Mosquée
10 décembre 2018

Islam de France : adapter la loi de 1905 au monde de 2018

Intégrer pleinement le culte musulman dans le cadre de la loi de 1905, c'est la volonté formulée par Christophe Castaner devant le Conseil français du culte musulman, le 9 décembre.

 
À l’occasion du 113e anniversaire de la loi de séparation des Églises et de l'État, le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a assuré le 9 décembre 2018 devant les responsables du culte musulman vouloir "conforter" la loi de 1905. L'objectif : l'adapter "au monde de 2018".

Rapprocher la pratique du texte

Depuis plusieurs semaines, des consultations sont menées par le ministère de l’Intérieur auprès des différents représentants des religions en France sur la réforme de la loi de séparation des Églises et de l’État. Le texte emblématique, qui pose les principes de la laïcité étatique face aux différents cultes religieux, est en effet amené à évoluer afin d’être plus en phase avec la réalité d’aujourd’hui.

"Notre volonté est de conforter la loi de 1905 dans le monde de 2018", a déclaré Christophe Castaner devant le Conseil français du culte musulman (CFCM), lors du congrès des musulmans de France, le 9 décembre 2018. Le ministre a expliqué qu’aujourd’hui la pratique était souvent éloignée de l’esprit du texte.

Pas question pour autant de remettre en cause les principes au cœur de la loi, ni de donner à l’État un rôle dans l’organisation de l’islam. “Il ne s’agit pas pour l’État d’écrire les réponses aux enjeux de l’organisation du culte musulman, qui relèvent entièrement de la responsabilité de ses fidèles, mais je réfute l’idée que l’État doive s’en désintéresser”, a affirmé le ministre devant le CFCM.

“Construire un islam qui ait toute sa place en France”

En modifiant la loi de séparation des Églises et de l’État, le ministre de l’Intérieur souhaite intégrer pleinement l’islam dans le cadre législatif français. Parmi les enjeux actuels, on retrouve celui du financement des différentes associations religieuses. L’objectif serait d’une part d’obtenir davantage de transparence, et d’autre part de limiter les financements provenant de l’étranger.

Il faut, avec les Français musulmans, avec la société, avec l’État, mener ce combat essentiel pour construire un islam qui ait toute sa place en France”, avait déclaré Christophe Castaner le 15 novembre dernier dans un entretien au Point, “un islam qui soit délié des ingérences étrangères et qui soit moteur pour faire reculer les idées radicales, en particulier chez les jeunes.

Le ministre avait également rappelé dans cet entretien que la loi a déjà été modifiée 17 fois depuis 1905. “L'objectif, c'est que les Français de confession musulmane puissent vivre paisiblement leur foi,” avait-il expliqué.

Devant le CFCM, Christophe Castaner a affirmé que la volonté de l’État n’était pas de "restreindre les pratiques religieuses en empêchant leur exercice ou leur organisation." À l’heure où des voix s’élèvent pour proposer une différence de traitement entre l’islam et les autres religions ou bien pour salarier les imams, le ministre a soutenu que "les lois s'appliquent à tous également, sans stigmatisation ni différence de traitement".

Comment l’islam est-il organisé en France ?

Aujourd’hui, le culte musulman en France se structure autour de plusieurs associations culturelles, chacune indépendante dans son organisation et son financement. Parmi elles : la Fédération de la Grande Mosquée de Paris (GMP), la Fédération nationale des musulmans de France (FNMF), l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), le Comité de coordination des musulmans turcs de France (CCMTF) ou la Fédération française des associations islamiques d'Afrique, des Comores et des Antilles (FFAIACA).

Ces différentes associations se regroupent au sein du Conseil français du culte musulman (CFCM), créé en 2003. Sa vocation est de représenter l’ensemble des courants de l’islam auprès de l’État français. Le CFCM intervient notamment sur différents enjeux comme la représentation du culte musulman auprès des pouvoirs publics, l’organisation et la construction de lieux de culte sur le territoire ou le dialogue entre les autres religions.