« En vingt ans, les choses ont beaucoup évolué »

Publié 07/03/2024|Modifié 07/03/2024 Toutes et tous égaux

En 2005, Martine Renaud Boulart, créatrice de l’école de coaching du groupe HEC, publiait « Le management au féminin ». Vingt ans plus tard, elle revient sur le sujet et mesure le chemin parcouru en matière d’égalité femmes hommes, et celui qu’il reste à accomplir…

Un portrait de Martine Boulart souriante, une bibliothèque derrière elle. — Source : Julien Nénault

Il y a presque vingt ans, vous publiiez un plaidoyer pour le management au féminin… Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire ce livre ?

J’avais créé au sein du groupe HEC un séminaire pour les femmes managers. A ce titre, j’avais découvert une grande richesse d’expériences, de parcours de femmes, qui exerçaient des fonctions de manager. Des personnes de tous types d’entreprise, appartenant à EDF, l’Oréal, Danone, etc.

L’approche de ce séminaire était celle du co-développement. Nous prenions un cas spécifique à une personne, et nous y réfléchissions ensemble.

Quelles étaient les problématiques des femmes managers, à cette époque ? Avez-vous l’impression qu’elles ont évolué ?

On ne mesure pas le chemin parcouru… A l’époque, on comptait en France 5 % de femmes dans les conseils d’administration, contre 25 % en Norvège.

Aujourd’hui, le pourcentage a un peu progressé avec la loi Rixain de 2021, qui impose aux entreprises de plus de 1 000 salariés d’inclure 30% de femmes dans leurs comités exécutifs en mars 2026. Certaines jouent le jeu, mais pas toutes. Quatre entreprises du CAC 40 n’ont aucune femme dans le Comex, selon l’étude 2023 de l’observatoire SKEMA de la féminisation des entreprises.

Le double plafond de verre (la faible proportion de femmes cadres et de femmes présentes dans les Comex) résiste, malgré les évolutions législatives… Mais la tendance est tout de même à la hausse.

Malgré tout, le contexte a beaucoup évolué. A l’époque où j’ai écrit ce livre, les femmes avaient aussi du mal à trouver leur place parce qu’elles ne pouvaient pas s’identifier au modèle de management de l’époque, qui était essentiellement viriliste et guerrier.

Je me souviens d’un patron, qui avait osé dire un jour à ses managers: « A la guerre, on arrive à motiver les gens pour se faire tuer, je ne comprends pas que vous ayez du mal à les faire travailler ! ». Bien sûr, c’est un cas extrême, mais cela reflète malgré tout une certaine vision caricaturale que l’on pouvait avoir du management il y a quelques années.

Cela a beaucoup changé ?

Le management a perdu ces accents virilistes. Cette évolution d’image n’est pas neutre, du point de vue des femmes managers.

Adopter à l’outrance des comportements autoritaires pouvait encore, il y a quelques années, être une stratégie adoptée par certaines dirigeantes pour s’imposer. L’évolution du style de management, d’une certaine manière, leur épargne de devoir se plier à ce genre de jeu de rôle.

Y a-t-il d’autres évolutions positives ?

Les femmes peuvent être freinées dans leurs ambitions parce qu’elles souhaitent préserver un certain équilibre entre leur vie personnelle, la vie de famille, et leur carrière. Même si la société a évolué, la « charge » des enfants leur incombe toujours davantage qu’aux hommes.

En revanche, ce qui a changé, notamment depuis le Covid, c’est que les hommes, eux aussi, aspirent de plus en plus à un meilleur équilibre entre leur vie personnelle et professionnelle. C’est devenu une aspiration commune aux hommes et aux femmes.
Si elles souhaitent attirer et fidéliser des salariés, les entreprises vont donc devoir mieux prendre en compte ces aspirations, ce qui profitera aux femmes et aux hommes.

« Entreprendre au féminin » : 50 entrepreneuses se racontent

C’est pour inciter les femmes à se lancer dans l’entrepreneuriat que 50 entrepreneuses ont accepté de raconter, à la première personne et sans fard, ce que signifie « entreprendre au féminin ». Des récits témoignant de la diversité des opportunités d'entreprendre pour les femmes malgré les obstacles.

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