Entrée de Jean Moulin au Panthéon
Le 27 mai 1943, Jean Moulin, émissaire du général de Gaulle, convoque la désormais célèbre réunion inaugurale du Conseil national de la Résistance (CNR) au 48, rue du Four à Paris, dans le VIe arrondissement. « Ce n’est pas sans difficultés que je suis parvenu à constituer et à réunir le Conseil de la Résistance », écrit-il, le 4 juin 1943, dans son rapport au général situé à Londres. Cette réunion inaugurale consacre enfin l’unité de la Résistance.
Le 9 juin suivant, l’arrestation à Paris du général Delestraint, chef de l'Armée secrète unifiée, contraint Jean Moulin à organiser rapidement la relève et à désigner son successeur, avec l’accord de l’ensemble des mouvements de Résistance. C’est l’objet de la réunion clandestine de Caluire, près de Lyon, le 21 juin 1943. Mais peu de temps après l'arrivée des participants, une dizaine d'hommes commandés par Klaus Barbie, chef de la Gestapo de Lyon, investissent les lieux et arrêtent toutes les personnes présentes.
Incarcéré au fort Montluc de Lyon, torturé, le supplice de Jean Moulin se termine le 8 juillet 1943. Il décède sans avoir parlé, en gare de Metz, lors de son transfert par train en Allemagne.
La cérémonie au Panthéon, un hommage solennel resté célèbre
À l’occasion du vingtième anniversaire de la Libération de la France, le 19 décembre 1964, André Malraux, alors ministre des Affaires culturelles, décide d’organiser le transfert au Panthéon des cendres de Jean Moulin. La Nation rend ainsi hommage à ce Résistant de la première heure, mort sous la torture sans avoir parlé, symbole de la France libre.
En ce 19 décembre 1964, place du Panthéon, le froid glacial accompagne le cénotaphe (tombeau élevé à la mémoire d’un mort). Dans la tribune officielle a pris place le général de Gaulle, accompagné des plus hautes autorités de l'État. André Malraux s’installe derrière son pupitre, et prononce l’oraison funèbre du héros de la Résistance. « Monsieur le président de la République, voici donc plus de vingt ans que Jean Moulin partit, par un temps de décembre sans doute semblable à celui-ci, pour être parachuté sur la terre de Provence, et devenir le chef d'un peuple de la nuit », commence-t-il.
Aujourd’hui, jeunesse, puisses-tu penser à cet homme
Pendant plus de vingt minutes, André Malraux énonce à la manière des grands orateurs tragiques un discours qui restera gravé dans les mémoires comme son plus beau discours. Il conclut : « Comme Leclerc entra aux Invalides, avec son cortège d'exaltation dans le soleil d'Afrique, entre ici, Jean Moulin, avec ton terrible cortège ; avec ceux qui sont morts dans les caves sans avoir parlé, comme toi ; et même, ce qui est peut-être plus atroce, en ayant parlé […]. Aujourd'hui, jeunesse, puisses-tu penser à cet homme comme tu aurais approché tes mains de sa pauvre face informe du dernier jour, de ses lèvres qui n'avaient pas parlé ; ce jour-là, elle était le visage de la France. »
Visionner le discours d'André Malraux
Chaque 17 juin, une cérémonie est organisée au Panthéon, qui correspond à la date du premier acte de résistance de Jean Moulin, le 17 juin 1940.