Vote définitif de la loi Neuwirth autorisant la contraception en France

Gaulliste de la première heure, entré dans la Résistance à l’âge de seize ans, le député Lucien Neuwirth (1924-2013) rédige en 1966 une proposition de loi visant à autoriser et à libéraliser le recours à la contraception et abrogeant la loi du 31 juillet 1920. Loi de circonstance, ce texte réprimait à la fois l’avortement et toute contraception dans l’objectif de repeupler le pays après l’hécatombe de la Première Guerre mondiale.
Soutenu par la société civile, Lucien Neuwirth choisit la date symbolique du 18 mai 1966, jour anniversaire de sa naissance, pour déposer sa proposition de loi et créer une commission spéciale pour l’étudier.
Parmi les membres de cette commission, François Mitterrand et cinq femmes sur les six que compte l’Assemblée. De nombreuses personnalités sont également auditionnées, parmi lesquels les prix Nobel de médecine Jacques Monod et François Jacob.
Lucien Neuwirth fait l’objet de nombreuses attaques. Reçu à l’Élysée, le général de Gaulle l’écoute défendre sa loi pendant 50 minutes sans dire un mot. « C’est vrai ; transmettre la vie, c’est important ! Il faut que ce soit un acte lucide. Continuez ! », ponctue finalement le Général, l’autorisant ainsi à présenter sa proposition de loi à l’Assemblée nationale.
Parallèlement à son texte de loi, Lucien Neuwirth rédige un livre – Le Dossier de la pilule – qu’il présente devant les médias. Pour l’heure, comme il l’explique, son texte ne touche pas au problème de l’avortement pour ne pas reproduire l’erreur de la loi de 1920, qui pénalisait indistinctement avortement et contraception : « la contraception empêche le train de partir, alors que l’avortement le fait dérailler. La contraception ne détruit pas la vie. Elle évite au contraire d’avoir à la détruire plus tard, comme l’avortement ».
Après bien des invectives au Parlement, la proposition de loi, dite « loi Neuwirth », est votée en deuxième lecture à l’Assemblée le 14 décembre 1967, puis est définitivement adoptée par l’Assemblée et le Sénat le 19 décembre 1967, avant d’être promulguée par le général de Gaulle, le 28 décembre suivant. Sous le nom de « Loi relative à la régulation des naissances », abrogeant la loi du 31 juillet 1920, la loi Neuwirth met ainsi en place une législation autorisant la fabrication et l’importation de moyens de contraception, leur vente exclusive en pharmacie sur ordonnance médicale, avec autorisation parentale pour les mineures.