Interview | Patricia BARBIZET, présidente du Comité de surveillance des investissements d'avenir (CSIA)

Ce contenu a été publié sous le gouvernement du Premier ministre, Jean Castex.

Publié 03/01/2022|Modifié 03/01/2022

Patricia BARBIZET, présidente du Comité de surveillance des investissements d'avenir (CSIA) depuis 2018, revient sur les missions de ce comité, sa composition et les travaux menés et à venir.

Madame Barbizet bonjour. Vous êtes présidente du Comité de surveillance des investissements d’avenir (CSIA) depuis 2018. En quelques mots, pouvez-vous nous expliquer en quoi consistent les missions de ce comité et comment il est composé ?
Le comité de surveillance est composé de 18 membres, 8 parlementaires et 10 personnalités qualifiées. La diversité de ses membres, aux parcours publics et privés, nationaux et internationaux, fait la richesse du CSIA. Elle lui permet d’exercer une double mission, de suivi et d’évaluation des investissements d’avenir, mais aussi de conseil du Gouvernement sur les priorités d’investissement. Cette double mission non-exécutive conduit donc le CSIA à intervenir en amont, en cours d’exécution et en aval des projets d’investissement du Programme d'investissements d'avenir (PIA) et de « France 2030 ».
En 2019, vous avez remis au Premier ministre Edouard Philippe un rapport d’évaluation sur les deux premiers PIA. Quelles étaient vos conclusions et vos recommandations d’alors et comment ont-elles été prises en compte lors de l’élaboration du PIA4 ?
Le rapport du CSIA a dressé un bilan très positif de la première décennie des PIA, dont les actions ont contribué à l’excellence de la recherche académique française et à l’éclosion d’un riche écosystème d’innovation.
Pour préserver cet élan transformateur, le rapport proposait de renforcer la mesure de la performance des actions, de formaliser une nouvelle doctrine du PIA et de définir de nouvelles priorités d’investissements, notamment dans les domaines de la santé et de l’environnement. Les « stratégies d’accélération », qui constituent le pilier d’innovation dite dirigée du PIA 4, montrent que ces recommandations ont largement été suivies d’effets et je m’en réjouis.
Le comité de surveillance avait proposé quelques orientations complémentaires, notamment en matière d’agilité du pilotage interministériel et de capacité de veille stratégique. Le lancement du plan « France 2030 » s’inscrit dans la continuité de ces réflexions.
Comme vous l’avez rappelé, le CSIA est composé de parlementaires et de personnalités qualifiées. Comment se manifeste la prise en compte des territoires, de leurs spécificités et de leurs problématiques propres dans le cadre de vos réflexions ?
En 2010, l’objectif de rééquilibrage territorial n’a pas guidé l’élaboration du Programme d’investissements d’avenir. À partir du PIA 3 (2017), plusieurs actions ont été initiées pour conjuguer le soutien de l’innovation et l’aménagement du territoire. Les concours régionalisés d’innovation, les démonstrateurs urbains de ville durable ou les stratégies dans le domaine agricole témoignent de la prise en compte des enjeux territoriaux. Les travaux du CSIA participent bien sûr de cette évolution, avec un programme d’évaluation destiné à examiner les effets territoriaux du PIA 4 et de « France 2030 ».
Dans le cadre du PIA 4, le CSIA s’est vu confier une mission de conseil au Gouvernement sur les priorités stratégiques d’investissement. Comment cela se traduit-il dans les faits ?
Notre mission de conseil constitue le prolongement de celle d’évaluation des PIA : lorsque nous suivons la mise en œuvre d’une stratégie d’accélération, nous sommes conduits à proposer quelques évolutions. Le CSIA mène par ailleurs des travaux de nature plus prospective, destinés à orienter la mise en œuvre opérationnelle des PIA et de « France 2030 », ou à anticiper de nouveaux enjeux stratégiques. Nous avons ainsi engagé des travaux en matière de réalité virtuelle, d’autonomie des personnes âgées, ou encore d’adaptation au changement climatique. Ils visent à éclairer le Gouvernement sur l’opportunité d’amender, dans ces domaines, l’intervention de l’État en matière d’innovation.
Comment voyez-vous l’avenir du PIA ? Quels sont selon vous les grands challenges auxquels notre société devra faire face dans les 10 prochaines années et comment les investissements d’avenir pourront-ils aider à y répondre?
Depuis quelques années, nous observons une accélération des transformations, qu’elles soient d’origine climatique, concurrentielle ou technologique (cloud, intelligence artificielle, réalité virtuelle, quantique, blockchain, etc.). Le plan « France 2030 » s’inscrit dans ce contexte, et ouvre une nouvelle décennie d’investissements publics pour accélérer la transformation du tissu économique français.
Il innove par certains de ses objectifs (fonds marins, robotique, spatial), ainsi que par ses modalités d’intervention, puisqu’il a vocation à accompagner toutes les étapes de la maturation technologique, de la recherche à la production industrielle, mais aussi à soutenir des projets plus risqués qu’auparavant. Pour accompagner ce nouvel élan, le comité de surveillance continuera de mobiliser son expérience d’évaluation, de suivi et de conseil tout au long de la décennie à venir.

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