Interview du Commissaire général dans Industrie&Technologies
Ce contenu a été publié sous le gouvernement du Premier ministre, Manuel Valls.
Publié 03/12/2015|Modifié 03/12/2015
« Simplifier et accélérer l’innovation »
« Simplifier et accélérer l’innovation »
Louis Schweitzer : Les engagements en 2015 du Programme d’Investissement d’Avenir (PIA) ne devraient pas être très différents de ceux de 2014, où ils étaient de 4,85 milliards d’euros. C’est en 2016 et tout début 2017 que l’on va connaître une nette hausse, avec 7 à 8 milliards d’euros prévus, notamment en raison de l’effort qui va porter sur les Instituts d’excellence, universités et laboratoires, à travers l’augmentation des Dotations Non-Consommables. Du coup, la quasi-totalité des 47 milliards d’euros inscrits dans les PIA 1 et 2 sera engagée d’ici mi-2017.
Cela nous a permis de soutenir 111 projets, qui ont chacun bénéficié de 200 000 euros de subventions. Et nous sommes très satisfaits car les dossiers, qui faisaient 5 pages maximum, ont été étudiés et le cas échéant leur financement contractualisé en moins de trois mois. Cela correspond à notre objectif d’accélérer et de simplifier les procédures d’obtention.
L. S. : Oui mais pas seulement : si une PME ou un créateur de start-up pense que le dossier ou le système d’obtention sont trop compliqués, ils ne candidateront pas. La dynamique simplification/accélération élargit le cercle de nos candidats. D’où cet objectif de trois mois maximum. Nous arrivons à le tenir pour les dossiers de petite ou moyenne taille, en tout cas pour la décision d’engagement. Cette décision est très importante pour l’entreprise car elle peut s’en prévaloir pour organiser le co-financement de la suite.
L. S. : Tant qu’il y aura des fonds, nous rééditerons l’opération. Mais l’obtention de la subvention n’est qu’une première étape. Ensuite, une partie des lauréats est passée à la phase de réalisation des prototypes de leur innovation, pour laquelle nous pouvons engager jusqu’à 2 millions d’euros en avance remboursable. 70 projets ont été acceptés dans le cadre de cette deuxième phase, 2/3 provenant des 111 projets ayant bénéficié d’une subvention. Ensuite, il y a l’étape de l’industrialisation et de la commercialisation pour laquelle nous pouvons proposer jusqu’à 20 millions en fonds propres. Cette phase n’est pas encore engagée. L’objectif est de favoriser l’innovation naissante, mais aussi d’organiser un accompagnement tout au long des premières années de vie de la jeune pousse.
L. S. : Pour l’instant, 30 % des parts, car notre objectif n’est pas de ‘‘nationaliser’’ ces start-up. Mais nous pourrions aller jusqu’à 50 % si c’est justifié. En revanche, pour atteindre la barre des 20 millions, il faut obligatoirement qu’interviennent d’autres investisseurs privés, afin de respecter les règles européennes. Mon ambition, c’est qu’il ne faut pas qu’un bon projet ne puisse pas déboucher faute de financements. Et de fait, le nombre de gagnants dépendra du nombre de bons candidats.
L. S. : Oui cette troisième phase, annoncée par le président de la République, doit être votée par le Parlement en 2016 et sera d’un montant d’environ 10 milliards d’euros. Il y aura 4 milliards affectés aux subventions et avances remboursables, 4 milliards en fonds propres et 2 milliards en dotations décennales, qui comme leur nom l’indique seront versées sur 10 ans aux universités, à la recherche et aux formations. L’effort pour l’enseignement supérieur et la recherche sera à peu près le même qu’avant, par contre le principal changement est que l’on va accroître la part relative des fonds propres et réduire celle des subventions.
L. S. : A peu près les mêmes que les PIA 1 et 2, sauf que nous allons mettre plus l’accent sur quelques secteurs et domaines : les industries agroalimentaires, l’innovation dans le tourisme, la formation. Enfin, il y aura un fléchage plus régional des financements. Certains projets seront donc co-décidés par l’Etat et par les Régions et co-financés à parts égales. Cette régionalisation devrait renforcer l’attractivité pour les PME, mais sans renoncer aux exigencesd'excellence et d'innovation avec un processus de décision paritaire Etat/Région.
L. S. : Tout à fait, outre les actions totalement dédiées au développement durable, qui représentent environ 1/6 du total de nos crédits, il y a depuis le PIA 2 l’obligation que la moitié de nos crédits ait une dimension développement durable, sans forcément que ce soit l’objet principal du projet. C’est à la fois un élément d’efficacité écologique et économique.
L. S. : Oui notamment par ceux du Cloud Souverain, où il s’agissait d’avoir du Cloud localisé en Europe. A notre grand regret, alors que ces projets étaient soutenus par Orange et SFR, ils n’ont pas trouvé de clients. Les grandes entreprises et même les grandes administrations n’ont pas considéré qu’il s’agissait d’un enjeu majeur.
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