
« Quand on est une fille, il faut avoir du caractère ! »
Yseult a 20 ans, un album dans les bacs et des concerts plein l’agenda. Nous l’avons rencontrée un après-midi ensoleillé et avons découvert une jeune fille pleine de peps et de détermination. Moments choisis.
Yseult n’a que 20 ans et déjà une vie bien remplie. A 12 ans, elle écrit ses premiers morceaux. A 15, elle commence à travailler avec d’autres artistes en tant que choriste, en studio et sur scène. En 2013, poussée par son entourage professionnel et consciente que c’est un bon moyen de se faire repérer, elle participe à l’émission La Nouvelle Star, accède à la finale … mais ne gagne pas. Un échec bien relatif puisqu’elle signe aussitôt chez Polydor et sort, début 2015, son premier album éponyme, porté par le titre La Vague.
Douze titres en français sur une électro-pop enjouée qui lui ressemble. Et un style dans lequel on ne l’attendait pas forcément. « J’aurais pu prendre le chemin le plus facile, le chemin où tout le monde m’attendait : le 'RnB'. Tous les jours on me propose de bosser avec tel ou tel rappeur ». « Ce n’est pas une question de racisme, mais on a toujours vu les Africains chanter des chansons de gospel ou de RnB. Alors qu’on peut montrer qu’on a une voix sur du Benjamin Biolay. Mais ce n’est pas dans notre culture. Il faut casser ça ! » Son modèle ? Florence & The Machine et son électro minimaliste. Plus Solange Knowles, avec qui elle partage le goût des codes vestimentaires épurés et pointus, que sa sœur, Beyoncé et ses robes à paillettes.
« Dans ce milieu, être une fille est à la fois un avantage et un inconvénient », nous explique Yseult. « D’un côté, je suis très chouchoutée. De l’autre, je ne me sens pas toujours écoutée. Et on me considère fragile alors que je ne le suis pas du tout ! ‘Fais attention à toi’, ‘ne fais pas ça, ce n’est pas bien pour toi’, ‘ne te fatigue pas’ … faire de la scène, ça ne me fatigue pas ! J’ai été caissière chez Monoprix, ça c’est fatiguant », nous confie-t-elle dans un large sourire. « Je suis entière », reconnaît-elle, « j’ai du mal à me canaliser. Mais quand on est une fille, il faut avoir du caractère, sinon c’est mort ! ».
Très présente sur les réseaux sociaux, Yseult est soutenue par sa « Ysèa family ». Une communauté qu’elle entretient au quotidien. « C’est important de communiquer et de répondre aux gens sur les réseaux, de leur porter de l’attention ». A-t-elle conscience qu’elle représente un modèle pour certains, et surtout certaines de ses fans ? « Si c’est le cas, ça me fait plaisir bien sûr, mais ça me faut aussi peur. Qu’ont-elles vu en moi que je n’ai pas vu ? » Les réseaux sociaux, c’est aussi le monde du commentaire sans filtre. Une proximité qui peut être dure à vivre, surtout lorsque les critiques portent sur le physique, le style, la différence. Les critiques, « au départ c’est marrant, puis moins, puis plus du tout. Et à la fin on finit par ne plus y prêter attention », assure-t-elle.
Dans son quotidien de femme, Yseult affiche la même force. « Quand on est apprêtée, maquillée et qu’on prend le métro, on est sûre d’attirer l’attention, d’avoir des réflexions. On ne ferait jamais ça aux hommes ! Quand ça m’arrive, je fais le bonhomme, ça les calme. Mais de toute façon maintenant je me déplace en vélo ». Ses projets : avancer sur son deuxième album, qu’elle souhaite plus personnel et pour lequel elle a déjà écrit plusieurs titres. Et dans 10 ans ? « J’espère que je serais encore chanteuse mais je n’en suis pas sûre ! L’affirmer serait prétentieux. Et la nouvelle génération zappe très vite, c’est plus dur qu’avant … ». Un pessimisme qu’elle réaffirme lorsqu’elle évoque la société qui l’entoure : « Si on pense que le monde va s’arranger … je suis défaitiste, mais les événements de janvier … Charlie Hebdo … On est en 2015 ça ne devrait pas exister. Les inégalités, le racisme, je ne comprends pas que ça puisse encore exister ».
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