L’opinion perçoit surtout en lui le président du conseil régional de Poitou-Charentes. Il se réclame de valeurs simples de la droite et, promoteur d’une « République des proximités », il défend la vision d’une économie humaniste ancrée dans les PME. Il se veut le porte-parole de ce qu’il baptise « la France d’en-bas ».
L’exécutif bénéficie d’une assise telle qu’il n’en avait jamais connue : l’Assemblée nationale, le Sénat, la majorité des régions, des départements, des communes de plus de 3 500 habitants, et de ses partenaires européens sont de la même couleur politique que lui. A l’Assemblée nationale, le groupe UMP, fort de 356 membres et 9 apparentés, forme le plus grand groupe de l’histoire parlementaire.

Discours de politique générale, 3 juillet 2002

Le 3 juillet 2002, Jean-Pierre Raffarin prononce un discours de politique générale reposant sur quatre grands axes : l’État attentif, c’est-à-dire « recentrer l’État sur ses missions régaliennes et restaurer l’autorité républicaine » ; la République en partage, ou comment « favoriser le renouveau de la démocratie sociale et la relance de la démocratie locale » par la décentralisation ; la France créative en favorisant « la valeur de création que la France doit promouvoir est tout autant économique, sociale que culturelle. Il s’agit de libérer toutes les forces vives de notre pays, de privilégier toutes les valeurs ajoutées » ; et enfin, la mondialisation humanisée grâce au rôle joué par la construction européenne.
Le discours montre que le vote du 21 avril est traduit comme relevant d’une demande sociale sécuritaire. Sont annoncés la création de centres éducatifs fermés, une révision du droit d’asile, la création de postes de policiers, gendarmes, etc.
Le changement de majorité est souligné par l’affirmation de la différence de politique économique : assouplissement des 35 heures, baisse des charges, baisse de l’impôt sur le revenu.
Le programme fédère toutes les droites. Après le penchant autoritaire et le libéral, la droite démocrate-sociale n’est pas oubliée. Sont annoncés l'allocation unique du jeune enfant et un contrat d’insertion pour la jeunesse non-diplômée.
Selon le Premier ministre, l’Europe « nous aidera, tel un multiplicateur d’influence, à humaniser la mondialisation ». Jean-Pierre Raffarin conclut son discours en affirmant que « La France doit porter un message fort et clair en Europe ».  

L’ouverture à la société civile

« Le poids des énarques dans la vie politique française est tel qu’il appelle une profonde remise en question », écrivait Jean-Pierre Raffarin dans un livre publié en janvier 2002. Pour renouveler les élites, le Premier ministre veut accroître la place des représentants de la société civile dans les lieux de pouvoir. Cette ouverture doit « toucher tous les centres de décision », explique-t-il.
Au total, seuls six ministres de son premier gouvernement sont énarques. A l’Economie (Francis Mer et Alain Lambert) ou à l’Education (Luc Ferry et Xavier Darcos), les binômes ministériels associent un représentant de la société civile à une personnalité politique. Egalement représentatifs de cette ouverture, Jean-Jacques Aillagon, à la Culture, ou Dominique Versini (ancien responsable du Samu social) à la Lutte contre la précarité et l’exclusion, ou, à partir de juin 2002, la spationaute Claudie Haigneré à la Recherche.  
Néanmoins, si le gouvernement Raffarin II compte seulement 18 % d’énarques, soit dix points de moins que le gouvernement Jospin, il ne compte que 5 % de personnes issues des milieux ouvriers. Le renouvellement se fait au bénéfice de chefs d’entreprise et de professions libérales au premier chef.    

Rénover les institutions

La « République des proximités » passe par un approfondissement de la décentralisation. « Mère de toutes les réformes », selon la formule du Premier ministre, elle est l’une des grandes priorités. Le 17 mars 2003, le congrès vote une révision constitutionnelle en ce sens.
Le Sénat reçoit une priorité d’examen des lois portant sur l’organisation des collectivités et la représentation des Français de l’étranger. Sont instaurées au niveau des territoires des procédures d’adaptation réglementaire, d’expérimentation, de consultation populaire.
L’ «acte II » doit être l’occasion d’une vaste redistribution des compétences entre l’État et les différents niveaux territoriaux. Cette ambition se traduit par la loi du 13 août 2004, relative aux libertés et responsabilités locales.
Le statut pénal du chef de l’État fait l’objet d’une réforme constitutionnelle.

Questions sociales

La seconde réforme majeure des gouvernements Raffarin est celle des retraites. Conçue dans une optique de sauvegarde de la retraite par répartition, la loi du 21 août 2003 portant réforme des retraites, dite « loi Fillon sur les retraites », prévoit un allongement de la durée de cotisation, des incitations à l'activité des « seniors » et la mise en place d'un système de retraite par capitalisation individuel.
La loi relative à l’assurance maladie met en place une gouvernance unifiée et stable, augmente les ressources de l’assurance maladie et instaure un parcours de soin.
La canicule meurtrière de l’été 2003 (14 000 décès selon la mission d’information parlementaire) entraîne l’instauration d’une journée de solidarité ayant pour but le financement de la dépendance.
Le Premier ministre monte au front, à l’Assemblée, pour renforcer le principe de la laïcité à l'école avec la loi encadrant le port de signes religieux dans les écoles, les collèges et les lycées publics (15 mars 2004).  

L'APRÈS-MATIGNON

Lorsque les Français répondent non au référendum sur le projet de constitution européenne le 29 mai 2005, Jean-Pierre Raffarin remet sa démission au président de la République.
Réélu sénateur de la Vienne en septembre 2005, il est l'un des huit vice-présidents du Sénat.
En 2009, Jean-Pierre Raffarin est nommé Représentant personnel du président de la République pour la Francophonie.  

LES PRINCIPALES LOIS DU GOUVERNEMENT RAFFARIN