France 2030 | 3 questions à François Germinet, directeur du Pôle Connaissance : « La connaissance est au centre de la bataille des compétences qui n’est autre qu’une bataille de l’intelligence »

Ce contenu a été publié sous le gouvernement de la Première ministre, Élisabeth Borne.

Publié 06/02/2023|Modifié 06/02/2023

Ancien ingénieur des Ponts et Chaussées et maître de conférences en mathématiques à l’université de Lille, François Germinet a notamment été pendant plus de 10 ans Président de l’université de Cergy devenue CY Cergy Paris. Membre actif à la conférence des présidents d’université, aujourd’hui France Universités, notamment sur les sujets de la formation initiale et continue, des infrastructures numériques et des systèmes d’information, il a récemment pris la direction du Pôle « Connaissance » au sein du secrétariat général pour l’investissement (SGPI) qui pilote France 2030.

1/ Le Pôle Connaissance dispose d’un périmètre assez vaste, quelle est la ligne directrice du Pôle et quels sont vos objectifs ?

Le périmètre est certes vaste, mais il est cohérent et plus encore pertinent. Il couvre l’ensemble des enjeux liés aux savoirs et savoir-faire, de leur construction à leur transmission. Le Pôle « Connaissance » couvre ainsi les champs du scolaire et du supérieur, la culture, la recherche, l’innovation et le transfert de technologie, l’interface avec les entreprises et les citoyens. Donc de la maternelle au doctorat, de la production de la connaissance jusqu’à sa diffusion grand public, de la recherche au marché.
La connaissance est ainsi au centre de la bataille des compétences qui n’est autre qu’une bataille de l’intelligence. L’invention des métiers de demain, la lutte contre les fake news, l’attractivité de la science, les biais de genre, ou la connaissance et notre rapport à la connaissance sont au cœur de France 2030.
Quelles sont les technologies qui feront notre quotidien d’ici 2030 et qui renforceront notre souveraineté et celle de l’Europe ? Quelle appropriation de ces technologies par les citoyens ? Comment pleinement intégrer les enjeux du développement durable et la transition de société qu’ils appellent ? Voilà les questions auxquelles nous ambitionnons de répondre au sein de notre Pôle, qui est donc à la fois transversal et charnière par rapport aux 4 autres pôles du SGPI qui sont plus thématisés.

2/ Quels sont les principaux défis qui vous attendent et comment comptez-vous les relever ?

Donner de la cohérence et de la lisibilité, afin que France 2030 gagne en visibilité et que l’action de l’Etat soit pleinement efficiente. Il s’agit donc pour moi à la fois de poursuivre le renforcement des filières liées aux stratégies nationales portés par France 2030 (cybersécurité, quantique, agriculture et alimentation, enseignement et numérique, etc.) et la structuration des acteurs de la formation et de la recherche dans les domaines stratégiques identifiés.
Nous soutenons financièrement des centaines, voire des milliers, de projets absolument formidables et partout sur le territoire national : de la fabrique des récits dans le cinéma à la création de start-ups, de la transformation des établissements scolaires à l’émergence d’universités européennes, du déploiement de l’intelligence artificielle à la refonte de la carte des formations du scolaire et du supérieur. Comment dès lors s’assurer que le levier incroyable que vont constituer ces milliers de projets induise un changement d’efficience et d’échelle qui transforme durablement le pays ? Est-ce qu’il n’en ressortira que localement de belles histoires, ou bien est-ce que l’on verra ressortir la grande histoire France 2030 ?
Mon objectif consistera à soutenir les projets structurants qui auront des impacts concrets sur la société et apporteront du sens, de la cohérence et de la visibilité à l’action de l’Etat et à ses investissements. Solliciter les meilleures idées, soutenir les meilleurs projets, et faire système.

3/ Pour vous, que représente France 2030 et en quoi votre pôle peut permettre d’atteindre les grands objectifs pour France 2030 « mieux produire, mieux vivre et mieux comprendre le monde » ?

Nous sommes à l’interface entre les besoins des filières définies comme stratégiques par l’Etat et les capacités de production des compétences, si je puis dire, avec les établissements publics et privés d’enseignement, de recherche, d’innovation. Bruno Bonnell, secrétaire général pour l’investissement, en charge de France 2030, l’indique régulièrement : pas d’industrie demain sans s’occuper des talents aujourd’hui, et donc sans placer au cœur du système la connaissance : sa production et sa transmission. Le Pôle « Connaissance » se situe donc à la fois en amont des besoins des filières avec la recherche et en aval avec la formation tout au long de la vie aux compétences requises.
Pour cela, nous développons plusieurs dispositifs en appui aux stratégies nationales d’accélération :
-    un soutien à la recherche et au développement de plus de 4 milliards en lien avec les organismes de recherche : par exemple le financement d’une quarantaine de programmes et équipements prioritaires de recherche pour 3 milliards d’euros
-    un  soutien à l’enseignement, aux compétences et aux métiers d’avenir de plus de 4 milliards  : par exemple le financement de l’appel à manifestation d’intérêt « Compétences et métiers d’avenir » (CMA) pour 2 milliards d’euros
-    un soutien à l’enseignement supérieur pour renforcer l’autonomie et la performance et à la culture d’environ 1 milliard chacun.

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