Au-delà de l'idée de souveraineté alimentaire, il faut continuer à penser notre agriculture comme un facteur de puissance économique et affirmer que cette activité si essentielle à notre population doit être soutenue. Pour autant cette affirmation ne peut se concevoir sans une grande lucidité sur les mutations que sont en train de connaître les conditions dans lesquelles l'activité agricole s'accomplit. Mais soyons clairs, si ces mutations exigent un effort d’adaptation de notre agriculture, les agriculteurs français ne doivent pas être les seuls à en supporter le poids. On ne peut exiger de nos producteurs qu’ils se conforment à des normes exigeantes sans que ceux des autres pays comparables ne s’y soumettent aussi. Le commerce mondial doit tenir compte d’une forme de justice entre les producteurs. De même, en particulier au sein de l’Union européenne, la concurrence entre les agricultures doit se fonder sur une même idée de justice. Se pose ainsi la question des conditions dans lesquelles certains pays emploient une main d’œuvre faiblement rémunérée. C’est l’objet de toute notre attention et du travail prospectif que le Haut-commissariat au Plan lance ici à travers une analyse de notre commerce extérieur en matière agricole, une réflexion sur la situation de nos agriculteurs et des modes d’exploitation, des projections concernant les comportements alimentaires de demain et une mise en perspective sur les conséquences du dérèglement climatique et les enjeux environnementaux globaux dans le domaine de l’agriculture.