Pour une meilleure connaissance des Foyers de Travailleurs Migrants

Ce contenu a été publié sous le gouvernement du Premier ministre, Édouard Philippe.

Publié 10/01/2020|Modifié 10/01/2020

À la marge tant des politiques de logement que des politiques d’immigration, le foyer de travailleurs migrants n’a que trop rarement croisé le regard des historiens, sociologues, politologues ou économistes. Par l’inscription de cette thématique au sein de son comité d’études (qui sera ouvert à des acteurs du secteur, des chercheurs ainsi qu’au Musée national de l’histoire de l’immigration (MNHI)), la Commission interministérielle pour le logement des populations immigrées (CILPI), présidée par le Délégué interministériel pour l'hébergement et l'accès au logement s’attachera à renouer à la fois les fils de la mémoire et de la connaissance historique dans un domaine trop longtemps délaissé par le champ de la recherche.

Si la France est une terre traditionnelle d’immigration, les conditions de logement des travailleurs immigrés n’ont suscité une véritable politique publique qu’à partir des années 50.
Jusque dans les années 50, les travailleurs isolés de l’empire colonial français (les autres immigrations de pays européens se caractérisant par des migrations à la fois professionnelles et familiales) se retrouvent principalement dans des hôtels garnis, des sites fournis par les employeurs et souvent insalubres ou des bidonvilles dont le plus emblématique est celui de Nanterre.
L’amplification des immigrations maghrébine et subsaharienne, suite aux décolonisations de ces aires géographiques, vont amener à une meilleure prise en compte des conditions de logement pour les travailleurs immigrés. De nombreuses structures œuvrant dans le domaine du logement social sont créées, comme la SONACOTRAL (Société nationale de construction de logements pour les travailleurs algériens) en 1956 ou l’AFTAM (Association pour la Formation des Travailleurs Africains et Malgaches) en 1962.
Sommairement, trois types de structures ayant comme priorité le logement des travailleurs migrants émergent :
  • Le type associatif sur le modèle de l’AFTAM (aujourd’hui Coallia), fondé par Stéphane Hessel et clairement destinée à accueillir des travailleurs de l’Afrique subsaharienne et malgache,
  • Le type étatique ou parapublic de la SONACOTRAL (devenu depuis SONACOTRA, puis ADOMA), créé à l’initiative du ministère de l’intérieur et clairement axé sur l’accueil des travailleurs algériens, puis élargis aux maghrébins,
  • Le type patronal avec ADEF (Association pour le développement des foyers), structure issue de la fédération patronale des industries de la métallurgie et du bâtiment et facilitant le logement des travailleurs immigrés appelés par les entreprises de ces secteurs.
Ce volontarisme, partagé par d’autres acteurs comme le 1% logement ou la Caisse des dépôts et consignations, ne doit pas masquer la réalité du logement de ces travailleurs : des foyers trop souvent situés en marge des villes, des chambres exigus (comprises entre 5 et 7 m²) ou des dortoirs rappelant l’univers et l’architecture militaires, allant avec une gestion des gérants souvent perçue comme intrusive par les résidents. D’autre part, ces structures associatives n’englobent pas toute la population immigrée de travail, la majorité continuant à être logée dans des hôtels souvent insalubres, ou dans du logement social type HLM.
D’ailleurs au moment du lancement en 1997 du plan de traitement des foyers de travailleurs migrants (PTFTM) visant à transformer ces foyers en résidences sociales répondant à des normes décentes de logement, on estime la population immigrée logée dans ces 687 foyers à environ 90 000 personnes. Un chiffre important, mais qui témoigne de la part négligeable de ce type de logement par rapport aux millions d’immigrés logés majoritairement dans le logement social HLM.
Cette thématique est appelée à se renforcer dans les activités de la CILPI, notamment par la tenue d’un atelier DIHAL au MNHI dans le courant du premier semestre 2020.

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