19 avril 2016

#LesCompétencesDabord : lutter contre les discriminations à l’embauche

Si elle tend à s'estomper, la discrimination à l’embauche reste une réalité en France : à compétence égale, le nom et l’origine peuvent obliger à envoyer 4 fois plus de CV pour décrocher un entretien. Le Gouvernement lance une campagne de sensibilisation.

Contenu publié sous le Gouvernement Valls III du 11 Février 2016 au 06 Décembre 2016
 

Pour lutter contre les discriminations à l’embauche, le Gouvernement a lancé, le 18 avril 2016, une campagne de sensibilisation aux discriminations à l'embauche liées à l'origine. 2 000 affiches "Les compétences d'abord" seront déployées en France pendant 15 jours. Cette campagne vient compléter les actions déjà engagées : campagne de "testing", dont les résultats sont attendus à la fin de l’été ; promotion des méthodes de recrutement alternatives ; création en cours de l’action de groupe contre les discriminations... S’agissant de la campagne de testing, dont les résultats feront l’objet d’une synthèse en septembre 2016, le Gouvernement engagera le dialogue avec les entreprises testées, et n'hésitera pas à diffuser les noms publiquement en cas d'immobilisme ou de mesures purement cosmétiques.
 

Les discriminations à l’embauche, une réalité

La discrimination à l’embauche, si elle tend à s’estomper, reste une réalité en France. Ainsi, aujourd’hui en France, à compétence égale, le nom et l’origine peuvent obliger à envoyer 4 fois plus de CV pour décrocher un entretien (étude Institut Montaigne, octobre 2015) :
 
  • 85 % des demandeurs d’emploi estiment que les discriminations à l’embauche sont fréquentes (8e Baromètre OIT de perception des discriminations dans l’emploi, Ifop 2015) ;
  • pour 88 % des sondés, l’âge au-delà de 55 ans est le facteur le plus discriminant, devant le fait d’être enceinte (85 %), d’être handicapé (77 %) ou obèse (75 %) ; l’origine est également un facteur discriminant : 66 % des demandeurs d’emploi pensent qu’un nom à consonance étrangère peut être un frein pour trouver un travail ;
  • 62 % des sondés estiment que la couleur de peau peut être pénalisante ;
  • 43% des victimes ont par la suite abandonné leur recherche d’emploi.  

Lutter contre les discriminations en agissant sur tous les leviers

De nombreuses actions sont conduites pour lutter contre les discriminations à l’embauche et dans l’entreprise, en intervenant sur tous les motifs de discrimination et en agissant sur tous les leviers :

Sensibiliser

Pour faire évoluer les mentalités sur les discriminations à l’embauche, une campagne de sensibilisation aux discriminations à l'embauche liées à l'origine a été lancée. Un engagement pris à l’issue du Comité interministériel à l’égalité en mai 2015. Pendant 15 jours, près de 2 000 affiches seront déployées en France, avec pour slogan "Les compétences d'abord" :
 
  • chaque affiche fusionne les visages d'un candidat blanc et d'un candidat de couleur ;
  • au visage blanc est associée une réponse positive de recruteur - "bienvenue dans l'équipe", "vous commencez lundi" -, au visage de couleur une réponse négative - "désolé, on ne cherche personne", "vous n'avez pas le profil" ;
  • une étude pour objectiver le coût des discriminations a été commandée à France Stratégie. Elle sera publiée en juin et mettra en lumière l’impact économique des discriminations, à l’échelle de la société.

Testing à grande échelle

Pour conduire les entreprises à objectiver leurs pratiques, une campagne de "testing" à grande échelle a débuté auprès d’entreprises de plus de 1 000 salariés, testées sur des offres d’emploi relevant de métiers et de secteurs variés.

La synthèse des résultats fera l’objet d’une publication d’ici à septembre 2016 et chaque entreprise testée sera tenue de tirer le bilan de ses résultats, et de mettre en place, le cas échéant, des mesures correctives rapides et efficaces :
 
  • pour les entreprises testées, un dialogue sera engagé sur la base des résultats du testing. Le Gouvernement exigera que des mesures soient prises, à très court terme, pour changer les éventuelles dérives constatées, pour que chacun puisse avoir l’opportunité de prouver sa bonne volonté ;
  • le Gouvernement sera "intraitable" et n’hésitera pas à diffuser les noms publiquement, en cas d’immobilisme ou de mesures purement cosmétiques.

Développer des outils à destination des entreprises qui s’engagent

  • L’État reconnaît et valorise l’engagement des employeurs qui mettent en place des mesures contraignantes pour prévenir les discriminations, notamment à travers la remise du label Diversité.
  • L’État promeut des méthodes de recrutement alternatives, qui permettent de sélectionner sur les compétences requises pour un poste, et non sur la base d’informations partielles dans le CV : la Méthode de Recrutement par Simulation, les CV vidéo, le recrutement sans CV...
  • Pour rappel, le CV anonyme ne deviendra pas obligatoire car, techniquement, il requiert des modalités compliquées, puisqu'il faut un intermédiaire entre le recruteur et la personne qui envoie son CV.

Des recours pour les victimes de discriminations

  • La création de l’action de groupe contre les discriminations dans le cadre du projet de loi la Justice du 21e siècle prévoit une déclinaison spécifique sur les discriminations dans l’entreprise, pour prendre en compte leurs spécificités. Voté par le Sénat, le projet de loi sera bientôt en discussion à l’Assemblée nationale.
  • Un groupe de dialogue sur la lutte contre les discriminations à l’embauche et dans l’emploi, réuni depuis octobre 2014, permet d’associer au travail engagé les principales parties prenantes (partenaires sociaux, associations, acteurs économiques, universitaires).