Interview commune de Nathalie Gatellier-Vignalon et de Julie Landou de la Fondation des apprentis d'Auteuil PACA

Ce contenu a été publié sous le gouvernement du Premier ministre, Édouard Philippe.

Publié 18/12/2019|Modifié 27/01/2020

Nathalie Gatellier-Vignalou, responsable du dispositif "Impact Jeunes" de la Fondation des Apprentis d'Auteuil en région Provence Alpes Côtes d'Azur et Julie Landou, référente Booster, évoquent les investissements d'avenir et leurs impacts dans la région.

En quoi consiste le projet Impact Jeunes ? Comment s'articule-t-il avec le Booster territorial ?
Le projet Impact Jeunes est lauréat du PIA jeunesse, porté par Apprentis d’Auteuil et soutenu par le Département, la Métropole, la Région SUD et la CAF 13. Ce projet expérimente depuis maintenant près de deux ans et demi sur 3 cités pilotes des Bouches-du-Rhône (Felix Pyat, Lauriers – Olivier A, Tarascon) une méthodologie innovante d’intervention auprès des jeunes de 13 à 30 ans, de l’envie à la réussite.
L’objectif est d’apporter une réponse globale et sur mesure à au moins 50% des jeunes des 3 sites visés, tous profils confondus de bac -5 à bac + 5, en utilisant ce qui existe, en inventant ce qui manque (30 projets co-construits avec des associations) et en s’appuyant sur toutes les forces vives du territoire, aussi bien les citoyens engagés que les associations et les entreprises.
Les résultats sont très encourageants et liés fortement à l’invention de ce nouveau métier qu’est le booster Impact Jeunes. Le booster c’est un tiers de confiance qui intervient sur le terrain et qui est capable à la fois de parler le langage des jeunes en étant dans une relation très informelle, de « rassurer » les entreprises en les assurant de la motivation et du sérieux des jeunes mais aussi de soigner le cadre de la rencontre. Le booster est aussi le chef d’orchestre, capable de fédérer des acteurs hétérogènes (associations, entreprises, institutionnels, jeunes) dans l’action pour la réussite professionnelle des jeunes de leur quartier.
Ceux que nous appelons les « booster » ont tous à leur actif une expérience antérieure en entreprise mais aussi une expérience en ingénierie de projets afin d’aider les associations à construire des solutions sur-mesure en réponse aux besoins identifiés.
Comment l'Etat, par le biais du PIA, vous est-il venu en aide ? Quel a été son impact concret ?
Le PIA nous est venu en aide de multiples façons. Il a notamment facilité, via ses fonds structurels et conséquents, la construction d’une expérimentation ambitieuse et dans la durée. L’effet de levier qu’il a engendré nous a notamment permis de mobiliser des fonds publics localement (1,3 M€) mais aussi des fonds privés (400 000€). Nous avons également pu mettre en place un vrai partenariat avec les délégués du Préfet, la Métropole, le Conseil Départemental, la Région et la CAF.
Cette expérimentation fait ses preuves depuis 2 ans et demi et se caractérise notamment par un impact fort constaté sur la remobilisation et l’insertion professionnelle. En effet, plus de 800 jeunes de 13 à 30 ans ont progressé dans leur parcours vers l’emploi dont 200 possèdent aujourd’hui un emploi et 125 sont en formation, 72 % des jeunes[1] ont connu une période d’emploi et 59% des NEETS -ni en emploi, ni en études, ni en formation professionnelle- ont été raccrochés vers la formation, vers l’emploi grâce à la dynamique collective Impact Jeunes.
Nous bénéficions aujourd’hui d’une alliance inédite d’acteurs publics mais aussi privés avec 120 entreprises, 30 entrepreneurs mobilisés et 32 jeunes leaders positifs engagés pour la réussite de leurs quartiers. Le secteur associatif n’est pas en reste avec près de 50 associations qui sont fédérées autour de la réussite professionnelle des jeunes des 3 sites pilotes.
Nous tirons bien sûr les enseignements nécessaires sur ce qui marche et ce qui ne marche pas quant au repérage, à la mobilisation et aux conditions de la confiance avec les jeunes, aux leviers de la dynamique collective d’acteurs associatifs mais aussi aux conditions requises pour mobiliser les acteurs économiques. Il est évident que tout cela mérite d’être affiné et amélioré.
Pour finir, nous jouissons d’un intérêt fort des mécènes avec près de 400 000€ collectés sur 3 ans. Ces mécènes sont particulièrement sensibles à l’effet de contagion positif de la réussite des jeunes sur les autres et au « coût évité » du programme. En effet, selon une estimation de l’ANSA, le raccrochage de 140 NEETS vers l’emploi et la formation a généré en 18 mois une économie publique de 600 K€.
 
Quelles sont les perspectives d'avenir pour votre structure ?
Demain, nous souhaitons collectivement permettre à cette innovation “made in Bouches du Rhône ” de mieux infuser le droit commun, de se pérenniser sur les 3 sites pilotes et de se dupliquer ailleurs. La fondation des possibles, fédérant aujourd’hui 32 entreprises, a d’ailleurs déjà lancé son « Impact Jeunes Haut de France ».Aussi, une démarche d’essaimage dans les Bouches du Rhône, ascendante et coopérative, où ce sont les acteurs locaux de chaque territoire qui se manifestent afin que soit adaptée « chez eux » la méthodologie d’action Impact Jeunes a été initiée.
Ainsi, d’autres territoires pourraient être concernés d’ici mars 2020 en fonction des ressources disponibles (PIC 100% inclusion, co-financement local privé-public…).
[1]Source : enquête téléphonique 2019 ANSA auprès de 143 jeunes « ayant passé au moins 6 mois dans Impact jeunes »

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