La plateforme Pharos
Un mouvement sans précédent de signalements de contenus illicites sur internet s’est levé le 7 janvier 2015. Il a permis de faire contrepoids à l’irruption de profils Twitter et Facebook faisant l’apologie du terrorisme et incitant à la haine. Les enquêteurs de la plateforme Pharos ont reçu durant la période des attentats jusqu’à 6 000 signalements par jour. Leur seule obsession durant ces jours critiques : ne laisser passer aucun signalement, aucune information sensible qui aurait pu être cruciale pour l’enquête en cours. Nous les avons rencontrés quelques semaines après les événements.
Contenu publié sous le Gouvernement Valls II du 26 Août 2014 au 11 Février 2016
"Tous les signalements sont importants", confie Catherine Chambon, sous-directrice de la lutte contre la cybercriminalité, "donc tous sont lus et traités,

En 2014, la plateforme a reçu 137 000 signalements (+ 14 000 par rapport à 2013) : 56% correspondent à des faits d’escroqueries, 11% sont des signalements liés à la pédopornographie et 12% ont trait soit à l’apologie de terrorisme soit à l’incitation à la haine raciale.
"L’autorité judiciaire est systématiquement informée suite à un signalement."
35 000
signalements liés directement aux attentats.
"On a reçu environ 35 000 signalements purement liés à la période des attentats", raconte le capitaine Julien Gauthier, chef de la brigade Pharos depuis 2012. Grâce à l’efficacité de ces experts, mais aussi aux contacts privilégiés noués avec les grands opérateurs d’internet (notamment Dailymotion, Google, Facebook et Twitter) une vidéo comme celle de l’exécution d’Hervé Gourdel avait, en septembre, été retirée en moins de 5 minutes des plateformes. Idem durant la période des attentats, un traitement particulier et en urgence a ainsi pu être accordé aux demandes de retrait des vidéos mises en ligne liées aux attaques terroristes.
"On a vu durant ces jours particuliers cet enjeu républicain qui s’est soulevé."
"Nous ne sommes pas titulaires de la lutte contre le terrorisme, nous sommes là pour une approche technique", tient à préciser le capitaine Gauthier. "Pharos n’a pas vocation à faire du renseignement, nous sommes une unité de police judiciaire. Des profils de djihadistes sont remontés chez nous durant la période des attentats, nous sommes allés chercher et capturer l’information les concernant sur les réseaux sociaux, et nous les avons transmis aux services spécialisés."
La norme de signalement actuelle reste bien supérieure à ce qu’elle était avant les attentats, puisqu’elle oscille entre 600 et 900 signalements jour, contre 400 en 2014. "Ce qui est remarquable c’est qu’il y a un taux très faible de signalements inopérants, on observe que cette démarche est parfaitement construire et cohérente juridiquement", analyse Catherine Chambon qui y voit un signe de grande maturité chez les internautes.
Un rôle central dans la mise en oeuvre du décret sur le blocage des sites

Dans le cadre du renforcement des dispositifs de lutte contre le terrorisme annoncé par Manuel Valls le 21 janvier 2015, mais aussi du nouveau plan de lutte contre le racisme et l’antisémitisme, la SDLC a obtenu le doublement des effectifs de la plateforme Pharos, mais aussi le renforcement des moyens techniques d’investigation. Au total, cette sous-direction de la police judiciaire, qui avait vu le jour en juillet 2014 avec 50 personnes, devrait compter, à la fin 2015, 105 agents puis dépasser les 150 en 2016.