
L'éducation artistique et culturelle : une priorité pour la jeunesse
Le plan en faveur de l'éducation artistique et culturelle (EAC) a bénéficié en trois ans d'une augmentation de 33% de ses crédits. Le « parcours d'éducation artistique et culturel » de l'élève, instauré par la loi de refondation de l'école permet chaque jour à plus de jeunes d'accéder à la culture sous toutes ses formes et de développer une pratique artistique. Suite aux attentats, le Gouvernement a décidé de renforcer l'EAC, en donnant la priorité aux pratiques artistiques collectives dès le plus jeune âge, ainsi que l'éducation aux médias et à l'information.
L'éducation artistique et culturelle au service de la citoyenneté
Dans le cadre de la mise en œuvre du Comité interministériel à l’égalité et à la citoyenneté du 6 mars 2015, le ministère de la Culture et de la Communication a engagé une action déterminée atour d'axes structurants qui visent à favoriser l'exercice de la citoyenneté et le vivre ensemble.
Mettre la culture au service de la citoyenneté et des valeurs républicaines
Le Gouvernement a d’ores et déjà engagé plusieurs actions : lancement de l’appel à projet national pour le développement des médias de proximité, signature d’une convention pour le développement du service civique dans le secteur culturel, lancement de l’appel à projet national pour favoriser la maîtrise et la pratique du français par les actions culturelles. En outre, 10 films, sélectionnés pour les valeurs et les qualités qu’ils expriment, seront offerts par le Centre national du cinéma et de l’image animée et le ministère de l’Éducation nationale aux écoles et collèges pour la rentrée scolaire 2015/2016.
Replacer la culture au cœur de l’éducation pour la jeunesse
6 millions d'euros ont été mobilisés début avril pour permettre de doubler dans les territoires les actions en faveur des pratiques artistiques et culturelles collectives des élèves. Par ailleurs, chaque école, collège ou lycée, sera incité à nouer un partenariat privilégié avec l’un ou plusieurs des 350 lieux patrimoniaux et de mémoire mobilisés en faveur de la l'action contre le racisme et l’antisémitisme.
Favoriser l’accès de tous à la culture
Chaque contrat de ville dispose d’un volet culturel qui permettra de concentrer les actions en matière d’éducation artistique et culturelle, de renforcer la présence des artistes et de mobiliser en particulier les opérateurs culturels nationaux et territoriaux. Le réseau des bibliothèques et médiathèques représente le premier service public culturel de proximité : une réflexion sur les horaires d’ouverture de ces lieux a été confiée à Mme Sylvie Robert, sénatrice.
Affirmer la diversité culturelle, à l’image de la société française, comme une richesse et reconnaître la pluralité des pratiques
C’est un des objectif des Assises de la jeune création, lancées en mai 2015, mais aussi de la prise en compte des cultures urbaines, tant par la commande publique (art urbain) que dans le réseau des conservatoires et des scènes de musique actuelle (rap, hip hop…). Il faut aussi promouvoir la diversité et l'action contre les stéréotypes dans les médias audiovisuels.
Le nouveau plan national pour la rentrée 2015 est lancé
Mardi 9 juin, Fleur Pellerin et Najat Vallaud-Belkacem ont présidé la première réunion conjointe des recteurs et des Directeurs régionaux aux affaires culturelles (DRAC) à la Cinémathèque française. Il s'agissait notamment de présenter le référentiel du parcours d’éducation artistique et culturel que le conseil supérieur de l’éducation a adopté pour la rentrée 2015.
L'objectif : ouvrir les portes, encore davantage. « Ouvrir à nos élèves les portes des théâtres, des salles d’exposition… Ouvrir aux artistes celles des classes pour y faire naître d’inoubliables émotions », a expliqué la ministre de l'Education nationale.
Afin qu’elle dessine pour chacun d’eux un parcours cohérent, c’est l’ensemble des parties prenantes de l’Éducation nationale et de la culture qui doivent s'engager dans une même volonté nationale, déclinée au plus près des réalités du territoire. Afin que l'EAC puisse s’appuyer au mieux sur les ressources locales, le Gouvernement renforce les moyens des délégations académiques aux arts et à la culture, par la création de postes de délégué adjoint dans les académies les moins dotées. Et comme annoncé en février, 8 millions d’euros sont également débloqués à destination des projets collectifs dans les établissements.
Culture, médias, ressources : 3 axes pour changer d'echelle en 2015
Faire de la culture, dès le plus jeune âge, un facteur d’inclusion, d’émancipation, de réussite éducative : tel est, pour Najat Vallaud-Belkacem et Fleur Pellerin, l’objectif de la feuille de route pour l’éducation artistique et culturelle qu’elles ont présenté le 11 février. Les ministres s’appuient sur un programme spécifique proposé par le Conseil supérieur des programmes, adopté au printemps 2015, et sur une généralisation des expériences d’éducation artistique menées par le ministère de la Culture et de la Communication dans trois régions test.- La formation des enseignants sera renforcée,notamment en associant des d’artistes aux écoles supérieures du professorat et de l’éducation (ESPE). Ces expérimentations seront engagées dès 2015 avec le partenariat entre l’ESPE d’Aix-Marseille et le ballet Preljocaj, et la perspective de partenariats entre l’École du Louvre, les grands musées nationaux et les ESPE de Paris, Créteil et Versailles.
- De nouvelles pratiques artistiques collectives seront mises en place, notamment avec la création de l’opération « l’École en chœur ». Autres initiatives envisagées : le soutien des expériences d’orchestres à l’école en lien avec les conservatoires volontaires, et le développement des dispositifs de pratiques scéniques et d’improvisation.
- Les programmes d’incitation à la lecture et d’expression orale seront développés en s’appuyant sur les bibliothèques et médiathèques. Quatre axes sont privilégiés : les pratiques artistiques de l’oralité, les projets où la langue est objet de création, les projets ouvrant sur d’autres langues, les projets où la langue renouvelle la médiation des œuvres.
- L’expérience conduite à l’occasion de la Nuit des musées, consistant à permettre aux jeunes d’être passeurs de culture dans le cadre du partenariat « La classe, l’œuvre » entre les établissements scolaires et 350 musées en France, sera renforcée.
- Une Journée des arts et de la culture à l’école sera instituée, dès le printemps 2015. Elle sera l’occasion d’un temps de rencontre et d’échange avec les familles sur les projets engagés sur les temps scolaire et périscolaire.
À noter la forte présence du volet éducation aux médias et à l’information dans le plan présenté par les deux ministres. « Il s’agit d’apprendre à rechercher des sources fiables, à aiguiser son esprit critique et à se forger une opinion, compétences essentielles pour exercer une citoyenneté éclairée et responsable en démocratie. Aujourd’hui, nous sommes dans une réflexion de fond autour de l'acquisition des réflexes et des valeurs de la citoyenneté », a expliqué Fleur Pellerin.
Le 3e axe concerne la mise en place d'une stratégie commune en matières de ressources numériques.
Les ressources culturelles numériques existent ; elles sont nombreuses, souvent de très grande qualité, mais en règle générale pas assez connues.
- Un nouveau portail, destiné aux enseignants, aux élèves et aux famille, centralisera et orientera vers les multiples ressources mises à disposition par les acteurs de la culture, de l’éducation et des médias. Il sera disponible dès la rentrée 2015.
- L’accès à la création artistique numérique sera également encouragé, notamment à travers des séances d’initiation. Les pratiques créatives des jeunes, non seulement renouvellent les projets d’EAC, mais constituent également des champs d’innovation pour faire entrer l’école dans l’ère du numérique.
- L’outil numérique permet de nouvelles pratiques de médiation culturelle dans le cadre de rencontres avec les œuvres et les artistes qui pourront être accompagnées d’un travail de compte rendu présenté dans un portfolio numérique. L’application Folios sera étendue à la rentrée 2015 pour être généralisée dès la rentrée 2016.

- Un renforcement des contenus de l’éducation aux médias et à l’information dans les programmes de l’école élémentaire et du collège est prévu. La pratique de l’argumentation et du débat dans les classes sera développée dès l’école élémentaire.
- Le ministère de l’Éducation nationale veillera à ce que chaque collège et chaque lycée s’équipe d’un média (journal, radio, internet). Il disposera de moyens dédiés.
- Pour faire découvrir le monde des médias, est prévue l’intervention d’acteurs issus du monde de la presse et des médias dans les établissements sera développée, grâce notamment au Centre de liaison de l’enseignement et des médias d’information (Clemi). Le ministère de la Culture et de la Communication réactivera le dispositif de soutien aux médias de proximité et lancera un appel à projets spécifique du fonds stratégique du développement de la presse pour disposer d’outils plus innovants en faveur de l’éducation aux médias. Il orientera le fonds de soutien aux radios associatives en faveur des quartiers prioritaires.
- L'action de l’audiovisuel public dans l’éducation aux médias sera réaffirmée sur deux plans : par la création de contenus éducatifs disponibles sur tous supports (TV,tablette, ordinateur, téléphone) ; en mobilisant les rédactions régionales de Radio France (France Bleu) et de France Télévisions (France 3) dans l’éducation aux médias.
CRÉER LES CONDITIONS D’UNE AMBITION NATIONALE
« Il faut repenser l'accès aux arts et à la culture à l'aune des nouvelles générations, en partant de leurs codes, de leurs désirs d'expression », expliquait Fleur Pellerin, nouvelle ministre de la Culture et de la Communication, le 23 septembre 2014 dans les colonnes du Monde. Repenser l'accès à la culture des jeunes générations constitue l'une des trois priorités politiques de Fleur Pellerin.« En 2015, les dotations du Plan en faveur de l'EAC auront augmenté de 33 % par rapport à 2012 ; c'est un premier acquis. Le chemin reste à parcourir sur leur utilisation : aujourd'hui, un quart des adolescents ont bénéficié d'un parcours d'éducation artistique ou culturelle. C'est loin d'être suffisant. Ouvrir l'accès à la culture, c'est donner l'accès physique aux œuvres, mais aussi les clés de compréhension. »
« L'objectif, ce n'est pas seulement que 100% d'une classe d'âge ait vu La Joconde ou écouté Don Giovanni. Aujourd'hui, les jeunes sont connectés. Ils ont une expérience artistique qui leur est propre avec des pratiques spontanées sur lesquelles il faut s'appuyer. Il y a ceux qui chantent dans les chorales, ceux qui graffent sur les murs, ceux qui font des dons sur des plates-formes de financement participatif. Il faut susciter des millions de petites épiphanies individuelles. »
Fleur Pellerin
Le Monde du 23 septembre 2014
La consultation nationale, lancée le 21 novembre 2012 par le ministère de la Culture et de la Communication, avait ouvert le grand chantier de l’éducation artistique et culturelle en prenant en compte l’expérience, riche et multiple, des acteurs sur ce sujet. Une communication en Conseil des ministres développait la notion de parcours articulant les différents temps de l’enfant et rappelait les trois piliers de l’EAC :
- permettre à tous les élèves de se constituer une culture personnelle riche et cohérente tout au long de leur parcours scolaire ;
- développer et renforcer leur pratique artistique ;
- permettre la rencontre des artistes et des œuvres, la fréquentation de lieux culturels.
DES MOYENS RENFORCÉS AU SERVICE DES TERRITOIRES
Les moyens supplémentaires dédiés au Plan EAC permettent d’atteindre un budget total de 40,7 millions d'euros (contre 30 en 2012), auxquels s’ajoutent 36,33 millions d'euros dédiés à l’accès à la culture pour tous.
Ce plan s’est développé grâce à un nouveau cadre de référence qui permet à chaque jeune de bénéficier de propositions cohérentes entre les temps scolaire, périscolaire et extrascolaire, notamment à travers les projets éducatifs territoriaux (PEDT). En effet, l’EAC s’inscrit dans la loi du 8 juillet 2013 pour la refondation de l’école de la République, qui a été appliquée par l’institution d’un parcours d’éducation artistique et culturelle.
De l'école au lycée, ce parcours a pour ambition de favoriser l'égal accès de tous les élèves à l'art à travers l'acquisition d'une culture artistique personnelle. Il fait l'objet d'une circulaire interministérielle, publiée le 9 mai 2013, qui en précise les principes et les modalités. Il se met en œuvre depuis la rentrée 2013, en s’appuyant sur les enseignements artistiques proposés dans les écoles et les établissements. Il doit avant tout permettre à chaque élève d’aborder, dans leur diversité, les grands domaines des arts et de la culture, et de valoriser les activités auxquelles il prend part, y compris en dehors de l’école. Il favorise aussi la cohésion au sein de l’école ou de l’établissement en mobilisant élèves, enseignants et parents autour de projets artistiques et culturels, et encourage une plus grande ouverture des établissements scolaires sur leur environnement culturel proche.
Le ministère de la Culture s’est efforcé d’associer l’ensemble des acteurs publics (collectivités territoriales, autres ministères menant des actions éducatives) ou privés (équipes artistiques, associations) afin de construire un partenariat élargi partant des territoires, de leurs acquis et potentiels propres, pour les développer sans promouvoir pour autant un modèle uniforme.
Une attention particulière a été portée aux jeunes scolarisés dans les lycées professionnels, en apprentissage et insérés dans la vie professionnelle ou en situation de réinsertion.
Les crédits d’accès à la culture et de l’EAC sont très majoritairement (87% et 93%) délégués aux directions régionales des affaires culturelles et accompagnent les démarches des collectivités territoriales qui développent leur action dans un cadre contractuel pluriannuel (projet éducatif territorial, convention de développement culturel, plan local d’éducation artistique et culturelle, contrat local d’éducation artistique, contrat de ville etc.).
L’Etat veille à la déconcentration des crédits supplémentaires afin de mieux répartir l’effort public entre Paris et les régions. Ce rééquilibrage passe par l’identification de territoires prioritaires auxquels seront consacrés au moins 30% des nouveaux crédits tandis que des projets pilotes sont lancés dans les départements d'outre-mer.
En outre, le 7 janvier 2015, le Premier ministre a annoncé le dégel immédiat des crédits des missions création et transmission des savoirs. Le budget de ces mêmes missions sera augmenté en 2016.
Il permet de répondre de façon satisfaisante aux priorités suivantes : développer les moyens dédiés à l’éducation artistique et culturelle ; poursuivre l’accompagnement des établissements d’enseignement supérieur culture ; stabiliser les moyens attribués à l’audiovisuel public ; maintenir les capacités d’action de l’État en région ; accompagner les secteurs en mutation (presse, livre ou encore spectacle vivant) ; favoriser le rayonnement de notre patrimoine national ; enfin maintenir l’effort en faveur de la création.
MOBILISER TOUTES LES FORCES
L'engagement de l'audiovisuel public sur l'EACL’audiovisuel public constitue un atout décisif pour généraliser et valoriser les projets d’éducation artistique et culturelle. Au-delà de l’offre culturelle de ses chaînes, l’audiovisuel public s’engage à prendre en compte l’éducation et l’éveil aux arts et à la culture dans le cadre de son offre éducative numérique. Il poursuivra notamment le développement de son offre de contenus audiovisuels et radiophoniques enrichis pédagogiquement et établis pour un apprentissage interactif, ceci sur tous les supports (TV, tablettes, mobiles et web).

Cette convention vise à accompagner, par l’utilisation des ressources et compétences de Radio France, la mise en œuvre des enseignements et activités d’éducation artistique et culturelle. Elle a pour ambition de faire découvrir aux élèves, de l’école primaire au lycée, les contenus produits par Radio France, de leur donner le goût de la musique vivante, comme celui de la lecture et du théâtre, ainsi que de leur faire partager la passion des débats, de l’information en temps réel et de la critique cinématographique.
La mobilisation du secteur privé
L'innovation, c’est aussi la mobilisation de la responsabilité sociale et sociétale des entreprises. Plusieurs grands mécènes ont d’ores et déjà fait part de leur volonté d’accompagner, à très grande échelle, les projets d’éducation artistique et culturelle. L’Etat a, par ailleurs, été à l’initiative du fonds de dotation InPACT qui permet à des entreprises privées à l’échelle des territoires de s’engager, sans aucune contrepartie, en faveur de projets culturels.
Le numérique, levier de création, d'innovation et de transmission des savoirs
Le numérique contribue à la modernisation et la diversification des outils de l'EAC. Il doit irriguer de manière pérenne les trois piliers de l’EAC. Le lancement de la fresque de l’Ina autour des œuvres du spectacle vivant constitue un exemple concret de la stratégie qu'attend le ministère de ses opérateurs, autour d'un travail de conceptualisation créatif et ergonomique d'une offre numérique publique de qualité venant en soutien du parcours d’EAC.
L'action des grandes institutions patrimoniales
Leurs projets doivent obligatoirement prévoir un chapitre « éducation artistique ». Le musée du Louvre va ainsi consacrer une partie de son aile Richelieu aux ateliers pour les enfants et autres programmes de formation. Un grand projet d'éducation artistique doit aussi voir le jour sur le site parisien de la Villette.
Pourquoi ?
Parallèlement, le ministère de la Culture et de la Communication accompagne la mise en place des nouveaux rythmes éducatifs, en appui aux collectivités territoriales.
La priorité accordée à la jeunesse est réaffirmée par le nouvel élan, traduit en terme budgétaire, souhaité pour le plan en faveur de l’EAC : + 7,5 millions d'euros en 2014, et + 10 millions en 2015. De quoi financer 1000 nouveaux projets par an.
Après les attentats, l'éducation des jeunes générations est plus que jamais une priorité du Gouvernement. En parallèle de la Grande mobilisation de l'École pour les valeurs de la République, Fleur Pellerin a mobilisé les services du ministère de la Culture et de la Communication et réuni l'ensemble des directeurs régionaux des affaires culturelles, afin de recenser toutes les bonnes pratiques existant en matière d'éducation artistique et culturelle et d'éducation aux médias, et d'impulser de nouvelles initiatives.
Une attention particulière sera portée sur les « zones blanches de la culture » et les moyens à mettre en oeuvre pour renforcer la présence culturelle dans tous les territoires trop éloignés de la culture (quartiers prioritaires de la politique de la ville, des zones rurales ou périurbaines). Pour la ministre, avec « la culture, nous préparons le monde pour les générations futures. C’est pour cela que personne ne doit demeurer à l’écart de cette culture, car c’est elle qui assure la cohésion de notre communauté nationale. »
Les efforts porteront notamment sur un changement d'échelle des actions en faveur de l'éducation artistique et culturelle, de l'éducation aux médias et sur une orientation plus affirmée des interventions en faveur des territoires prioritaires. Mais aussi sur une meilleure prise en compte de la diversité des pratiques et des modes d'accès à la culture de la jeunesse, intégrant notamment la place prise par le numérique.