Discours du Premier ministre devant la communauté française au Viêtnam

Ce contenu a été publié sous le gouvernement du Premier ministre, Édouard Philippe.

Publié 04/11/2018

Le Premier ministre, Édouard Philippe, s’est exprimé devant la communauté française au Viêtnam, au dernier jour de son voyage officiel, le 4 novembre 2018, à Hô Chi Minh. Il a appelé de ses voeux, la construction d'un avenir commun entre les deux pays.

Publié par gouvernementFR
Service Communication Hôtel de Matignon, le 6 novembre 2018 Discours de M. Édouard PHILIPPE, Premier ministre lors de la rencontre avec la Communauté française Ho Chi Minh-Ville Dimanche 4 novembre 2018 Seul le prononcé fait foi Mesdames et Messieurs les ministres, Mesdames et Messieurs les parlementaires, Monsieur le président de l’Assemblée des Français de l’étranger, Mesdames et Messieurs les élus, Monsieur l‘ambassadeur, Monsieur le consul général, Mesdames et Messieurs, Mes chers compatriotes, J’ai tenu à conclure ce déplacement au Viêtnam par une rencontre avec les Français qui vivent au Vietnam, qui font vivre la relation entre nos deux pays. Vous représentez une communauté d’environ 11.000 personnes, une communauté qui ne cesse de grandir, une communauté qui mieux que quiconque incarne physiquement, culturellement ce lien intense, complexe parfois mais extrêmement fort entre nos deux pays. Pour ma part c’est la première fois que je viens au Viêtnam et venir ici c’est s’exposer à cette tentation d’y rester. Mais je ne vais pas rester... si je l’annonçais ça se verrait, croyez-moi ! Avant de franchir le pas et de venir pour la première fois au Viêtnam, je crois pouvoir dire que, comme beaucoup de Français, ce pays a nourri mon imaginaire. Il l’a nourri avec la littérature, avec Marguerite Duras. Il l’a nourri avec des termes qui, aujourd’hui sont parfois oubliés, des appellations géographiques qui lorsque j’étais écolier ou lorsque j’étais lycéen, ou lorsque j’étais étudiant prenaient et faisaient prendre à la France une dimension toute particulière : le Tonkin, la Cochinchine, l’Annam. Il a nourri aussi mon imaginaire grâce à des rencontres très nombreuses de Français d’origine vietnamienne qui apportaient quelque chose de différent à notre communauté nationale, à notre pays et qui ont compté pour moi à des moments de ma vie, soit parce qu’ils étaient des amis fidèles, soit parce qu’ils m’expliquaient parfois des choses auxquelles je n’avais pas accès intellectuellement et que, justement, ils m’ouvraient les yeux ou ils m’éclairaient. Il y en a quelques-uns qui sont dans cette salle et ils se reconnaîtront. Et puis l’imaginaire qui est le mien et qui a été nourri par le Viêtnam il l’a aussi été par des moments plus tragiques. Hier, je me suis rendu à Diên Biên Phu sur le lieu d’une des dernières batailles, l’une des dernières de la guerre d’Indochine, sur le lieu d’une défaite de l’armée française, c’est incontestable, sur un lieu qui pour la France et pour le Viêtnam mais pour des raisons évidemment opposées représente quelque chose de très particulier. J’ai entendu que certains s’étonnaient de ce qu’un chef de Gouvernement français pouvait se rendre sur un champ de bataille qui avait donné lieu à une défaite. Je m’étonne qu’ils s’étonnent car les soldats qui servaient dans l’armée française, qui sont morts à Diên Biên Phu, sont morts pour la France. Faudrait-il après la mort rajouter l’oubli ou la honte ? Je pense qu’il est parfaitement légitime qu’un chef de Gouvernement puisse se rendre sur le lieu d’une bataille qui a marqué l’histoire de France. Et je n’y suis pas allé seul, j’y suis allé avec deux hommes que je veux évoquer aujourd’hui, le colonel ALLAIRE, 94 ans, en pleine forme. L’audition peut-être un peu abimée par les 12 000 coups de mortier qu’il a tirés au cours de sa carrière - c’est lui qui le reconnaît, je peux le dire sans qu’il y voit malice ou critique -, qui a sauté deux fois sur Diên Biên Phu. Et puis celui qui était à l’époque caporal-chef, le caporal-chef SCHILARDI, qui avait 20 ans au moment de la bataille - il en a 84 aujourd’hui. Ils sont revenus sur ce théâtre d’opérations sur lequel ils s’étaient battus, sur lequel ils avaient vu un certain nombre de leurs camarades mourir, où ils avaient été faits prisonniers. Ils l’ont fait avec beaucoup de dignité car ce sont des hommes qui ne se paient pas de mots. Ils l’ont fait aussi avec beaucoup d’émotion et j’aurais aimé que ceux qui ne comprennent pas pourquoi un Premier ministre vient rendre hommage aux soldats français et aux soldats vietnamiens morts dans cette bataille, qu’ils les entendent quand ils racontent tel ou tel épisode de la bataille avec beaucoup de sobriété et avec leur voix qui, tout à coup s’éteint et se voile, parce qu’au fur et à mesure qu’ils racontent, la bataille, ils la revivent. C’était un moment de très grande dignité, c’était un moment de très grande émotion. Et j’ai la conviction, Mesdames et Messieurs, que si la France et le Viêtnam veulent travailler ensemble dans l’avenir, s’ils veulent continuer à construire cette relation très particulière, très intense, très prometteuse aussi il faut que des deux côtés nous regardions le passé en face sans aucune honte, sans aucune forfanterie, mais en face ! En nous disant : « nous avons vécu ensemble, nous nous sommes battus les uns contre les autres et aujourd’hui nous construisons quelque chose ensemble avec beaucoup de Français d’origine vietnamienne en France, avec beaucoup de Français installés au Vietnam qui y sont heureux et qui contribuent à la croissance remarquable de ce pays, à son ouverture internationale et à l’avenir commun que nous appelons de nos vœux ». Autrement dit, Mesdames et Messieurs, vous êtes les héritiers de cette histoire, de cette culture, de ces vies croisées, de ces vies partagées et c’est probablement parce qu’il y a autant d’échanges entre nos deux pays que nous pouvons observer aujourd’hui un certain nombre de convergences de vue qui me réjouissent parce qu’elles nous permettent d’envisager l’avenir avec confiance. Cette convergence de vue, j’ai pu la constater durant mes entretiens à Hanoï avec les plus hauts dirigeants politiques du pays, avec le secrétaire général du Parti communiste vietnamien et président de la République, M. Nguyên Phu Trong, mon homologue, le Premier ministre, M. Nguyên Xuân Phuc, et la présidente de l’Assemblée nationale, Mme Nguyên Thi Kim Ngân. Cette visite, vous le savez, s'inscrit dans le prolongement de celle qu'a effectuée le secrétaire général à Paris au mois de mars dernier, c'est une visite qui a conduit à l'adoption avec le Président de la République d'une déclaration commune qui constitue désormais la feuille de route de notre relation bilatérale. Nous avons au fond trois défis communs à relever : Le premier c’est le rehaussement de nos échanges économiques et commerciaux. Je ne vais pas m'étendre sur un constat que vous connaissez par cœur et que j'ai eu l'occasion d'évoquer avec un certain nombre de chefs d'entreprise que je voyais il y a quelques instants, près de 300 entreprises françaises ont fait le choix de s'installer au Viêtnam. C'est un choix intelligent, c'est un choix courageux, c'est un choix avisé aussi parce que le Vietnam c'est 95 millions de consommateurs et une croissance extrêmement rapide. C'est aussi une voie d'accès aux 600 millions d'habitants de l'ASEAN. Ces entreprises ont remporté de beaux succès : avant-hier à Hanoï j'ai eu l'occasion de participer à une cérémonie de signatures de contrats au cours de laquelle plus de 10 milliards d'euros d'engagements ont été pris par des entreprises françaises et vietnamiennes. C'est évidemment des très beaux succès pour AIRBUS, pour SAFRAN et je félicite ceux qui en sont à l'origine. Mais au-delà de ces grands groupes industriels c'est tout un écosystème qui peut grandir avec eux, c'est des petites entreprises qui cherchent à se développer au Viêtnam et qui vont pouvoir s'adosser, s'agripper même à certains égards, aider et permettre à ces grands groupes de remplir leurs marchés. Des grands succès donc mais, ne nous voilons pas la face, ces grands succès ne doivent pas nous faire oublier que la part que nous prenons au développement du Vietnam, l’importance que les entreprises françaises veulent avoir dans ce développement ne sont pas à la hauteur de ce qui serait possible et de ce qu'il est permis d'espérer. Nous devons d'abord corriger le déficit important en termes de relations commerciales qui prévaut entre le Vietnam et la France et puis nous devons faire en sorte que le courant d'affaires entre les deux pays augmente et que les entreprises françaises - toutes les entreprises françaises, les grands groupes mais aussi les toutes petites entreprises qui se créent, et j'en ai rencontrées ce matin à Hô Chi Minh-Ville - puissent être présentes et se développer. On ne va pas s'éterniser en disant que nous ne sommes pas à la hauteur de ce que nous souhaiterions être mais nous devons essayer de remédier à cette situation. Comment ? D'abord en facilitant l'implantation d'entreprises françaises, c'est ce que j'ai dit à mes interlocuteurs durant les échanges que nous avons eus. Ensuite, en ouvrant encore plus nos marchés parce que nous n’avons pas grand-chose à craindre de la concurrence quand celle-ci s'organise dans le cadre de règles transparentes et loyales. C'est pourquoi la France souhaite que l'accord de libre-échange que l'Union européenne a signé avec le Viêtnam entre en vigueur le plus vite possible. Autre façon de redresser la barre, revoir nos outils de soutien à l'export un peu sur le modèle de ce que l'on observe ici au Viêtnam où tous les professionnels, tous les acteurs travaillent main dans la main comme dans ce projet qu'on vient de me présenter - que certains appelaient avant, "Maison de France", mais qui désormais s'appellera "Espace France" - qui permettra de regrouper des acteurs déterminants du monde économique et du monde culturel. Jouer cette proximité c'est s'appuyer sur un atout, sur un avantage compétitif réel et nous permettre de nous placer dans les meilleures positions et dispositions pour construire avec nos partenaires vietnamiens des succès futurs. Deuxième priorité, le renforcement de notre partenariat stratégique avec le Viêtnam. La France et le Viêtnam sont attachés à un ordre mondial qui se fonde sur le multilatéralisme, sur l'ouverture commerciale et sur le respect du droit. Dit comme ça, ça peut sembler évident parce que ça nous paraît, à nous Français, évident ! Le multilatéralisme, l'ouverture commerciale, le respect du droit, ce n’est pas neuf. C'est la position constante de la France. Le contexte actuel montre que ce qui peut paraître l'évidence est assez largement remis en cause, fragilisé, contesté Il faut en prendre acte mais il ne faut pas s'y résoudre. Il faut que tous ensemble, la France et l'ensemble de ses partenaires qui partagent cette conviction, nous puissions défendre ces valeurs, en rappeler justement le prix et l'intérêt. La France et le Viêtnam continueront donc dans le cadre des relations internationales à défendre cette vision équilibrée respectueuse et ouverte de l'ordre mondial. Et conformément à la volonté exprimée par le Président de la République, la France va valoriser le rôle stabilisateur que joue l'ASEAN dans l'espace indopacifique, un espace dans lequel, j'ai eu l'occasion de le redire à mes interlocuteurs politiques, la France avait vocation à renforcer sa présence toujours dans le souci de faire prévaloir les règles du droit international. Troisième et dernière priorité, la jeunesse, la compétence, l'intelligence. La France a tissé des liens profonds et très puissants avec le peuple vietnamien depuis longtemps et peut-être à nouveau depuis 25 ans. Des liens d'autant plus forts qu'ils ont permis de valoriser côte à côte de jeunes talents vietnamiens et français. Nous sommes - je peux, je crois, parler au nom de Mme Agnès BUZYN, la ministre des Solidarités et de la Santé, qui m'accompagne dans ce déplacement - très fiers d'avoir formé plus de 3 000 médecins vietnamiens, très fiers de notre coopération dans le domaine du droit, très fiers de l'aide au développement que la France accorde avec près de deux milliards d'euros d'engagements - l'AFD est le troisième bailleur bilatéral au Viêtnam. Nous sommes très fiers de nos coopérations scientifiques, des laboratoires mixtes que nous avons créés au Viêtnam grâce au CNRS, grâce à l'Institut de recherche sur le développement, grâce au CIRAD, grâce aussi à l'Ecole française d'Extrême-Orient. Nous sommes fiers aussi de notre coopération universitaire qui fait de la France la première destination en Europe des étudiants vietnamiens avec près de 7 000 étudiants vietnamiens en France auxquels on peut ajouter sans se tromper les 3 000 étudiants vietnamiens qui étudient dans des filières universitaires françaises délocalisées ou installées au Vietnam. Je vous le dis, je ne connais pas de meilleur investissement que celui qui bénéficie à l'intelligence, au savoir, à la formation, à la compétence. C'est aussi la raison pour laquelle l'ouverture du pôle France Santé ici à Ho Chi Minh-Ville que nous avons inauguré il y a quelques heures avec madame la ministre vietnamienne de la Santé et Agnès BUZYN est une bonne nouvelle. C'est aussi le sens du futur "Espace France", que j'évoquais il y a un instant, qui permettra là encore de construire une nouvelle relation, d'enrichir et de s'appuyer sur quelque chose de puissant. C'est aussi le sens de l'effort consacré à nos deux lycées français, le lycée Marguerite Duras de Hô Chi Minh-Ville dont je connais le projet d'agrandissement et dont j'ai eu l'occasion de parler avec les responsables de la municipalité pour leur dire tout l'intérêt que nous prêtions à ce projet, tout le soutien que nous lui apportions et toute la vigilance amicale qui serait la nôtre dans les conditions de sa réalisation. Et puis à Hanoï, le lycée Alexandre Yersin que j'ai inauguré hier. Il est magnifique ! Et là encore, il permet à la fois d'accueillir dans de remarquables conditions les élèves de toutes les classes. Et comme il a été conçu pour accueillir jusqu'à 1 200 élèves et que nous en sommes si mes chiffres sont corrects à 996 il peut encore grandir, il peut encore croître, accueillir de plus en plus d'élèves. C'est une bonne nouvelle, tout ce que nous faisons ici pour l'éducation et pour l'éducation des jeunes Français ou des jeunes francophones est évidemment une excellente nouvelle. Puisque j’évoque la question de la francophonie, un mot pour dire que le Viêtnam est évidemment le pivot naturel de la francophonie en Asie dans un contexte linguistique dont on peut dire qu'il est concurrentiel, très fortement concurrentiel. Vous savez peut-être que lors du dernier sommet de la Francophonie à Erevan le Président de la République a appelé à réinventer la francophonie grâce à des actions qui concernent en priorité la jeunesse et le plurilinguisme. C'est pourquoi nous allons garantir la diffusion du signal en langue française de France 24 afin d'atteindre si l'on tient compte de la couverture de TV5Monde les 600 000 locuteurs francophones aujourd'hui présents au Viêtnam. Mesdames et Messieurs, je suis venu vous parler de la France au Viêtnam. Je voudrais vous dire un mot sur la France. En commençant par un mot qui n'a pas forcément la cote lorsqu'on parle de la France ou lorsqu'on parle de son pays, c'est le mot de "puissance", c'est le mot de "souveraineté" aussi. La puissance ça ne se décrète pas, ça se construit soit en réparant ce qui ne fonctionne plus assez bien et il y a beaucoup à faire, soit en adaptant les bons outils, et il y a aussi beaucoup de bons outils, à un environnement qui s'est profondément transformé, soit en modifiant nos approches et parfois nos stratégies quand cela est nécessaire. Le sens des transformations qui ont été exprimées, souhaitées par le Président de la République pendant la campagne et que le Gouvernement et la majorité mettent en œuvre c'est celui de redonner à la France une forme de puissance qui n'est jamais agressive mais qui est assumée car nous avons besoin dans le monde qui vient de garantir la protection de nos intérêts. Nous avons besoin dans le monde qui vient d'être certains que ce à quoi nous croyons, ce que nous voulons être, ce que nous sommes très profondément peut être défendu et respecté. C’est le sens des transformations que nous avons engagées depuis mai 2017. C'est pour cela que nous avons souhaité revoir, corriger le fonctionnement du marché du travail en France - qui n'était pas caractérisé par la fluidité qu'on pouvait espérer et il y a sans doute encore beaucoup à faire - en transformant un certain nombre de règles grâce aux ordonnances qui ont été prises dès l'été en invitant les partenaires sociaux à travailler sur l'assurance chômage et sur la diminution de toute une série d'éléments qui sont peu satisfaisants du marché du travail, en mettant l'accent sur la formation professionnelle, en redonnant ses lettres de noblesse à l'apprentissage qui est une formidable façon d'apprendre et une formidable façon d'entrer dans le marché du travail, probablement la plus efficace. En faisant en sorte d'adapter notre fiscalité pour qu'elle soit plus stable, plus prévisible et plus adaptée à la compétition internationale et à l'incitation des investissements en France par les capitaux français et en France par les capitaux internationaux. Tout cela nous le faisons parce que nous voulons refaire de la France une puissance économique, un pays de croissance, un pays qui réussit à combattre des démons anciens que sont le haut niveau de chômage traditionnel, l'incapacité souvent répétée par des chefs d'entreprise en France à pouvoir recruter quel que soit le domaine d'activité, quelle que soit la région, les gens qui sont capables d'occuper des emplois et de participer au développement des entreprises. Redonner sa puissance à l'économie française en passant par une maîtrise des comptes publics et en passant par un investissement considérable sur l'éducation, l'apprentissage, l'enseignement supérieur. Nous avons depuis quelques mois transformé profondément un certain nombre des étapes marquantes du parcours d’un élève ou d'un étudiant, en procédant par exemple au dédoublement des classes de CP et de CE1 dans les quartiers considérés comme les plus difficiles, c'est-à-dire en accordant beaucoup de moyens au bon moment. Nous avons même rendu la maternelle obligatoire parce que ça se joue très tôt l'apprentissage, parce que ça se joue très tôt l'intégration et la réussite dans le monde scolaire. La transformation du baccalauréat, un totem, quelque chose auquel tous les Français sont évidemment attachés mais qui ne fonctionne plus exactement comme il devrait fonctionner, qui n'a probablement pas toute la souplesse qu'il pourrait avoir, et qui par la lourdeur de son organisation contraint très souvent, vous le savez, les lycées, parfois même les collèges quand ils partagent leurs murs avec des lycées à interrompre la scolarité d'un certain nombre d'élèves dès le début du mois de juin. Transformer le baccalauréat pour faire en sorte qu'il soit plus adapté à notre époque tout en gardant la même signification et en lui redonnant même une signification accrue. Transformer l'entrée dans l'enseignement supérieur, beaucoup de Français nous disaient : « toucher à la façon dont on va entrer dans l'enseignement supérieur c'est risqué ». Et c'est vrai que c'était risqué, mais nous l'avons fait parce que le système qui prévalait jusqu'à présent et qui était assez largement fondé sur le tirage au sort, ne nous paraissait pas ni digne ni représentatif du mérite et de l'effort auquel nous voulons systématiquement renvoyer. Bref, investir et investir largement dans l'éducation, dans l'apprentissage, dans la formation supérieure, faire en sorte de réformer nos politiques sociales pour refonder notre État-providence, pour recréer cette mobilité sociale dont nous avons besoin à laquelle les Français aspirent. Et puis, je l'évoquais, nous redonner les moyens d'une préservation de nos intérêts et de notre sécurité, ça passe par une augmentation des dépenses consacrées à la sécurité intérieure, le ministère de l'Intérieur, le ministère de la Justice, par le recrutement de 10.000 fonctionnaires de police ou de militaires dans la gendarmerie en plus sur le quinquennat, par l'augmentation très nette du budget de nos armées pour que nous puissions faire face, pour que nous soyons à la hauteur des enjeux d'un monde dont chacun sent bien qu'il est de plus en plus complexe et peut-être même à certains égards de plus en plus risqué. Voilà, notre objectif c'est de faire de la France le pays le plus compétitif et le plus attractif d'Europe. Notre pays est attendu, notre pays est regardé, je crois même à certains égards espéré avec intérêt, avec curiosité parfois, avec étonnement souvent mais aussi avec espoir. Dans un contexte international et européen qui est tendu je crois que nous devons en être conscients et nous montrer à la hauteur. C'est la volonté du Président de la République, c'est celle du Gouvernement de maintenir ce cap que les Français ont choisi en mai 2017 : c'est le cap de l'effort, de la constance, de la crédibilité que l'on construit sur l'exigence que l'on s'impose à soi-même. C'est d'une certaine façon le cap du risque et de l'audace que beaucoup d'entre vous ont choisi en venant s'installer ici. Nous avons parties liées, nous avons des grands défis à relever, je voudrais vous dire, Mesdames et Messieurs, qu’en France on compte beaucoup sur les communautés des Français à l'étranger, ils sont tous - pardon, Monsieur l'Ambassadeur ! - les premiers ambassadeurs de la France, vous êtes la France à l'étranger. C'est à la fois un honneur considérable et en même temps une mission que chacun d'entre vous, j'en suis sûr, partage et essaie de remplir avec talent. Je voudrais vous remercier pour la chaleur - à tous égards - de l'accuei. Je le dis pour ceux qui nous regarderaient à travers les caméras : il fait à peu près le climat du Havre à la même saison... Je voudrais vous remercier très chaleureusement, vous dire que j'ai été très touché et très impressionné par ce déplacement au Viêtnam. Je sais que tous ceux qui viennent ici pour la première fois ressentent cela. Voilà ! Je pourrai dire qu’il y a une première fois et que j’ai ressenti cela. Merci beaucoup. Vive la République et vive la France !
Comme pour beaucoup de Français, le Viêtnam « a nourri mon imaginaire » , a déclaré Édouard Philippe qui a évoqué sa tentation de Venise, celle de rester au Viêtnam. Rester pour entendre les mots que la littérature a légués, voir la réalité des nombreuses expressions géographiques - le Tonkin, l'Annam, la Cochinchine - qui ont nourri l'histoire commune entre la France et l'Indochine. Un imaginaire aussi nourri par des rencontres, des amitiés « qui ont compté pour moi, à des moments de ma vie » , s'est-il confié. Un imaginaire aussi marqué par « des moments plus tragiques », a-t-il rappelé, évoquant le conflit ayant opposé naguère les deux pays.
Édouard Philippe est revenu sur sa visite, la veille, sur le théâtre d’opération militaire de Diên Biên Phu pour rendre hommage aux combattants des deux camps. Aujourd’hui, « il faut que nous regardions le passé en face, sans aucune honte. Nous sommes battus les uns contre les autres. »
Mais « aujourd’hui, nous construisons ensemble, avec beaucoup de Français d’origine vietnamienne, avec beaucoup de Français installés au Viêtnam qui contribuent à la croissance remarquable de ce pays, à son ouverture internationale, et à l’avenir commun que nous appelons de nos vœux » , a déclaré Édouard Philippe.
Le Premier ministre a mis en exergue 3 défis communs à relever :
  1. Le rehaussement des échanges économiques et commerciaux. Il a loué « le choix intelligent, courageux et avisé », des quelques 300 entreprises françaises installées au Viêtnam et dont les activités sont également tournées vers les marchés asiatiques des pays de l’ASEAN.
  2. le Renforcement du partenariat stratégique. « La France et le Viêtnam sont attachés à un ordre mondial qui se fonde sur le multilatéralisme, l'ouverture commerciale et le respect du droit », a-t-il rappelé dans un contexte international où ces valeurs sont ébranlées. « La France va valoriser le rôle stabilisateur que joue l'Asean » dans la région indo-pacifique, a indiqué Édouard Philippe.
  3. L'investissement dans la jeunesse, la compétence et l’intelligence dans les échanges dans les domaines du droit, de la santé, des sciences, de la culture... Le Premier ministre a rappelé que la France était la première destination européenne pour quelque 7 000 étudiants vietnamiens.
Sur le rapport entre le Viêtnam et la langue française, « le Viêtnam est le pivot naturel de la francophonie en Asie dans un contexte linguistique très concurrentiel » , a estimé Édouard Philippe. Pour promouvoir la langue française, il a annoncé que le Gouvernement allait « garantir la diffusion du signal en langue française de France 24 par TV5 monde pour atteindre les 600 000 locuteurs francophones au Viêtnam. »
« Vous êtes les premiers ambassadeurs, vous êtes la France à l’étranger » , a déclaré le Premier ministre, s’adressant aux représentant de la communauté française représentée par quelque 11 000 personnes. Une communauté qui, à l'image de la croissance, ne cesse de s’amplifier.

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