
Le collège de 2016 devra mieux enseigner les savoirs fondamentaux, former à d'autres compétences et avoir un fonctionnement quotidien assoupli pour s’adapter à la diversité des besoins des élèves. La réforme du collège concerne simultanément les programmes, les pratiques d'enseignement et l’organisation pédagogique.
Sécurité dans les écoles
CollègE 2016 : mieux apprendre pour mieux réussir
Najat Vallaud-Belkacem
La réforme du collège concerne simultanément les programmes, les pratiques d'enseignement et l’organisation pédagogique. La loi du 8 juillet 2013 d'orientation et de programmation pour la refondation de l'école de la République prévoit que le collège unique soit repensé.
Le Conseil supérieur de l'éducation (CSE) a adopté, le 10 avril 2015, à une large majorité (51 pour, 25 contre, 1 abstention), la réforme du collège. Avec ce vote, la refondation de l’école engagée depuis 2012 franchit une nouvelle étape importante.
Cette réforme est porteuse d’un impératif : assurer un même niveau d’exigence pour que tous les élèves acquièrent le socle commun de connaissances, de compétences et de culture, par une priorité centrale donnée à la maîtrise des savoirs fondamentaux.
La réforme s’attache à résoudre point par point les difficultés avec :
- des nouvelles pratiques pédagogiques (enseignements pratiques interdisciplinaires), pour que les élèves s’approprient mieux les connaissances ;
4 000c'est le nombre de postes créés pour faciliter le travail en petits groupes. - les spécificités de chaque élève seront prises en compte pour permettre à chacun de réussir, à travers un accompagnement personnalisé de 3 h en 6e, et d’au moins 1 h en 5e, 4e, 3e. 4 000 postes seront créés afin de permettre ce travail en petits groupes. Au total, les enseignements pratiques, l’accompagnement personnalisé et les petits groupes représenteront 20% du temps des enseignants ; pour l’apprentissage des élèves, ils représenteront 4 à 5 heures chaque semaine ;
20%du temps consacré aux nouvelles modalités d'enseignement en fonction des besoins des élèves. - des heures pour le travail en groupes à effectifs réduits et des interventions conjointes de plusieurs enseignants sont également garanties par la réforme.
Par ailleurs, la réforme donne de nouvelles compétences aux collégiens avec notamment :
- l'apprentissage des langues vivantes renforcé avec l’enseignement de la LV1 dès le CP et de la LV2 dès la 5e. Au total, ce sont 54 heures supplémentaires qui sont consacrées à la LV2 sur l’ensemble de la scolarité au collège.
+25%d'enseignement de la LV2 pour chaque élève au collège.
Un effort exceptionnel est fait en faveur de l'allemand avec plus de 3 800 écoles élémentaires (+1 000 écoles) qui l'enseigneront et près de 4 700 collèges (+700 collèges) qui proposeront l’allemand en LV2 à la rentrée 2016.
La mobilité internationale des élèves sera également encouragée. D’ici 2017, 100% des collèges et lycées seront engagés dans un partenariat scolaire, contre 61% des établissements français actuellement. Et, plus de 50% des écoles primaires seront investies dans le cadre d’un projet européen ou international.
- le renforcement de l’acquisition des savoirs fondamentaux par des apprentissages théoriques et pratiques, à travers des nouveaux programmes, une grille horaire qui ne pénalise aucune matière ;
- l’enseignement de l’Histoire présentera les 3 monothéismes, comme c’est le cas aujourd’hui - judaïsme, christianisme, islam : le Gouvernement a la volonté qu’un enseignement laïc du fait religieux soit bien assuré, ce qui signifie évidemment que les 3 monothéismes doivent être présents dans les cours ;
- des langues anciennes latin et grec proposées à tous dans la pratique des enseignements interdisciplinaires alors qu'aujourd'hui le latin et le grec ne sont qu’une option, seuls 18% des collégiens le prennent en plus de leurs heures de cours. Ils ne sont que 5% à poursuivre cette discipline au lycée. Demain, tous les élèves pourront profiter d'un « enseignement pratique pluridisciplinaire » portant sur les langues et cultures de l'antiquité, une ou plusieurs fois au cours de leur scolarité et, ainsi, accéder à des apports culturels essentiels à notre civilisation ;
- des compétences numériques seront également développées afin que le collégien puisse acquérir les valeurs, les repères et l'esprit critique nécessaires à ces nouveaux usages. Le plan numérique participera de cette révolution (équipements numériques mobiles, ressources en ligne...) au sein des établissements avec, notamment, 300 collèges connectés en cette rentrée 2015 ;
- chaque établissement inscrit dans son projet de vie au collège le civisme, la compréhension et la célébration des rites et des symboles de la République. Chaque collège célébrera notamment la Journée de la laïcité le 9 décembre.
Des collèges isolés pourront également être associés au dispositif et, à terme tous les élèves volontaires pourront être concernés. À la rentrée 2016, ce pourrait être le cas de 20% à 30% des élèves de troisième des 352 collèges REP+, soit près de 8 000 élèves.
Les cordées de la réussite associent à leurs démarches des universités et des grandes écoles. Pour être plus efficace, le Gouvernement souhaite également renforcer le rôle des étudiants, des élèves fonctionnaires, des acteurs économiques, des associations, des fédérations de parents et des collectivités territoriales. Enfin, pour tenir les objectifs ambitieux de déploiement, Pierre Mathiot est nommé, à compter du 14 janvier, délégué ministériel aux parcours d'excellence par arrêté publié au Bulletin officiel de l'éducation nationale.
Le 12 janvier dernier, Pierre Mathiot, professeur des universités, a été nommé délégué ministériel aux parcours d’excellence. Placé auprès de la directrice générale de l’enseignement scolaire, il définit le cahier des charges national pour l’accompagnement des élèves en parcours d’excellence, anime le dispositif – en particulier le développement des partenariats – avec les académies et assure son suivi, en lien avec le comité de suivi.
Enfin, le diplôme du brevet voit son évaluation simplifiée, et donnera désormais lieu à un moment solennel. L'obtention du brevet se fera sur la base du contrôle continu, sur la base du contrôle final et sur la base de compétences regroupées sous 8 items contre plus de 90 aujourd’hui. Une remise républicaine du diplôme sera instaurée : le diplôme doit « célébrer la fin de la scolarité obligatoire [et de] faire revenir les élèves sur le lieu de leur réussite, qu’ils puissent être applaudis en présence des élus locaux et des parents. Elle aura lieu chaque premier mercredi qui suit la rentrée des classes », a expliqué Najat Vallaud-Belkacem.
Cette réforme du collège est un pilier supplémentaire et essentiel de la refondation de l’École initiée par le Gouvernement en 2012. Ces changements s’ajoutent aux décisions déjà prises pour mettre fin à la ghettoïsation des collèges : création de secteurs communs pour favoriser la mixité sociale ; réforme de l’allocation des moyens qui s’applique depuis la rentrée 2015. D'une ampleur sans précédent, elles sont une réponse globale aux problèmes du collège d’aujourd’hui.
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Plus de mixité sociale au collège
Lors d'une communication en Conseil des ministres du 16 mars 2016, Najat Vallaud-Belkacem a fait le point sur le développement de la mixité sociale au collège, à partir de l’engagement volontaire de 21 départements.
La démarche consiste à associer étroitement les acteurs afin de répondre aux besoins des territoires. Le ministère de l'Éducation nationale vient en soutien des initiatives locales. En tout 25 territoires pilotes ont été identifiés et, sur chacun d'eux des solutions spécifiques seront élaborées en associant l’ensemble de la communauté éducative, notamment les parents d’élèves. Deux solutions sont actuellement privilégiées : le travail sur la sectorisation pouvant aller jusqu’à la création de secteurs multicollèges, et l’amélioration de l’attractivité des établissements par la carte des formations.
Sous réserve de l’issue des concertations, une majorité des territoires pilotes devrait voir des solutions opérationnelles mises en œuvre dès la prochaine rentrée. Elles seront évaluées scientifiquement afin de permettre la diffusion des solutions les plus efficaces.
La mobilisation de l’École pour les valeurs de la République française comme les conclusions du comité interministériel « Égalité et citoyenneté » du 6 mars 2015 ont fait de la mixité sociale un objectif majeur de l’action gouvernementale. Or, les 7 075 collèges de France présentent une très forte hétérogénéité en termes de composition sociale. En effet :
- 70 collèges accueillent plus de 82% de collégiens d’origine sociale défavorisée
- 70 collèges accueillent moins de 3% de collégiens d’origine sociale défavorisée
- 700 collèges accueillent moins de 6% de collégiens d’origine sociale très favorisée
- 700 collèges accueillent plus de 42% de collégiens d’origine sociale très favorisée
- Qu'est-ce qu'un secteur multicollèges ?
La singularité de la démarche, présentée le 9 novembre 2015, repose sur une logique de construction à partir des acteurs et des besoins des territoires, le ministère se positionnant en impulsion et en appui de l’initiative locale. C’est une inversion importante de la logique qui a souvent prévalu par le passé, avec des résultats limités, voire négatifs comme lors de l’assouplissement de la carte scolaire mis en œuvre en 2007.
Cette démarche va prendre en compte les enjeux liés à la mixité scolaire, à la mixité intra-établissements, aux évolutions induites par l’ouverture ou la fermeture programmée d’un établissement. Le travail partenarial pourra également prendre en compte les questions de mixité et de sectorisation dans les écoles et les lycées des territoires. La mise en place d’un secteur commun à plusieurs collèges permet de faire de l’affectation des élèves un levier majeur pour atteindre l’objectif de mixité sociale, sous la responsabilité des services académiques. En concertation avec l’ensemble de la communauté éducative (élus locaux, chefs d’établissements, enseignants, parents d’élèves, associations partenaires de l’École), le département détermine par délibération les contours d’un nouveau secteur multicollèges.
Les élèves résidant dans le secteur élargi ont le droit d’être affectés dans un des établissements de celui-ci. Aussi, les familles sont invitées à classer par ordre de préférence tous les établissements du secteur dont ils font partie. Si les capacités d’accueil d’un établissement ne permettent pas de donner satisfaction à tous les premiers choix formulés par les familles, l’affectation des élèves répond à des critères déterminés en lien avec le département concerné et en associant pleinement la communauté éducative. Ces critères d’affectation doivent respecter une priorité à donner aux voeux formulés par les élèves souffrant d’un handicap, puis aux élèves bénéficiant d’une prise en charge médicale à proximité de l’établissement. Ensuite, la règlementation laisse pleine liberté aux acteurs pour déterminer les critères d’affectation : élèves boursiers ou susceptibles de l’être, distance domicile / établissement, choix pédagogiques (carte des langues, classes à horaires aménagés, etc.), continuité de cycle 3 entre écoles et collèges, maintien des liens amicaux entre élèves, etc.
Outre l’expérimentation de sectorisation multicollèges, la démarche pourra aboutir à la mise en oeuvre d’autres solutions, telles que la redéfinition de la carte scolaire à partir des réseaux de transports en commun des grandes métropoles, ou de façon dite « mouchetée » dans les zones à forte ségrégation, ou la constitution de réseaux de collèges intégrés en zones rurales.
FAIRE RÉussir tous les ÉlÈVES
Les études internationales montrent de manière indiscutable que l'école française est devenue l’une des plus inégalitaires d’Europe. En 10 ans, les collégiens ont régressé en français, en mathématiques, en histoire. 75% seulement des enfants d'ouvriers obtiennent le brevet contre 95% des enfants de cadres. Le collège est le maillon faible de la scolarité des élèves français. Aujourd’hui, la réforme du collège est une nouvelle étape de la nécessaire refondation de l'École, engagée depuis 2012. Cette réforme a pour objectif de tirer tous les collégiens vers le haut, en fidélité à l’École de la République, afin de mieux les préparer au monde de demain.
Dans une tribune du 17 mai 2015 du quotidien Libération, le Premier ministre est revenu sur les enjeux de la réforme. Qualifiée de « réforme pour l’égalité », elle permettra à terme « à 100% des élèves d’apprendre une seconde langue vivante dès la cinquième – contre, aujourd’hui, 16% d’élèves en classes bilangues et 11% en classes européennes – ; l’accès au latin et au grec sera démocratisé. »
Pour la ministre de l'Éducation nationale, le diagnostic sur le collège révèle 4 problèmes auxquels elle apporte 4 solutions.
- Le 1er problème du collège aujourd’hui, c’est l’acquisition des connaissances de base. Le nouveau collège renforce l’acquisition des savoirs fondamentaux et combine les apprentissages théoriques à des apprentissages plus pratiques.
- Le 2e problème du collège aujourd’hui, c’est qu’il est trop uniforme pour apporter des solutions à tous les élèves. Quand, à la fin de l’école primaire, 1 élève sur 8 ne maîtrise pas les compétences en français, il y en a 1 sur 4 à la fin du collège. Le nouveau collège crée des temps qui tiennent compte des spécificités des élèves pour permettre la réussite de tous.
- Le 3e problème du collège, c’est l’ennui qui conduit parfois les élèves au décrochage. Selon une enquête de l’Afev, 70% des collégiens s’ennuient souvent voire tout le temps, alors qu’ils sont 25% en primaire. Le nouveau collège donne aux élèves les outils pour se projeter dans le futur, construire les compétences de demain.
- Le 4e problème du collège aujourd’hui, ce sont les conditions de vie scolaire. Le nouveau collège devient un lieu d’épanouissement et de construction de la citoyenneté.
Pourquoi ?
La réforme du collège, qui entrera en vigueur à la rentrée 2016, accorde une marge d'autonomie accrue aux établissements pour mieux répondre aux besoins de leurs élèves. Les équipes pédagogiques disposeront d'une plus grande marge de manoeuvre pour l'organisation de l'accompagnement personnalisé et des enseignements pratiques interdisciplinaires.