Déclaration de M. Jean Castex, Premier ministre

Ce contenu a été publié sous le gouvernement du Premier ministre, Jean Castex.

Publié 11/09/2020

Un Conseil de Défense consacré à la crise sanitaire s’est tenu ce jour autour du Président de la République. Comme nous le faisons à intervalle régulier, nous avons analysé l’évolution de la situation épidémiologique. Celle-ci fait apparaître une dégradation manifeste de la situation : le virus circule de plus en plus en France. Le taux d’incidence est monté à 72 cas pour 100 000 personnes, contre 57 il y a une semaine. Le pourcentage des cas positifs augmente.
Un élément suscite particulièrement notre inquiétude : pour la première fois depuis de longues semaines, nous constatons une augmentation sensible du nombre de personnes hospitalisées.
Or les personnes qui arrivent en réanimation sont les mêmes qu’au mois de mars. Tout confirme que le virus n’a pas baissé en intensité, avec une proportion toujours aussi élevée de personnes âgées. Cela signifie qu’il n’y a pas de ligne Maginot : même si le virus circule principalement chez les jeunes, dont beaucoup ne présentent aucun symptôme, il finit inévitablement par toucher les plus vulnérables, pour lesquelles le virus présente un danger.
Face à cette épidémie, notre stratégie ne varie pas : lutter contre le virus en évitant de devoir mettre entre parenthèse notre vie sociale, culturelle, économique, l’éducation de nos enfants et notre capacité à vivre normalement. Oui, le virus est là pour quelques mois encore, et nous devons réussir à vivre avec lui sans nous laisser entrainer à nouveau dans une logique de confinement généralisé.
La solution la plus simple et la moins contraignante, on la connaît : c’est appliquer scrupuleusement les gestes-barrière. Cela dépend fondamentalement de nous.
Je l’ai déjà dit, la période estivale a été marquée par une forme de relâchement que l’on peut probablement expliquer après les longues semaines de confinement du printemps dernier.
La rentrée est là. Nous devons impérativement respecter les règles de distanciation physique, nous laver régulièrement les mains, porter le masque, ce que l’immense majorité de nos concitoyens fait, en application des dispositions que nous avons prises, et je les en remercie.
L’autre pilier de notre stratégie, c’est dépister massivement et casser ainsi les chaines de contamination.
Nous réalisons aujourd’hui plus d’1 million de tests par semaine. C’est considérable. La France est ainsi devenu le 3ème pays qui teste le plus en Europe.
Cette très forte augmentation du nombre de tests est une excellente nouvelle. Elle a cependant entraîné des temps d’attente trop importants, nous avons parfaitement conscience, notamment dans certaines villes.
Attendre, ce n’est pas grave s’il n’y a pas d’urgence. Mais cela est problématique lorsque vous êtes prioritaire. Quand êtes-vous prioritaire ? Vous êtes prioritaire si vous présentez les symptômes de la COVID-19, si vous avez été en contact rapproché avec une personne positive et enfin si vous êtes un personnel soignant ou assimilé travaillant à l’hôpital, dans un EPHAD ou à domicile.
Pour ces personnes prioritaires, nous allons renforcer les circuits dédiés de dépistage. Ainsi, les laboratoires leur réserveront certains créneaux horaires et nous veillerons là où il y a des besoins, et notamment dans les grandes villes, à installer des tentes de dépistages qui leur seront également dédiées.
Pour les personnes testées positives et celles avec lesquelles elles ont été en contact, le Conseil de Défense a pris deux décisions pour améliorer la surveillance épidémiologique :
  • première décision, 2000 recrutements supplémentaires seront effectués au sein de l’Assurance Maladie et dans les Agences Régionales de Santé pour réaliser ce qu’on appelle le traçage ;
  • deuxième décision, sur proposition du conseil scientifique, la durée d’isolement sera ramenée à 7 jours, c’est-à-dire la durée pendant laquelle il y a un véritable risque de contagion. Il est primordial que chacun respecte strictement cette durée d’isolement qui donnera lieu à des contrôles.
Par ailleurs, le Conseil de Défense a porté à 42 le nombre de départements classés rouge, c’est-à-dire à circulation active du virus.
Ce classement n’emporte pas de conséquences automatiques mais il permet aux préfets, en lien avec les autorités sanitaires et les élus locaux, de déclencher des mesures supplémentaires de réduction des risques, notamment sur le port du masque, les rassemblements sur l’espace public, les grands événements ou les horaires d’ouvertures de certains commerces.
Comme je l’ai toujours dit, ces mesures ne doivent pas se décider depuis Paris, dans l’idée de s’appliquer partout, au même moment et de la même manière. Nous conserverons cette méthode qui devra nous permettre d’agir sans attendre que les choses se dégradent.
Dans deux métropoles – Marseille et Bordeaux – ainsi qu’en Guadeloupe, nous constatons une évolution préoccupante des contaminations, notamment chez les plus âgés, ainsi qu’un taux déjà élevé d’hospitalisation. Compte tenu des prévisions que nous pouvons faire à 3 semaines sur l’occupation des lits de réanimation, j’ai demandé aux préfets concernés de me proposer d’ici lundi, et après avoir mené les concertations locales nécessaires, un ensemble de nouvelles mesures complémentaires.
Nous continuerons à prendre les mesures adaptées et graduées en fonction de l’évolution de la situation sanitaire et de son anticipation. Ainsi que je l’ai annoncé, le ministre des Solidarités et de la Santé reprendra ses points d’information réguliers. J’en appelle aujourd’hui solennellement au sens des responsabilités de chacune et chacun d’entre vous. Nous ne parviendrons à enrayer cette reprise de l’épidémie qu’en étant tous vigilants et solidaires. Je demande en particulier aux personnes âgées d’observer la plus grande prudence au quotidien. Faites attention, soyez très prudents. Pour quelques mois encore, nous devons faire preuve d’une responsabilité de tous les instants, d’un civisme exigent.
Demain dépend de vous, de nous.
Je vous remercie.

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