Discours du Premier ministre Édouard Philippe depuis la base militaire de Gao au Mali

Ce contenu a été publié sous le gouvernement du Premier ministre, Édouard Philippe.

Publié 24/02/2019

Le Premier ministre, Édouard Philippe, est allé à la base militaire de Gao, au Mali, le 24 février 2019. Il a prononcé un discours sur les forces armées françaises engagées contre le terrorisme au Sahel.

Publié par gouvernementFR
Madame la ministre, Monsieur le ministre, Messieurs les parlementaires Monsieur l’ambassadeur, Monsieur le gouverneur, Mon général, officiers, sous-officiers et soldats. « En donnant leur vie pour leurs compatriotes, pour leur pays, vos camarades ont connu le paroxysme de l’engagement militaire ». Ces mots prononcés par le Président de la République lors des vœux aux Armées, il y a à peine plus d’un mois, je les partage totalement. Et c’est à la fois avec beaucoup de reconnaissance, d’émotion et de gravité, que je veux rendre hommage à vos vingt-quatre camarades tombés sur le sol malien depuis le début des opérations, Serval d’abord Barkhane ensuite. En ce moment particulier, sur cette terre d’Afrique où vos frères d’armes sont morts en héros, je veux également adresser une pensée à ceux qui restent et qui continuent le combat. Je pense aux familles en proie au deuil ; aux blessés qui doivent se reconstruire. Je pense à vous tous qui avez choisi de servir la France et ses valeurs par les armes et au péril de votre vie. C’est donc avec beaucoup de respect et d’admiration que je suis venu vous exprimer la gratitude de la Nation française pour la force de votre engagement. Cette force, c’est celle de l’humilité ; celle du service, souvent discret ou secret ; cette force, c’est celle du sacrifice. Sacrifice du confort d’un foyer. Sacrifice de l’éloignement, de la distance. Sacrifice de votre vie. Je tiens également à saluer nos hôtes maliens ainsi que leurs soldats présents parmi nous ce matin. Eux-aussi, payent un très lourd tribut dans ce combat contre le terrorisme islamiste. Quand, il y a six ans, le Mali s’est trouvé confronté à de grands périls, la France a immédiatement répondu présent. C’est grâce à vous, soldats de Serval puis de Barkhane, que nous avons pu donner un coup d’arrêt à l’expansion djihadiste. Dans ce Sahel, vous témoignez de la fidélité de la France à ses amis africains, de son souhait de stabilité pour une région au cœur des équilibres de demain. Certes, le combat n’est pas terminé. Nous savons tous qu’il s’inscrit dans la durée. Mais, depuis 2013, beaucoup de chemin a été parcouru :   Le Mali s’est renforcé et une coopération très forte s’est mise en place dans le cadre du G5 Sahel. La menace djihadiste n’a pas disparu, mais elle est désormais contenue, endiguée. De nombreux partenaires européens et internationaux ont pris conscience qu’une part de notre avenir commun se jouait ici et ont décidé de s’impliquer. Ce résultat est surtout à porter au crédit des Maliens eux-mêmes. Permettez-moi de saluer ici les avancées politiques réalisées sous l’autorité du Président Keïta et l’action résolue du Premier ministre qui s’implique personnellement pour la réconciliation et la relance le dialogue intercommunautaire. Pour les avoir rencontrés tous les deux hier à Bamako, je mesure l’énergie déployée au plus haut sommet de l’État pour donner toutes ses chances au processus de paix. Soldats de Barkhane, vous obtenez des résultats opérationnels remarquables, décisifs. Durant ces derniers mois, de nombreux chefs et membres des différents groupes terroristes ont été mis hors de combat. Vous êtes parvenus à détruire leurs moyens de combat ; à intercepter leurs flux logistiques ; à tarir leurs ressources. Il faut le répéter : chaque jour, nos ennemis subissent des pertes importantes, ce qui réduit d’autant leur capacité de nuisance. Pour autant, nous le savons, la réponse ne peut être exclusivement sécuritaire. Et notre stratégie continuera d’être gagnante uniquement si nous combinons engagement militaire, action diplomatique, gouvernance et projets de développement. Car on le sait aussi : la misère fait le lit du terrorisme islamiste. C’est pourquoi, tous les acteurs du développement doivent se mobiliser pour améliorer la vie quotidienne des Maliens, selon leurs souhaits et selon leurs besoins. Je rappelle à cet égard que la France va porter son effort d’aide au développement à 0,55 % du revenu national brut d’ici à 2022, conformément aux engagements pris par le Président de la République, ce qui représente plus de 7 milliards d’euros. L’Afrique en sera le premier bénéficiaire. À cette approche « multi domaines » s’ajoute la nécessité d’agir ensemble. « Nul ne peut se vanter de se passer des autres » dit très justement un proverbe malien. Nous avons donc besoin de l’engagement de tous pour progresser vers une stabilisation durable :   Engagement de la MINUSMA qui contribue partout au Mali au développement du dialogue politique ; Nous avons besoin de l’engagement de la mission européenne EUTM qui soutient et renforce l’efficacité opérationnelle des forces maliennes ; Et enfin, nous avons besoin du G5 Sahel qui crée une vraie synergie entre les cinq États, en particulier dans les zones frontalières. Chacun de ces acteurs a ses atouts, ses méthodes, ses engagements. Et c’est l’action de tous, avec Barkhane, aux côtés des forces maliennes qui fera reculer le djihadisme. Permettez-moi, à cet égard, de saluer la présence dans vos rangs – dans nos rangs – de camarades britanniques et estoniens. Et permettez-moi d'adresser en particulier un salut amical à nos amis estoniens puisque c'est aujourd'hui que nous célébrons le 101ème anniversaire de la déclaration d'indépendance de l'Estonie. J’ai eu, à plusieurs reprises, l’occasion de découvrir dans le cadre de visites aux forces en France, l’excellence opérationnelle de nos armées. Mais, c’est encore autre chose de la vivre, de la sentir, de la voir de ses propres yeux dans la dureté d’un engagement quotidien et dans un environnement difficile. On touche ici du doigt ce qui fait la force de nos troupes. Je serais tenté d’ajouter « depuis toujours ». Je veux parler de cet alliage particulier de professionnalisme, de courage, de tradition, de sens de la mesure, de réactivité dans la mise en œuvre, de responsabilité. Aux soldats de Barkhane je voudrais dire une chose : les français savent ce que vous faites. Mais dans leur contact avec les armées françaises, c’est surtout à l’occasion des missions Sentinelle qu’ils vous croisent. Elles peuvent sembler dans leur nature très différente de ce que vous faites ici, et bien entendu elles le sont. J’ai eu l’occasion de dire tout à l’heure à votre commandant combien dans l’exercice de ces missions Sentinelle, dans la concentration que chaque soldat attache à sa réalisation, dans la retenue et l’efficacité, dans la mise en œuvre de réactions face à des menaces, des actes terroristes, vous avez considérablement impressionné les Français qui vous font confiance. Ils savent que vous les défendez. Ils savent que vous défendez leurs intérêts, leur sécurité, ce qu’ils sont, ce qu’ils veulent être. Vos qualités sont unanimement reconnues. Les Français aiment leurs soldats. Ils les respectent ; ils les admirent. Et quand on dirige un gouvernement, quand on est, madame la ministre, la ministre des Armées, on ressent à la fois une grande fierté, mais aussi une très grande confiance et un très grand sentiment de sécurité. Vous vous battez pour la Nation. La Nation doit vous donner les moyens de vous battre. Nous vivons dans un monde dangereux, instable, incertain. Dès son entrée en fonction, le Président de la République a fait le choix très clair, très ferme aussi, d’augmenter de manière substantielle, les crédits des Armées. Ce choix, en tant que chef de Gouvernement, je l’assume pleinement. Ce qui implique, dans le contexte budgétaire que vous connaissez, de consentir parfois à des renoncements douloureux. Mais ces renoncements, ces choix, nous les faisons. Et nous les expliquons aux Français. Nous leur expliquons que cet effort est la seule manière de remédier à l’érosion de nos capacités militaires depuis plusieurs décennies. Et donc d’assurer notre sécurité à tous. Nous leur expliquons, et ils le comprennent parfaitement, que la Nation doit accorder une attention particulière aux conditions de travail et de vie des personnels militaires. À leur famille qui donne à la France, un fils, une fille, un père ou une mère. D’où la nécessité, chère Florence Parly, de bâtir une loi de programmation militaire « à hauteur d’homme », de la bâtir « autour des hommes et des femmes » qui combattent. Pour les protéger. Pour nous protéger. Et puisque Florence Parly est à mes côtés, je veux lui témoigner devant vous ma gratitude pour son action déterminée, constante, très efficace et très attentive aux militaires et personnels civils du ministère des Armées. Chers soldats de Barkhane, votre choix exigeant de servir la France sous les armes, où que la mission vous appelle, vous honore. Comme il a honoré vos prédécesseurs qui ont construit, par leur courage et par leur sang, notre tradition militaire, notre expertise, mais aussi nos alliances, nos amitiés et le respect que nous inspirons. À chacun d’entre vous, je veux dire une chose toute simple. Cette chose toute simple, c’est merci. Merci de votre dévouement. Merci de faire passer le service de la France, les contraintes et les risques du métier militaire, avant d’autres choses importantes dans la vie d’un homme ou d’une femme. Merci d’incarner l’héroïsme, le vrai, le seul véritable : celui de risquer sa vie pour protéger celle des autres. Je vous souhaite une pleine réussite pour votre mission au Mali et vous assure de mon plus fidèle et entier soutien. Soyez fiers de ce que vous êtes, parce que la France est fière de vous.

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