La petite histoire de l’Hôtel de Matignon

Ce contenu a été publié sous le gouvernement de la Première ministre, Élisabeth Borne.

Publié 18/04/2023

Chaque 18 avril, est célébrée la journée internationale des monuments et des sites. À cette occasion, Louise Boisson, cheffe de section Patrimoine et Événementiel, revient sur l’histoire de la résidence officielle du chef du Gouvernement : l’Hôtel de Matignon.

L’Hôtel de Matignon et un cahier

À quand remonte la construction de l’Hôtel de Matignon ?

Louise Boisson*. - La construction de l’Hôtel de Matignon s’est déroulée de 1722 à 1725. Au départ, il s’agit d’une simple parcelle de terrain du VIIe arrondissement de Paris. Le quartier est alors peu urbanisé et peu propice à la construction de bâtiments, les terrains sont marécageux. 
Mais, l’apparition de l’Hôtel national des Invalides, entre autres, va entrainer l’assèchement des terrains voisins. La noblesse en profite pour acheter des très grandes parcelles en vue de faire construire des hôtels particuliers.
En 1719, Christian Louis de Montmorency-Luxembourg achète le terrain du 57 rue de Varenne. La construction de l’édifice est confiée à l'architecte Jean Courtonne. Faute de moyens pour financer les travaux, Christian Louis de Montmorency-Luxembourg finit par vendre la parcelle et le projet à Jacques Goyon de Matignon, dit Jacques III, à qui l’Hôtel particulier doit son nom.
En 1725, Jacques III lègue l’Hôtel de Matignon à son fils, Jacques IV. Ce dernier et son épouse Louise-Hyppolite Grimaldi, princesse héritière de Monaco, deviennent les premiers à occuper les murs du 57 rue de Varenne.

Des propriétaires célèbres s’y sont succédé…

Effectivement, les Grimaldi ont occupé l’Hôtel jusqu’à la Révolution française. Ensuite, se succèdent, sur des temps assez courts, différents propriétaires, tels que le diplomate Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord.
En 1852, le duc et la duchesse de Galliera rachètent le bâtiment. À cette époque l’Hôtel est en mauvais état. Une grande campagne de restauration est mise en place par l’architecte Félix Duban, de 1852 à 1864.
La duchesse de Galliera, originaire de Gênes, en Italie, repart dans sa ville natale. Elle lègue l’Hôtel de Matignon à l’empereur d’Autriche-Hongrie, François-Joseph Ier, qui en fait son ambassade de 1889 à 1914, date à laquelle, en raison de la guerre, le bâtiment est fermé.

…jusqu’à ce que l’État en redevienne propriétaire en 1922 ?

À l’issue de la Première Guerre mondiale, l’État devient le propriétaire de l’Hôtel de Matignon et le classe au titre des monuments historiques dans son intégralité, en 1923.
Progressivement, émerge l’idée de faire de Matignon le lieu de travail du chef du Gouvernement français. Le premier à s’y installer est Pierre Étienne Flandin et c'est en 1935.
À partir de cette date, tous les chefs du Gouvernement ont fait de l’Hôtel de Matignon leur lieu de travail. Tous, sauf le Général de Gaulle qui, après la Seconde Guerre mondiale, s’installe à l’Hôtel de Brienne (actuel ministère des Armées). Pour les grands rendez-vous, dont le Conseil des ministres, le Général allait tout de même au 57 rue de Varenne.

À quoi ressemble cet hôtel ?

L’Hôtel de Matignon est typique des hôtels particuliers du début XVIIIe siècle que l’on appelle « entre cour et jardin » . Leurs caractéristiques : une grande cour d’honneur à l’avant du bâtiment et un grand jardin à l’arrière. Celui de Matignon est le des plus grands jardins privés de Paris avec ses 1,9 hectare !
L’intérieur de l’Hôtel, couloirs et espaces techniques compris, a une superficie de 6 200 m2. Le bâtiment est sur deux niveaux. Le rez-de-chaussée dispose de plusieurs salons correspondant chacun à différents usages.
Le salon rouge sert de salle d’attente pour la secrétaire générale du Gouvernement.
Le salon bleu est le lieu où l’on reçoit les délégations à l'occasion d’une visite officielle.
Le salon jaune, quant à lui, était le bureau des présidents du Conseil jusqu’à la fin des années 50. C’est notamment là que se trouvait le bureau de Léon Blum, lequel meuble est d’ailleurs toujours utilisé par Élisabeth Borne.
La salle du Conseil est la plus grande pièce de l’Hôtel de Matignon, c’est pourquoi elle sert de salle de réunion principale. La Première ministre y reçoit les membres du Gouvernement, les organisations syndicales, les chefs d’entreprises, les associations…
Enfin, en empruntant l’escalier d’honneur, se trouve, au premier étage, le bureau de la Première ministre ainsi que l’antichambre qui sert d’espace d’attente, et les bureaux des plus proches collaborateurs de la cheffe du Gouvernement.

Quel est votre endroit préféré de Matignon ?

J’ai un petit coup de cœur pour le remarquable salon rouge. Il est décoré d’éléments exceptionnels, dont six médaillons muraux réalisés en marqueterie de pierre dure. Ces pièces, rares par leur technique de fabrication, ont été commandées par les Galliera auprès d’artisans italiens.
Ce travail, d’une grande finesse, est composé d’une trentaine de variétés différentes de pierres (cornaline, marbre…). Des coloris incroyables représentent des bouquets assez exubérants composés de fleurs, de fruits ainsi que des oiseaux et des papillons.

Tous les Premiers ministres ont-ils habité à Matignon ?

Il y a une possibilité de logement sur place mais celle-ci est laissée à la libre appréciation de chaque Premier ministre.
Nous avons connu des chefs du Gouvernement qui ont officiellement fait de Matignon leur résidence principale, et d’autres qui font le choix de ne pas y habiter.

Lesquels y ont laissé une trace de leur passage ?

Chaque Premier ministre laisse sa trace dans le jardin de Matignon en y plantant l’arbre de son choix.
En ce qui concerne l’intérieur du bâtiment, Georges Pompidou, alors Premier ministre du Général de Gaulle, a fait accrocher une toile abstraite de Pierre Soulages dans son bureau. C’est une œuvre qui fait partie des murs car elle se trouve aujourd’hui encore dans le bureau du directeur de cabinet de la Première ministre.

Pouvez-vous nous révéler une anecdote méconnue du grand public sur l’Hôtel de Matignon ?

Oui, il s’agit d’une anecdote plutôt amusante faisant écho à un aspect du bâtiment.
La salle du Conseil est décorée d’un immense plafond blanc avec des boiseries dorées sous lequel se trouve un plafond de l’époque des Galliera représentant des petits anges nus, formant des guirlandes.
À la fin des années 40, ce décor pittoresque avait été jugé inapproprié pour accueillir les réunions sérieuses qui s’y déroulaient. En conséquence, on l'avait remplacé par un plafond blanc.
Un jour peut-être, qui sait, le plafond historique pourra être restitué !

(*) Louise Boisson est cheffe de section Patrimoine et Événementiel et l’une des conférencières de l’Hôtel de Matignon.

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