Discours du Premier ministre Jean Castex - Loi de programmation militaire

Ce contenu a été publié sous le gouvernement du Premier ministre, Jean Castex.

Publié 19/02/2022

Madame la ministre des Armées,
Chère Florence,
Madame la secrétaire d’Etat, Chère Sarah,
Madame la députée,
Monsieur le maire de Roanne,
Monsieur le député, mesdames et messieurs les élus,
Monsieur le Chef d'État-major de l'Armée de Terre,
Monsieur le Délégué Général pour l'Armement,
Mesdames et messieurs les officiers généraux,
Monsieur le Président de KNDS,
Monsieur le Directeur Général de Nexter, pour lequel je vais avoir une mention particulière, pour me féliciter tout particulièrement du choix que nous avons fait en le désignant à la tête de cette magnifique entreprise, Mesdames et messieurs, et je salue particulièrement les salariés de l'entreprise : j'ai vu, en échangeant rapidement avec eux, leur engagement, leur savoir-faire, et si vous me le permettez, la fierté dans leurs yeux, qui est celle de leur entreprise, de leur territoire et de l'accomplissement de leurs missions.
Et il y a peu de jour, c’était au mois de décembre dernier, je me trouvais à Brive-la-Gaillarde pour rendre visite au 126ème régiment d’infanterie. A cette occasion, j’ai vu des militaires tout aussi fiers et vraiment, je ne sais pas vous le traduire : ils étaient particulièrement heureux de me montrer leur nouveau véhicule de combat d’infanterie, le GRIFFON. Ce véhicule, vous le savez, est l’un des composants essentiels du programme Scorpion que nous déployons, Madame la ministre et grâce auquel notre armée de terre est l'une des premières au monde à être dotée d'un système de combat global qui fédère les combattants et leurs systèmes d'informations et leurs systèmes d'armes grâce au partage instantané d'informations. Il s'agit, nous le savons tous, d'une véritable révolution numérique qui vise à conférer à notre armée de terre, Monsieur le chef d'état-major, un avantage opérationnel décisif. C'est aussi, vous l'avez rappelé, un renouvellement complet des véhicules blindés de l'armée de terre, sans précédent depuis des décennies.
Après avoir rencontré ces soldats qui utilisent le GRIFFON, il était logique, quelque part que je vienne à la rencontre des femmes et des hommes qui ont conçu et qui produisent ces formidable véhicules de combat. Me voici donc à Roanne, fleuron de l'industrie des blindés pour, donc, rendre hommage à la qualité de vos savoir-faire, à la passion qui vous anime, tous, ouvriers, techniciens, ingénieurs pour construire les équipements de notre armée de demain. Car c'est évidemment un défi industriel sans précédent que vous relevez chaque jour, avec du reste, l'ensemble des partenaires du programme pour assurer et livrer des véhicules avec des cadences de production, vous les avez rappelées, toujours croissantes.
C'est l'occasion de vous féliciter ici de la livraison des 20 premiers JAGUAR à l'armée de terre, les premiers d'une longue série, puisque la loi de programmation militaire prévoit notamment la livraison de 135 JAGUAR d'ici fin 2025, avec une cible même portée à 300 d'ici 2030. Et ce qui se joue ici à Roanne, c'est une véritable renaissance industrielle avec la création de 600 emplois au cours des 4 dernières années et des investissements massifs pour assurer à l'horizon 2025 une cadence comme vous l’avez dit de 450 véhicules par an. Ce n'est pas mauvais de rappeler dans ce sens-là qu'on était à zéro en 2015. Des emplois, évidemment, qui entretiennent le lien fort et historique de Nexter avec Roanne, en tout cas de cette usine qui contribue évidemment à dynamiser la ville et le département. Et vous savez combien je suis très attaché à ce que tous les territoires de la République puissent bénéficier des investissements de l'Etat et des efforts de relance. Je tiens à ce titre à souligner l'engagement de KNDS et de Nexter, dont je salue une nouvelle fois le président et le directeur général pour continuer à faire de cette entreprise le leader européen de la défense terrestre. Au sein de KNDS, Nexter est un des fleurons de notre industrie de défense, dont le savoir-faire est reconnu à la fois par nos armées mais également par nos partenaires en Europe et ailleurs, et ailleurs.
Nous avons évoqué ce matin, ça en est une preuve, je crois très importante, y compris au plan qualitatif, le partenariat stratégique noué avec la Belgique, qui vous a fait confiance en 2019, pour son programme de capacités motorisées visant à moderniser son armée de terre. Cette coopération, elle est en effet structurante pour notre industrie de défense terrestre, et elle renforce aussi les liens, monsieur le chef d'état-major, très étroits qui unissent nos deux armées, et contribuent, comme on dit, à favoriser leur interopérabilité. Mais je veux aussi me féliciter de ce que la République Tchèque ait fait le choix, au mois de septembre dernier, d'acquérir 52 canons CAESAR, nous y voilà, devenant ainsi le troisième pays européen et le septième mondial à faire confiance à Nexter. Je le dis au passage, mais chacun l'a compris, c'est très important. Bien sûr, vous travaillez pour l'armée française, évidemment, l'armée française fait travailler l'industrie française. Mais cette industrie française, son expertise, sa connaissance, son savoir-faire industriel, il est indispensable qu'elle soit reconnue, je vais le dire autrement, qu'elle inspire confiance à d'autres pays et à d'autres armées. Et il me semble pouvoir dire que ce qui se joue en ce moment, ce qui s'est passé avec les commandes, atteste que cette confiance est acquise et vous devez évidemment la cultiver dans le cadre des coopérations que nous avons organisées.
Vous comprenez bien que si je suis venu ici, à Roanne, c'est bien sûr pour saluer tout ce travail accompli, mais aussi pour vous dire que sur ces bases, nous allons continuer à investir massivement, notamment pour conserver cette excellence industrielle et technologique de Nexter. Nous allons donc signer le marché de développement du CAESAR de nouvelle génération, CAESAR NG. Cette nouvelle génération de systèmes d'artillerie CAESAR, qui a déjà fait ses preuves en opération : je pense en particulier à son engagement au sein de Wagram entre 2016 et 2019, aux côtés des forces de la coalition en Irak y compris pour la reprise de Mossoul. Cette nouvelle génération permettra donc de renforcer la mobilité de cette arme, la protection de son équipage, j'insiste bien là-dessus, vous m'avez donné plusieurs illustrations ce matin, et ce qu'on appelle sa connectivité. Évidemment, on est à l'heure des nouvelles technologies et du numérique, et nos armées n'y échappent évidemment pas.
Ce contrat, d'un montant maximal de 600 millions d'euros, sera à l'origine de la création de 300 emplois chez Nexter, ses partenaires, leurs sous-traitants partout en France. Nous y veillons, car c'est aussi un devoir de cohésion nationale. C'est la Nation tout entière qui fait un effort légitime pour sa défense, pour sa sécurité, pour son armée, pour ses industries d'armement. Et il faut que tous les territoires, et donc tous les habitants de notre pays, soient concernés.
J'ai également l'honneur et le plaisir de vous annoncer que dans les prochaines semaines, la quatrième tranche du programme Scorpion sera engagée. Ai-je besoin de vous rappeler que cette tranche est d'un montant de plus d'un 1,200 milliards d'euros. Et elle prévoit la réalisation de 302 véhicules GRIFFON, 88 JAGUAR et 54 véhicules (inaudible). Nous donnerons ainsi, c’est notre objectif, de la visibilité à nos industriels et en particulier ici au site de Roanne et à l’ensemble des sous-traitants que je salue, vous en avez invité un certain nombre ce matin qui seront concernés par ce programme.
Au total, sur la période 2021-2025, ce sont près de 5 milliards d’euros qui y seront investis sur ce programme majeur pour l’armée de terre et pour notre industrie. L'avenir pour Nexter, c'est également, vous l'avez évoqué, le successeur du char Leclerc dans le cadre du fameux programme francoallemand MGCS. Après une première phase d'études d'architecture, nous devons poursuivre, madame la ministre, les efforts pour avancer conjointement avec nos partenaires tout en préservant l'équilibre sur les bases de l'expertise reconnue. Et MGCS sera sans doute à l'Europe le plus grand programme dans le domaine terrestre pour les décennies à venir.
Ces programmes de modernisation de nos armées SCORPION, CAESAR, MGCS sont les résultats d'une volonté politique extrêmement forte, une politique décidée par le président de la République dès 2017 et surtout concrétisée. La loi de programmation militaire marque une inflexion, un tournant majeur dans les moyens que nous avons accordés à notre défense et à notre sécurité nationale. Vous le savez, cette loi a la double ambition de réparer notre capital opérationnel qui avait été sérieusement entamé et de préparer l'avenir en bénéficiant à nos entreprises, à la sous-traitance, à notre territoire, et ce, grâce à la bonne santé de notre industrie de défense.
Grâce aux décisions de l'Etat, le chiffre d'affaires global de nos industries de défense en France est proche de 28 milliards d'euros, mobilise plus de 200 000 emplois de haut niveau et génère de l'activité pour 4 000 PME œuvrant au profit de grands groupes grâce à cette loi de programmation militaire. D'ores et déjà, 25 000 emplois directs ont été créés entre 2019 et 2022 et ma présence ici en atteste : cela va continuer. Je voudrais, à ce stade de mon propos, remercier la ministre des Armées, l'ensemble des militaires engagés dans cet immense chantier, ce travail assidu.
Ce n'est pas la première loi de programmation militaire que vote notre pays. C'est en revanche la plus ambitieuse. Je vous donne les chiffres : 198 milliards d'euros de crédits budgétés pour la période 2019-2023, c'est-à-dire une hausse du budget de la défense de 1,7 milliard d'euros par an par rapport aux années antérieures. 1,7 milliard d'euros de plus que ce qui se faisait avant. Ce sont des crédits consacrés aux équipements, à l'infrastructure, à l'entretien des matériels. 37 milliards pour les principaux programmes d'équipement. 40 milliards répartis dans les territoires.
Cette loi de programmation a aussi une autre caractéristique : pour la première fois, le volume des crédits exécutés annuellement est conforme à ceux qui avaient été prévus et votés par la représentation nationale. Dit autrement, la défense a cessé d’être la variable d’ajustement budgétaire de l’Etat. J’invite tous les spécialistes à regarder une donnée simple : budget voté, budget exécuté. Et vous verrez que depuis l’entrée en vigueur de la loi de programmation militaire, non seulement, ces crédits sont en hausse, mais ils sont quasiment à l’euro près respectés dans leur exécution et leur mise en place. Il ne faut pas, dans ces conditions, s'étonner que nous nourrissions de fortes ambitions pour notre industrie nationale de défense, en faire ce qu'elle est, l'une des meilleures du monde, capable de concevoir et de produire les équipements dont nos forces et celles de nos partenaires ont besoin pour faire face aux enjeux militaires et de sécurité dans un contexte géostratégique particulièrement difficile et inquiétant.
Aussi, je suis venu le dire ici avec force une nouvelle fois, il est indispensable pour maintenir de grands équilibres internationaux autour des valeurs qui sont les nôtres, que la France, puissance militaire au service du droit, au service de la paix, au service du multilatéralisme, dispose d'armées performantes et d'une industrie de défense innovante qui assure tout à la fois sa souveraineté, mais aussi sa capacité à intervenir de manière autonome sur les théâtres d'opérations extérieures. Nexter, Monsieur le directeur général, chers salariés de cette superbe entreprise, Nexter et ses partenaires du programme Scorpion sont des composants essentiels de cette industrie de défense performante et innovante grâce aux investissements de la loi de programmation militaire, grâce aux décisions que j'ai annoncées ce matin, la France doit s'assurer, va s'assurer qu'ils le resteront encore et plus que jamais dans les années à venir.
Et m'adressant ici dans un bassin industriel historique, à des acteurs majeurs, je veux souligner la cohérence des décisions que nous prenons vis-à-vis des industries de défense avec la volonté plus globale de réindustrialiser notre pays. C'est l'un des axes, vous le savez, prioritaire du plan de relance que j'avais engagé en septembre 2020. C'est aussi un axe prioritaire du plan France 2030 que le président de la République a annoncé il y a quelques semaines. Un seul chiffre, il est éloquent à ce sujet, toutes industries confondues, entre 1980 et la fin des années 2010, entre 1980 et la fin des années 2010, la France a en moyenne perdu chaque année 50 000 emplois industriels par an. Depuis 3 ans, nous en avons en net recréé 30 000. Le chemin est encore long, mais le cap est clair, le cap est indispensable.
Mesdames et Messieurs, je le dis bien sûr aux salariés et aux ouvriers, mais je le dis à l'ensemble de nos concitoyens, c'est une question de compétitivité économique, c'est une question d'emploi, on le voit bien et évidemment, vous l’avez souligné Monsieur le directeur général, l'importance que j'attache, que tout le pays attache à la création d'emplois et c'est ce qui nous permet, c'est ce qui permet au chômage, vous le voyez, de reculer de manière extrêmement spectaculaire. Et je salue en particulier les succès de notre politique en matière d'apprentissage ayant rencontré ce matin un certain nombre d'alternants.
Ici, c’est une question d'aménagement du territoire, nous le voyons ici, à Roanne, mais c’est aussi une question de souveraineté nationale et européenne. Vous voyez, dans un autre domaine que le vôtre, qui est au cœur de ces problématiques, combien nous serions coupables de ne pas tirer les enseignements de cette crise sanitaire qui, je l'espère, va progressivement s'atténuer comme elle est en train de le faire. Combien nous payons toutes ces délocalisations de produits de santé, d'industrie pharmaceutique ? Combien j'étais fier, pas très loin d'ici d'aller dans l'Isère, relocaliser grâce au plan de relance, des entreprises qui produisent du paracétamol et que nous avions laissé partir dans le sud-est asiatique ?
Oui, la réindustrialisation dans le secteur de la défense, dans le secteur militaire, comme dans les autres, est redevenue un impératif catégorique. Et à ce grand dessein, la loi de programmation militaire, et les investissements dans nos industries de défense apportent une contribution déterminante, que j’ai voulu montrer en exemple ce matin, ici, à Roanne, en venant parmi vous, chez Nexter auprès des femmes et des hommes, qui sont les acteurs engagés de cette politique hautement conforme à l'intérêt de la nation.
Je vous remercie.

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