
La francophonie et la francophilie sont pour la France et ses partenaires francophones une opportunité majeure. Les enjeux sont immenses, y compris en matière économique. L’ensemble des pays francophones représente 16% du PIB mondial et connaît un taux de croissance de 7%. La politique d’attractivité engagée par le président de la République doit ainsi renforcer la communauté francophone dans le monde, au service d’une croissance mutuellement bénéfique.
Promouvoir l’enseignement du français, diffuser les contenus culturels et créatifs francophones, renforcer les mobilités d’étudiants, de chercheurs, d’entrepreneurs, organiser les réseaux de personnalités d’influence francophones ou encore renforcer la place du droit écrit continental... sont autant de priorités identifiées par Jacques Attali dans son rapport remis le en août 2014 au président de la République.
Celui-ci souhaite que ces propositions soient mises en oeuvre rapidement. Il a rappelé toute l’importance de cet enjeu en vue du prochain sommet de la Francophonie, qui aura lieu à Dakar les 29 et 30 novembre prochains. Elles viennent compléter l'action du Gouvernement menée depuis de nombreuses années en faveur de la francophonie, notamment à travers la promotion de l'enseignement du français à l'étranger et le développement du français comme langue de travail dans les institutions européennes et multilatérales.
Une politique bilatérale et multilatérale pour le rayonnement de la francophonie dans le monde
Afin de promouvoir le français et la francophonie, vecteurs de rayonnement et d’influence, la diplomatie française a mis en place deux politiques qui mobilisent plus de 500 agents expatriés et environ 600 millions d'euros.
- une politique bilatérale qui vise à augmenter l'utilisation du français à l’extérieur de nos frontières au moyen d’actions de coopération avec les autorités locales pour développer le français dans leur système éducatif (soutien pour l’enseignement d’au moins deux langues étrangères, formation de professeurs, développement de l’enseignement bilingue…) et d’une activité directe d’enseignement conduite par les réseaux culturels et scolaires français ;
- une politique multilatérale qui vise à réunir les pays francophones dans une communauté politique. La France a soutenu la création de l’Agence internationale de la francophonie en 1970. Devenue l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) en 2005, elle regroupe 77 États membres et observateurs ayant le français comme langue de référence. Cette francophonie institutionnelle contribue à la paix, à la démocratie, aux droits de l’Homme, à la promotion du français et de la diversité culturelle ainsi qu’au développement d’une prospérité partagée et durable.

la francophonie : un atout économique
L’ensemble des pays francophones et francophiles représente 16 % du PIB mondial, avec un taux de croissance moyen de 7 %, et près de 14 % des réserves mondiales de ressources minières et énergétiques. C'est ce que démontre le rapport remis par Jacques Attali au président de la République le 26 août 2014.
De plus, poursuit le rapport, les échanges commerciaux induits par le partage du français entre une trentaine de pays francophones sont à l’origine de 6 % de la richesse par habitant en moyenne pour ces pays et de 0,2 point de taux d’emploi. Le nombre de francophones dans le monde pourrait atteindre 770 millions d'ici à 2050. Ainsi, le besoin en infrastructures pourrait porter la croissance des pays francophilophones (selon l'expression employée par le rapporteur Jacques Attali), et le développement des nouvelles technologies pourrait accélérer leur développement (paiement mobile, e-santé, méga-données, etc.).
Afin de développer la francophonie et son impact majeur sur l'économie, le rapport de Jacques Attali formule 53 propositions, regroupées autour de ces piliers :
- Augmenter l’offre d’enseignement du et en français, en France et partout dans le monde : renforcer les politiques d’intégration par l’apprentissage du français en direction des communautés immigrées (proposition n° 1) ; promouvoir la création d’un grand groupe privé d’écoles en français (cf. proposition n° 3) ; attirer les populations non francophones vers l’apprentissage du français, par exemple en jouant sur la capacité d’attraction de la musique et du cinéma français (proposition n° 11) ; structurer une offre de FLOTs (Formations en ligne ouvertes à tous) francophones, interactives et diplômantes (proposition n° 6) ; aider les pays africains francophones à offrir à l’ensemble de leur population un accès à la scolarisation en français (proposition n° 8) : des manuels scolaires génériques pourraient être distribués (proposition n°10).
- Renforcer et étendre l’aire culturelle francophone, avec notamment la construction par des entreprises françaises de salles de cinéma en Afrique francophone et la programmation d’un quota de films francophones (proposition n° 17).
- Cibler les secteurs clés liés à la francophonie, pour maximiser la croissance de la France et des autres pays francophones : le tourisme, les technologies numériques, la santé, la recherche et développement, le secteur financier, les infrastructures et le secteur minier (propositions n° 22 à 35). Confier notamment aux alliances françaiseset aux instituts français à travers le monde la mission d’agent touristique de la France et de promotion des produits français (proposition n° 22).
- Utiliser la capacité d’attraction de l’identité française pour mieux exporter les produits français et conquérir de nouveaux francophiles (proposition n° 36).
- Favoriser la mobilité et structurer les réseaux des influenceurs francophones et francophiles (propositions n° 37 à 46).
- Créer une union juridique et normative francophone : un guichet douanier pour les francophones dans les aéroports des pays francophones volontaires pourrait être créé, afin de rendre tangible un sentiment d’appartenance de la communauté d’intérêts francophones (proposition n° 51).
- Se donner comme projet de créer à terme une Union économique francophone aussi intégrée que l’Union européenne (proposition n°53).
Lire le rapport : Francophonie et francophilie, moteurs de croissance durable
promouvoir le français dans l'enseignement à l'étranger
La première priorité de la France en matière de francophonie est donc d’apporter un appui aux systèmes éducatifs d’Afrique francophone, y compris dans l'enseignement supérieur et la recherche avec l'Agence universitaire de la francophonie (AUF). C'est l'un des trois axes stratégiques du plan d'actions pour la francophonie présenté en octobre 2012.
Le label France éducation

Pour obtenir ce label, les établissements doivent :
- proposer un enseignement renforcé de la langue et de la culture françaises et un enseignement en français d'au moins deux disciplines non linguistiques, selon le programme officiel du pays, l'ensemble représentant au moins un tiers du nombre hebdomadaire d'heures d'enseignement ;
- avoir ou recruter au moins un enseignant titulaire de l'Éducation nationale française par degré (premier et second degré), sauf dérogation dûment justifiée ;
- justifier de la formation initiale, des diplômes et du niveau en langue française des enseignants de français et des disciplines non linguistiques enseignées en français ;
- mettre en œuvre un plan de formation pédagogique pour les enseignants des disciplines concernées ;
- présenter les élèves aux certifications de langue française du diplôme d'études en langue française (DELF) et du diplôme approfondi de langue française (DALF) ;
- disposer d’un environnement francophone : ressources éducatives, jumelage avec un établissement scolaire français, offre de séjours linguistiques, partenariats culturels francophones.
100 000 professeurs pour l'Afrique
Lancé en mars 2014 à l'occasion de la Semaine de la langue française et de la francophonie, le programme « 100 000 professeurs pour l'Afrique, le tournant numérique de l'enseignement du français » met, conformément aux engagements du président de la République, le numérique et la formation à distance au centre du dispositif de formation des enseignants, sur un continent dont le rôle est crucial pour l’avenir de la francophonie.Ce projet renforce les actions déjà conduites dans 12 pays et initie 8 nouvelles actions de formation avec 3,95 millions d’euros de moyens nouveaux. Il se déroulera sur 36 mois et s’appuiera sur 4 projets du Fonds de solidarité prioritaire (FSP) et sur les dispositifs de coopération linguistique en Afrique. Il s’adresse aux enseignants en formation dans les instituts de formation des maîtres ou les universités africaines.
Le CIEP
Opérateur public de référence du ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, principal partenaire opérateur du ministère des Affaires étrangères et du Développement international pour la langue française, le Centre international d’étude pédagogique concourt à la politique d'enseignement des langues étrangères en France dans sa dimension internationale et contribue à la promotion du multilinguisme et de la mobilité.
Il intervient, avec des partenariats multiples, dans trois domaines :
- formations, en présence et à distance, aux métiers du français. Il organise des rendez-vous annuels pour les enseignants et formateurs du monde entier (les universités d'hiver et d'été - BELC), propose des modules de formation à distance (PRO FLE) et des formations sur mesure en réponse aux demandes de commanditaires étrangers ou français.
- expertise et projets. Il répond aux commandes de ministères étrangers : référentiels métiers, réforme des programmes, enseignement bilingue, plans de formation continue, ingénierie de la formation, évaluation des compétences professionnelles des professeurs de français.
- ressources et séminaires. Le CIEP propose des ressources en ligne et anime Le fil du bilingue, site d'appui aux acteurs des sections bilingues francophones dans le monde.

Présent dans 135 pays à travers le monde, l’AEFE permet aux enfants français établis hors de France de suivre une scolarité similaire à la scolarité suivie par les enfants résidant en France. Ils suivent notamment les mêmes programmes et passent les mêmes diplômes (brevet, baccalauréat). Les enfants dont les parents sont amenés à habiter dans différents pays successifs peuvent ainsi mener une scolarité cohérente, de la maternelle à la terminale. Le réseau de l’AEFE, qui compte 330 000 élèves, est aussi un instrument de rayonnement de la France avec l’accueil d’élèves de nationalités étrangères (deux tiers des effectifs). Avec ces différentes missions, il participe à l’image, à la présence et à l’influence de la France dans le monde et porte, partout, les valeurs universelles humanistes qui sont le fondement de son modèle républicain.
En 2015, l'AEFE fête ses 25 ans.
le français, langue de travail dans les institutions européennes et multilatérales
Recrutement des cadres, dispositifs de traduction, utilisation du français dans les documents et les sites officiels... la France est vigilente sur le critère de la maîtrise du français dans les institutions européennes et multilatérales. Depuis 2003, avec l’aide de l’OIF, elle a ainsi formé au français 60 000 fonctionnaires européens.Pour développer la place du français dans la vie économique internationale, la France dispose de plusieurs leviers : enseignement du français dans ses centres culturels, développement des certifications de français des affaires de la chambre de commerce et d'industrie de Paris (CCIP), accueil des étudiants étrangers dans ses universités et écoles de commerce, création d’antennes d’enseignement supérieur à l’étranger, promotion de l’environnement juridique francophone, etc.
Afin de promouvoir sa langue et ses approches, la France a fait le choix de créer des médias internationaux TV5 Monde, France 24 et RFI qui touvhent plus de 400 millions de foyers par semaine. Aujourd’hui, il est également indispensable de promouvoir le français en ligne – le projet Afripedia, par exemple, aide les Africains à créer des contenus – et d'utiliser davantage les ressources en ligne pour apprendre et enseigner le français.
Pourquoi ?
Le nombre de locuteurs est estimé aujourd'hui à 220 millions de personnes. En 2050, ils pourraient être 770 millions, dont 80 % en Afrique. Cela ne pourra toutefois se concrétiser que si les pays de cette région, à forte croissance démographique, transmettent le français aux nouvelles générations.
La francophonie représente également un enjeu économique important : l’ensemble des pays francophones représente 16% du PIB mondial et connaît un taux de croissance de 7%. Dans un monde où la concurrence globale impose d’organiser les solidarités linguistiques, les pays qui ont une langue en partage tendent à accroître leurs échanges de biens et de services dans de fortes proportions.