L’aération, un geste barrière efficace

Ce contenu a été publié sous le gouvernement du Premier ministre, Jean Castex.

Publié 07/12/2021

Le Pr Arnaud Fontanet, épidémiologiste à l’Institut Pasteur et membre du Conseil scientifique, décrypte les vertus de l’aération pour lutter contre la Covid-19. Interview.

Pour faire face à la reprise épidémique, plusieurs mesures de freinage sont en vigueur, dont le renforcement des gestes barrières . pouvez-vous nous rappeler ces gestes indispensables ?

Il y a, bien sûr, le fait de maintenir une distance physique d’au moins deux mètres avec nos interlocuteurs afin d’éviter, mais nous y reviendrons, les postillons qui peuvent se projeter jusqu’à une distance de deux mètres et qui peuvent être contaminants s’ils tombent sur, notamment, la bouche, le nez ou les yeux. Il y a, évidemment, le port du masque qui est vraiment important en milieu clos, et à l’extérieur dans les zones de population vraiment denses. L’hygiène des mains et l’importance de se les laver fait également partie des gestes barrières. Car, les mains peuvent avoir touché des surfaces contaminées par des postillons. Il est donc aussi important de nettoyer les surfaces en complément des mains. C’est pour cela aussi qu’il ne faut pas se serrer la main. Quand nous toussons ou éternuons, il faut se couvrir le nez ou la bouche avec le pli du coude . Et, si on utilise un mouchoir, il doit être à usage unique et jeté après usage. Enfin, il y a la notion d’aération .
Aérer pour se protéger
Aérer pour se protéger / Source : Service d'Information du Gouvernement

Pouvez-vous nous expliquer en quoi l’aération est particulièrement efficace pour diminuer les risques de transmission du sars-cov2 ?

Avec ce virus respiratoire, on a compris que les aérosols contribuent à la transmission du virus alors qu’au départ on pensait que les postillons ou les surfaces contaminées étaient les vecteurs les plus importants. Les aérosols sont des particules très fines (moins de 5 microns de diamètre) et qui, de fait, peuvent rester en suspension dans l’air. La concentration de virus dans la gorge avec le SARS-CoV2 est si importante que, même en parlant, on peut émettre des aérosols qui contiennent du virus infectant, restent en suspension et peuvent être diffusés jusqu’à plusieurs mètres dans la pièce . Il devient alors très important d’aérer la pièce pour diluer ces aérosols et leur concentration, et ainsi éviter qu’ils ne contaminent quelqu’un d’autre.

On peut s’infecter à distance via les aérosols parce qu’ils restent en suspension dans l’air du fait de leur très petite taille.

Comment définir, de façon imagée, les aérosols, responsables de la transmission du virus ?

Imaginez la fumée de cigarette qui se répand, cela vous donne une idée du volume qui peut être couvert par les aérosols !

Quelle est la différence entre les gouttelettes et les aérosols ?

Toutes les particules sont des gouttelettes, mais on distingue :
  • les micro-gouttelettes ou aérosols dont le diamètre fait moins de 5 microns ;
  • les autres gouttelettes, notamment les postillons, dont le diamètre est supérieur à 100 microns.
Parce que les postillons ont un diamètre important, ils tombent sur le sol. Parce que les aérosols sont petits, ils restent en suspension dans l’air. Et, plus vous parlez fort, plus vous émettez d’aérosols.

Combien de temps les aérosols restent-ils en suspension dans l’air ?

Il est difficile d’avoir une quantification précise, mais on considère que les aérosols peuvent rester plusieurs heures en suspension dans l’air.

Comment bien aérer ?

L’aération consiste, lorsque vous êtes dans une pièce, à ouvrir les fenêtres 10 minutes toutes les heures . C’est avec cette fréquence que l’on arrive à avoir un impact conséquent sur la concentration d’aérosols potentiellement infectés dans l’air. Évidemment, ces recommandations peuvent évoluer en fonction du nombre de personnes dans la pièce, de la taille de cette dernière… Sur un volume très large, par exemple, les concentrations en aérosols seront plus faibles ; si vous êtes dans une pièce étroite, les concentrations montent très vite et il faut, pour les diluer, ouvrir les fenêtres.
Aérons les pièces le plus souvent possible pour limiter la propagation du virus | #COVID19

Qu’est-ce que l’aération permet concrètement, et comment la contrôler ?

On aère pour diluer les aérosols. Pour savoir si le renouvellement d’air est suffisant, on mesure la concentration en CO2.
  • En air extérieur, elle est de l’ordre de 400 ppm (parties par million).
  • Lorsque l’on se retrouve dans une pièce, la concentration monte et le seuil acceptable s’établit à 800 ppm.
  • En revanche, si on est dans une pièce où l’on doit enlever notre masque, comme par exemple une cafétéria, 600 ppm est un seuil préférable.
Avec un capteur de CO2 dans une pièce, il est aisé de calibrer la fréquence d’aération pour maintenir un niveau de CO2 à des taux acceptables.

Si l’aération est impossible, existe-t-il une solution alternative ?

Dans les milieux fermés, quand l’aération n’est pas possible, il existe des systèmes de ventilation ou des unités mobiles de purification d'air par filtration HEPA qui, lorsqu’ils sont bien positionnés, permettent d’éliminer les aérosols .

En termes de contaminations, quels sont les lieux les plus à risques ?

Il s’agit des lieux en milieu clos non-aérés, où les personnes parlent fort, chantent ou crient.

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