Compte rendu du Conseil des ministres du 08 février 2023

Ce contenu a été publié sous le gouvernement de la Première ministre, Élisabeth Borne.

Publié 08/02/2023

Source : Compte rendu du Conseil des ministres du 8 février 2023.

Compte rendu du Conseil des ministres du 08 février 2023

Olivier VÉRAN

Bonjour à tous.

Tout d’abord, le Gouvernement français assure la Turquie et la Syrie de son soutien, évidemment après les dramatiques tremblements de terre qui s’y sont déroulés. Nos pensées vont vers les milliers de victimes ainsi que leur famille et leur proche, et la France a détaché sans délai des équipes de secours et de recherches de la sécurité civile sur place.

 Un point sur les retraites puisqu’au lendemain d’une nouvelle manifestation qui s’est déroulée à nouveau dans le calme, le gouvernement souhaite continuer à dialoguer dans un esprit d’ouverture et avec humilité. Nous saluons l'appel à la responsabilité de plusieurs syndicats qui invitent à ne pas bloquer le pays samedi, et donc à ne pas bloquer les Français pour ce jour de départs en vacances pour de nombreux compatriotes. Le dynamisme de notre démocratie, il peut s'exprimer dans la rue. Mais ce dynamisme, il s'exprime aussi désormais au Parlement qui est la maison du peuple.

Alors quels enseignements pouvons-nous tirer au troisième jour des débats dans l'hémicycle ? Tout d'abord, les députés de la majorité présidentielle et une grande partie des députés LR ont décidé, à la majorité absolue, de ne pas rejeter le projet de loi d'emblée, et donc de travailler en vue de l'améliorer.

Nous saluons ce vote important. Par ailleurs, les députés de la NUPES ont opté, vous le savez, pour une stratégie d'obstruction parlementaire que nous déplorons car nous avons besoin de ce débat au Parlement pour identifier de nouvelles avancées, notamment sur le plan social. Et ces avancées, nous les avons déjà accueillis déjà à plusieurs reprises depuis le début de la concertation, vous le savez, avec les syndicats, avec les groupes politiques, et désormais avec les parlementaires.

Dernier exemple en date de notre capacité à écouter et à améliorer notre projet de loi, les annonces faites par la Première, ce dimanche, qui porte d’abord sur une limitation des plans sociaux qui pénalisent les seniors dans les entreprises et qui, étant ce qu'on appelle les avantages du dispositif carrières longues aux jeunes qui ont débuté leur carrière professionnelle entre 20 et 21 ans. Sur plus de 18 000 amendements, seuls quelques dizaines, 80 et quelques amendements ont ainsi pu être examinés hier. Ce jour, les débats vont reprendre dans l'hémicycle, là où ils se sont arrêtés hier à minuit et ils illustrent ce qui nous oppose à la NUPES et au Rassemblement national. Là où nous voulons supprimer les régimes spéciaux que les Français ne comprennent plus, et pour cause, Rassemblement national et NUPES se mobilisent en vue de les conserver. Et l'image de la soirée qui résume beaucoup de choses, c'est quand même ces députés de la NUPES qui se lèvent pour applaudir debout leurs collègues fraîchement condamnés à l'issue de violences physiques contre sa compagne tandis qu'il prend le micro pour défendre le fait qu'un conducteur de bus et de métro puisse partir à la retraite à 52 ans. Dans les prochains jours, les mêmes députés de la NUPES défendront une pluie d'amendements visant à taxer ou à augmenter les impôts.

Et nous rappelons que tout en étant extrêmement ouvert encore une fois au débat parlementaire, nous assumons de demander aux Français de travailler progressivement, un peu plus longtemps pour conforter, pour pérenniser un système de retraite par répartition auquel nous croyons et auquel les Français sont attachés.

J'en viens maintenant aux textes qui ont été présentés ce jour en Conseil des ministres. Tout d'abord, le ministre de l'Économie a présenté une ordonnance relative à la prise en charge de conséquences des désordres causés par les phénomènes naturels de mouvements de terrain consécutifs à la sécheresse et à la réhydratation des sols.

Pour vous expliquer d'abord : l'été 2022 a été l'un des étés les plus secs connus en France et ces phénomènes, nous savons qu'ils sont amenés à se reproduire et donc ils appellent à une grande vigilance. Et pour cause, plus de la moitié des maisons individuelles sont construites sur des sols argileux qui sont susceptibles de présenter un risque moyen ou fort de dégâts provoqués par un phénomène naturel de succession d'épisodes de sécheresse et de réhumidification des sols.

Face à ce risque, nous avons engagé une réforme de la prise en charge des sécheresses par le régime d'indemnisation des catastrophes naturelles, qu'on appelle le Catnat, qui est un dispositif unique au monde qui associe les assureurs et la puissance publique. Quelques chiffres : depuis 1989, ce régime, il a indemnisé en moyenne chaque année près de 30 000 sinistres liés à la sécheresse, pour un montant total de 16 milliards d'euros.

L'ordonnance qui est présentée ce jour, elle reconnaît des communes ayant subi une succession anormale de sécheresse d'ampleur significative, mais dont l'intensité mesurée année après année, ne remplit pas les critères de manière donc à simplifier et à étendre ce dispositif. Cette ordonnance assouplit aussi les critères de reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle et permet de mieux prendre en compte la situation des communes qui sont adjacentes et limitrophes aux communes qui sont reconnues en état de catastrophe naturelle.

Le ministre de l'Économie a également présenté une ordonnance relative ainsi que la ministre chargée des PME ont présenté une ordonnance relative à l'exercice en société des professions libérales réglementées. C'est un ensemble très diversifié, ces professions libérales réglementées. 700 000 professionnels de le champ de la santé, dans le juridique, ou encore dans les professions techniques et du cadre de vie. Alors que l'exercice individuel demeure majoritaire, l'exercice sous forme de société apparaît de plus en plus attrayant et, dans le même temps, la complexité des règles applicables, leur opacité, la multiplication des régimes différents sont des éléments dissuasifs pour les professionnels.

 Et donc, fidèle à la demande du président de la République, le Gouvernement veut créer un environnement juridique, fiscal et social plus simple et plus protecteur pour les indépendants.

Le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires et le ministre délégué en charge du Logement ont présenté, quant à eux, une ordonnance relative à ce qu'on appelle le bail réel solidaire d'activité. C'est un dispositif qui complète celui du bail réel solidaire, qui est conclu par un organisme de foncier solidaire avec un ménage sous condition de ressources. C'est un dispositif innovant, en fait, qui va permettre à des ménages d'accéder à la propriété, avec des tarifs des prix de 30 à 50 % plus faibles que sur le marché.

C'est donc un dispositif qui connaît un succès important et croissant. Et l'ordonnance, elle vise à favoriser l'installation dans ces dispositifs de certaines entreprises ou activités, notamment dans les secteurs à revitaliser. C'est un dispositif qui répond aux attentes de nombreux élus locaux, qui est un outil de plus à la main des territoires.

Enfin, et pour en terminer, la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche a présenté une communication relative aux deux ans de la loi de programmation de la recherche. Je rappelle que c’est une loi qui a été promulguée le 24 décembre 2020, et qui permet d'avoir un investissement exceptionnel de 25 milliards d'euros pour l'excellence de la recherche française à horizon 2030. Elle a pour ambition, cette loi, de permettre à la France d'atteindre un objectif européen et de consacrer donc 3 % de son PIB aux dépenses de recherche.

 Cette loi, elle a plusieurs objectifs. Elle porte la France à la pointe de la recherche scientifique mondiale pour relever les défis immenses de notre époque, elle renforce l'attractivité des carrières scientifiques et elle diffuse la recherche vers la société et l'économie. À ce stade, plus de 2 milliards d'euros ont d'ores et déjà été investis, conformément avec la trajectoire initiale de la loi.

Je vous remercie et je prends vos questions. Vous devez en avoir.

 

Anne BOURSE

Bonjour. Anne BOURSE, France Télévisions. Total annonce 19,5 milliards d'euros de bénéfices en 2022, un record. Est-ce qu'il faut taxer les superprofits ? Et le PDG de Total dit envisager des ristournes à la pompe. Est-ce que vous vous dites : Il faut le faire ?

 

Olivier VÉRAN

Alors, je comprends que le chiffre de 19,5 milliards, dans le contexte que nous connaissons, puisse choquer et qu'à travers ce chiffre puisse se poser la question du fonctionnement ou des dysfonctionnements de l'économie mondiale s'agissant des très grands groupes. Je voudrais apporter quelques précisions, d'ailleurs, que le PDG de Total a apporté lui-même. D'abord, les 19,5 milliards d'euros de bénéfices ne sont pas des 19,5 milliards d'euros de bénéfices réalisés en France, loin s'en faut. Total est un groupe dont le siège social est français mais qui réalise l’immense majorité de son activité dans tous les pays du monde. Et à ce titre, dans chaque pays dans lesquels il réalise de l'activité, il est taxé avec les règles fiscales du pays concerné. Ça, c'est un premier point. En France, Total réalise un bénéfice de 350 millions d'euros. On est très loin des 19,5 milliards d'euros, a été taxé à hauteur de 200 millions d'euros. Et Total se voit aussi prélever différents dispositifs, vous savez, qu'on prélève ce qu'on appelle les surprofits des énergéticiens dans le contexte que nous connaissons. Et donc, ce sont 2 milliards d'euros supplémentaires de fiscalité qui s'imposent à Total, du fait d'ailleurs que Total est un groupe français. Ça, c'est vraiment un point important. Ensuite, rappeler qu'à l'initiative de la France et de l'Europe, l'ensemble des pays du monde occidental sont en train de s'entendre pour la première fois pour un niveau minimal de fiscalité qui s'imposerait aux grands groupes, là où les Etats-Unis se sont très longtemps opposés. Le message européen est en train d'être entendu et cela permettra aussi de mieux réguler le commerce international et la fiscalité inhérente aux grands groupes. Vous m’interrogez ensuite sur la ristourne, Total avait mis en place une ristourne à la pompe pour les Français, vous le savez, il y a quelques mois, qui s'est arrêté il y a quelques semaines. Son PDG s'est dit lui-même ouvert à l'idée de remettre en place une ristourne prochainement, considérant les chiffres qu'il a réalisés, y compris en France. Eh bien, nous sommes tout à fait enclins à accompagner cette annonce de Total. C'est-à-dire que nous souhaitons évidemment qu'une ristourne, tous les efforts puissent être faits pour réduire le coût du carburant à la pompe pour les Français.

 

Mathieu COACHE

Bonjour, Mathieu COACHE BFM TV. Je vais continuer sur cette question. Vous faites très bien la communication de Total mais le président de la République… Mais non, mais vous reprenez les éléments de la direction de Total. Le président de la République lui-même a en effet affirmé en avoir assez de ceux qui font des profits excessifs sur la base de la crise. Cela, c'était tout début janvier devant les boulangers, ici même à l'Elysée. Donc peut-être, qu'est-ce que vous pouvez répondre aux Français qui sont touchés fortement par l'inflation et qui peuvent être effectivement choqués par ce chiffre, sans reprendre les arguments de Total ? Tout simplement, juste cette comparaison entre l'inflation et des bénéfices de 19 milliards d'euros.

 

Olivier VÉRAN

Je vous redis bien volontiers les choses, je ne fais pas la com de Total. Merci de ne pas tirer ce type de conclusions. Je ne crois pas vraiment. Ensuite, vous avez imaginé un groupe international qui ne serait pas français et qui réaliserait une activité avec des bénéfices en France et une activité avec des bénéfices en Corée ou au Brésil, etc. Dans chaque pays dans lesquels il réalise des chiffres et des bénéfices, c’est l'Etat concerné qui va taxer l'entreprise. Là on parle d'un groupe qui est français puisque le siège social est français et nous taxons Total qui réalise comme lorsqu'il réalise des bénéfices en France. C'est une activité qui est marginale aujourd'hui l'activité sur le territoire français de Total. Et nous taxons comme nous taxons les groupes qui réalisent des bénéfices et nous continuerons de le faire. Et nous taxons plus que les pays qui nous entourent puisque nous prélevons ce qu'on appelle une rente infra marginale, c'est-à-dire lorsque, dans la période de crise, les groupes qui travaillent dans le domaine de l'énergie, ce qui est le cas avec Total de la branche Total Energie, lorsqu'ils réalisent des bénéfices supérieurs à ce qu'il a attendu du fait de la crise ukrainienne, de la crise sur l'énergie, eh bien, nous prélevons plus de 90 % de cet excès. Et nous le faisons avec Total, comme nous le faisons avec l'ensemble des énergéticiens, ce qui nous a permis d’ailleurs de récolter des milliards d'euros, des dizaines de milliards d'euros de recettes fiscales en plus, ce qui nous a permis de financer des mesures de soutien au pouvoir d'achat des Français. Je vous redis, lorsque Total réalise un chiffre d'affaires en Corée ou au Brésil, pour citer ces deux pays mais je pourrais citer n’importe lequel, ils sont taxés à ce titre en Corée et au Brésil. Et la France ne va pas prélever une supertaxe sur l’activité commerciale du groupe en Corée puisqu’ils sont déjà fiscalisés là-bas. Donc je vous redis, 350 millions d’euros de bénéfices déclarés par Total en France, 200 millions d’impôts, 200 millions d’impôts, et vous avez par ailleurs 2 milliards d’euros de prélèvements, donc ça c’est des prélèvements exceptionnels liés à la crise et à ses surprofits.

 

Journaliste

Et sur la ristourne, vous souhaiteriez une ristourne de combien ?

 

Olivier VÉRAN

Alors moi, je vous dirais plus on agit pour le pouvoir d’achat des Français, mieux je me porte.

 

Journaliste

20 centimes, 30 centimes ?

 

Olivier VÉRAN

Je ne vais pas vous faire un chiffrage, ce n’est pas à moi de le faire. Et encore une fois, j’ai entendu la volonté de Total de mettre en place une ristourne et nous l’accueillons favorablement.

 

Journaliste

Je reviens juste pour prolonger, ce qui devrait être une bonne nouvelle, et ce qui l’est, qu'une entreprise française fasse des bénéfices, mais est-ce qu’il n'y a pas un télescopage politique, pour vous, compliqué en pleine réforme des retraites ?

 

Olivier VÉRAN

Ah mais le télescopage… La volonté de politiser cette annonce, je ne me fais aucune illusion. Je vous dis juste que, au delà des chiffres qui peuvent choquer, je l'ai dit, les dysfonctionnements de l'économie mondiale qui peuvent choquer, je ne dis pas autre chose, il ne faut pas confondre ce qui relève d'un bénéfice réalisé en France d'un bénéfice mondial d'un groupe dont le siège social est en France. C’est vraiment deux choses différentes. Et je redis que la fiscalité en matière des entreprises en France est l'une des fiscalités les plus importantes qui existent au monde, et en tout cas dans les pays occidentaux.

 

Bastien AUGÉ

Bonjour, Bastien AUGÉ pour TF1-LCI. On a appris ce matin que le président ukrainien Volodymyr ZELENSKY était à Londres alors que certains espéraient qu'il aille d'abord en France ou du moins à Bruxelles. Est-ce que cette visite veut dire que, finalement, le rôle de la France et de l'Union européenne n'est pas aussi grand que ce qu'on pourrait imaginer dans le soutien à l'Ukraine et dans les tentatives de résolution du conflit ?

 

Olivier VÉRAN

Je crois que les Ukrainiens n'ont aucun doute sur la force et la constance du soutien qu'apportent les Français et l'ensemble des Européens à leur peuple dans la période qu'ils connaissent. Les entretiens diplomatiques, les échanges, les soutiens sur le plan militaire, sur le plan logistique, sur le plan humain, toutes les initiatives, notamment celles prises par la France et le président de la République français, pour avoir des événements mondiaux de soutien à l'Ukraine en attestent. Je crois que c'est le plus important. Et ensuite, plus la coopération internationale en soutien à l'Ukraine est forte et constante, plus nous nous en satisfaisons.

 

Journaliste

Une question dans la foulée, justement, de plus en plus de voix s'élèvent contre la venue d'athlètes russes aux Jeux Olympiques de Paris, la dernière en date d'Anne HIDALGO. Et ça fait, ça vient en écho à une demande qui a été faite par le président ZELENSKY. Est-ce que le gouvernement a une position là dessus ou en tout cas a entamé une réflexion ?

 

Olivier VÉRAN

Alors notre position, elle est constante sur le sujet. Pour bien clarifier les choses, le CIO a appelé à donner la possibilité à des athlètes russes de participer à certaines compétitions sportives internationales sans porter le pavillon russe, mais un pavillon neutre. Cela ne s'applique pas, cette décision du CIO ne s'applique pas concernant les JO à Paris en 2024 où, là, une décision doit être prise d'ici à l'été. Donc aucune position n'a encore été formellement arrêtée avec le CIO, mais vous connaissez la constance de la France sur le souhait que tout ce qui est sanction puisse s’appliquer pleinement et entièrement. Donc nous verrons d'ici à l'été pour la décision concernant les JO.

 

Journaliste

Donc une sanction éventuelle, donc ce sera de…

 

Olivier VÉRAN

Je vous dis qu'on verra cet été ; je laisse la coopération internationale qui sait faire.

 

Francesco FONTEMAGGI

Bonjour Monsieur le ministre. Francesco FONTEMAGGI pour l’AFP. Revenant sur les retraites et la mobilisation d'hier, quelle est votre lecture, interprétation de la légère baisse de la mobilisation par rapport aux deux premières journées ? Est-ce que vous y voyez une portée ou vous attendez plutôt de la journée de samedi ? Et par ailleurs, vous avez salué les organisations syndicales qui appellent à ne pas bloquer le pays pour la suite. Que répondez-vous à Philippe MARTINEZ qui, lui, appelle à durcir le mouvement, à des grèves plus dures, plus nombreuses, plus massives et reconductibles ? Merci.

 

Olivier VÉRAN

D’abord, plus que le nombre de manifestants, ce qui m'importe, c'est le message des manifestants. Et le message des manifestants, là où on se retrouve, c'est sur la volonté d'avoir un système de retraites solidaire, fort. J'ai entendu l'appel à la solidarité dans la rue. J'ai entendu l'appel à   avoir un système fort. Là où il persiste une divergence, c'est que nous, Gouvernement, faisons le choix d'équilibrer le système de retraite pour le conforter dans la durée, en demandant aux Français de travailler progressivement un peu plus longtemps. Et nous assumons de ne pas vouloir augmenter les impôts pour les Français, de ne pas baisser les salaires pour ceux qui travaillent, de ne pas baisser les pensions de retraite pour les retraités et de ne pas laisser la dette exploser pour les générations actuelles et la génération de nos enfants. Je l'ai dit tout à l'heure, le dynamisme de la démocratie peut s'exprimer dans la rue et s'exprime désormais au Parlement ; et nous respectons ce temps parlementaire. Ce n'est pas neutre ce qui s'est passé. D'abord, une majorité absolue de députés, 292, donc, la majorité et de groupes d'opposition, notamment les LR qui rejettent la motion qui avait été présentée par la NUPES et qui visait à ce que le texte ne puisse pas être examiné. Là, les députés ont souhaité l’examiner. Les députés c'est… l'Assemblée nationale, c'est le cœur battant de la démocratie. Donc nous souhaitons que ce débat se fasse dans de bonnes conditions. C'est pour ça qu'on regrette d'ailleurs l’obstruction parlementaire. Ensuite, moi, je suis très attaché au combat des syndicats et notamment celui qui a visé à permettre aux Français de disposer de congés payés. Je suis donc forcément très sensible au fait que les syndicats permettent aux Français de profiter des congés payés auxquels ils ont droit. Donc les appels au blocage ne sont pas les nôtres et nous ne souhaitons pas qu'il y ait des blocages. À l'inverse, nous souhaitons que si mobilisation sociale il devait y avoir, elle se fasse dans le calme, comme nous avons pu le constater ces dernières semaines, et qu'elle permette aux Français, ceux qui travaillent d'ailleurs, comme ceux qui partent en vacances, de pouvoir se déplacer, d'emmener leurs enfants à l'école lorsqu'il y a école, à aller travailler, faire leurs courses et vivre le plus normalement possible.

 

Francesco FONTEMAGGI

Vous avez salué l'appel à la responsabilité de certains syndicats. Cela veut dire qu'il y a des syndicats qui sont plus responsables que d'autres, par rapport au blocage ?

 

Olivier VÉRAN

On salue les syndicats qui appellent à ne pas bloquer les Français.

 

Simon LEBARON

Bonjour Monsieur le ministre. Simon LEBARON pour France Inter. Je reviens sur les bénéfices de Total, 19 milliards et demi d'euros en 2022, c'est du jamais vu, c’est historique. Dans son discours sur l'état de l'Union cette nuit, le président des États-Unis, Joe BIDEN, a jugé les surprofits des pétroliers, vous soulignez que c'était un phénomène mondial, il les a jugé scandaleux. Ce n'est pas l'avis du gouvernement français, si je vous comprends bien ?

 

Olivier VÉRAN

Pourquoi je… à quel moment est-ce que je vous ai dit que je trouvais ça normal ou bien. Vous essayez… chaque fois de nous entraîner sur un terrain sur lequel on ne va pas nous-même. Je vous ai dit qu’il y a une dérégulation de l’économie mondiale et je vous ai dit que je comprends que ça puisse choquer. Je note que le président des États-Unis se prononce désormais pour une taxation des grands groupes que les États-Unis ont supprimé il y a quelques années — d'ailleurs, c'était même avant Donald TRUMP — où tous les dispositifs de taxation des grands groupes avaient été supprimés. Donc, s'il y a — et j'ai salué tout à l'heure — justement le fait que l'initiative française et européenne en vue d'avoir une taxation minimale des grands groupes à travers le monde puisse être portée cette fois-ci par l'ensemble des grandes puissances. Ce sera une bonne nouvelle, ce sera de la régulation pour l'économie mondiale, ce sera de la régulation pour l'économie mondiale et que les États Unis sont totalement habilités à taxer Total comme n'importe quel groupe pétrolier ou énergéticien sur son territoire au titre des bénéfices qu'ils réalisent. Ce que je vous dis, c'est que nous en France, on fait.

 

Simon LEBARON

Merci.

 

Journaliste

Bonjour Monsieur le ministre. (inaudible) Radio Fréquence Protestante. Pour revenir sur le temps parlementaire que vous évoquez. Le patron de la CGT estimait sur France 2 que voter le texte sur la réforme des retraites poserait un vrai problème démocratique. Vous étant ministre en charge du Renouveau démocratique, pensez-vous que cette affirmation est un peu poussée et excessive ?

 

Olivier VÉRAN

Moi je considère qu’encore une fois, le Parlement est le cœur battant de la démocratie, c'est la maison du peuple. Je considère que ce qui peut poser un problème démocratique, c'est lorsque des parlementaires, quels qu'ils soient, de quelque bord politique qu'ils soient, sont influencés dans leur mission, voire menacés dans leur mission. Je considère que ça peut poser un problème démocratique lorsque l'Assemblée nationale se retrouve taguée et qu'elle n'est pas respectée pour ce qu'elle est l'enceinte du peuple. Je considère que ça peut poser un problème démocratique lorsque les députés sont empêchés, en commission ou dans l'hémicycle, de faire leur travail de parlementaire par des collègues qui ne souhaitent pas laisser aborder ce texte et travailler. Et je considère que la démocratie est pleinement vivante dans notre pays avec les débats parlementaires qui se sont engagés et que si le Parlement devait se prononcer en faveur de la réforme, elle aurait toute légitimité démocratique.

 

Bastien OGIER

À nouveau Bastien OGIER pour TF1 LCI. Certains confrères nous apprennent que le président de la République, ce matin, est revenu sur le cas de Olivier DUSSOPT, ce matin, et sur ces accusations de favoritisme. Est-ce que vous pouvez nous confirmer qu'il lui a réitéré son soutien et nous dire ce qu’il a dit précisément ?

 

Olivier VÉRAN

Soutien total au ministre du travail comme l’avait fait la première ministre. Le président de la République l’a fait effectivement dans son point de vue liminaire ce matin.

 

Journaliste

[inaudible]

 

Olivier VÉRAN

C’est-à-dire, le ministre du travail qui était au banc hier soir jusqu’à minuit et qui sera au banc cet après-midi et qui est pleinement dans l’exercice de sa mission. Merci à tous.

Ordonnances

Le ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique a présenté une ordonnance relative à la prise en charge des conséquences des désordres causés par le phénomène naturel de mouvements de terrain différentiels consécutifs à la sécheresse et à la réhydratation des sols.

L’année 2022 a été marquée par une sécheresse d’une ampleur exceptionnelle, dont le coût d’indemnisation est évalué à 2,9 milliards d’euros. Cet évènement extrême témoigne de l’intensification et de l’augmentation de la fréquence des effets du changement climatique.

En France, plus de la moitié des maisons individuelles sont construites sur des sols argileux susceptibles de présenter un risque moyen ou fort de dégâts provoqués par un phénomène naturel de succession d’épisodes de sécheresse et de réhumidification des sols.

Face aux conséquences de ce phénomène, l’État a engagé une réforme de la prise en charge des sécheresses par le régime d’indemnisation des catastrophes naturelles, dit « Cat Nat », un dispositif unique au monde qui associe les assureurs et la puissance publique à travers la réassurance publique des risques par la Caisse centrale de réassurance (CCR). Depuis 1989, ce régime a indemnisé en moyenne chaque année, 29 500 sinistres liés à la sécheresse, pour un montant total de 16 milliards d’euros. Ce phénomène naturel constitue désormais le premier poste de charge du régime pour les risques de particuliers, concentrant plus de la moitié du coût d’indemnisation.

L’ordonnance prise dans le cadre de l’habilitation ouverte par la loi n° 2022-217 du 21 février 2022 relative à la différenciation, la décentralisation, la déconcentration et portant diverses mesures de simplification de l’action publique locale, ainsi que les textes d’application qui l’accompagneront d’ici à l’été, permettront d’augmenter le nombre de communes éligibles à la reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle par rapport à la situation actuelle. En effet, cette réforme prévoit plusieurs améliorations visant à mieux prendre en compte le caractère lent et progressif du phénomène de sécheresse-réhydratation des sols, tout en restant dans le cadre du régime des catastrophes naturelles. La réforme corrigera en outre certaines limites des critères actuels.

Ainsi, en complément des critères de reconnaissance actuels fondés sur l’intensité d’une sécheresse mesurée sur une période donnée, un nouveau mécanisme, prévu par la loi, permettra également la reconnaissance Cat Nat de communes ayant subi une succession anormale de sécheresses d’ampleur significative, mais dont l’intensité mesurée année par année ne remplit pas les critères actuels.

Par ailleurs, une meilleure prise en compte de la situation des communes adjacentes aux communes reconnues en état de catastrophe naturelle sera assurée par un mécanisme visant à répondre aux effets de bord des critères actuels. Les modalités de mise en oeuvre de ce mécanisme de rattrapage seront fixées par circulaire et prévoiront toujours que soit faite une demande communale de reconnaissance.

En outre, les critères de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle utilisés pour caractériser l’intensité des épisodes de sécheresse, définis par voie de circulaire, seront assouplis par rapport aux critères actuellement en vigueur.

La réforme comporte également un volet relatif à l’encadrement des modalités de réalisation de l’expertise désignée par les assureurs, assorti de contrôles et de sanctions pesant sur les experts ne remplissant pas les exigences de qualité prévues par la loi. Ces dispositions doivent permettre de renforcer l’harmonisation des conditions de réalisation des rapports d’expertise.

Afin de renforcer la prévention face à de futurs sinistres, la loi prévoit une obligation pour les assurés d’affecter l’indemnité perçue au titre d’un sinistre reconnu Cat Nat à la réalisation effective des travaux de réparation durable de leur habitation.

Enfin, afin de mieux cibler l’indemnisation, celle-ci sera concentrée sur les sinistres susceptibles d’affecter la solidité ou d’entraver l’utilisation normale du bâtiment endommagé. Il s’agit d’accompagner en priorité les sinistrés confrontés à des dommages matériels affectant la solidité de l’habitation ou susceptibles de générer des dommages graves à terme sur celle-ci s’ils ne sont pas traités précocement. En outre, les constructions neuves ne respectant pas les dispositions de la loi n° 2018-1021 du 23 novembre 2018 portant évolution du logement, de l’aménagement et du numérique (ELAN) visant à protéger les propriétaires de maisons individuelles de la sinistralité suscitée par les mouvements différentiels liés au retrait-gonflement des argiles seront exclues de la garantie Cat Nat pendant une période de dix ans.

Ces évolutions complètent la réforme relative à l’indemnisation des catastrophes naturelles, en vigueur depuis le 1er janvier 2023, qui améliore la transparence de la procédure de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle, favorise une indemnisation meilleure et plus rapide des sinistrés et renforce les efforts de prévention face à ces phénomènes.

Le ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique et la ministre déléguée auprès du ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, chargée des Petites et moyennes entreprises, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme, ont présenté une ordonnance relative à l’exercice en société des professions libérales réglementées.

Les professions libérales réglementées constituent un ensemble extrêmement diversifié d’environ 700 000 professionnels. Elles se répartissent en trois grandes familles : les professions de santé, les professions juridiques et judiciaires et les professions techniques et du cadre de vie.
Si l’exercice individuel est encore majoritaire, il est constaté un attrait croissant pour un exercice sous forme de société. Néanmoins, la complexité des règles applicables à cet exercice, leur opacité, la multiplication des régimes d’exercice ouverts et l’empilement des textes sont autant d’éléments dissuasifs pour les professionnels.

Annoncée dans le cadre du plan présenté par le Président de la République le 16 septembre 2021, visant à créer un environnement juridique, fiscal et social plus simple et protecteur pour les indépendants, cette ordonnance est prise sur le fondement de l’article 7 de la loi n° 2022-172 du 14 février 2022 en faveur de l'activité professionnelle indépendante.

Fruit de près de deux années de concertation, elle simplifie, clarifie, rend plus lisible et sécurise le cadre juridique applicable à l’exercice en société des professions libérales réglementées. Elle offre également de nouveaux outils de développement aux professionnels, tout en renforçant la protection de leur indépendance.

Ainsi, cette ordonnance :
  • définit ce que sont les professions libérales réglementées, détermine les contours des trois familles les regroupant et consacre l’usage de la notion de « professionnel exerçant » ;
  • améliore la lisibilité des dispositions applicables, lesquelles ont été rendues complexes à raison de réformes successives ;
  • recueille en un texte unique l’ensemble des textes transversaux applicables aux professions libérales réglementées tout en harmonisant les dispositions les concernant ;
  • opère une simplification par le biais d’une convergence des régimes d’exercice en société existants ;
  • simplifie la transmission comme la fin de vie des sociétés civiles professionnelles ;
  • offre désormais aux personnes morales la possibilité d’être associées au sein d’une société en participation de professions libérales, répondant ainsi aux besoins de flexibilité et de souplesse des professionnels ;
  • élargit le cadre de l’exercice pluri-professionnel et facilite la mise en commun de moyens afin de répondre au besoin croissant de mutualisation des compétences ;
  • améliore le dispositif des holdings libérales et élargit leur périmètre d’investissement afin de favoriser le développement économique des entreprises libérales ;
  • introduit ou précise certains garde-fous opérationnels permettant de renforcer la protection de l’indépendance des professionnels en améliorant la transparence du fonctionnement des structures vis-à-vis des autorités compétentes (les Ordres notamment), permettant d’accroître l’efficacité de leur surveillance.

Cette ordonnance entrera en vigueur le 1er septembre 2024.

Le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires et le ministre délégué auprès du ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, chargé de la Ville et du Logement, ont présenté une ordonnance relative au bail réel solidaire d’activité.

Les organismes de foncier solidaire (OFS) ont pour objectif de créer une offre de logements en accession sociale à la propriété à des prix durablement abordables.

Grace à la dissociation de la propriété foncière et de la propriété bâtie et à l’encadrement des prix de cession, le bail réel solidaire (BRS), conclu par un OFS avec un ménage sous conditions de ressources permet de développer une offre de logements en accession sociale pérenne. Ce dispositif innovant permet à des ménages d’accéder à la propriété à des prix 30 à 50 % plus faibles que sur le marché. Il connait un franc succès : alors que seulement quatre OFS étaient agréés à la fin 2017, plus de cent-dix OFS sont aujourd’hui agréés sur l’ensemble du territoire. A fin 2021, plus de trois cent trente logements en BRS avaient été livrés et les opérations actuellement programmées ou en construction représenteront plusieurs centaines de nouveaux logements en BRS chaque année.

Afin de compléter ce dispositif, l’article 106 de la loi n° 2022-217 du 21 février 2022 relative à la différenciation, la décentralisation, la déconcentration et portant diverses mesures de simplification de l’action publique locale (dite loi « 3DS ») a étendu le champ d’activité des OFS en leur permettant de réaliser et de céder, à titre subsidiaire, des locaux d’activités, sur les terrains qu’ils acquièrent pour la réalisation de logements, dans des conditions similaires à celles du BRS. L’objectif est de permettre aux OFS de créer de la mixité au sein de leur opération et de favoriser l’installation de certaines entreprises ou activités, notamment dans les secteurs à revitaliser.

L’ordonnance créant le bail réel solidaire d’activité (BRSA) permet aux OFS d’exercer cette nouvelle mission. Le BRSA reprend certaines caractéristiques majeures du bail réel solidaire pour les logements, comme la faculté de pouvoir céder les droits réels sous réserve d’un encadrement des prix de cession, le versement d’une redevance foncière à l’OFS, ainsi que le caractère rechargeable du bail après chaque cession.

Grâce à cet outil, les OFS pourront céder des locaux d’activité à des microentreprises (moins de dix salariés et moins de deux millions d’euros de chiffres d’affaires) dans des conditions économiques durablement maîtrisées.

Deux possibilités de mise à disposition de ces locaux sont offertes. La première permet aux OFS de céder, sous plafond de prix, les droits réels relatifs au local d’activité directement à des microentreprises qui pourront être titulaires du BRSA, en contrepartie d’une redevance foncière et sans pouvoir le louer. L’OFS peut imposer, dans le contrat de bail, des conditions tenant à la nature de l’activité exercée et moduler le montant de la redevance en fonction des gains tirés de l’exploitation du local. Le local peut être cédé ou transmis à une autre microentreprise, sous réserve du plafond de prix et de l’agrément préalable de cet acquéreur par l’OFS.

La seconde possibilité bénéficie aux établissements publics et entreprises publiques locales, constituées à l’initiative des collectivités, notamment dans le cadre de leur intervention en matière de revitalisation commerciale et artisanale. Ces établissements ou entreprises publics pourront acquérir les droits réels relatifs à des locaux d’activité auprès d’un OFS, et être ainsi titulaires du BRSA, dans le but de les mettre en location à des microentreprises à des niveaux de loyers modérés. La microentreprise occupante ne pourra pas sous-louer le local, et il revient au titulaire du BRSA, l’établissement public ou l’entreprise publique locale, de s’acquitter de la redevance foncière auprès de l’OFS.

Enfin, l’ordonnance fixe les dispositions relatives à la cession de ces locaux et prévoit notamment l’obligation d’une publicité préalable dans un objectif de transparence des contrats conclus.

Ce nouveau dispositif répond aux attentes de nombreux élus locaux. Il est un outil de plus à la main des territoires et des élus afin de créer durablement de la mixité, de l’animation et de la proximité.

Un décret en Conseil d’État précisera les modalités de mise en oeuvre de cette ordonnance.

Communication

La ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a présenté une communication relative aux deux ans de la loi de programmation de la recherche (LPR).

Promulguée le 24 décembre 2020, la loi de programmation de la recherche a permis la planification pluriannuelle d’un investissement exceptionnel de 25 milliards d’euros pour l’excellence de la recherche française à horizon 2030.

La LPR doit permettre à la France d’atteindre l’objectif européen de Lisbonne de 3 % du PIB consacrés à la recherche (2,35 % en 2020) pour aller vers une économie de la connaissance et de l’innovation. Cette loi doit également permettre à la France de positionner ses chercheurs à la pointe des grandes transitions de notre temps.

Cette loi poursuit ainsi plusieurs objectifs :
  • porter la France à la pointe de la recherche scientifique mondiale et relever les défis immenses de notre époque, en complémentarité avec les actions ciblées et thématiques de France 2030 ;
  • renforcer l'attractivité des carrières scientifiques ;
  • diffuser la recherche vers la société et l'économie.

Plus de 2,1 milliards d’euros ont d’ores et déjà été investis conformément à la trajectoire de la loi. Le Gouvernement tient donc ses engagements.
Près d’un milliard d’euros sont venus soutenir l’activité des chercheuses et chercheurs, soit directement en soutien au fonctionnement de nos laboratoires, soit en soutenant leurs projets au travers de l’Agence nationale de la recherche (ANR), faisant passer le taux de succès des projets soumis à l’ANR de 15 % à plus de 23 %.

La LPR ambitionne également d’attirer une nouvelle génération de talents vers les métiers de la recherche, à la fois en augmentant le nombre des doctorants et en les rémunérant mieux. Plus de 700 nouveaux doctorants ont été recrutés avec une rémunération qui dépasse les 2 000 euros bruts au 1er janvier 2023, soit une augmentation de plus 16 % en 2 ans. In fine, plus de 2 200 contrats doctoraux supplémentaires seront créés, c’est 20 % de plus par rapport à 2020 et avec une rémunération qui atteindra 2 300 euros bruts mensuels en 2025, ce qui représente une augmentation de 30 %.

La France doit à la fois former, attirer et garder ses chercheuses et chercheurs.

Au travers d’un accord social inédit d’amélioration des rémunérations et des carrières, la loi de programmation de la recherche permet une rémunération plus attractive en début de carrière et un développement de carrière plus dynamique. Aujourd’hui, plus aucun jeune chercheur ne peut être recruté en dessous de 2 SMIC. Grâce à la mise en place d’un nouveau système indemnitaire et une reconnaissance des expériences professionnelles précédentes, en moins de deux ans, la rémunération à l’embauche a progressé de plus de 20 %.

S’agissant du développement des carrières, près de 2 500 promotions nouvelles ont bénéficié à nos personnels de recherche en 2021 et 2022. Ces mesures permettent une reconnaissance du talent de tous nos personnels impliqués en recherche.

La loi de programmation de la recherche expérimente aussi de nouveaux modes de recrutement sur des profils innovants avec les chaires de professeur junior. Les chercheurs internationaux représentent plus de la moitié des candidats sur ces chaires. On observe également grâce à ces chaires un mécanisme permettant le retour de nos jeunes talents partis en post doctorat à l’étranger.

La recherche demande également des infrastructures de recherche performantes. À ce titre, la France est membre des plus grandes infrastructures de recherche internationales ; ce qui permet à nos chercheurs d’accéder aux meilleurs équipements. Grâce à la loi de programmation pour la recherche, nos chercheurs pourront par exemple bénéficier des retombées du futur radiotélescope géant SKA en Afrique du sud et en Australie. Sur le plan national, la loi a permis de lancer plusieurs grandes opérations comme le projet de calculateur haute performance (HPC) de la classe Exascale et la modernisation du navire hauturier « le Pourquoi pas » appartenant à la flotte océanique française.

En étroite relation avec les actions de France 2030, la loi permet d’intensifier la relation avec les entreprises et de structurer les écosystèmes d’innovation autour des startups issues de la recherche. Plus de 200 nouvelles thèses « Conventions industrielles de formation par la recherche » (CIFRE) et cinq pôles universitaires d’innovation ont été créés en 2020 et 2021.

Enfin, en allouant un véritable budget aux actions « Sciences Avec et Pour la Société », des initiatives fleurissent sur tous les sites universitaires pour rapprocher les citoyens et la science.

La programmation 2023 de la loi de programmation pour la recherche poursuivra sa trajectoire imaginée en 2020 avec une nouvelle tranche budgétaire de 369 millions d’euros.

2023 sera également l’occasion de poursuivre les transformations engagées dans notre système de recherche, en clarifiant la place des universités de recherche et des organismes nationaux et en accélérant les investissements via France 2030.

Imaginé avant les crises sanitaires et géopolitiques, le point d’étape sur la loi prévu en 2023 est un jalon important pour faire le point sur la trajectoire. Ce qui était vrai il y deux ans l’est encore plus aujourd’hui : notre recherche et notre enseignement supérieur ont besoin de femmes et d’hommes de talents et de moyens à la hauteur pour relever les défis grandissants auxquels font face notre pays et le monde.

Nomination(s)

Le conseil des ministres a adopté les mesures individuelles suivantes :

Sur proposition de la Première ministre :

  • M. Yves ROLLAND, conseiller maître à la Cour des comptes, est nommé président de chambre à la Cour des comptes.


Sur proposition du ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique :

  • Mme Agnès BENASSY-QUERE, professeure des universités, est nommée seconde sous-gouverneure de la Banque de France, à compter du 27 février 2023.


Sur proposition du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer :

  • Il est mis fin, sur sa demande, aux fonctions de préfète de l’Allier exercées par Mme Valérie HATSCH.


Sur proposition du ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse :

  • Mme Corinne ORZECHOWSKI, préfète, est nommée déléguée générale au service national universel.

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