101 entrepreneuses à Matignon

Publié 08/03/2024|Modifié 08/03/2024

Les lauréates du concours « 101 femmes entrepreneures » ont été reçues à l'Hôtel de Matignon à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes vendredi 8 mars 2024.

Trois femmes se prennent en photo dans la cours de l'Hôtel de Matignon. Une affiche
« 101 Femmes de Matignon » est un concours visant à mettre en lumière une femme entrepreneure dans chaque département français. 
Ses lauréates ont été accueillies à l’Hôtel de Matignon vendredi 8 mars 2024, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, par Gabriel Attal, Premier ministre, Aurore Bergé, ministre déléguée chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les Discriminations, et Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des entreprises, du Tourisme et de la Consommation.

Parlez de vos parcours autour de vous, racontez vos expériences, faites connaître les voies d'accès à vos professions. Vous êtes des exemples. Vous êtes des sources d'inspiration. L'avenir vous appartient. Et à travers vous, ce sont autant de jeunes filles qui se lanceront et se diront à leur tour « Moi aussi, je vais y arriver.

Gabriel Attal

  • Premier ministre
Ce concours s’inscrit dans le cadre de la Grande cause du quinquennat « Toutes et tous égaux », qui vise à concrétiser l’égalité entre les femmes et les hommes sur le plan professionnel, économique et social.
Le soutien aux femmes qui entreprennent est l’un des axes forts de cette action gouvernementale.

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101 femmes entrepreneures à Matignon

Accueil de 101 femmes entrepreneures par le Premier ministre Gabriel Attal à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes.

Gabriel ATTAL


Mesdames les ministres, chère Aurore et chère Olivia,

Monsieur le directeur général, cher Nicolas DUFOURCQ, 

Mesdames les lauréates, 

Mesdames et Messieurs les parlementaires, les députés qui sont là, je salue Véronique RIOTTON notamment, présidente de la délégation aux droits des femmes, 

Mesdames, Messieurs. 

Quand on évoque l'égalité, les libertés et les droits des femmes, on pense généralement d'abord aux grandes conquêtes du XXe et du XXIe siècle : le combat pour l'égalité politique avec le droit de vote en 1944, le combat pour la parité en politique qui progresse, mais qui est encore loin d'être un automatisme et dont la victoire n'est pas encore tout à fait écrite. Parler des droits des femmes, c'est, bien sûr, parler de la liberté pour toutes les femmes de disposer de leur corps, une liberté reconnue en 1974 et qui n'a cessé de s'étendre en France jusqu'à cette semaine historique, Aurore BERGÉ vient de le rappeler, le vote du Congrès lundi et aujourd'hui le scellement de notre Constitution, tout à l'heure avec le président de la République. 

Le progrès guide notre histoire. Comme fils, comme frère, comme Premier ministre, je suis infiniment fier de voir la France à la hauteur de son destin et de voir la France devenir la seule nation au monde, à ce stade, la première, on espère, à inscrire la liberté des femmes à recourir à l'IVG dans sa Constitution. Mais vous le savez bien, le chemin de l'égalité est semé d'embûches. Les lois changent les vies, les mentalités évoluent avec le temps, mais les inégalités ne s'estompent que doucement, que lentement. Il demeure encore aujourd'hui mille et une inégalités du quotidien qui persistent, notamment au travail. Je le disais à l'instant, je suis Premier ministre, mais je suis aussi un fils et un frère. J'ai été élevé par une mère célibataire après le divorce de mes parents, une mère qui, et c'était le choix de mes parents à l'époque, n'avait pas fait d'études et n'avait pas travaillé pour pouvoir nous élever, et qui s'est retrouvée à 32 ans célibataire avec 3 enfants à sa charge, qui a donc trouvé un travail, assistante monteuse dans l'audiovisuel. Il n'y avait que des hommes, d'ailleurs, avec elle à l'époque, qui s'est battue pour nous et qui a fini par créer sa propre entreprise dans l'audiovisuel. Bravo maman, si tu m'écoutes. 

[Applaudissements] 

Et puis, j'ai mes sœurs, et là, je dois dire que, à travers leurs exemples, j'ai été confronté, là aussi, à quelques exemples, parce qu'il y en a malheureusement beaucoup, de difficultés qui subsistent pour les femmes. La première a été licenciée pour pseudo-fraude grave juste avant son congé maternité, juste avant d'accoucher. La deuxième, pendant longtemps, ne comprenait pas pourquoi elle était payée, je crois que c'était 20 ou 30 % de moins, que des collègues qui avaient le même âge, le même diplôme et la même ancienneté dans l'entreprise qu'elle. Et la troisième est enceinte. Elle est de profession libérale, indépendante. On en parle souvent avec Olivia GRÉGOIRE, et donc, évidemment, sur les congés maternité et autres, on sait que ça reste très compliqué et il va falloir qu'on avance sur ce sujet-là. Ce n'est que quelques exemples, mes sœurs, mais ils me permettent aussi de mesurer combien demeurent encore aujourd'hui mille et une inégalités du quotidien qui persistent, notamment au travail, je le disais, des clichés, des remarques, des CV écartés par la crainte de congé maternité. Ce sont autant d'obstacles à l'égalité, autant de freins au progrès, autant de poids sur les carrières, autant d'encouragements à l'autocensure. 

Nous le savons, toutes et tous, pour faire de l'égalité une réalité, la première bataille que nous devons gagner, c'est celle des mentalités. Et pour changer les mentalités, rien de tel que la force de l'exemple. Rien de tel que de voir et de rencontrer celles qui ont osé et qui ont ouvert le chemin. Mesdames, l'entrepreneuriat est un art difficile, c'est un parcours du combattant : on doute, on se sent souvent seul, on doit faire 20 métiers à la fois, on doit souvent donner chaque minute de sa journée et chaque jour de sa semaine à son projet. Et être entrepreneure, c'est-à-dire, quand on est une femme, c'est souvent affronter deux fois plus d'obstacles. C'est souvent se battre deux fois plus parce qu'on doit se battre pour son projet et contre les clichés. 

Les clichés, vous les avez déjoués. Les clichés et les obstacles, vous les avez surmontés. Chacune dans vos domaines, vous montrez que les femmes ont leur place dans l'industrie, dans les services, dans l'artisanat, qu'entreprendre se conjugue au féminin. Vous rencontrer, c’est voir des entreprises fondées il y a moins d'un an et qui, déjà, créent des emplois dans nos territoires. C'est voir les visages de l'innovation pour notre santé, pour notre industrie aéronautique, pour la transition écologique. C'est voir le savoir-faire et l'artisanat français qui se perpétuent et se conjuguent au féminin. 

Dans tous les domaines, vous êtes aux avant-postes. Dans tous les domaines, vous êtes les visages de l'avenir. Vous êtes des femmes venues de tous nos territoires, vous représentez les 101 départements de France. Vous prouvez que l'entrepreneuriat n'est pas le monopole des villes. Les start-up n'existent pas qu'en région parisienne. Vos projets et nos entreprises, nos PME, maillent tout notre territoire. 

Avec mon Gouvernement, avec la ministre des Entreprises, Olivia GRÉGOIRE, nous le savons bien : les idées naissent et grandissent partout en France. L'innovation se forge partout dans notre pays et vous en êtes les preuves éclatantes. L'ambition de mon Gouvernement, c'est que vous ne soyez pas des exceptions, que vous soyez toujours plus nombreuses, que toutes celles qui le veulent, qui en ont le talent, l'envie, puissent aussi avoir les armes pour se lancer dans l'aventure entrepreneuriale, d'où qu'elles viennent. Avec vous, nous voulons accélérer sur le chemin de l'égalité. Aujourd'hui encore, une entreprise sur 4 seulement est créée par une femme et seule une start-up sur 5 a été fondée par une femme. Vous êtes la moitié des talents de l'humanité, au moins la moitié, diraient mes sœurs. Alors, il n'y a aucune raison que vous ne représentiez pas aussi au moins la moitié des initiatives et des idées. 

Autour du président de la République et avec mon Gouvernement, avec la ministre de l'Égalité entre les femmes et les hommes, Aurore BERGÉ, nous affrontons les inégalités une à une et nous sommes déterminés à changer les choses, à changer les mentalités. Nous sommes déterminés à lever les obstacles qui pèsent sur les initiatives des femmes et à briser cette chape de plomb de l'autocensure. Nous sommes déterminés à faire de l'égalité une réalité, déterminés à ce que chaque petite fille sache qu'en France, en 2024, elle est libre de choisir, libre d'étudier, libre d'apprendre ce qu'elle veut, libre de devenir qui elle veut, que tout est à sa portée. 

Depuis 2017, le président de la République a fait de l'égalité entre les femmes et les hommes la grande cause de ses quinquennats. De nombreuses mesures pour que l'égalité passe des mots aux actes, du droit à la réalité, notamment dans le monde professionnel. Je pense à la création de l'index de l'égalité qui a permis de faire, enfin, la transparence sur les pratiques des entreprises en matière d'avancement et de salaire, alors même que les femmes perçoivent en moyenne un salaire inférieur d'un quart par rapport aux hommes. Grâce à cet index, l'égalité a progressé dans les entreprises. Le groupe Carrefour, par exemple, est passé d'un score de 79 sur 100 en 2019 à un score de 99 cette année. Pour Air Liquide, on est passé de 70 à 90. Le mouvement est général. Les choses progressent. C'est toujours trop lent, mais les choses progressent et elles avancent. À poste égal, la différence de salaire reste de 4 %. Et je vous le promets, nous ne lâcherons rien jusqu'à ce que la différence soit nulle. L'index n'est pas déclaratif ou facultatif. C'est une obligation et elle s'accompagne de sanctions pour ceux qui ne respectent pas les règles. Je le dis, nous devons être fermes avec ceux qui tentent de se dérober à leurs obligations, voire tentent de faire perdurer des pratiques d'un autre temps. Depuis 2019, plus de 1 400 mises en demeure ont été prononcées, plus de 120 sanctions décidées contre des entreprises, soit parce qu'elles ne publiaient pas leur index, soit parce que leur plan d'action était insuffisant. Et grâce à cela, les choses bougent, les choses avancent, que personne ne pense que c'est nous qui flancherons. L'objectif ne change pas : l'égalité salariale réelle pour 100 % des entreprises et pour 100 % des femmes. 

[Applaudissements]. 

Nous nous attaquons aussi aux racines de la différence des salaires, les temps partiels subis, l'autocensure, la part trop faible encore de femmes aux plus hauts postes. Alors, nous avons pris là aussi nos responsabilités et avec la loi portée par Marie-Pierre RIXAIN, nous avons imposé des quotas de femmes parmi les cadres dirigeants des grandes entreprises. Cela faisait des années qu'on en parlait, c'est cette majorité qui l'a mis en place. Nous attaquons aussi, au moment clé où les inégalités de carrière se creusent : la maternité. Cela ne doit pas durer. Alors, comme le président de la République l'a annoncé, nous allons mettre en place un congé de naissance qui sera mieux rémunéré et mieux réparti entre les parents. Ce congé de naissance, nous sommes en train de le construire. Son cadre et son sens ont été donnés. Et j'ai demandé à mon Gouvernement d'en définir les contours précis et de les annoncer après une concertation qui sera menée dans les prochaines semaines. Le travail ne s'arrêtera pas et d'autres mesures vont être prises pour l'égalité au travail. 

Je souhaite notamment accélérer encore pour l'égalité salariale. Cette injustice que j'évoquais tout à l'heure, je ne peux pas m'en accommoder. Nous devons multiplier les garde-fous, faire en sorte que le salaire d'une femme ne soit jamais un salaire au rabais. Je vous annonce que nous travaillerons à la publication d'une fourchette précise de salaires dans les offres d'emploi pour faire la transparence et éviter que les femmes soient moins bien traitées parce qu'elles s'autocensurent davantage, que chacune sache ce à quoi elle peut prétendre. Bien d'autres pistes peuvent être envisagées, notamment dans les modes de recrutement. Je souhaite que les partenaires sociaux puissent se saisir de ces enjeux, en discuter, faire des propositions fortes et innovantes. C'est le sens des discussions sur l'évolution de l'index mené par la ministre du Travail Catherine VAUTRIN, des discussions qui nous permettront de renforcer encore notre index, d'en améliorer la portée et l'efficacité en conformité avec le droit européen. Je souhaite que ce nouvel index puisse voir le jour dès l'année prochaine, je vous le dis. Je ne lâcherai rien. 

Mesdames... [Applaudissements] 

Mesdames les lauréates, pour l'égalité, nous allons continuer aussi à donner leur chance à chacune, à les encourager et à les accompagner. Ce concours et vos réussites sont à l'image de ce que nous voulons mettre en place pour avancer vers l'égalité des chances dans le domaine économique. Rassembler tous les acteurs autour de projets qui fédèrent, mettre en lumière les talents et accompagner. L'action conjointe des collectivités, des entreprises et des structures de financement est déterminante. Et je tiens à remercier chaleureusement BPIFrance qui anime le collectif associatif et entrepreneurial à l'initiative de ce concours. C'est sa première édition et je me réjouis de voir qu'il a trouvé son public et un écho dans le tissu entrepreneurial de notre pays. Toutes, ici, vous avez été accompagnées dans votre parcours par les réseaux membres de ce collectif. Et cette méthode a visiblement fonctionné : je m'en réjouis. Cette philosophie, cette volonté de travail commun est au cœur du plan Toutes et tous égaux présenté par ma prédécesseure Élisabeth BORNE, le 8 mars dernier. Nous prenons des mesures fortes pour inciter les jeunes filles à suivre des études scientifiques, à devenir ingénieures et à faire un [inaudible] accompagnement financier aussi pour que les collégiennes et les lycéennes puissent choisir leur voie en toute liberté. 

Nous accélérons pour l'égalité dans l'entrepreneuriat avec la publication d'un baromètre annuel de l'entrepreneuriat féminin. Et nous créons le programme « Une entrepreneure, une mentore » qui permet à des créatrices d'entreprises d'être suivies gratuitement, évidemment, pendant un à deux ans. 

Mesdames et messieurs, mesdames les lauréates, chacune dans vos domaines, et j'ai hâte d'en savoir plus dans quelques instants, vous pouvez être fières de ce que vous avez accompli. Grâce à vos talents et à votre travail, vous créez de l'activité dans tous nos territoires et vous faites rayonner notre pays. L'entrepreneuriat est une voie difficile, mais qui permet de déplacer les montagnes. Parmi vous, il y a peut-être, il y a sans doute, les futures grandes innovations qui vont révolutionner nos quotidiens. Il y a peut-être, il y a sans doute, les futurs grands groupes qui vont attirer, s'exporter, faire briller le nom de la France partout à travers le monde. Parmi vous, il y a peut-être, il y a sans doute, il y a assurément des projets qui vont changer des vies dans une ville, un territoire, à travers tout notre pays, voire à travers le monde. 

Chacune, dans vos domaines et à votre manière, vous écrivez l'avenir. Alors je veux vous féliciter, vous toutes, lauréates de la première promotion du concours 101 femmes entrepreneures, vous remercier pour tout ce que vous accomplissez. Je veux qu'avec Olivia GRÉGOIRE, nous travaillions aussi à toujours plus vous faciliter la vie, à vous aider davantage, notamment dans l'accès à la garde d'enfants et à bien d'autres enjeux dont nous avons parlé ensemble. Nous avons besoin de vous. Nous avons besoin de votre engagement et de votre talent. Nous en avons besoin pour notre économie, mais aussi pour toutes les femmes, pour les étudiantes, pour toutes les petites filles qui se demandent si elles sont capables, qui se demandent si l'entrepreneuriat est bien fait pour elles. 

Alors parlez de vos parcours autour de vous, racontez vos expériences, faites connaître les voies d'accès à vos professions. Vous êtes des exemples. Vous êtes des sources d'inspiration. L'avenir vous appartient. Et à travers vous, ce sont autant de jeunes filles qui se lanceront et se diront à leur tour : « Moi aussi, je vais y arriver ».

Merci beaucoup.

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