
La lutte contre le harcèlement et les violences en milieu scolaire
Assurer le bien-être et la réussite de tous les élèves est l’objectif premier de l’école. Toutefois, des études sur le climat scolaire montrent que certains jeunes souffrent de situations de violences et particulièrement de harcèlement à l’école. De nombreuses initiatives pédagogiques, mises en œuvre par le ministère de l’Éducation nationale, permettent aux élèves et équipes pédagogiques de briser la loi du silence. Lors de la remise du prix 2017 "Non au Harcèlement", Najat Vallaud-Belkacem a confirmé, le 4 avril, le recul d'un tiers du harcèlement scolaire en 6ème.
La loi de refondation de l'école du 8 juillet 2013 marque un tournant en donnant une place primordiale à l’amélioration du climat scolaire. L'enjeu est de "refonder une école sereine et citoyenne en redynamisant la vie scolaire et en prévenant et en traitant les problèmes de violence et d’insécurité". Cette notion nouvelle de climat scolaire témoigne de la préoccupation de tous les acteurs de renouveler l’approche de la prévention des violences. La lutte contre le harcèlement est également inscrite dans la loi de refondation de l'école. Il est notamment stipulé que la lutte contre toutes les formes de harcèlement sera une priorité pour chaque établissement d’enseignement scolaire.
Le climat scolaire clé de voûte de la politique de prévention des violences
Le maintien d'un climat scolaire serein et apaisé est un préalable indispensable à la transmission des savoirs et à l'épanouissement des élèves et de l'ensemble de la communauté éducative. Il constitue le cœur d'une politique de prévention des violences, en ciblant notamment les établissements les plus exposés au phénomène de la violence.
Les études, menées au sein des écoles et des établissements, montrent qu'un climat scolaire positif permet :
- l'amélioration des résultats scolaires ;
- la diminution des inégalités scolaires ;
- la diminution notable des violences et du harcèlement ;
- une plus grande stabilité des équipes ;
- une baisse de l’absentéisme et du décrochage scolaire.
La loi de refondation de l'école de la République du 8 juillet 2013 porte une attention particulière au maintien d'un climat scolaire apaisé dans l'ensemble des écoles et des établissements. La lutte contre le harcèlement est également inscrite dans la loi. Elle fait l’objet d’un programme d’actions élaboré avec l’ensemble de la communauté éducative. Celui-ci est adopté par le conseil d’école pour le premier degré et par le conseil d’administration dans les établissements publics.
Un site de référence sur le climat scolaire est en ligne sur le réseau Canopé. Ce site collaboratif, animé par un réseau de professionnels, propose des outils, des résultats de recherches scientifiques et des retours d'expériences.
Depuis 2010, l’enquête du Système d’information et de vigilance sur la sécurité scolaire (Sivis) permet de mieux cerner les contours et les évolutions de la violence en milieu scolaire, grâce à de nouveaux indicateurs et à l'extension de l'échantillon des établissements, auxquels l'enquête est proposée.
La première enquête de victimation et de climat scolaire lycéenne a été lancée en avril 2014 : quelque 14 000 lycéens ont été interrogés par questionnaire. Les données de l’enquête montrent que 1,3% des jeunes interrogés (soit 27 830 lycéens) sont victimes de harcèlement sévère. La violence entre les élèves, qu’elle soit verbale, physique ou virtuelle, touche surtout les collégiens, le climat se détend au lycée.
BRISER LA LOI DU SILENCE
Depuis novembre 2013, le ministère de l'Éducation nationale a développé une politique de prévention et de lutte contre les violences en milieu scolaire pour sensibiliser, prévenir, former et prendre en charge le harcèlement en milieu scolaire.L'objectif est de faire sortir les victimes du silence car tant qu'on n'en parle pas, le harcèlement dure. Le prix #NonAuHarcelement permet aux élèves et aux équipes pédagogiques de devenir acteurs de la prévention.
Ce prix récompense des groupes de jeunes de 8 à 18 ans pour la réalisation d'une affiche ou d'une vidéo de prévention du harcèlement. Les

"Notre plus grande fierté est de voir des élèves s'engager", s'est réjoui le président de la République, lors de la remise des prix, le 4 avril 2017. Car "il n'y a rien de pire que des actes qui restent dans le silence et de la violence qui ne soit pas dénoncée" et "rien ne peut être durable si les élèves ne sont pas engagés dans ce mouvement."
"Nous avons constaté une baisse du nombre de jeunes victimes de harcèlement", a déclaré François Hollande. Najat Vallaud-Belkacem a confirmé le recul d'un tiers du harcèlement scolaire en 6ème (étude mondiale HBSC).
Le Gouvernement privilégie 4 axes :
1. Sensibiliser
En instaurant tous les ans au mois de novembre une journée nationale pour dire "non au harcèlement". Pour la deuxième édition, le clip vidéo de sensibilisation, destiné aux collégiens, est ciblé sur le cyberharcèlement. En moins de cinq ans, un tabou a été brisé. Le harcèlement et le cyberharcèlement sont désormais des violences mieux connues. Mais ils continuent de faire souffrir des centaines de milliers d’enfants et de jeunes. C’est pour cela que cette journée est indispensable, même si elle ne doit pas faire oublier que c’est au quotidien que cette action doit être mené.
2. Prévenir
En créant de nombreux outils pédagogiques à disposition des professionnels et des familles disponibles sur le nouveau site www.nonauharcelement.education.gouv.fr.
3. Former
Il est prévu que 1500 formateurs et 300 000 personnels soient sensibilisés d’ici fin à la fin 2016. Par ailleurs, dans le cadre de la formation continue, les enseignants peuvent valider des modules dédiés au harcèlement (9 heures) dans le parcours M@gistère.
Les ambassadeurs lycéens, dispositif de médiation par les pairs, sera déployé dans toutes les académies. Sur la base du volontariat, les lycéens intéressés seront formés pour intervenir dans leur établissement mais aussi dans des écoles et collèges pour libérer la parole des élèves.
4. Prendre en charge
Pour renseigner les appelants sur les démarches à suivre en cas de harcèlement, le Gouvernement a mis en place un nouveau numéro le 3020. Ce numéro vert à 4 chiffres est joignable de 09h00 à 18h00, du lundi au vendredi.
En cas de cyber-harcèlement, il est possible de s'adresser au numéro vert "net écoute" au 0 800 200 000.
La prise en charge du harcèlement dans les écoles fait également l'objet d'un protocole rénové. De nouvelles fiches conseil à destination des personnels éducatifs, parents, enfants, sont accessibles le site www.nonauharcelement.education.gouv.fr.
• la violence : c’est un rapport de force et de domination entre un ou plusieurs élèves et une ou plusieurs victimes ;
• la répétitivité : il s’agit d’agressions qui se répètent régulièrement durant une longue période ;
• l’isolement de la victime : la victime est souvent isolée, plus petite, faible physiquement, et dans l’incapacité de se défendre.
Le harcèlement se fonde sur le rejet de la différence et sur la stigmatisation de certaines caractéristiques comme par exemple l’apparence physique (poids, taille, couleur ou type de cheveux...). Les risques de harcèlement sont plus grands en fin d’école primaire et au collège. Enfin, ce phénomène se développe le plus souvent lorsque le climat scolaire de l’établissement est dégradé ou quand les situations de harcèlement sont mal identifiées par l’équipe éducative.
Pour faire diminuer réellement le harcèlement en milieu scolaire, il est indispensable de réfléchir à d’autres facteurs déterminants dont :
- la co-éducation, en informant les familles sur les actions conduites dans l’établissement ou simplement en évoquant avec elles cette problématique ;
- la stratégie d’équipe car il est essentiel de sensibiliser l’ensemble de l’équipe, de former certains personnels à la prise en charge et surtout de savoir comment s’organiser en interne pour que les élèves sachent à qui s’adresser ;
- la mobilisation des élèves avec notamment la mise en oeuvre de la médiation par les pairs (formation d’élèves volontaires), la réalisation d’affiches, de vidéos ou encore de journées dédiées au harcèlement ;
- la création de partenariats en dehors de l’école avec la justice, la police, les collectivités, les associations, les réseaux de santé pour que les élèves victimes ou auteurs et leurs familles puissent bénéficier des soutiens adaptés.
Ce travail systémique renvoie à la méthode "climat scolaire" (voir ci-dessus) qui permet dans une démarche collective de créer davantage de lien entre l’éducatif et le pédagogique. Ainsi, tout en aidant les victimes de harcèlement, cette approche permet, comme le montrent les recherches internationales, d’améliorer les résultats scolaires, le bien-être des élèves et des professionnels, de faire diminuer l’absentéisme et le décrochage scolaire.
Renforcer la présence des adultes dans les établissements
Le renforcement de la présence des adultes est un facteur déterminant dans le cadre de la prévention des violences et de l'amélioration du climat scolaire.- Les assistants de prévention et de sécurité
Dès la rentrée 2012, l’engagement présidentiel de recruter 500 assistants de prévention et de sécurité (APS) dans les établissements difficiles est tenu. Leur nombre est resté stable à la rentrée 2013. Depuis 2014, une formation de niveau licence 3 professionnelle leur est proposée.
Les APS ont pour mission de renforcer les actions de prévention et de sécurité au sein des établissements les plus exposés aux phénomènes d’incivilité et de violence afin de maintenir un climat apaisé, propice aux apprentissages et au bien-être des élèves et des personnels. Ils ont pour cela vocation à participer pleinement à l’action éducative, en complémentarité avec les autres personnels. Ils sont notamment un relais, sous l'autorité du chef d'établissement, auprès des équipes mobiles de sécurité (EMS).
Ce dispositif a rencontré un grand succès. Les APS ont su trouver toute leur place au sein des équipes éducatives, notamment en raison de la qualité de la formation pratique et théorique reçue avant leur prise de fonction. Cette formation sera encore améliorée dans les mois à venir.
Les équipes mobiles de sécurité (EMS) accompagnent les écoles et les établissements scolaires, selon leurs besoins, dans les domaines de la prévention et de la sécurisation. Placées sous l'autorité du recteur, elles sont présentes dans chaque académie. Dans le cadre du plan national de formation 2014 et des plans académiques de formation, les EMS auront notamment accès des sessions de formations continues et à des actions portant sur la cyberviolence.
Leurs missions consistent essentiellement à :
- accompagner et aider les établissements en cas de fortes tensions ou de crise liée à l'insécurité. Ils contribuent également à former les personnels de direction et d'éducation sur l'ensemble des problématiques liées aux questions de sécurité, de prévention des violences et de régulation des conflits en milieu scolaire ;
- mener des enquêtes dans les établissements pour accompagner au mieux les équipes ;
- assurer la protection et la sécurité des personnes et des biens au sein des établissements et à leurs abords ;
- améliorer la prise en charge des élèves aux conduites problématiques pour éviter l'isolement des personnels ;
- réaliser des ateliers de sensibilisation et de prévention auprès des élèves (racket, cyberharcèlement....)
Tous les établissements disposent d'un correspondant police ou gendarme nommé pour aider au diagnostic de sécurité et organiser des actions de prévention auprès des élèves.
Pourquoi ?
Les études montrent que le fait d’être victime, agresseur ou témoin de violence peut être à l’origine de difficultés scolaires, d’absentéisme, voire de décrochage. Un climat scolaire dégradé peut aussi générer davantage de violence et engendrer des troubles de l’équilibre psychologique et émotionnel (dépression, tentative de suicide).
La prévention et la lutte contre la violence à l’école est un enjeu majeur pour la réussite éducative de tous les élèves. Et l'un des objectifs est de répondre à l’inégalité face à la violence : 10% des établissements concentrent plus de la moitié des incidents, 5% le tiers, et les quartiers populaires sont les plus touchés. (Enquête SIVIS 2010-2011). Sur le terrain, cette politique de prévention se traduit notamment par le renforcement de la présence des adultes dans les établissements avec, notamment, depuis la rentrée 2012, les assistants de prévention et de sécurité (APS), en complémentarité avec les équipes mobiles de sécurité (EMS). Les relations avec les partenaires (éducateurs, personnels sociaux, police et justice, collectivités territoriales, etc.) sont développées pour favoriser la sûreté des écoles et des établissements.
La création de la délégation ministérielle chargée de la prévention et de la lutte contre la violence en milieu scolaire, en novembre 2012, vise à identifier les grandes priorités et à proposer des mesures concrètes.
Enfin, l'un des leviers pour prévenir et lutter contre la violence à l’école est la formation initiale et continue des personnels. Ces derniers sont en effet les premiers à être confrontés à des faits de violence et doivent être en mesure de repérer les premiers signes de crise ou de harcèlement et répondre de manière appropriée. La prévention des violences et l'amélioration du climat scolaire font intégralement partie de la formation initiale dispensée au sein des Écoles supérieures du professorat et de l'éducation (ESPE). La délégation ministérielle en charge de la prévention des violences en milieu scolaire a élaboré des modules de formation spécifiques, avec l'aide d'un groupe de sept ESPE.