Publié 26/02/2024|Modifié 01/02/2024

Georges Pompidou

Georges Pompidou est nommé Premier ministre en 1962 par le président Charles de Gaulle. Il succède ainsi à Michel Debré. Il doit faire face aux évènements de mai 68 et négocie les Accords de Grenelle pour sortir de la crise. Son mandat prend fin en juillet 1968.

Geroges Pompidou, Premier ministre
Geroges Pompidou, Premier ministre / AFP

L'instrument essentiel dont dispose l'État pour accomplir les tâches qui lui incombent, c'est le plan dans lequel se dessinent le cadre et les objectifs de l'avenir français. J'ai entendu marquer son importance en rattachant le commissariat au Plan au Premier ministre. C'est ce commissariat qui doit être le cerveau de la politique économique et sociale, qui doit fixer les objectifs de production et d'investissement, qui doit proposer entre les différentes régions du pays une répartition des activités et des revenus équilibrés et cependant conforme à la vocation naturelle de ces régions. Par-là il anime l'aménagement du territoire : ici encore le gouvernement a marqué l'intérêt qu'il y porte par la désignation d'un ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de coordonner des activités administratives actuellement éparses et parfois contradictoires

Georges Pompidou

  • Déclaration de politique générale, 26 avril 1962
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BIOGRAPHIE

  • Né le 5 juillet 1911 à Montboudif (Cantal) et décédé le 2 avril 1974
  • Profession : professeur de français, latin et grec en hypokhâgne puis membre du Conseil constitutionnel
  • Partis politiques : UNR - UDR
  • Premier ministre d'avril 1962 à juillet 1968
  • Président de la République de juin 1969 à avril 1974
Fils d'un couple d'instituteurs, né dans le Cantal, il incarne l’élévation par le mérite chère au modèle républicain français. Il étudie d'abord à Toulouse puis au lycée Louis-le-Grand à Paris. En 1931, il intègre l'École normale supérieure puis est reçu premier à l'agrégation de lettres. Il débute alors une carrière de professeur de français, latin et grec au collège à Marseille, puis en hypokhâgne à Paris au lycée Henri-IV.
De 1944 à 1946, il est chargé de mission au cabinet du général de Gaulle dont il devient progressivement l'homme de confiance. Il est ensuite maître des requêtes au Conseil d’État. Il quitte ce poste pour être directeur général de la banque Rothschild.
Après l'élection présidentielle de Charles de Gaulle en 1958, il est nommé directeur de cabinet de ce dernier.
En mars 1959, il est nommé au Conseil constitutionnel où il siège jusqu'en 1962.      

GEORGES POMPIDOU À L'HÔTEL DE MATIGNON

En avril 1962, le général de Gaulle nomme Georges Pompidou au poste de Premier ministre. Il succède ainsi à Michel Debré.
Le premier gouvernement de Georges Pompidou intègre de nombreux non-parlementaires. Le reste du ministère se compose de parlementaires UNR (gaullistes), indépendants et de cinq MRP (centristes). Le nouveau Premier ministre fait clairement entendre qu’il souhaite apaiser les relations entre l’exécutif et le législatif.

Discours de politique générale, 24 avril 1962

D’emblée, Georges Pompidou souligne qu’il n’est pas un parlementaire. Son discours est amplement consacré à la question algérienne. Il met en cause l’Organisation de l’armée secrète (« organisation subversive qui, sous prétexte de défendre l'Algérie française, finira par rendre impossible la présence de Français en Algérie, qui, sous couleur de défendre l'intégrité du territoire, a failli briser l'unité nationale et déchaîner la guerre civile »). Il ne demeure toutefois pas sur cette clôture de l’époque impériale, et il dessine le nouvel horizon de la France : l’aventure européenne (« En ce siècle où les continents se découvrent une conscience collective, l'Europe qui a dû renoncer à ses empires coloniaux et a cru, comme certains le croient encore, en France, y voir le signe de sa décadence, est en train de découvrir sa propre existence et ses capacités »).
L’un des thèmes forts est la jeunesse, le Premier ministre prenant acte de l’effet du baby-boom. Il y voit un instrument de la prospérité, tout comme l’est la politique de stabilité du franc, et l’ensemble des moyens d’intervention de l’État représentés au premier chef par le commissariat au Plan qu’il vient de rattacher à ses services. Il s’agit de mettre en place une voie française de coopération intérieure : « Le gouvernement se propose d'associer le Parlement à la définition des objectifs du plan, de resserrer la collaboration avec les organisations professionnelles et syndicales, d'associer enfin à l'exécution du plan des collectivités locales et les comités d'expansion de telle manière que le planisme français garde et accentue sa caractéristique originale qui est d'unir la souplesse à l'efficacité ». La question d’une politique d’égalité des territoires complète cette conception coopératiste.

Une pratique constitutionnelle réajustée

La nomination d’un proche du chef de l’État, étranger à la politique et aux arcanes de la négociation parlementaire, marque la présidentialisation du régime. Le Premier ministre coordonne l’action des ministres, mais il le fait « sous la responsabilité du président de la République, qui dirige l’exécutif sans partage », expliquera le général de Gaulle. Tout au long de son destin politique, Georges Pompidou défend la prééminence du président.
Les conseils de cabinet que réunissait Michel Debré à Matignon sont laissés de côté, et le président convoque de plus en plus fréquemment à l’Elysée des conseils restreints auxquels participent plusieurs ministres et hauts fonctionnaires.
Dans une France marquée par les derniers soubresauts de la guerre d’Algérie, après l’échec de l’attentat du Petit-Clamart, le général de Gaulle propose aux Français un référendum sur l’élection du président de la République au suffrage universel. L’Assemblée vote une motion de censure contre le gouvernement. Mais le général maintient celui-ci et dissout l’Assemblée. Le 28 octobre 1962, les Français approuvent largement la réforme constitutionnelle, à 61,75 %. Un mois plus tard, ils donnent un score historique de 32 % à l’UNR gaulliste.
Engagé avec force dans le dossier du référendum, Georges Pompidou a changé de stature s’imposant, à l’Assemblée, comme un débatteur redoutable. À la télévision, sa ténacité et sa pugnacité ont impressionné les Français.

Moderniser l’appareil productif français

Bientôt, Georges Pompidou est considéré comme l’héritier naturel du fondateur du régime. Après la mise en ballottage du Général, en 1965, le Premier ministre est reconnu comme le véritable organisateur de la campagne du second tour.

Au premier rang face à la crise de mai 1968

Le quatrième gouvernement Pompidou est marqué par les événements de mai 1968. D'abord lancé par les étudiants, le mouvement s'étend aux ouvriers qui se mettent en grève. A la mi-mai, sept millions de grévistes paralysent le pays (sur une population active de 20 millions 440 000 personnes, soit un taux jamais vu de 34 % des travailleurs).
Devant la crise de mai 1968, c’est le Premier ministre qui semble un temps prendre la main. Cherchant à tout prix à éviter un raidissement, il annonce la réouverture de la Sorbonne. Tous les matins, il préside une réunion de crise à Matignon.

Le principal acteur des Accords de Grenelle

Le Premier ministre est à l’origine des Accords de Grenelle, qui aboutissent à une augmentation de 35 % du Smig et de 10 % en moyenne des salaires réels. Ils prévoient aussi la création de la section syndicale d’entreprise, marquant une rupture décisive dans l’histoire sociale du pays.
Georges Pompidou bénéficie désormais d'un poids politique inédit pour un Premier ministre, difficilement compatible avec l’interprétation gaulliste de la Constitution de la Ve République. De Gaulle l’invite publiquement à se tenir prêt pour « tout mandat que la nation pourrait un jour lui confier ».
  « L’unité de l’exécutif, ça veut dire la prééminence du président : le Premier ministre colle au président. Je pratique ce principe comme Premier ministre. Il faudra que le successeur du Général le pratique comme président. »
Georges Pompidou, à Alain Peyrefitte, le 19 décembre 1964 

L'APRÈS-MATIGNON

Le 15 juin 1969, Georges Pompidou est élu président de la République avec plus de 58 % des suffrages face à Alain Poher. Il nomme Jacques Chaban-Delmas au poste de Premier ministre.
  Le dernier hommage de la République à l’un des siens
Selon Michel Debré, le professeur Robert Debré son père, diagnostiqua en 1969 que Georges Pompidou souffrait de la maladie de Waldenström. Gravement malade, le président Pompidou décéda le 2 avril 1974 au cours de son mandat. Il souhaita être inhumé à Orvilliers (Yvelines), sans discours ni gerbe, en parfaite simplicité. Lui fut rendu hommage par une journée de deuil national et une cérémonie eut lieu à Notre-Dame de Paris, devant près d’une cinquantaine de chefs d’État et de gouvernement. Parmi ceux-ci, le président Léopold Senghor, vieil ami personnel de Georges Pompidou, ne cachait pas son émotion. Plusieurs milliers de personnes s’étaient rassemblées autour de la cathédrale.

LES PRINCIPALES LOIS DES GOUVERNEMENTS POMPIDOU

  • La réorganisation de l'Île-de-France avec l'éclatement des anciens départements de la Seine et de la Seine-et-Oise en sept nouveaux départements (loi appliquée en 1968)
  • Retrait de la France du commandement intégré de l'Otan (1966)
  • Création de l'Agence nationale pour l'emploi (1967)
  • Loi relative à l'exercice du droit syndical dans les entreprises
  • Loi Neuwirth qui autorise la fabrication et l'importation de contraceptifs oraux (1967-1969)