
Après les attentats perpétrés sur notre sol, le renforcement de la transmission des valeurs républicaines s'inscrit au centre de la mission de l'École. Pour répondre aux besoins et aux attentes de la communauté éducative, le ministère développe des ressources numériques ciblées qui renforcent les mesures organisant la grande mobilisation de l’École pour les valeurs de la République dans l'esprit du 11 janvier.
Une école au cœur de la République
Najat Vallaud-Belkacem
22 janvier 2015
Le plan de grande mobilisation de l’École pour les valeurs de la République élaboré à la suite des attentats de janvier 2015 a prévu 11 mesures pour renforcer la transmission des valeurs de la République. Parmi ces mesures, le développement de la pédagogie de la laïcité, la mise en place de l’enseignement moral et civique et du parcours citoyen ou encore la création de la réserve citoyenne de l’éducation nationale ont vocation à mieux faire partager les valeurs de la République à l’École et à préparer les élèves à l’exercice de la citoyenneté et la responsabilité individuelle et collective.
Les 11 mesures pour la grande mobilisation de l'École s'articulent autour de trois axes prioritaires :
- la laïcité, avec des formations liées à l'enseignement moral et civique et aux usages des technologies numériques et des réseaux sociaux. Un effort massif de formation continue sera fait dès juillet 2014 avec la formation de 10 00 personnels d'éducation.
- la réduction des inégalités scolaires renforcera le sentiment d'appartenance à la République de tous les élèves. Cela passera par de nouvelles mesures en faveur de la mixité scolaire et un soutien renforcé aux élèves en situation de pauvreté.
- la mobilisation de l'ensemble des partenaires de l'Éducation nationale et des parents d'élèves sera nécessaire pour créer un nouveau parcours éducatif de l'école élémentaire à la terminale, développer la démocratie scolaire et l'apprentissage d'une culture de l'engagement.

Le parcours citoyen et les nouveaux programmes d’enseignement moral et civique
L’appréciation de l’attitude de l’élève au sein de l’établissement doit prendre davantage en compte l’engagement de l’élève dans la vie et les projets de l’établissement. Elle se traduit également par les certificats et attestations obtenus au cours de la scolarité (attestation scolaire de sécurité routière et prévention et secours civiques de niveau 1). Elle peut aussi tenir compte des apprentissages construits en dehors de l’école, à travers notamment des portefeuilles de compétences, dont l’application Folios constitue une version numérique. Le parcours citoyen est désormais évalué dans le nouveau brevet des collèges et un suivi est assuré tout au long de la scolarité
Conformément au rapport annexé à la loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’École de la République du 8 juillet 2013, l’enseignement moral et civique est mis en œuvre depuis la rentrée scolaire 2015. À chacun des niveaux de l’école élémentaire, du collège et du lycée, il se substitue aux enseignements d’instruction civique et morale, d’éducation civique, d’enseignement civique, juridique et social.
L'EMC a pour objectifs :
- de transmettre et de faire partager les valeurs qui fondent la République et la démocratie: la liberté, l’égalité – notamment entre les filles et les garçons –, la solidarité, la laïcité, l’esprit de justice, le respect et la lutte contre toutes les formes de discrimination (homophobie, sexisme, racisme, antisémitisme, handiphobie, etc.), c’est-à-dire les valeurs constitutionnelles de la République française, inscrites dans la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789 et dans le préambule de la Constitution de 1946 ;
- de favoriser le développement d’une aptitude à vivre ensemble dans une République indivisible, laïque, démocratique et sociale ;
- de viser à l’acquisition d’une culture morale et civique et d’un esprit critique qui ont pour finalité le développement des dispositions permettant aux élèves de devenir progressivement conscients de leurs responsabilités dans leur vie personnelle et sociale.
Une action de formation dédiée à la mise en œuvre du parcours citoyen est inscrite au plan national de formation. Un séminaire national sur la mesure, l’analyse et la prévention des discriminations sera organisé à l’automne 2016, ainsi que plusieurs rassemblements, au cours de l’année, des réseaux académiques concourant à la transmission des valeurs et principes de la République. Par ailleurs, la formation des personnels à la laïcité va être amplifiée, sur la base des besoins recueillis depuis les séminaires interacadémiques du printemps 2015 et leur déploiement dans les plans académiques de formation.
Dans le cadre de la priorité à la jeunesse voulue par le Président de la République, le service civique permettra d'accueillir au moins 10 000 jeunes volontaires de 18 à 25 ans pour l’année scolaire 2016-2017. Les missions proposées offrent à ces jeunes un engagement motivant, utile et formateur dans des activités qui répondent aux besoins de la société, et à des enjeux liés à la citoyenneté. Ainsi, avec l’apprentissage de la citoyenneté, la pratique de l’engagement s’inscrit progressivement dans la culture de l’école.

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15 articles pour Faire de la laïcité une culture commune et partagée
La laïcité est au cœur de l’identité de l’École de la République. Elle permet à tous les enfants de France de partager une identité commune d’élève, protégée des prosélytismes et des appartenances confessionnelles. C’est pourquoi la Charte de la laïcité à l’École, affichée
dans tous les établissements depuis la rentrée 2013, est désormais signée par les parents d’élèves et la journée du 9 décembre 2015, date anniversaire de la loi de 1905, s’inscrit dans le calendrier des actions éducatives du ministère.
Les cinq premiers articles rappellent les principes fondamentaux de la République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Les 10 articles suivants expliquent ce que doit être la laïcité de l’École, qui assure aux élèves l’accès à une culture commune et partagée.
On retiendra notamment que :
- le port de signes ou tenues par lesquels l’élève manifeste ostensiblement une appartenance religieuse est interdit ;
- aucun élève ne peut invoquer une conviction religieuse ou politique pour contester à un enseignant le droit de traiter une question au programme.

consolider la culture républicaine Par Des actions éducatives Ciblées
Dans le cadre de projets interdisciplinaires, plusieurs actions éducatives sont également menées avec des institutions de référence, avec entre autres :• le Concours national de la résistance et de la déportation, vecteur essentiel de transmission de la mémoire ;
• la semaine de la presse et des médias dans l’école dont la 28e édition sera placée sous le signe de l’éducation à la citoyenneté et de l’éveil à l’esprit critique ;
• la semaine d’éducation contre le racisme et l’antisémitisme dont la relance impulsée en 2015 se poursuivra afin de structurer les actions éducatives menées dans le champ de la prévention du racisme et de l’antisémitisme, de la défense et de la promotion des Droits de l’Homme et des principes fondamentaux de la République ;
• les semaines de l’engagement lycéen qui sont un moment fort pour informer et mobiliser les jeunes sur l’engagement citoyen dans leurs établissements ;
• le concours « découvrons notre Constitution », mis en place à partir de cette année pour les élèves du cycle 3, en partenariat avec le Conseil constitutionnel ;
• la journée anniversaire de la loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des églises et de l’État ;
• l’année de l’olympisme de l’école à l’université, tournée vers l’Olympisme et ses valeurs, dans le cadre de la candidature Paris 2024 à l’organisation des futurs Jeux olympiques et paralympiques.
Par ailleurs, la remise du diplôme national du brevet et du livret citoyen fera l'objet d'une cérémonie républicaine, qui aura lieu à chaque automne suivant sa scolarité au collège (à compter de 2017). Ce moment solennel, à forte valeur symbolique, vient marquer l’aboutissement d’une première étape de sa formation citoyenne.
• la prévention par les enseignements, notamment l’éducation aux médias et à l’information, l’enseignement moral et civique et les actions éducatives visant au développement de la pensée critique, à la construction de l’argumentation, à la culture du débat, à l’identification des sources d’information ; un centre de ressources à destination des professionnels est en cours de construction ;
• le repérage et le signalement des élèves à risque de basculement ;
• le suivi des élèves en suspicion de radicalisation, en lien avec les autorités ;
• le renforcement de la formation des personnels : référents académiques et départementaux « prévention de la radicalisation », personnels de direction, CPE, enseignants, personnels sociaux et de santé ;
• le contrôle renforcé de l’instruction à domicile et de l’enseignement privé hors contrat.
Installer durablement une véritable culture de l’égalité entre filles et garçons à l’école
Pour éviter de reproduire inconsciemment des stéréotypes qui influencent pourtant significativement la réussite des élèves, il est nécessaire de mette en place une formation (initiale et continue) des personnels de l’Éducation nationale et un véritable accompagnement.Depuis septembre 2014, la plupart des académies ont prévu de telles formations à l’égalité filles-garçons dans leur plan de charge (20 académies dans le premier degré ; 24 dans le second). Comment ? Dans chaque académie, des animations pédagogiques de circonscription seront assurées par les inspecteurs (IEN) auprès des enseignants du premier degré.
- Un parcours m@gistere de 3 heures sur l’égalité entre les filles et les garçons, sera ouvert dès le mois de décembre, pour tous les enseignants des premier et second degrés. Dans le 1er degré, ce parcours sera proposé dans le cadre des 18 heures obligatoires de formation fixées dans les obligations de service des enseignants (dont 9 heures sont réservées aux modules magistère).
- Un module national de formation à l’égalité filles-garçons sera mis à la disposition des Ecoles supérieures du professorat et de l'éducation (ESPE). A terme, 25 000 étudiants y auront accès chaque année. Un site internet, ouvert à tous et transparent sur les enjeux et les outils
- Les enseignants y trouvent des pistes et des outils pédagogiques rénovés et simplifiés pour développer, en classe des séquences pédagogiques enrichies (histoire, géographie, éducation civique, éducation physique et sportive...) ;
- les parents peuvent s’informer et comprendre les enjeux de l’égalité en termes de réussite scolaire de leur enfant. Ils peuvent aussi voir comment être associés à la démarche ;
- les personnels de direction et les cadres de l’éducation nationale sont invités à inscrire la démarche dans les projets d’école et d’établissement. L’enjeu ? Présenter à l’ensemble de la communauté éducative, les conditions de mise en œuvre des outils pour l’égalité entre les filles et les garçons à l’échelle de l’école et de l’établissement.
2. « Agir dans la classe » propose aux enseignants des ressources pédagogiques pour transmettre les valeurs de respect mutuel entre les élèves et de les faire réfléchir à la place respective des femmes et des hommes dans la société et sur les situations qui portent atteinte à l’égalité de traitement entre les filles et les garçons.
3. « Agir dans l’École, en lien avec les parents et les partenaires » propose des ressources qui permettent de favoriser l’émergence d’un dialogue de qualité avec les parents sur la question, dans les instances des écoles et des établissements dans lesquelles ils sont représentés. Elle présente les coopérations qui peuvent être nouées avec les autres partenaires, dans la perspective de créer une réelle cohérence éducative.
4. « La mallette pédagogique » à destination des enseignants propose des pistes et outils pédagogiques pour le travail quotidien avec les élèves ;
5. « Les essentiels » permettent à tout un chacun de prendre connaissance des enjeux et des outils de la démarche, en quelques clics. Une mise en œuvre qui permet d’ouvrir le dialogue avec les parents d’élèves
Dans la logique du renforcement du dialogue entre l’École et les parents, la mise en œuvre des actions pour l’égalité entre filles et les garçons à l’École fera l’objet d’une information complète aisément accessible et régulière pour les parents.
Les écoles maternelles et élémentaires sont invitées à inscrire l’égalité entre les filles et les garçons dans leurs projets d’école. Les parents pourront s’exprimer au travers de leurs représentants au Conseil d’école.
Dans les collèges et les lycées, les actions pour l’égalité entre les filles et les garçons seront inscrites dans les projets d’établissement, adoptés en Conseil d’administration (CA). Une circulaire aux recteurs formalisera la mobilisation pour le plan égalité filles-garçons dans toutes les académies. A terme les outils, établis sur la base du rapport d’évaluation sur le programme ABCD de l’égalité, feront l’objet d’une évaluation.
Pourquoi ?
Au-delà de ces principes, l’École de la République est également le lieu de l’apprentissage de la citoyenneté et du « vivre ensemble », capable de former des citoyens éclairés, de transmettre et de faire partager les valeurs de la République.
L'ensemble de ces principes ont été réaffirmés avec force au lendemain des attentats des 7,8 et 9 janvier qui ont endeuillé la République. Une grande mobilisation de l'École pour les valeurs de la République est lancée le 22 janvier autour de 11 mesures phares. Ces mesures ont été complétées notamment lors des Assises de l’École dont les conclusions ont été synthétisées le 12 mai 2015.
Enfin, il est de la responsabilité du système éducatif de favoriser, au cours de la scolarité, la réflexion des jeunes sur l’égale dignité des êtres humains, sur la place des femmes et des hommes dans la société. S’interroger sur les représentations stéréotypées, les violences, le respect mutuel et, plus largement, sur l’égalité sont parmi les objectifs du plan d’action pour l’égalité entre les filles et les garçons à l’École annoncé le 30 juin 2014.