
Les 14 juillet emblématiques : 1880, 1890, 1919, 1945…
Si le 14 juillet commémore la victoire d'une ère nouvelle sur l'Ancien Régime, la fête nationale a subi, au cours des siècles, les aléas de l'histoire. Retour sur quelques 14 juillet emblématiques du Second Empire à nos jours.
1870-1880 : le 14 juillet en attente de fête républicaine
Dans les années 1870, marquées par la défaite du Second Empire et la répression sanglante de la Commune de Paris, la nature du régime reste incertaine : la France évoluera-t-elle vers une monarchie, une République censitaire ou une véritable République démocratique ?Thiers, en 1872, interdit la moindre esquisse de fête nationale républicaine. Une circulaire confidentielle déclare même le 14 juillet « hors la loi [car] il est probable que les anniversaires des 14 et 15 juillet servent de prétexte à des réunions et banquets politiques ». La République se devait d'être modérée et, surtout, aurait dû, selon les vœux de Thiers, être censitaire (seul celui qui payait le cens - l'impôt - pouvait être électeur ou éligible).
La fête nationale du 30 juin 1878

D’autres fêtes annoncent les 14 juillet à venir : le double centenaire de la fête de Voltaire et de Rousseau en 1878 ; la fête républicaine du 14 juillet 1879 initiée par Gambetta, en présence de Louis Blanc et Victor Hugo. La France ne commémore pas encore le 14 juillet, mais rend hommage à des héros parmi les plus populaires de la Révolution. Pendant ces grandes fêtes, se systématisent les banquets, les célébrations civiques, la représentation de Marianne qui seront au centre du rituel du 14 juillet.
Le 21 mai 1880, Benjamin Raspail dépose une proposition de loi signée par 64 députés, selon laquelle « la République adopte comme jour de fête nationale annuelle le 14 juillet ». L’Assemblée vote le texte dans ses séances des 21 mai et 8 juin ; le Sénat l’approuve dans ses séances des 27 et 29 juin 1880 à la majorité de 173 contre 64, après qu’une proposition en faveur du 4 août eut été refusée.
Le 14 juillet 1880 : le 14 juillet, fête nationale

Pour le reste, le programme officiel (voir l'extrait ci-dessous) inaugure l'essentiel du rituel républicain qui se précisera peu à peu au cours des années 1880. La fête débute par une retraite aux flambeaux le 13 au soir, puis s’enchaînent les manifestations civiles et militaires, les « banquets républicains », les feux d'artifices, les fêtes locales, qui se termineront souvent à l'aube. Les maires de France jouent très vite un rôle central dans l'organisation et le déroulement des cérémonies et des festivités qui s'ensuivent.
Le programme de la fête nationale du 14 juillet 1880
« Distribution de secours aux indigents. Grands concerts au jardin des Tuileries et au jardin du Luxembourg. Décorations de certaines places, notamment de la place de la Bastille et de la place Denfert où l’on verra le fameux Lion de Belfort qui figurait au Salon de cette année, monument élevé au colonel Denfert-Rochereau, de glorieuse mémoire - illuminations, feux d’artifices - ajoutons les fêtes locales, comprenant des décorations, des trophées, des arcs de triomphe, le tout organisé par les soins des municipalités de chaque arrondissement avec le concours des habitants. »
Le 14 juillet 1890 : le centenaire de la Fête de la Fédération

Depuis la fin des années 1880, les instituteurs, fameux « hussards noirs de la République », sont presque toujours membres des comités d'organisation du 14 juillet. L'école se distingue à l'occasion de cette journée, qu'elle « enjolive avec ses solennelles remises de prix des 14 juillet, organisées dans plus des deux tiers des communes pour symboliser la méritocratie républicaine » (Rémi Dalisson). Les bals de fin de journée, organisés dans presque toutes les communes, connaissent un succès croissant avec leur décor tricolore, leurs nombreuses Marianne et lampions, leur musique, souvent celle des régiments ou des pompiers et le mélange des classes sociales. Le « petit bal popu » devient le symbole du 14 juillet.
Le 14 juillet 1919 : le souvenir des morts et des disparus

« Cette double célébration fut aussi le triomphe définitif du 14 juillet, fête largement militarisée incarnant la nation qui ne fut plus guère contestée dans cette fonction », pour l’historien Rémi Dalisson.
De nouvelles commémorations
A côté du 14 juillet, d’autres dates viennent bientôt s'inscrire au calendrier des fêtes nationales : la fête nationale de Jeanne d’Arc, célébrée chaque première semaine de mai à partir de 1920, qui permet de perpétuer l’Union sacrée des tranchées et de dépasser les clivages politiques ; celle de la commémoration de l'armistice de 1918, le 11 novembre. La loi de 1922 fixe les règles pour toutes les premières célébrations du 11 novembre : pas de défilé militaire, des drapeaux en berne, la solidarité avec les morts dont on lit les noms devant le monument aux morts, la minute de silence et les sonneries.
Le 14 juillet 1945 : le défilé de la Libération

Le 14 juillet 1945 est marqué par trois jours de réjouissances civiques. On célèbre avec solennité la veillée du 13 juillet. Un splendide éclair de lumière jaillit sous l'Arc de triomphe. Le cortège des troupes victorieuses se déplace de la place de la Nation à celle de la Bastille puis à l'Arc de Triomphe. Les troupes sont alors passées en revue par le général de Gaulle.
Le 14 juillet 1974 : de la Bastille à la République

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Le 14 juillet 1989 : le bicentenaire de la Révolution

Le 14 juillet 2007 : sous le signe de l’Europe
