« Attirer les femmes dans la Tech, cela se joue dès l’école »

Publié 07/03/2024|Modifié 06/03/2024 Toutes et tous égaux

Fondatrice du cabinet Colibri Talent, spécialisé dans le recrutement de dirigeants d’entreprises, Isabelle Rouhan est également présidente du think tank l’Observatoire des métiers du futur. Optimiste, cette entrepreneure est persuadée que l’avenir est à l’inclusivité, pour de meilleures performances des entreprises.

Un visuel stylisé représentant Isabelle Rouhan

Vous travaillez sur le futur du travail. Quelle place y occuperont les femmes ?

Le travail et les métiers sont en train de changer de manière fondamentale. On ne sait pas encore de quoi l’avenir sera fait, mais une chose est sûre :  le travail aura de plus en plus de sens. Les tâches qui sont automatisables vont être déléguées aux machines, aux algorithmes. Les humains conserveront les tâches porteuses de sens, de transformation… 

Mais les mutations à l’œuvre concernent principalement des métiers technologiques où les femmes restent minoritaires. Dans le secteur de la Tech, par exemple, elles représentent, en France, moins d’un tiers des salariés.

En quoi ce manque de femmes dans la Tech est-il problématique ?

Il y a évidemment les enjeux d’équité et d’inclusion. Mais au-delà de cette question, c’est la performance des entreprises qui est en jeu. De nombreuses études ont montré l’impact positif de l’inclusivité sur cette dernière. 

Le cabinet McKinsey a ainsi examiné les performances de 1 800 entreprises de tous secteurs, dans une quinzaine de pays. Résultat : on observe 25 % de surperformance financière dans les entreprises paritaires

Il est donc essentiel que les femmes puissent prendre toutes leur place dans ce futur du travail. En France, nous avons besoin de 60 000 ingénieurs, chaque année, pour faire face à toutes les nécessités de transformation technologiques. Aujourd’hui, il en manque 20 000. Ce sont les femmes qu’il faut aller chercher pour compenser ce manque !

Comment faire pour attirer les femmes vers ces métiers ?

La formation et l’orientation sont les clés pour attirer les talents fémininsdans les métiers scientifiques et technologiques

Cela se joue dès le collège et surtout le lycée. C’est à ce moment-là que les filles lâchent les matières scientifiques : 50 % des garçons choisissent l’option maths en terminal, contre seulement 28 % des filles. Il est nécessaire de lutter contre ce décrochage. 

C’est la responsabilité des éducateurs, des professeurs, des parents et, plus largement, de toutes les personnes qui peuvent être des « role models », c’est-à-dire des personnes inspirantes pour les filles.

Au-delà de la question de la formation, quels sont les autres leviers pour plus d’égalité dans le secteur de la Tech ?

Il faut une attitude volontariste des entreprises pour attirer les femmes, les fidéliser et les promouvoir. Cela passe par une culture d’entreprise qui leur fait sentir qu’elles peuvent évoluer, qu’elles sont considérées… 

Un autre levier, ce sont des politiques managériales plus inclusives, notamment au moment du retour du congé maternité. On sait que c’est à ce moment-là qu’un premier décrochage de la carrière peut survenir. Proscrire les réunions tardives, surtout si elles portent sur des décisions importantes, peut aussi contribuer à améliorer la situation des femmes en entreprise.

Vous dirigez un cabinet de recrutement. Comment agissez-vous contre les inégalités dans cette activité ?

Lorsque j’ai créé mon entreprise, l’une de mes premières décisions a été d’adhérer à la Charte de la diversité. Lorsque je propose une liste pour un poste, je respecte la parité,y compris pour des métiers très peu féminisés

Je présente également des personnes de plus et de moins de 45 ans. En effet, l’inclusivité, recouvre cinq critères : le genre, la génération, le handicap, l’orientation sexuelle et l’origine sociale et culturelle. Je veille à m’inscrire dans cette définition.

« Entreprendre au féminin » : 50 entrepreneuses se racontent

C’est pour inciter les femmes à se lancer dans l’entrepreneuriat que 50 entrepreneuses ont accepté de raconter, à la première personne et sans fard, ce que signifie « entreprendre au féminin ». Des récits témoignant de la diversité des opportunités d'entreprendre pour les femmes malgré les obstacles.

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