Naissance de Charles de Gaulle, incarnation du patriotisme triomphant
Vainqueur de la Seconde guerre mondiale, rédacteur de l'actuelle Constitution en 1958, « le général » a aussi fait entrer la France dans la modernité d'après-guerre.

« De tout temps, je me suis fait une certaine idée de la France. » Cette célèbre formule (commençant ses Mémoires de guerre) suggère le triptyque qui peut illustrer la vision de la France de Charles de Gaulle, ancien élève de l'École militaire de Saint-Cyr et ancien combattant de la Première Guerre mondiale, fait colonel en 1937 et commandant d’un régiment de chars au début de la Seconde guerre mondiale : unité, indépendance et puissance.
Unité
Pour les Français, Charles de Gaulle est d'abord l'homme de l'Appel du 18 juin 1940. S'opposant à l'armistice du maréchal Pétain, il a rassemblé autour de lui les Forces françaises libres, notamment en mandatant Jean Moulin pour unifier les réseaux de la Résitance, et participe à la libération de la France en transformant la défaite initiale en victoire. Il préside à Alger en 1943 le Comité français de libération nationale, devenu en juin 1944 le Gouvernement provisoire de la République française (GRPF) qui s’installe en France après la Libération de Paris, pour laquelle il a dissout les milices patriotiques afin de reconstituer l’armée française qui participe aux combats de la Libération.
Après avoir instauré la sécurité sociale dès le premier GRPF, Charles de Gaulle est choisi à l’unanimité des députés (55) de la 2ème assemblée constituante comme président du GRPF en novembre 1945. Il prépare la reconstruction de la France dont il est devenu le chef incontesté en formant une équipe gouvernementale qui comprend 5 ministres communistes, dont il ne partage a priori pas les opinions politiques.
Indépendance
En fin de guerre, il garantit l’indépendance nationale avec notamment le refus de l’AMGOT pour éviter à la France une tutelle étrangère sur sa monnaie, ses transports, son pouvoir judiciaire et la désignation ou révocation des fonctionnaires : « il n'existe aucun accord entre le gouvernement français et les gouvernements alliés au sujet de la coopération de l'administration française et des armées alliées en territoire métropolitain français libéré (...) cette situation est inacceptable pour nous et risque de provoquer, en France même, des incidents qu'il nous paraît nécessaire d'éviter. D'autre part, l'émission en France d'une monnaie soi-disant française, sans aucun accord et sans aucune garantie de l'autorité française, ne peut conduire qu'à de sérieuses complications. Au moment où la bataille est engagée sur le sol de la France, le gouvernement français a hâte de voir se terminer, dans l'intérêt commun, une telle confusion et de tels empiètements » (Mémoires de guerre). La même logique le poussera en 1966 au retrait de la France de l’OTAN sans abandonner l'alliance atlantique, n’acceptant pas l’ingérence militaire étrangère sur le sol français.
Le « jeu des partis » ne lui convenant pas, il se retire de la politique en 1946 et écrit ses mémoires. Les événements d'Algérie provoquent son retour politique et il fait approuver une nouvelle Constitution qui fonde la Ve République (1958) pour donner à la France un exécutif fort et éviter les atermoiements du parlementarisme de la IVe République.
Puissance
Avec l’élection du président de la République au suffrage universel direct en 1962, Charles de Gaulle souhaite renforcer à la fois l’autorité de la plus haute fonction de l'État et la démocratie, ce qu'il avait déjà entamé en donnant le droit de vote aux femmes depuis Alger. Sa politique active de réconciliation avec l’Allemagne aboutit en 1963 au Traité franco-allemand, levier de la construction européenne dont il refuse l’entrée au Royaume-Uni qu’il perçoit comme le « cheval de Troie des États-Unis » en Europe, sans doute en raison des alertes de W.Churchill : « chaque fois qu'il nous faudra choisir entre l'Europe et le grand large, nous serons toujours pour le grand large. Chaque fois qu'il me faudra choisir entre vous et Roosevelt, je choisirai toujours Roosevelt » (Mémoires de guerre).
Dès l'après-guerre, il a développé une politique étrangère et industrielle à la fois indépendante et puissante avec notamment le développement de la force nucléaire via le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) créé dès 1945, le Commissariat au Plan (créé en 1946), et la nationalisation des banques et du Crédit. Ses résultats permettront sa réélection en 1965.
La victoire de son parti aux élections de juin 1968 lui permet de se retirer définitivement de la vie politique après le « non » au référendum sur la réforme du Sénat. Il meurt l'année suivante et est enterré sans funérailles nationales, selon sa volonté.
Plus d'informations sur le général de Gaulle sur le site de l'Élysée