Élisabeth Borne : « Pour construire le futur, la science a besoin de femmes »

Ce contenu a été publié sous le gouvernement de la Première ministre, Élisabeth Borne.

Publié 10/02/2023|Modifié 13/02/2023

Élisabeth Borne a présidé, le 10 février 2023 au Conseil national des arts et métiers (CNAM), la cérémonie de remise du prix scientifique Irène Joliot-Curie. La Première ministre y a remis le Prix de la femme scientifique de l’année à Bérengère Dubrulle et encouragé les femmes à choisir les carrières scientifiques.

Cérémonie de remise du prix Irène Joliot-Curie

La Première ministre Élisabeth Borne a remis le prix Irène Joliot-Curie à Bérengère Dubrulle, femme scientifique de l’année.

Mesdames et Monsieur les ministres,

Madame l’adjointe à la maire de Paris chargée de l’enseignement supérieur et de la recherche,

Monsieur le recteur de Paris, Monsieur le président du CNRS,

Madame l’administratrice générale du Conservatoire national des Arts et Métiers,

 

Madame et Monsieur JOLIOT-CURIE,

 

Chères Bérangère DUBRULLE, Céline BELLARD,

Nina HADIS AMINI,

et Marjorie CAVARROC-WEIMER,

Mesdames et Messieurs,

« Dans la vie, rien n’est à craindre, tout est à comprendre ».

 

Cette phrase, on la prête à Marie CURIE.


Et aujourd’hui, alors que nous célébrons les femmes scientifiques, je crois qu’elle nous rassemble.

 

Parmi les clichés les plus coriaces, se trouve l’idée que les sciences ne seraient pas faites pour les femmes.

Bien des caricatures sexistes sous-tendent cette idée.

Mais à force d’être répétée, elle a trop souvent fini par être acceptée.

 

Pourtant, je le crois, « rien n’est à craindre » – surtout pas les sciences.

« Tout est à comprendre », et nous n’y parviendrons pas en nous privant de la moitié des talents de l’Humanité.

 

Car si l’on regarde derrière nous, c’est à une femme, Émilie du CHATELET, que nous devons la diffusion des théories de Newton, et une meilleure compréhension de l’énergie cinétique.

 

C’est à une femme, Ada LOVELACE, que l’on doit les prémisses de l’informatique, et sans doute les premières lignes de code.

 

C’est une femme, Marie CURIE, qui a découvert la radioactivité, et une autre, sa fille, Irène JOLIOT-CURIE, qui nous a permis de mieux la comprendre et la maîtriser.

 

C’est encore à une femme, Rosalind FRANKLIN, que l’on doit la compréhension de la structure de l’ADN.

Une découverte qui ne lui a été attribuée que tardivement, ses travaux ayant été spoliés,

dans un temps pas si lointain, où certains hommes aimaient à récolter les lauriers du travail féminin.

 

Je n’ai cité que 5 noms, mais cette liste pourrait être bien plus longue.

 

Car les découvertes des femmes scientifiques ont changé la face du monde.

 

Et grâce à elle, la médecine, la physique, la chimie, les mathématiques, l’informatique ont été bouleversées, révolutionnées.

 

Aujourd’hui, si nous sommes réunis, c’est aussi grâce à toutes ces femmes. Elles ont montré l’exemple, brisé des plafonds de verre et ouvert la voie.


Vous le savez, Mesdames, vous, dont les noms rejoignent ceux de ces grandes scientifiques.

 

Toutes quatre, vous portez haut les couleurs de la science et de la recherche française.

 

Et par la diversité de vos parcours, et de vos domaines de recherche, vous montrez à toutes les jeunes filles, que tous les succès scientifiques leur sont accessibles.

 

Bérangère DUBRULLE,

Vous recevez aujourd’hui le prix de la femme scientifique de l’année.

 

Vous racontez que votre vocation est née en découvrant, dans un livre d’histoire, des photos de Louis PASTEUR et de Marie CURIE.

 

Et comme elle et lui, par votre travail, vous mettez la science au service du progrès.

 

Directrice de recherche au CNRS, vous travaillez aux frontières des mathématiques et de la physique, appliqués notamment au climat.

 

Vos travaux portent en particulier sur les mécanismes de turbulence, que l’on pourrait simplifier à l’extrême en parlant de l’étude des « tourbillons ».

 

C’est un phénomène physique particulièrement complexe, identifié dès Léonard de VINCI, mais dont la compréhension n’avait pratiquement pas avancé pendant plusieurs siècles.

 

C’est donc presque directement dans les pas de Léonard de VINCI, que vous marchez.

 

Et comme les savants de la Renaissance, vos recherches nourrissent la compréhension du monde dans de nombreux domaines, allant de la mécanique des fluides à la météorologie, en passant par l’étude de la formation des systèmes solaires.

 

Au cours de votre carrière, vous réalisez plus de 180 publications, ce qui vous vaut la reconnaissance de vos pairs, et de nombreuses récompenses, nationales et internationales, jusqu’à ce prix Joliot-Curie.


Céline BELLARD,

Vous recevrez dans quelques instants, le prix spécial de l’engagement.

 

Votre parcours est un exemple. Il montre qu’aucun destin n’est tracé à l’avance.

 

Fille d’ouvriers, vous avez été formée à l’université, où vous découvrez la recherche.

 

Très tôt, vous décidez que le combat écologique serait celui de votre vie. Aujourd’hui, nous vous devons une meilleure compréhension de l’effet du dérèglement climatique sur la biodiversité.

 

Nina HADIS AMINI,

Vous êtes la lauréate du prix de la jeune femme scientifique.

 

Vous développez des méthodes de contrôle pour les ordinateurs quantiques de demain.

 

Dans un milieu du numérique encore largement masculin, vous vous faites un nom et une place.

 

Et par vos travaux, vous contribuez à notre souveraineté industrielle et technologique.

 

Marjorie CAVARROC-WEIMER,

C’est le prix « femme, recherche et entreprise », que vous recevez cet après- midi.

 

C’est au sein du groupe SAFRAN, que vous exercez, au profit d’un des fleurons industriels français.

 

Désignée « Ingénieure de l’année » en 2010, vous avez mis votre succès et la reconnaissance de votre talent, au service de l’égalité des chances.

 

Vous faites en sorte que les carrières des femmes soient reconnues et que toutes les jeunes filles, aient accès aux mêmes opportunités que vous.

 

Mesdames,

 

Je suis fière de voir vos parcours mis à l’honneur.


Par votre travail et votre talent, vous vous êtes frayé un chemin dans un monde d’hommes.

 

Vous êtes parvenues à surmonter des obstacles que vos collègues masculins ne rencontreront jamais.

 

Vous avez connu, peut-être, comme tant d’autres les présomptions d’incompétence ou les doutes sur votre capacité à mener de front carrière et vie personnelle.

 

Je suis une scientifique.

Je suis entourée, dans mon Gouvernement, de plusieurs femmes qui ont choisi les sciences.

Je suis heureuse d’en voir certaines présentes ici. C’est la preuve de notre engagement collectif.

Et je veux ici, bien sûr, saluer particulièrement la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, Sylvie RETAILLEAU – elle-même physicienne.

Ces expériences, ces préjugés, tout comme vous, nous les connaissons. Mais ils ne doivent jamais nous pousser à renoncer.

Ils doivent, au contraire, renforcer notre détermination et notre envie de changer les mentalités.

 

*

 

Mesdames et Messieurs,

 

Nous nous retrouvons face à des défis immenses.

 

La transition écologique et énergétique, la réindustrialisation de notre pays, la révolution numérique, qui continue et s’accélère, notamment avec l’intelligence artificielle.

 

Tous ces bouleversements surviennent en même temps.

 

Ils imposent des changements majeurs, dans nos manières de vivre, de produire, de penser.

Ils imposent de miser sur l’innovation et le développement de technologies nouvelles.

 

Pour y arriver, nous avons besoin d’ingénieurs, de chercheurs.


Nous avons besoin de tous les talents et de toutes les imaginations. Nous avons besoin de mixité.

Pour construire le futur, la science a besoin de femmes.

Pour prolonger la phrase célèbre de Pierre MENDES-FRANCE : « La République a besoin de savantes. »

 

Bien sûr, depuis quelques décennies, les choses se sont améliorées.

 

Certaines professions scientifiques se sont largement féminisées, je pense à la médecine ou aux sciences de la vie.

 

Ce sont des étapes importantes, mais il fallait aller plus loin.

 

Aucune discipline, aucun domaine n’est la chasse gardée des hommes.

 

L’avenir des mathématiques, de l’informatique, de la physique est aussi bien féminin que masculin.

 

Le Président de la République a fait de l’égalité entre les femmes et les hommes, la grande cause de ses deux quinquennats.

C’est un combat que nous devons porter jusqu’aux sciences, en attaquant, d’abord, les inégalités à la racine.

 

En  Terminale,  trois  quarts  des  garçons  suivent  un  enseignement  de mathématiques, mais seulement la moitié des lycéennes.

 

A l’université, les femmes représentent 60% des étudiants, mais seulement 31% en sciences fondamentales.

 

Toutes formations confondues, la part des femmes diplômées d’un titre d’ingénieur en 2020 est seulement de 28%.

 

Ce n’est pas assez.

 

Nous allons redoubler d’effort, dans le primaire et dans le secondaire, pour veiller à la mixité des filières.

 

Comme le ministre de l’Éducation nationale, Pap NDIAYE, l’a annoncé, nous visons la parité d’ici 2027 dans les spécialités mathématiques, physique-chimie ou mathématiques expertes.


Nous voulons nous assurer, aussi, que chaque élève dispose d’un bagage scientifique suffisant. C’est pourquoi nous avons réintroduit les mathématiques obligatoires en classe de première.

 

Je crois à la force de l’exemple.

C’est pourquoi nous allons favoriser les rencontres avec des professionnels, dès le collège.

C’est ainsi que des vocations pourront naître, chez les jeunes femmes – comme chez les jeunes hommes.

 

Je veux également ici saluer le travail d’associations comme Femmes et Sciences, Femmes et mathématiques, Animath, ou tant d’autres qui interviennent dans des lycées et poussent les femmes à oser s’engager dans des filières scientifiques.

 

Enfin, nous devons réussir le défi de l’orientation.

C’est bien à ce moment que les stéréotypes peuvent casser une vocation.

Le renforcement de l’orientation vers les voies scientifiques pour les jeunes femmes, est un de nos axes de travail.

 

*

 

Mesdames et Messieurs,

 

Il y a quelques instants, j’ai eu l’occasion de parler avec des lycéennes. J’ai entendu leurs doutes, leurs envies, leurs espoirs.

Je leur ai répété ces mots, que j’ai prononcé en prenant mes fonctions de Première ministre : « allez au bout de vos rêves ».

 

Il n’y a pas de métier, pas de filière d’homme ou de femme. Il n’y a que votre envie, votre détermination et votre talent.

 

A toutes les collégiennes et lycéennes de France, je veux dire : si vous le voulez, et que vous travaillez, vous pourrez écrire tous les métiers de la science au féminin.

 

Vous serez à l’origine des découvertes qui changeront notre monde.

Vous pourrez trouver les technologies et les innovations, qui permettront de mener les transitions et surmonter les défis devant nous.


Nous avons besoin de vous. Rien ne vous est interdit.

 

Je vous remercie.

Rappelant que « les découvertes des femmes scientifiques ont changé la face du monde », Élisabeth Borne a salué les activités de la lauréate Bérengère Dubrulle, spécialiste de mécanique des fluides et d’astrophysique, qui marche « presque directement dans les pas de Léonard de Vinci ».

L'occasion pour la Première ministre de rappeler la volonté du Gouvernement de promouvoir l'orientation des filles dans les filières scientiques, puisque « l’avenir des mathématiques, de l’informatique, de la physique est aussi bien féminin que masculin ».

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